Antoine de La Rochefoucauld (artiste)

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Antoine de La Rochefoucauld
Émile Schuffenecker, Antoine de La Rochefoucauld (1886),
Amsterdam, musée Van Gogh.
Titre de noblesse
Comte
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Père
Alfred de La Rochefoucauld, duc de La Roche-Guyon (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Isabelle de La Roche Guyon (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Antoine de La Rochefoucauld, né le à Paris et mort à Ménilles (Eure) le , est un peintre et collectionneur d'art français.

Il a été, entre autres, un des promoteurs du renouveau du rosicrucianisme en France à la fin du XIXe siècle.

Biographie[modifier | modifier le code]

Le comte Marie Joseph Auguste Antoine de La Rochefoucauld[1] est le quatrième et plus jeune fils du comte Alfred de La Rochefoucauld, duc de La Roche-Guyon (1819–1883), et d'Isabelle Nivière (1833–1911).

Né à Paris, le , il se consacre, après son service militaire comme officier dans l'infanterie, à la peinture et se passionne pour les arts du cirque. Selon Paul Signac, il fit des numéros de trapèze au Cirque Molier, en compagnie du lithographe Théo P. Wagner[2]. Avec ce dernier, le comte figurerait, juché sur un trapèze, habillé de rouge et portant monocle, sur le tableau de James Tissot, Les Femmes de sport (The Circus Lover. The Amateur Circus)[3]. Par ailleurs, les deux hommes auraient initié la jeune Suzanne Valadon aux arts du cirque[4].

Fréquentant les membres du Chat noir, cabaret fondé par Rodolphe Salis, Antoine de La Rochefoucauld se lie à Odilon Redon, Camille Pissaro, Erik Satie dont il fait le portrait en 1894[5]. Il se passionne pour l'occultisme, lit Éliphas Lévi et Fabre d'Olivet.

« Archonte » de l'ordre de la Rose-Croix catholique et esthétique du Temple et du Graal fondée par Joséphin Peladan, La Rochefoucauld finance, en 1892, le premier Salon de la Rose-Croix chez Durand-Ruel rue Le Peletier à Paris, où il expose L'Ange de la Rose-Croix[6]. Il peut y imposer ses choix artistiques et les artistes dont il est le mécène, comme Émile Bernard ou Charles Filiger. La troisième des Sonneries de la Rose+Croix d'Érik Satie a été composée en son honneur, et la 2e des Gnossiennes lui est dédiée dans l'édition de 1893[7].

Après sa rupture avec le « Sâr » et son éviction de l'ordre, Antoine de La Rochefoucault se consacre à la peinture de style pointilliste, sur des sujets religieux et ésotériques. En 1893, il loue une galerie rue Laffitte à Paris pour l'exposition permanente des néo-impressionnistes dont sont Camille Pissaro, Théo Van Rysselberghe et Paul Signac[8]. Il expose aussi au Salon des indépendants. La même année, il finance la création de la revue mensuelle Le Cœur (ésotérisme, littérature, science, arts) dirigée par Jules Bois et Maurice Boukay : lancée en avril, elle compte dix numéros jusqu'en juin 1895. La Rochefoucauld y publie une note critique sur Paul Signac (no 2), Charles Filiger (no 4), et un dessin de sa composition (no 6)[9].

En l'état actuel des recherches, il est possible qu'Antoine de La Rochefoucauld ait acheté, en 1905, au Salon des indépendants une toile de Vincent van Gogh, La Berceuse (2e version du Portrait d'Augustine Roulin, peint en 1889), toile revendue au marchand Paul Rosenberg[10].

En 1894, La Rochefoucauld rachète le château de La Grand'Cour à Ménilles, où il organise, pour de nombreuses personnalités du monde politique, artistique et littéraire, des séances de spiritisme avec son « âme-sœur », Eugénie Dubois[11], surnommée « Mélusine », qu'il épouse le . Eugénie Dubois[12], peintre elle aussi, écrit La Magesse, en 1896, et L'Initiée en 1902[13]. Le couple a deux enfants, Emmanuel (1898–1936) et Eugène (1901–1987).

Après la mort de sa femme et de son fils aîné en 1936, Antoine de La Rochefoucauld se retire à Ménilles, où il meurt le .

Le musée Van Gogh d'Amsterdam conserve son portrait par Émile Schuffenecker (1886)[14].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Antoine de La Rochefoucauld a produit une œuvre plastique marquée par le symbolisme et le post-impressionnisme, principalement par les expériences pointillistes.

Il a peint des huiles sur toile, ainsi que quelques dessins de natures mortes, paysages et portraits. En 1894, il exécute un Portrait d'Erik Satie (huile sur bois, 80 × 68 cm, Paris, Fondation-Archives Erik Satie[15]).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Portrait par Émile Schuffenecker : [1].
  2. Paul Signac, La Cravache parisienne, , p. 2.
  3. Tableau présenté à Paris en 1885 chez Charles Sedelmeyer, conservé au musée des Beaux-Arts de Boston (cf. (en) « A Closer Look: The Circus Lover (The Amateur Circus), by James Tissot », par Lucy Paquette, The Hammock Novel, 2016).
  4. Jeanine Warnod, Suzanne Valadon, Flammarion, 1989, pp. 13, 16.
  5. « Antoine de la Rochefoucauld, “Portrait of Erik Satie”, 1894. », sur Getty Images (consulté le ).
  6. Notice d'œuvre - Salon Rose-Croix 1892, base salons du musée d'Orsay.
  7. Ornella Volta, « Le rideau se lève sur un os », Revue internationale de la musique française, vol. 8, .
  8. Christophe Beaufils, Joséphin Péladan, essai sur une maladie du lyrisme, Grenoble, Jérôme Millon, 1993, pp. 234-235.
  9. Le Cœur, détail des sommaires, par Georges Picq.
  10. Toile conservée au musée des Beaux-Arts de Boston (cf. (en) « Lullaby: Madame Augustine Roulin Rocking a Cradle (La Berceuse) », catalogue en ligne du musée des beaux-arts de Boston).
  11. Eugénie Dubois (Paris, - château de La Grand'Cour, ) est la fille de Félix Dubois et de Victorine Anfray.
  12. Portrait d'Eugénie par Émile Schuffenecker sur cutlermiles.com.
  13. Roman parlant « de religion, de patrie, de communisme, et d'antisémitisme », Christophe Beaufils, Joséphin Péladan, essai sur une maladie du lyrisme, Grenoble, Jérôme Millon, 1993, p. ?.
  14. Base AKG Images, en ligne sur akg-images.fr.
  15. « L’effervescence de Montmartre », sur connaissancedesarts.com, .

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Robert A. Pincus-Witten, Occult Symbolism in France: Joséphin Peladan and the Salons de la Rose-Croix, New York, Garland, 1976.
  • Sophie Monneret, L'impressionnisme et son époque, dictionnaire international, Paris, Denoël, 1979, pp. 413–414 (ISBN 2-221-05222-6).
  • Jean Da Silva, Le Salon de la Rose-Croix, 1892-1897, Syros La Découverte, 1991.
  • Christophe Beaufils, Joséphin Péladan, essai sur une maladie du lyrisme, Grenoble, Jérôme Millon, 1993.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]