Aqueduc de Roquefavour
Aqueduc de Roquefavour | ||||
Aqueduc de Roquefavour. | ||||
Géographie | ||||
---|---|---|---|---|
Pays | France | |||
Région | Provence-Alpes-Côte d'Azur | |||
Département | Bouches-du-Rhône | |||
Commune | Aix-en-Provence / Ventabren | |||
Coordonnées géographiques | 43° 31′ 00″ N, 5° 18′ 46″ E | |||
Fonction | ||||
Franchit | Vallée de l'Arc | |||
Fonction | Aqueduc | |||
Caractéristiques techniques | ||||
Type | Pont en pierre | |||
Longueur | 393 m | |||
Hauteur | 82,65 m | |||
Matériau(x) | pierre | |||
Construction | ||||
Inauguration | 1847 | |||
Mise en service | 1849 | |||
Ingénieur(s) | Jean François Mayor de Montricher William Fraisse |
|||
Historique | ||||
Protection | Classé MH (2005) | |||
Géolocalisation sur la carte : Bouches-du-Rhône
Géolocalisation sur la carte : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Géolocalisation sur la carte : France
| ||||
modifier |
L’aqueduc de Roquefavour est un pont-aqueduc en arc en pierre d'une longueur de 393 mètres, et d'une hauteur de 82,65 mètres. Situé sur la commune de Ventabren dans les Bouches-du-Rhône[1], il sert à l'acheminement de l'eau de la Durance à Marseille et fait partie d'un canal appelé canal de Marseille. Il franchit la vallée de l'Arc, enjambant à la fois la rivière, la route d'Aix-en-Provence à Berre et la voie ferrée Aix-Rognac.
Sa construction, commencée en 1841 et achevée en 1847, a été dirigée par l’ingénieur des ponts et chaussées Jean de Montricher, secondé par William Fraisse[2]. Il est toujours utilisé de nos jours.
D'une architecture largement inspirée par l'antique pont du Gard, il est près de deux fois plus haut que ce dernier. Il s'agit du plus haut aqueduc en pierre du monde.
La ligne du TGV Méditerranée passe à moins d'un kilomètre à l'est, et franchit elle aussi la vallée par un viaduc important.
Historique
[modifier | modifier le code]Projet
[modifier | modifier le code]Après deux années consécutives de sécheresse en 1833 et 1834 qui a vu la restriction d'eau à un litre par habitant et par jour[3], puis d'inondations déclenchant une épidémie de choléra, le maire de Marseille, Maximin-Dominique Consolat, propose en 1835 la construction d'un canal de 80 km de long amenant l'eau de la Durance à Marseille[4].
Pour franchir la rivière Arc, la ville choisit le projet de Jean François Mayor de Montricher d'un pont-aqueduc en maçonnerie plutôt qu'un pont-siphon malgré son coût de 3 784 871 francs-or, soit presque le double du pont routier de Cubzac, ou le quadruple de l'aqueduc Saint-Clément, dont il est contemporain[5].
Travaux
[modifier | modifier le code]En 1839 et 1840, les sondages et les recherches de carrières sont menés afin de s'assurer de la disponibilité et des coûts de la pierre et de la chaux[5]. L'adjudication des travaux est faite en 1840. Les travaux débutent un an plus tard.
Ceux-ci se déroulent sous la direction de Suisses, l'ingénieur en chef de Montricher[5] secondé par William Fraisse[2]. Ils mobilisent 5 000 ouvriers dont 300 travailleurs de la pierre[6]. Les blocs pouvant peser jusqu'à 15 tonnes proviennent de deux carrières de pierre du village de Velaux, ils sont transportés jusqu'au chantier de l'aqueduc grâce à une voie de chemin de fer de 9 km créée pour ce chantier[4].
La construction s'avère plus complexe et plus coûteuse que prévu. Les entrepreneurs réclament alors la résiliation des contrats mais le ministre des Travaux publics, Jean-Baptiste Teste, ordonne la poursuite des travaux le . Mais les entrepreneurs obtiennent que ceux-ci se fassent alors en régie[5].
En le pont-aqueduc est terminé ; le , l'eau de la Durance franchit pour la première fois le pont-aqueduc[5].
Accroissement du débit
[modifier | modifier le code]La capacité de transit passe à 4,4 m3/s en 1971 grâce à deux conduites superposées d'un mètre de diamètre posées dans le passage du troisième étage.
En 1975 la cunette est remplacée par un tuyau de 2,20 mètres de diamètre.
Marques de reconnaissance
[modifier | modifier le code]Le pont-aqueduc de Roquefavour est reconnu comme étant le plus grand ouvrage en pierres de son type au monde[7],[4].
L'aqueduc achemine l'eau à Marseille et devient de fait lié à la construction du Palais Longchamp célébrant l'arrivée de l'eau à Marseille.
Alphonse de Lamartine, ministre des affaires étrangères, le qualifie de merveille du monde[4]. Le parement brut est une caractéristique de l'édifice « par mesure d'économie dans la taille, les parements visibles des pierres principales ont été laissés bruts et font saillie sur le nu des murs, en produisant des effets d'ombre et de lumière qui dessinent énergiquement la vigoureuse ossature de la construction[8] ».
Les proportions générales, comme le coût de l’édifice, ne font cependant pas consensus. En 1990, Bernard Marrey critique ce monument de prestige qui « a coûté fort cher à nos aïeux ». Il estime que l'allongement des piles des premiers et deuxième étage contraste avec l'harmonie du Pont du Gard, en particulier, « [la hauteur] du deuxième étage introduit une disproportion fâcheuse », ce qui l'amène à conclure que « des proportions mal étudiées donnent à cet ouvrage colossal un aspect grêle »[5].
Louis Napoléon Bonaparte a décerné en 1852 la croix d'officier de la Légion d'honneur au réalisateur, Jean François Mayor de Montricher, de cet ouvrage colossal conquis sur le rocher bien inséré dans l'environnement avec la montagne Sainte-Victoire en fond[6].
Il est classé monument historique[9] en 2005.
Architecture de l'aqueduc
[modifier | modifier le code]Inspiré du pont-aqueduc du Gard, il est également construit sur trois étages.
Il mesure 393 m de long et sa hauteur 83 m est pratiquement le double de celle du pont du Gard qui est à 48 m (58 %). S'il s'agit du pont-aqueduc le plus haut du monde en maçonnerie, ce n'est toutefois pas l'ouvrage d'art le plus haut du monde en maçonnerie, le viaduc des Fades ayant des piles de 92 mètres de hauteur et son tablier culminant à 133 mètres au-dessus de la Sioule.
- Base : 12 arches de 15 m d'ouverture, hauteur de 34,1 m
- Niveau 2 : 15 arcades de 16 m d'ouverture, hauteur de 34,9 m
- Niveau 3 : 53 arches de 5 m d'ouverture, hauteur de 13,5 m
L'aqueduc garde l'empreinte des rochers environnants grâce à ses blocs de pierre taillés sur leur face intérieure et bruts en face extérieure[10].
Pérennité de l'ouvrage
[modifier | modifier le code]En 2016, le canal de Marseille, dont l'aqueduc de Roquefavour, fournit 240 millions m3 d'eau potable soit 80 % de la consommation de Marseille[4].
L'ouvrage est un point d'intérêt majeur de la région aixoise[11],[12].
Des travaux importants sont commencés en 2020, et prévus pour une durée de 44 mois afin d'assurer la pérennité de l'aqueduc[13],[14],[15],[16].
Le chantier de restauration de l’aqueduc de Roquefavour s'est achevé avec la pose, le , de la dernière pierre par Martine Vassal, présidente de la métropole d'Aix-Marseille-Provence. Le chantier, qui s'est déroulé conformément aux prévisions, a coûté 16,8 millions d'euros (HT). De ce montant, 62 %, soit 10,4 M€, ont été apportés par la métropole au titre des monuments historiques, la Direction régionale des Affaires culturelles a mis 2,9 M€ et l'Agence de l'eau 3,5 M€[17]
Galeries
[modifier | modifier le code]XIXe siècle
[modifier | modifier le code]-
Vu par Édouard Baldus, vers 1861.
-
Dessin de Freeman, 1872.
Photos modernes
[modifier | modifier le code]-
Aqueduc de Roquefavour vu du petit parking au sud-ouest.
-
Aqueduc de Roquefavour vu du champ au nord-est.
-
Panoramique de l'aqueduc de Roquefavour vu de la prairie au nord-est (prise à environ 150 m).
-
Aqueduc de Roquefavour vu de la prairie au nord-est.
-
Aqueduc de Roquefavour vu de la falaise (à l'est).
-
Aqueduc de Roquefavour et poste de garde vus de la falaise (à l'est).
-
« Porche » du premier étage de l'aqueduc de Roquefavour.
-
L'aqueduc, vue de dessus.
-
Le canal à la sortie de l'aqueduc.
-
Détail des arches.
-
L'aqueduc, le pont du chemin de fer et l'Arc.
Œuvres artistiques et événements
[modifier | modifier le code]- L’aqueduc de Roquefavour a fait l'objet de plusieurs tournages pour la série Draculi & Gandolfi de Guillaume Sanjorge[réf. nécessaire].
- L’aqueduc de Roquefavour, en cours de travaux de 2020 à 2024, est visible dans quelques passages de la série Tout cela je te le donnerai[réf. nécessaire].
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]Références
[modifier | modifier le code]- sauf son extrémité sud, qui est sur la commune d'Aix-en-Provence
- William Fraisse sur annales.org
- Association générale des hygiénistes et techniciens municipaux Auteur du texte, TSM : techniques sciences méthodes, génie urbain génie rural, Association scientifique et technique pour l'eau et l'environnement, (lire en ligne)
- Brigitte Challiol, « Un aqueduc à trois étages pour alimenter Marseille en eau », lesechos.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Bernard Marrey, Les ponts modernes : 18e-19e siècles, Picard, , 319 p. (ISBN 2-7084-0401-6), p. 236-237
- Céline Beddou, « Le plus grand aqueduc en pierre du monde », Le Mag Provence-Alpes-Côte d'Azur, , p. 25-9
- « Le plus grand pont aqueduc en pierres du monde », sur www.agglo-paysdaix.fr (consulté le )
- Les nouvelles annales de la construction, mars 1857 (cité par Marrey 1990, p. 237)
- Arrêté du 2 mai 2005, « Aqueduc de Roquefavour », notice no PA13000037, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture, consulté le 8 mars 2013
- Excursions aux environs d'Aix : publiées par A.-M. de La Tour-Keyrié, avec le concours de plusieurs collaborateurs, A. Makaire, (lire en ligne)
- Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, AIX-EN-PROVENCE 2017 Petit Futé, Petit Futé, (lire en ligne)
- Henri Fleury, En Italie, Collection XIX, , 323 p. (ISBN 978-2-346-06621-6, présentation en ligne)
- Rénovation de l'aqueduc de 2020 à 2024
- Restauration de l'aqueduc de 2020 à 2024
- Restauration de l'aqueduc de Roquefavour
- Restauration d'envergure pour l'aqueduc de Roquefavour
- « La dernière pierre de l'aqueduc de Roquefavour restaurée », La Provence, no 20240521, , p. 14