Antonio Smareglia

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Antonio Smareglia
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Antonio Smareglia (Pula[1], Grado, ) est un compositeur italien, auteur d'opéras à grand succès entre le XIXe et le XXe siècle. Partant d'une première tendance wagnérienne, atténuée par la référence des derniers opéras de Verdi, il s'oriente vers un drame plus abstrait et symbolique dans le triptyque de Silvio Benco.

Biographie[modifier | modifier le code]

Antonio Francesco Smareglia est né à Pula dans un territoire austro-hongrois le d'un père italien Francesco, propriétaire terrien originaire de Dignano et d'une mère croate Julija Štiglić originaire de Ičići. Après les premières années de son enfance passées dans son Istrie natale et à Pula, Smareglia a d'abord déménagé à Gorizia pour des raisons d'études[2], puis à Vienne[3] et enfin à Graz[4].

En 1871, il s'inscrit au Conservatoire de Milan avec pour professeur le célèbre chef d'orchestre Franco Faccio[5].

Dans la seconde moitié des années 1870, il entre en relations avec Arrigo Boito et avec les cercles de la Scapigliatura milanaise. Son poème symphonique Leonora a été sélectionné pour l'Exposition universelle de Paris (1878)[6].

Ses débuts ont lieu au Teatro Dal Verme de Milan le avec l'opéra Preziosa (it) (livret d'Angelo Zanardini, d'après Henry Wadsworth Longfellow) [7], suivi de Bianca da Cervia (it) (livret de Fulvio Fulgonio) ()[8]. Ces premières créations ont été bien accueillies tant par la critique que par le public italien de l'époque, même sans pouvoir s'insérer dans le grand répertoire lyrique.

Le Re Nala (it) (livret de Vincenzo Valle d'après la trilogie dramatique Il re Nala d'Angelo De Gubernatis inspirée du Mahābhārata), quant à lui, présenté pour la première fois au Teatro La Fenice de Venise en 1887, a été un échec total et s'est fait huer bruyamment par les spectateurs présents. Le fiasco a certainement été préparé par Giulio Ricordi[9], avec lequel Smareglia avait eu de sérieux démélés, à la fois de nature musicale et sentimentale[10]. Smareglia a détruit alors la partition, mais il a adapté les meilleurs passages dans l'opéra Pittori fiamminghi[11] et dans d'autres ouvrages[12].

Antonio Smareglia avait épousé Maria (dite Jetti) Polla (1864-1918), mariée à Pula très jeune, âgée seulement de 17 ans. Le couple a eu cinq enfants Ariberto (1889-1944), Mario (1891-1935) ainsi que les filles Giulia (1886-1962), Maria (1892-1962) et Silvia (1894-1991).

Succès[modifier | modifier le code]

Portrait d'Antonio Smareglia, compositeur

Son premier, grand succès, Smareglia l'obtiendra le au Hoftheater à Vienne, avec Il vassallo di Szigeth (it) dirigé par Hans Richter[13], sur un livret de Luigi Illica et Francesco Pozza[14], traduit en allemand par Max Kalbeck. L'œuvre qui a pour thème un épisode se déroulant en Hongrie au XIIIe siècle, a été acclamée dans de nombreux théâtres européens et aussi au Metropolitan Opera de New York, où elle a été jouée, en allemand, en 1890[15],[16]. L'opéra a été rejoué à Prague le en tchèque, puis à Dresde le , sous la direction de Ernst von Schuc. Il a été repris au Hofoper de Vienne le , avec Richter. Une fois révisé et rebaptisé Pittori fiamminghi, il a été joué à Trieste le .

Son opéra suivant, Cornill Schut, (parfois appelé Cornelius Schut), a connu également un grand succès d'abord à Prague (1893)[15], puis à Dresde[15], Munich[17] et Vienne[15]. La création en Italie a eu lieu le à Trieste. L'action se déroule dans et autour d'Anvers entre 1600 et 1630, et se concentre sur le personnage principal, un peintre qui veut atteindre la gloire éternelle avec son art.

Le , le compositeur s'impose à Trieste, avec les Nozze istriane[18] avec un livret de Luigi Illica, certainement son œuvre la plus populaire et la plus significative, mais certainement pas la meilleure. L'action se déroule à Dignano, à l'époque contemporaine. L'opéra est imprégné de couleur locale et s'inspire du folklore istrien. Il ne craint pas d'avoir des côtés humoristiques. Nozze istriane est également plébiscité à Vienne et dans de nombreux théâtres européens importants de l'époque (Prague, Berlin, etc.) mais il peine à s'imposer dans le royaume d'Italie où il est présenté pour la première fois au public du Teatro La Fenice à Venise seulement en 1905. Ce n'est pas surprenant, car Smareglia était un fervent adepte de Wagner et sa musique a une filiation clairement post-wagnérienne.

Smareglia rencontre à ce moment le poète et écrivain de Trieste Silvio Benco (1874-1949). Leur collaboration qui s'est poursuivie dans trois nouveaux opéras (La falena, Oceàna, Abisso) refuse de se plier au style des opéras italiens de cette époque. Ils ont baptisé leurs créations de théâtre de poésie[19]. Ce théâtre donnait la place principale au poète et la musique se libérait de l'action pour créer l'ambiance qui devait imprégner toute l'œuvre [6]. Cependant, l'idée de Benco, accueillie avec enthousiasme par Smareglia, de « racheter » la musique italienne au nom de Wagner s'avérera fausse, et cela a lentement conduit Smareglia dans une impasse, dans un véritable isolement culturel.

L'opéra La falena a été joué au Théâtre Rossini de Venise le sous la direction de Gialdino Gialdini[20]. L'action se situe dans un espace et un temps éloignés (« aux premiers temps chrétiens sur une côte européenne de l'Atlantique ». Une femme fatale est prisonnière de son amour pour un jeune roi nommé Stellio. La musique plaisait, libérant grandeur, mysticisme et beauté harmonique[21].

La falena était le premier d'une trilogie d'œuvres qui trouvera son accomplissement avec Oceàna[22] dirigé par Arturo Toscanini à la Scala de Milan le et avec Abisso[23] créé le également à la Scala, sous la direction de Tullio Serafin. Dans Oceàna, selon Benco, l'opéra devait donner « un’impressione continua di fantasmagoria in un regno di pura musica (une impression continue de fantasmagorie dans un royaume de musique pure) »[24]. Le sujet de Abisso est la bataille de Legnano, 1176. Smareglia emploie un orchestre somptueux et opulent qui enveloppe les airs dans la trame symphonique.

Derniers opéras[modifier | modifier le code]

Plaque à Pula.

En 1900, Smareglia, à la suite d'une opération de la cataracte non réussie[25],[26], a perdu complètement la vue[27]. Ses deux derniers opéras ont été ainsi composés en les dictant à sa femme[28], à son fils Mario[29] et à ses élèves[30]. En 1921, il a été nommé professeur au conservatoire de Trieste. Ses dernières années se sont déroulées dans des conditions modestes voire difficiles. Il a reçu le secours de bienfaiteurs, comme l'éditeur Carlo Saiz.

À la mort d'Arrigo Boito, Toscanini a proposé à Smareglia de terminer l'opéra Nerone [31] laissé inachevé par le grand écrivain et artiste d'opéra de Padoue. Ayant accepté cette mission, le compositeur, après avoir achevé l'œuvre, en a été inexplicablement privé et chassé, sans explications, par Toscanini lui-même[32]. Une explication plausible pourrait être celle d'avoir exposé des doutes sur la validité effective de l'œuvre au chef d'orchestre au caractère colèreux et dictatorial. Toscanini a fait ensuite terminer l'œuvre par Vincenzo Tommasini.

Peu de temps avant sa mort, Antonio Smareglia a procédé à une refonte radicale de son opéra Cornill Schut, et l'a proposée au public de Trieste en 1928 sous le titre de Pittori fiamminghi (it). Cela a été son dernier succès. Le , il est mort à Grado des suites de l'aggravation de son état de santé : il souffrait d'une tumeur à la gorge.

Compositions[modifier | modifier le code]

Opéras[modifier | modifier le code]

Titre Genre Actes Livret Première Ville, théâtre
Caccia lontana scène mélodramatique 1 Giovanni Pozza (it) Milan, Conservatoire
Preziosa (it) drame lyrique 3 Angelo Zanardini (it)
(d'après The Spanish Student de Henry Wadsworth Longfellow)
Milan, Teatro Dal Verme
Bianca da Cervia (it) drame lyrique 4 Fulvio Fulgonio[33],[34],[35],[36] Milan, la Scala
Re Nala (it) mélodrame 4 Vincenzo Valle Venise, la Fenice
Il vassallo di Szigeth (it)[37] opéra séria 3 Luigi Illica et Francesco Pozza Vienne, Hofoper
Cornill Schut[38] drame lyrique 3 Luigi Illica Prague, Théâtre national
Nozze istriane drame lyrique 3 Luigi Illica Trieste, Teatro Comunale
La falena légende 3 Silvio Benco Venise, Teatro Rossini
Oceàna comédie fantastique 3 Silvio Benco Milan, la Scala
Abisso drame lyrique 3 Silvio Benco Milan, la Scala
Pittori fiamminghi (it)[39] drame lyrique 3 Luigi Illica Trieste, Teatro Verdi

Autres[modifier | modifier le code]

  • Quattro canti pour voix et piano (Milan, 1875)
    1. Nell'onde chiare
    2. Ruba ai fior
    3. Una mesta sospirando (ballata)
    4. Deh! Spegni, o Dio
  • Leonora, symphonie descriptive (Milan, 1877)
  • Barcarola, pour piano (Milan, 1884)
  • Inno dei canottieri istriani, per chœur masculin à 4 voix et piano, texte de Nazario Stradi (Pula, 1886)
  • Ruhelos! (Senza pace!), pour voix et piano, texte de Felix Falzari (Vienne, 1896)
  • Inno a Tartini, per voci e banda, texte de Silvio Benco (Trieste, 1896)
  • Oceàna, suite pour orchestre. Aussi pour piano à 2 ou 4 mains (Milan, 1902)
  • Due canzoni gradesi, pour voix et piano, textes de Biagio Marin (Trieste, 1929)
    • Per le strae solesae
    • Co sarè morto
  • Tre canti sacri, pour voix et piano
    • Salve regina (Trieste, 1919)
    • Pater noster (Trieste, 1929)
    • Ave Maria (Trieste, 1929)
  • Cantico a Maria, per voci bianche e organo, texte de Monsignor Cleva (1930)
  • Liriche pour voix et piano (opera omnia a cura di Luigi Donorà, Udine, 1989)

Place de la musique de Smareglia[modifier | modifier le code]

Smareglia n'a pas eu beaucoup de chance avec ses œuvres. En plus de l'isolement culturel, qui a été évoqué, et de la disparition de la zone d'influence de l'Empire austro-hongrois, qui faisait de lui pratiquement un « étranger chez lui », sa musique a une évidente connotation centre-européenne. La calomnie selon laquelle « il portait malheur » lancée avec une ruse diabolique à Milan, après la représentation d'Oceàna, a énormément contribué à son isolement[40]. Cette méchanceté lancée contre lui a été perpétrée par le journaliste de Trieste Stefani[40], qui voulait le punir pour sa non-adhésion à la cause irrédentiste[41] pendant la Première Guerre mondiale. Stefani s'est beaucoup excusé par la suite, mais malheureusement la calomnie a énormément pris racine à Trieste et dans la Vénétie julienne et est encore très ressentie aujourd'hui.

Mais le vrai problème de Smareglia, comme de nombreux compositeurs qui ont été ses élèves et qui donneront plus tard naissance à la Trieste Music School, était celui d'une musique clairement d'Europe centrale, considérée par les Italiens comme trop autrichienne ou slave, et par les peuples centre-européens comme trop italienne[42]. On a affaire à une musique d'une zone frontière, qui ne peut être classée ni d'un côté ni de l'autre de manière précise. Elle constitue un véritable cas dans l'Europe musicale, engendré par le mélange de diverses traditions typiques de l'Istrie et de Trieste.

Sur tous ces problèmes et sur l'œuvre du compositeur, la musicologie s'est généralement abstenue ou s'est limitée à quelques essais, généralement d'une portée limitée. La lacune a été comblée en 2004 par la biographie complète de Smareglia contenant l'analyse complète de toute sa production musicale et de sa vie tourmentée, Le opere di Antonio Smareglia (Les œuvres d'Antonio Smareglia), écrite par le musicologue de Trieste Paolo Petronio[43].

Concours international de composition "Antonio Smareglia"[modifier | modifier le code]

L'Accademia di Studi Pianistici “Antonio Ricci” a créé en 2009 à Udine un concours international de composition "Antonio Smareglia"[44]. Le 6e concours a été ouvert en 2020, organisé par l'Accademia di Studi Pianistici “Antonio Ricci” et Società Filologica Friulana[45].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (it) Franco Abbiati, Storia della musica, vol. Volume V, Milan, Garzanti, (1re éd. 1939-1946)
  • (it) Silvio Benco, Ricordi di Antonio Smareglia, Duino (Trieste), Edizioni Umana,
  • (it) Luigi Donorà, Antonio Smareglia. Cenni biografici a cura di Luigi Donorà, Conselve (PD), Tipografia Suman M.,
  • (it) Gianni Gori et Marina Petronio, Antonio Smareglia, lettere, Rome, Edizioni dell'Ateneo,
  • (en) Ličinić van Walstijn, Juliana, "Teatro di poesia" in the opera house : the collaboration of Antonio Smareglia and Silvio Benco, Zagreb, Hrvatsko muzikološko društvo = Croatian musicological society, coll. « Biblioteka muzikologija bez granica », , 376 p.
  • (it) Edoardo Perpich, Il teatro musicale di Antonio Smareglia, Rovigno, Unione degli italiani dell'Istria e di Fiume - Università Popolare di Trieste, , 152 p. (OCLC 43424734)
  • (it) Paolo Petronio, Le opere di Antonio Smareglia, Trieste, Edizioni Italo Svevo,
  • (it) Paolo Petronio, Le opere di Antonio Smareglia, Varese, Zecchini éditeur, (ISBN 978-88-6540-189-7)
  • (en) Matteo Sansone, The New Grove Dictionary of Music and Musicians, vol. Volume 23: Scott to Sources, Oxford University Press, (ISBN 978-0-333-60800-5), « Smareglia, Antonio »
  • (en) Matteo Sansone, The New Grove Dictionary of Opera, vol. Volume Four, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-522186-2)
  • (it) Antonio Smareglia, Gianni Gori et Marina Petronio, Lettere, Rome, Edizioni dell'Ateneo, , 154 p. (OCLC 444728202)
  • (it) Ariberto Smareglia, Vita ed arte di Antonio Smareglia, Lugano, Mazzuconi,
  • (it) Mario Smareglia, Antonio Smareglia nella storia del teatro melodrammatico italiano, Pola, Libreria Editrice Smareglia,
  • (it) Fabio Vidali, Pittori Fiamminghi, Teatro Comunale Giuseppe Verdi - Trieste, , « L'Ambiente »
  • Slavko Zlatić, Antonio Smareglia, u. Istra, 1977


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. En 1854, Pula, (en italien Pola) est une ville de l'Empire austro-hongrois.
  2. Smareglia, 1932 p. 12.
  3. Smareglia, 1932 p. 14.
  4. Smareglia, 1932 p. 15.
  5. Smareglia, 1932 p. 16.
  6. a et b Treccani, 2018.
  7. Smareglia, 1932 p. 19.
  8. Smareglia, 1932 p. 20.
  9. Smareglia, 1932 p. 33.
  10. Petronio, 2004 pp. 87-88.
  11. Smareglia, 1932 p. 21.
  12. Petronio, 2004 p. 89.
  13. Smareglia, 1932 pp. 37-38.
  14. Smareglia, 1932 p. 35.
  15. a b c et d Smareglia, 1932 p. 38.
  16. Smareglia, 1934 p. 137.
  17. sans source
  18. Smareglia, 1932 pp. 44-45.
  19. Teatro di poesia.
  20. L'opéra a été repris à Brunswick en 2016 et à Milan en 2017.
  21. Mestrovich, 2001 p. 38.
  22. Smareglia, 1932 p. 55.
  23. Smareglia, 1932 pp. 88-90.
  24. Il Corriere della sera du .
  25. L'opération a été faite dans l'après midi du par le doct. Emilio Marcus
  26. (it) « Antonio Smareglia riacquisterà la vista », il Piccolo : edizione del matino,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le )
  27. Smareglia, 1932 pp. 51-52.
  28. Smareglia, 1932 p. 47.
  29. Smareglia, 1932 pp. 72-73.
  30. Smareglia, 1932 p. 5033.
  31. Smareglia, 1932 pp. 96-97.
  32. Smareglia, 1932 pp. 104-105.
  33. Il faut noter que Mario Smareglia a attribué le livret d'abord à Francesco Pozza , collaborateur d'Illica pour le Vassallo di Szigeth, et puis à Fulvio Fulgonio . Il semble qu'il s'agisse d'une erreur, comme la partition le confirme.
  34. Smareglia, 1934 p. 117.
  35. Petronio, 2004 p. 68.
  36. Smareglia, 1934 p. 398.
  37. Représenté en allemand (Der Vasall von Szigeth) avec un livret traduit par Max Kalbeck. La première représentation avec le livret en italien a eu lieu le à Pula, Teatro Ciscutti.
  38. Représenté en tchèque. Le a été représenté à Dresde, Hofoper, sous le titre Cornelius Schut. Première représentation en italien le à Trieste, Teatro Comunale.
  39. Révision de Cornill Schut.
  40. a et b Smareglia, 1932 p. 58.
  41. Petronio, 2004 p. 13.
  42. Smareglia, 1932 p. 122.
  43. Petronio, 2004.
  44. (it) Accademia di Studi PIanistici "Antonio Ricci", « concorso internazionale di composizioni "Antonio Smareglia". », sur accademiaricci.uniud.it (consulté le ).
  45. (it + en) « 6th Antonio Smareglia International Composition Competition », sur FLAC (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]