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Attaques d'avril 2025 contre des prisons françaises

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Attaques d'avril 2025 contre des prisons françaises
Type Incendies de véhicules, tirs d'arme automatiques
Pays Drapeau de la France France
Date Depuis le
(12 jours)
Revendications Opposition au système carcéral et à la politique pénitentiaire en France
Bilan
Blessés 0
Morts 0
Répression
Arrestations 4

Les attaques d'avril 2025 contre des prisons françaises sont une série d'actes de violence qui débutent le et s'étirent sur plusieurs jours, voyant différentes prisons, lieux et cibles liés au monde pénitentiaire en France être visés par des incendies de véhicules ou des tirs d'armes automatiques.

Les lieux visés sont l'École nationale d'administration pénitentiaire, les prisons de Toulon-La Farlède, de Nanterre, d'Aix-Luynes, de Valence, du sud-francilien et les logements sociaux occupés par les gardiens de prison à Marseille. En tout, 24 véhicules sont incendiés et une quinzaine de balles tirées sur la porte de la prison de Toulon-La Farlède.

Des tags « DDPF » (« Défense des droits des prisonniers français ») sont réalisés lors de plusieurs attaques, et un groupe Telegram du même nom publie des messages pouvant s'apparenter à une revendication des attaques.

Au , 65 actes sont recensés en France et 125 enquêteurs sont mobilisés.

Quelques jours avant les attaques, un groupe Telegram est créé, nommé « DDPF », pour « Défense des droits des prisonniers français »[1]. Dans ce canal, des messages et menaces contre les surveillants de prison et les autorités pénitentiaires françaises sont échangés ; on trouve par exemple « Surveillants, démissionnez tant que vous le pouvez si vous tenez à vos familles et à vos proches » ou encore « Sachez que notre mouvement s'étend dans toute la France »[1]. Dans ce groupe, les militants indiquent vouloir agir de la sorte en réponse à la surpopulation carcérale (131 % de places de prison) entre autres points[1]. Ils soutiennent ne pas être des terroristes mais agir de la sorte pour défendre les droits de l'homme qui seraient menacés[1].

Déroulement

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13-14 avril

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Attaques d'avril 2025 contre des prisons françaises est dans la page France.
Agen
Réau
Toulon-La Farlède
Nanterre
Aix-Luynes
Valence
Marseille
Tarascon
Villenoy
Méaux
Carte des prisons et lieux liés au monde pénitentiaire français attaqués.

Sept véhicules sont incendiés sur le parking de l'École nationale d'administration pénitentiaire (Énap) à Agen dans le Lot-et-Garonne[2]. La même nuit, deux véhicules de surveillants sont incendiés au centre pénitentiaire du sud-francilien à Réau[3],[4]. Un engin incendiaire est découvert dans l'enceinte de la maison d'arrêt de Chalons-en-Champagne, entraînant l'arrestation de quatre individus[4].

Vers h du matin, plusieurs individus tirent sur la façade du centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède, dans le Var[5]. Une des armes utilisée est une AK-47, qui loge une quinzaine de balles dans la façade avant que les assaillants ne parviennent à prendre la fuite[6]. Ils auraient été plusieurs dans une voiture à cette occasion[7]. Un grand sigle « DDFM » est retrouvé tagué sur l'entrée qu'utilisent les fourgons[3].

Les établissements de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, d’Aix-Luynes, dans les Bouches-du-Rhône, de Villepinte en Seine-Saint-Denis, et de Valence, dans la Drôme, sont touchés par des incendies de véhicules[3],[8],[9]. Des slogans anarchistes sont retrouvés sur certains sites[10]. L'inscription « DDPF » est taguée sur des voitures sur les parkings des prisons de Nîmes et de Luynes[11].

À Marseille, les véhicules de plusieurs surveillants sont incendiés sur le parking des logements sociaux qu'ils occupent et neuf voitures sont taguées du sigle « DDPF »[3],[9]. Le bilan complet, en plus des tirs sur la façade de la prison de Toulon-La Farlède, fait état de 21 véhicules incendiés[3].

15-16 avril

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Vers 5h20 du matin, trois véhicules sont incendiés près de la prison de Tarascon. Un autre véhicule appartenant à un surveillant de la prison d'Aix-Luynes est incendié devant le domicile de celui-ci. Des inscriptions « DDPF » sont taguées et un début d'incendie est observé dans le hall d'immeuble d'une surveillante pénitentiaire à Villenoy, en Seine-et-Marne[12].

16-17 avril

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La boîte aux lettres d'un agent pénitentiaire de la maison d'arrêt d'Amiens est dégradée et taguée. Un pneu de son véhicule est également crevé[13].

Une voiture est retrouvée incendiée aux abords de la maison d'arrêt de Lyon-Corbas. Un tag « DDPF » est présent[14].

20-21 avril

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Plusieurs tirs par arme à feu et jets de cocktail Molotov ont visé des pavillons dans un lotissement à Villefontaine en Isère, où résident plusieurs agents pénitentiaires. Des graffitis « DDPF » ainsi que le nom d'un agent ont également été tagués. Par erreur, les agresseurs ont en réalité ciblé le domicile d’un voisin, croyant viser celui de l’agent. Le nom tagué était celui d’une cadre de l'administration pénitentiaire de la zone[15].

La maison d'arrêt de Lyon-Corbas, déjà visée la veille, a été prise pour cible. D’après le parquet de Lyon, deux véhicules ont été incendiés « sur le parking de la maison d’arrêt de Lyon Corbas, aux alentours de minuit ». « Deux autres ont été dégradés sur le même parking », ajoute le parquet.

Au centre pénitentiaire de Villefranche-sur-Saône, un véhicule appartenant à un surveillant pénitentiaire a été incendié sur le parking visiteur, mais aucune inscription n’a été constatée. De source proche de l’enquête, le surveillant visé à Villefranche-sur-Saône n’avait jusque-là pas été la cible de menaces personnelles. Il occupait un poste dit généraliste[16].

21-22 avril

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Dans la nuit du 21 au , des dégradations et incendies sont relevés dans l'Oise, le Calvados, le Rhône, en Loire-Atlantique, et en Isère[17],[18],[19].

À Caen (Calvados), cinq véhicules du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) ont été incendiés vers 3 heures du matin. Aucun tag n’a été relevé et aucune interpellation n’a eu lieu à ce stade, selon le parquet[17].

À Varces-Allières-et-Risset (Isère), trois personnes ont été contrôlées avec un jerrican d’essence à proximité de la maison d’arrêt. L’un d’eux, un mineur sous contrôle judiciaire, a été placé en retenue pour violation de ses obligations[17].

À Fresnes (Val-de-Marne), un agent pénitentiaire a été intimidé par cinq individus, dont l’un l’a menacé verbalement : « Surveillant, surveillant, tu as peur maintenant », tandis qu’un autre filmait la scène. Le surveillant aurait reconnu un ancien détenu parmi eux[17].

Dans l’Oise, au Mouy, des tags “DDPF” (“Défense des prisonniers français”) ont été découverts sur un véhicule personnel et une boîte aux lettres. Des drones ont également survolé les établissements pénitentiaires de Lutterbach (Haut-Rhin), Lannemezan (Hautes-Pyrénées) et Saint-Quentin-Fallavier (Isère)[17].

À Nantes, la maison d'arrêt est visée par un début d'incendie et des tags « DDPF »[18].

Le matin du mardi 22 avril, un feu de détritus mineur est découvert à Villeurbanne au siège social d'une filiale de Vinci Construction. Cette tentative d'incendie est accompagnée de tags "DDPF" ainsi que d'une revendication sous ce même nom envoyée à la presse. Le style d'écriture de cette revendication, différant des autres communications attribuées au groupe "DDPF" et coïncidant avec un communiqué de soutien d'un site d'extrême gauche, conduit Le Monde à envisager une « participation opportuniste de l’ultragauche » aux attaques contre les prisons[19].

Le ministère de la Justice évoque des attaques « coordonnées »[20].

Le parquet national antiterroriste et la DGSI se saisissent de l'enquête[3],[21]. Au départ de l'enquête, la piste du narcotrafic, mentionnée par Gérald Darmanin[22] s'oppose à celle d'un ou de groupes anarchistes[23].

Un premier membre éventuel, ancien détenu en semi-liberté soupçonné d'appartenir à la chaîne Telegram DDPF par les autorités françaises est arrêté le en Essonne[24]. Il est finalement relâché sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui[25].

Si la piste d'un groupe anarchiste est premièrement privilégiée par les autorités françaises[3],[26], elle devient de plus en plus improbable, tandis que l'enquête s'oriente vers le narcotrafic[27].

Au , 65 actes sont recensés en France et 125 enquêteurs sont mobilisés[28].

Un surveillant de Luynes, dont la voiture a brûlé, porte plainte pour « menaces de mort »[29].

Le président de la République Emmanuel Macron apporte son soutien aux surveillants pénitentiaires[30].

Gérald Darmanin se déplace à la prison de Toulon, visée par des tirs[7]. Il souhaite que ces actes soient qualifiés comme terroristes et annonce soutenir les surveillants de prison[7].

Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez demande à ses services de mettre en place une vigilance renforcée à l'égard des maisons d'arrêts et sites pénitentiaires d'Ile-de-France[31].

Selon Éric Delbecque et Alexandre Rodde du magazine Marianne, « L'attaque contre les prisons françaises marque un tournant dans la violence dirigée contre l'État »[32].

Notes et références

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  1. a b c et d « Attaque contre des prisons : "Nous ne sommes pas des terroristes", écrit le groupe "DDPF" sur Telegram », sur Franceinfo, (consulté le )
  2. « Ce que l'on sait des attaques qui ont visé plusieurs prisons françaises depuis deux nuits », sur Franceinfo, (consulté le ).
  3. a b c d e f et g « Prisons visées par des attaques : au moins huit actions, piste anarchiste, le Pnat se saisit de l’enquête… Ce que l’on sait », sur SudOuest.fr, (consulté le ).
  4. a et b « Attaques de prisons : des actions de natures très diverses qui sèment le doute sur les motivations de leurs auteurs », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Maxime Levy, « Les infos de 12h - Prisons : ce que l'on sait des attaques simultanées sur plusieurs établissements », sur rtl.fr, (consulté le ).
  6. « La porte d’entrée de la prison de Toulon rafalée à la kalachnikov », sur laprovence.com, (consulté le ).
  7. a b et c « "On ne cédera pas", déclare Gérald Darmanin à la prison de Toulon-la Farlède après des tirs à l'arme lourde - ici », sur ici, le média de la vie locale, (consulté le ).
  8. « Plusieurs prisons françaises visées par des incendies et des tirs d’armes automatiques cette nuit », sur sudouest.fr, (consulté le ).
  9. a et b Par Zoé Lauwereys et Vincent Gautronneau, « Toulon, Marseille, Nanterre, Villepinte… Ce que l’on sait des attaques nocturnes perpétrées sur des prisons », sur leparisien.fr, (consulté le )
  10. « France : plusieurs prisons visées par des incendies de véhicules et des tirs d'armes automatiques », sur rfi.fr, (consulté le ).
  11. « Véhicules incendiés, tags, tirs… Plusieurs prisons françaises visées par une "attaque coordonnée" dans la nuit », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  12. « Drones au-dessus de Fresnes, véhicules incendiés… De nouvelles violences contre les prisons cette nuit », sur Le Figaro, (consulté le ).
  13. « Prisons attaquées: la boite aux lettres et la voiture d'un agent pénitentiaire dégradés à Amiens », sur BFMTV, (consulté le )
  14. « Prisons ciblées : une voiture incendiée près de Lyon-Corbas, un immeuble tagué "DDPF" à Villefranche-sur-Saône », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, (consulté le )
  15. « Isère. Nuit de terreur à Villefontaine : les domiciles d'agents pénitentiaires attaqués, les assaillants se trompent de maison », sur ledauphine.com, (consulté le ).
  16. Louis Valleau et Jean-Michel Décugis, « Attaques de prisons : deux centres de détention visés cette nuit dans le Rhône, la maison d’une agent ciblée », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  17. a b c d et e « Prison attaquées: Oise, Calvados, Isère... De nouvelles dégradations et incendies cette nuit », sur bfmtv.com, (consulté le ).
  18. a et b « Nantes : début d’incendie et tags «DDPF» à la maison d’arrêt, une enquête ouverte », sur Le Figaro, (consulté le )
  19. a et b « Vague d’attaques contre des prisons : à Lyon, la piste de l’ultragauche après le ciblage d’une filiale de Vinci », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. « La prison de Toulon touchée par des tirs à l’arme automatique et d’autres établissements pénitentiaires visés ; le ministère de la justice évoque des attaques « coordonnées » », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  21. Mathilde Ceilles et Margaux d'Adhémar, « Plusieurs prisons françaises attaquées : le parquet national antiterroriste se saisit de l’enquête », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  22. « Des prisons attaquées un peu partout en France », sur rtl.lu, (consulté le ).
  23. « Prisons : l'administration pénitentiaire visée par une série d'attaques, le parquet antiterroriste saisi », sur Franceinfo, (consulté le ).
  24. Thomas Diquattro et Jérémie Pham-Lê, « Prisons attaquées : un suspect, membre présumé de la chaîne Telegram « DDPF », interpellé en Essonne », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  25. « Après les attaques contre des prisons signées "DDPF", quelles sont les différentes hypothèses des enquêteurs ? », sur Franceinfo, (consulté le )
  26. « Prisons visées par des incendies, des tirs et le tag "DDPF" : que signifie ce mystérieux sigle ? », sur actu.fr, (consulté le ).
  27. « Attaques contre des prisons en France : la piste du narcotrafic derrière le sigle "DDPF", collectif présumé à l’origine des actes de violence », sur ladepeche.fr (consulté le )
  28. Sylvia Bouhadra et Olivia Boisson, « Attaques de prisons : "Peu de solutions ont été apportées", le personnel pénitentiaire partagé après la visite de François Bayrou », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le ).
  29. Alixan Lavorel, « Prisons attaquées : un surveillant de Luynes, dont la voiture a brûlé, porte plainte pour "menaces de mort" », sur bfmtv.com, (consulté le ).
  30. « Prisons visées par des attaques : Macron promet que les responsables «seront retrouvés, jugés et punis» », sur Le Figaro, (consulté le ).
  31. « Prisons attaquées : une vigilance renforcée autour des maisons d'arrêt et centres pénitentiaires d'Ile-de-France », sur BFMTV, (consulté le ).
  32. Éric Delbecque et Alexandre Rodde, « Après les attaques du DDPF contre des prisons, assistons-nous à l'avènement d'un narcoterrorisme en France ? », sur marianne.net, (consulté le ).