Contrôle attentionnel

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Le contrôle attentionnel est la capacité d'une personne à diriger son attention, à choisir ce à quoi elle prête attention et ce qu'elle veut ignorer[1].

Concept[modifier | modifier le code]

Généralités[modifier | modifier le code]

Le contrôle est lié à deux dimensions particulières :

  • l'aspect « quantitatif » de l’attention, c'est l'intensité de l'attention ;
  • l'aspect « sélectif », lié à la sélectivité de l'information sur laquelle porte le contrôle attentionnel.

Lors d'une tâche, les informations non pertinentes peuvent être absentes pour un individu, alors qu'elles sont visibles, leur traitement est différé, c'est la période psychologique réfractaire. Les deux processus qui semblent œuvrer pour l’inhibition des informations externes pourrait être la prévention initiale de la distraction et le désengagement lorsqu'elle se produit[2].

L'attention partagée[modifier | modifier le code]

Le contrôle attentionnel peut aussi être lié à des signaux sociaux qui poussent un individu à diriger son attention vers ce sur quoi d'autres individus portent leur attention[3].

Histoire de la recherche sur le contrôle attentionnel[modifier | modifier le code]

Physiologie[modifier | modifier le code]

Le contrôle attentionnel est principalement dû au gyrus supérieur du lobe frontal, inférieur pariétal et supérieur temporal du cerveau, ainsi qu'au cortex cingulaire antérieur[4]. Le contrôle attentionnel serait aussi lié à certaines fonctions exécutives telles que la mémoire de travail[5].

Il semble exister une augmentation de la capacité de contrôle attentionnel au cours de la petite enfance[N 1],[6].

Physiopathologie[modifier | modifier le code]

On peut noter le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité. Il y a probablement un lien entre prématurité et altération du développement du contrôle attentionnel[7]. Il existe aussi un lien entre altération du contrôle attentionnel et alcool[8],[9].

Il est suggéré un lien entre l'anxiété et la diminution des performances cognitives lié à une baisse du contrôle attentionnel[10],[11].

Mesure du contrôle attentionnel[modifier | modifier le code]

Test de Stroop[modifier | modifier le code]

Test de Stroop, souvent utilisé pour mesurer le contrôle attentionnel.

Le test de Stroop est régulièrement utilisé pour mesurer le contrôle attentionnel[12]. La capacité de contrôle donne des résultats variables selon les études, lorsqu'elle contrôle la différence entre les adultes et les enfants[13]. L’anxiété diminue la performance à ce test[14].

Applications et variations[modifier | modifier le code]

Chez l'enfant[N 2], la capacité d’inhiber un comportement ou de rester concentré lorsque l'on est confronté à une distraction (on parle aussi de contrôle exécutif) peut être améliorée, tout comme sa mémoire de travail[15]. L'apprentissage et la pratique de la musique[16],[17],[18], la pratique d'une activité physique régulière[19] ainsi que la pratique de la méditation[20] peuvent jouer un rôle positif sur le contrôle attentionnel[21]. Il semble y avoir une corrélation entre le contrôle attentionnel d'une tâche complexe et le vocabulaire dans la petite enfance[6],[N 1]. Par ailleurs, le contrôle attentionnel semble être lié à l’interactivité du support, puisque d'après une étude de l'université Carnegie-Mellon on pourrait retrouver une meilleure mémorisation des informations sur un support animé plutôt que figé[22],[23],[N 3].

Chez l'adulte, il semble exister un lien entre empathie et contrôle attentionnel, en effet, les personnes se désignant comme ayant un fort contrôle attentionnel semblent plus développer d'empathie émotionnelle plutôt qu'une empathie cognitive[24],[N 4].

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. a et b Etude sur des enfants de 9 et 31 mois.
  2. Enfants de 4 à 12 ans.
  3. Etude réalisée en 2020 avec 90 enfants de 3 à 5 ans utilisant trois supports un livre numérique animé, un livre numérique figé et un support papier.
  4. Etude réalisée en 2020 sur 299 adultes par la réponse à 2 questionnaires le "Attentional Control Scale" et le "the Questionnaire of Cognitive and Affective Empathy".

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) D. E. Astle et G. Scerif, « Using Developmental Cognitive Neuroscience to Study Behavioral and Attentional Control », Developmental Psychobiology, vol. 51, no 2,‎ , p. 107–118 (PMID 18973175, DOI 10.1002/dev.20350)
  2. Michael A. Dieciuc, Heather M. Maranges et Walter R. Boot, « Trait self-control does not predict attentional control: Evidence from a novel attention capture paradigm », PloS One, vol. 14, no 12,‎ , e0224882 (ISSN 1932-6203, PMID 31830063, DOI 10.1371/journal.pone.0224882, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Andrew N. Meltzoff, Patricia K. Kuhl, Javier Movellan et Terrence J. Sejnowski, « Foundations for a New Science of Learning », Science,‎ , p. 284-288 (ISSN 0036-8075, e-ISSN 1095-9203, PMID 19608908, DOI 10.1126/science.1175626)
  4. (en) J. B. Hopfinger, M. H. Buonocore et G. R. Mangun, « The neural mechanisms of top-down attentional control », Nature Neuroscience, vol. 3, no 3,‎ , p. 284–291 (ISSN 1546-1726, PMID 10700262, DOI 10.1038/72999, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) M.I. Posner et S. E. Petersen, « The attention system of the human brain », Annual Review of Neuroscience,‎ , p. 25–42 (PMID 2183676, DOI 10.1146/annurev.ne.13.030190.000325)
  6. a et b (en) Kathleen N. Kannass et Lisa M. Oakes, « The Development of Attention and Its Relations to Language in Infancy and Toddlerhood », Journal of Cognition and Development, vol. 9, no 2,‎ , p. 222–246 (ISSN 1524-8372, DOI 10.1080/15248370802022696, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) E. van de Weijer-Bergsma, L. Wijnroks et M.J. Jongmans, « Attention development in infants and preschool children born preterm: A review », Infant Behavior and Development,‎ , p. 333-351 (PMID 18294695, DOI 10.1016/j.infbeh.2007.12.003)
  8. Pierre Maurage, Philippe de Timary, Joël Billieux et Marie Collignon, « Attentional alterations in alcohol dependence are underpinned by specific executive control deficits », Alcoholism, Clinical and Experimental Research, vol. 38, no 7,‎ , p. 2105–2112 (ISSN 1530-0277, PMID 24844400, DOI 10.1111/acer.12444, lire en ligne, consulté le )
  9. Jessica Weafer et Mark T. Fillmore, « Alcohol-related cues potentiate alcohol impairment of behavioral control in drinkers », Psychology of Addictive Behaviors: Journal of the Society of Psychologists in Addictive Behaviors, vol. 29, no 2,‎ , p. 290–299 (ISSN 1939-1501, PMID 25134023, PMCID 4333136, DOI 10.1037/adb0000013, lire en ligne, consulté le )
  10. Michael W. Eysenck, Nazanin Derakshan, Rita Santos et Manuel G. Calvo, « Anxiety and cognitive performance: attentional control theory », Emotion (Washington, D.C.), vol. 7, no 2,‎ , p. 336–353 (ISSN 1528-3542, PMID 17516812, DOI 10.1037/1528-3542.7.2.336, lire en ligne, consulté le )
  11. Habibollah Ghassemzadeh, Mary K. Rothbart et Michael I. Posner, « Anxiety and Brain Networks of Attentional Control », Cognitive and Behavioral Neurology: Official Journal of the Society for Behavioral and Cognitive Neurology, vol. 32, no 1,‎ , p. 54–62 (ISSN 1543-3641, PMID 30896578, DOI 10.1097/WNN.0000000000000181, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Alexander Soutschek, Tilo Strobach et Torsten Schubert, « Working memory demands modulate cognitive control in the Stroop paradigm », Psychological Research, vol. 77, no 3,‎ , p. 333–347 (ISSN 1430-2772, DOI 10.1007/s00426-012-0429-9, lire en ligne, consulté le )
  13. Barlow C. Wright, « What Stroop tasks can tell us about selective attention from childhood to adulthood », British Journal of Psychology (London, England: 1953), vol. 108, no 3,‎ , p. 583–607 (ISSN 2044-8295, PMID 27786354, PMCID 5516206, DOI 10.1111/bjop.12230, lire en ligne, consulté le )
  14. Eyal Kalanthroff, Avishai Henik, Nazanin Derakshan et Marius Usher, « Anxiety, emotional distraction, and attentional control in the Stroop task », Emotion (Washington, D.C.), vol. 16, no 3,‎ , p. 293–300 (ISSN 1931-1516, PMID 26571078, DOI 10.1037/emo0000129, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Adele Diamond et Kathleen Lee, « Interventions shown to Aid Executive Function Development in Children 4–12 Years Old », Science,‎ (PMID 21852486, DOI 10.1126/science.1204529, lire en ligne)
  16. (en) Sylvain Moreno, « Short-Term Music Training Enhances Verbal Intelligence and Executive Function », Psychological Science,‎ , p. 1425-1433 (PMID 21969312, DOI 10.1177/0956797611416999, lire en ligne)
  17. (en) E. Glenn Schellenberg, « Music lessons enhance IQ », Psychological Science,‎ , p. 511-514 (PMID 15270994, DOI 10.1111/j.0956-7976.2004.00711.x)
  18. (en) David Medina et Paulo Barraza, « Efficiency of attentional networks in musicians and non-musicians », Heliyon, vol. 5, no 3,‎ (ISSN 2405-8440, PMID 30976668, DOI 10.1016/j.heliyon.2019.e01315, lire en ligne, consulté le )
  19. (en) M. Rosario Rueda, « Training, maturation, and genetic influences on the development of executive attention », Proceedings of the National Academy of Sciences,‎ , p. 14931–14936 (DOI 10.1073/pnas.0506897102, lire en ligne)
  20. « EDITO. Sciences et Avenir 875 : les bienfaits de la méditation », sur Sciences et Avenir (consulté le )
  21. (en) Yi-Yuan Tang, « Short-term meditation training improves attention and self-regulation », Proceedings of the National Academy of Sciences, National Academy of Sciences,‎ , p. 17152-17156 (ISSN 0027-8424, e-ISSN 1091-6490, PMID 17940025, DOI 10.1073/pnas.0707678104, lire en ligne)
  22. Cassondra M. Eng, Anthony S. Tomasic et Erik D. Thiessen, « Contingent responsivity in E-books modeled from quality adult-child interactions: Effects on children’s learning and attention. », Developmental Psychology, vol. 56, no 2,‎ , p. 285–297 (ISSN 1939-0599 et 0012-1649, DOI 10.1037/dev0000869, lire en ligne, consulté le )
  23. SUTTON Elizabeth-conseil en édition numérique et cofondatrice IDBOOX, « Les ebooks enrichis aident les enfants à mieux comprendre ce qu’ils lisent - IDBOOX » (consulté le )
  24. Stephanie C. Goodhew et Mark Edwards, « Attentional control both helps and harms empathy », Cognition, vol. 206,‎ , p. 104505 (ISSN 1873-7838, PMID 33160241, DOI 10.1016/j.cognition.2020.104505, lire en ligne, consulté le )


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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Sylvie Chokron, Pourquoi et comment fait-on attention?, Paris, Éditions Le Pommier, coll. « Les Petites Pommes du Savoir » 2009, 59 p.
  • Jean-Philippe Lachaux, (Q75557687), Le cerveau attentif : Contrôle, maîtrise, lâcher-prise, Paris, Éd. Odile Jacob, 2011, 368 p.
  • Jean-Philippe Lachaux, (Q75557687), Le cerveau funambule : Comprendre et apprivoiser son attention grâce aux neurosciences, Paris, Éd. Odile Jacob, 2015, 307 p.
  • Jean-Philippe Lachaux,(Q75557687), Les petites bulles de l'attention: Se concentrer dans un monde de distractions, Paris, Éd. Odile Jacob, 2016, 116 p.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]