Argula von Grumbach

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Argula von Grumbach
Description de l'image Argula von Grumbach.jpg.
Nom de naissance Argula von Stauffen
Naissance
Beratzhausen (Duché de Bavière-Munich)
Décès
Zeilitzheim
Activité principale
Écrivain
Auteur
Langue d’écriture allemand
Mouvement Réforme protestante

Argula von Grumbach, née von Stauffen en 1492 à Beratzhausen (Bavière) et décédée le à Zeilitzheim, est une réformatrice et une écrivaine bavaroise. Elle s'est notamment illustrée par ses pamphlets en 1523, qui sont les premiers écrits féminins en faveur de la Réforme.

Biographie[modifier | modifier le code]

Argula von Stauffen est la fille de Bernardin von Stauffen et de Katharina von Toerring. Elle naît et grandit au sein d'une famille noble dans le château de l'Ehrenfels (de) dans la commune actuelle de Beratzhausen en Bavière[1]. À l'âge de dix ans, son père lui offre une Bible illustrée en langue allemande[2] et l'envoie chez la duchesse Cunégonde, une sœur de l'empereur Maximilien Ier afin de lui garantir une éducation digne de son rang[3]. Bien qu'elle n'apprit pas le latin, elle apprit ainsi à lire et à écrire en allemand. Malheureusement, peu de temps après son entrée à la cour en 1509[1], ses deux parents décèdent dans un intervalle de cinq jours, probablement à cause de la peste. Son oncle et protecteur, Hieronymus, est exécuté quelques années plus tard. La jeune Argula se voit donc dans l'obligation de trouver un mari au plus vite. En 1516, elle épouse Frédéric von Grumbach[3]. Elle lui donne une fille, Apollonia, et trois fils, Georg, Hans Georg et Gottfried[4].

Page de titre de Wie ain Christliche Fraw des Adels [...].

Dès 1520, Argula von Grumbach se passionne pour les écrits de Martin Luther. Elle décide officiellement de prendre position en 1523, lorsque le professeur Arsacius Seehofer de l'université d'Ingolstadt est arrêté pour s'être rallié à la Réforme. Il est obligé d'abjurer (et donc de retirer ses propos). Elle écrit alors un violent pamphlet, où elle défie l'Université et propose d'organiser un débat avec ses membres. « Je ne vous ai pas écrit des commérages de femmes », dit-elle[5]. Elle reproche particulièrement à l'Université de ne s'être appuyée sur aucune citation de la Bible lorsqu'elle a condamné Seehofer. C'est la première fois qu'une femme milite ouvertement pour la nouvelle pensée évangélique. Ce pamphlet a un tel retentissement qu'il est publié un peu partout dans le Saint-Empire. Il est par exemple édité au cours de la même année à Strasbourg par Martin Flach[3]. Après ce succès, Argula écrit encore deux autres pamphlets. Elle y dénonce les pratiques du clergé et en particulier celles qui ont maintenu les femmes dans l'ignorance, leur proscrivant l'accès au savoir[6].

Les conséquences de ces publications ne se font pas attendre : son mari est démis de ses fonctions de Pfleger (un poste de l'administration) à Dietfurt dès [3]. Privée de sources de revenus, la famille Von Grumbach plonge dans une situation précaire. Rongé par les inquiétudes financières, Frédéric von Grumbach devient violent avec sa femme et lui interdit d'écrire. Sa santé se détériore rapidement et il décède en 1529. L'année suivante, Argula rencontre Luther à Cobourg[1]. En 1533, elle se remarie avec un partisan des idées luthériennes, le comte von Schilck, mais celui-ci décède à son tour deux ans à peine après leur mariage. La situation de l'écrivaine devient d'autant plus difficile qu'elle doit surmonter la perte de trois de ses enfants (Apollonia et Georg en 1539 et Hans Georg en 1544). Elle ne fait plus imprimer de textes, toutefois elle garde ses convictions et reste active, entretenant de nombreuses correspondances.

On ne sait que peu de choses sur la fin de sa vie. Pendant longtemps, on a cru qu'elle était décédée en 1554, mais il semblerait qu'elle ait vécu jusqu'en 1563. Sa tombe se trouve au cimetière luthérien de St-Sigismund à Zeilitzheim.

La mémoire d'Argula von Grumbach est célébrée le dans le calendrier des saints de l’Église luthérienne (de)[1].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Wie ain Christliche Fraw des Adels [...] Sendtbrieffe, die Hohenschul zu Ingolstadt, 1523.
  • Ein Christleliche schrifft, [...] Dem Durchleuchtigen [...] Wilhelmen, Pfaltzgrauen bey Reyn, 1523.
  • Dem Durchleüchtigen [...] Johansen, Pfaltzgrauen bey Reyn, 1523[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (de) http://www.heiligenlexikon.de/BiographienA/Argula_von_Grumbach.html (consulté le 17 avril 2014).
  2. Du moins, c'est ce qu'elle affirme dans son premier pamphlet : « Welche mir mein lieber Herr Vatter so hoch beualch zulesen/ und gab myr dye selbyg/ da ich zehen jar alt war » (Argula von Grumbach, Wie eyn Christliche fraw des Adels, 1523, Strasbourg, Martin Flach, 1523, BNUS R.100.690, fol. C r)
  3. a b c et d Anne-Marie Heitz, « Strasbourg et les femmes publicistes du XVIe siècle », Revue d’Alsace, n°134, 2008, p.169-193, [lire en ligne] (consulté le 17 avril 2014).
  4. a et b (de) Roland H. Bainton, Marion Obitz (trad.), Frauen der Reformation, von Katharina von Bora bis Anna Zwingli, 10 Porträts, Gütersloh, Gütersloher Verlagshaus, (« Argula von Grumbach ») p.118.
  5. « Ich habe euch kein Frauengeschwätz geschrieben.»
  6. Liliane Crété, Le protestantisme et les femmes. Aux origines de l'émancipation, Genève, Labor et Fides, 1999, p.56.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Roland H. Bainton, Marion Obitz (trad.), Frauen der Reformation, von Katharina von Bora bis Anna Zwingli, 10 Porträts, Gütersloh, Gütersloher Verlagshaus, (« Argula von Grumbach ») p. 103-119.
  • (de) Silke Halbach, Argula von Grumbach Als Verfasserin Reformatorischer Flugschriften, Lang, 1992, 331 p.
  • Anne-Marie Heitz, « Strasbourg et les femmes publicistes du XVIe siècle », Revue d’Alsace, n°134, 2008, p. 169-193, [lire en ligne] (consulté le ).
  • (de) Bernhard Kirchmeier, Argula von Grumbach: Eine bemerkenswerte Frau in der Reformationszeit, GRIN Verlag, 2009, 25 p.
  • (en) Peter Matheson (éd.), Argula von Grumbach, Argula von Grumbach: A Woman’s Voice in the Reformation, Edinburgh, T&T Clark, 1995, 213 p. (réédition de ses textes).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]