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Annibale Bugnini

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Annibale Bugnini
Image illustrative de l’article Annibale Bugnini
Biographie
Naissance
Civitella del Lago (it) (Italie)
Ordre religieux Lazaristes
Ordination sacerdotale
par Alcide Marina (en)
Décès (à 70 ans)
Rome
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale
par Paul VI
Dernier titre ou fonction Archevêque titulaire de Diocletiana (de)
Pro-nonce apostolique en Iran
Archevêque titulaire de Diocletiana (de)
Autres fonctions
Fonction religieuse

(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Annibale Bugnini, né le à Civitella del Lago (commune de Baschi en Ombrie, Italie) et décédé le à Rome, est un archevêque catholique, membre de la Congrégation de la Mission.

Proche ami de Paul VI, il fut le principal organisateur de la réforme liturgique dont le concile Vatican II avait posé les bases théologiques. Secrétaire du Consilium ad exsequendam Constitutionem de Sacra Liturgia, il est un artisan décisif de la rédaction des livres liturgiques catholiques actuels, surtout du missel, du lectionnaire, et de plusieurs fascicules du rituel et du pontifical.

Formation et débuts

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Annibale Bugnini est ordonné prêtre au sein de la Congrégation de la Mission (pères Lazaristes) le . À partir de 1946 il est rédacteur en chef de la revue liturgique Ephemerides liturgicae et commence à intervenir dans le domaine des études liturgiques spécialisées[1].

Commissions liturgiques précédant Vatican II

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En 1948, Pie XII nomme Annibale Bugnini Secrétaire de la « Commission pour la réforme liturgique ». Cette commission, instaurée le en marge de la Congrégation des Rites, comprenait 8 membres sous la présidence du cardinal Clemente Micara, puis du cardinal Gaetano Cicognani. L’objectif était de réfléchir à des améliorations possibles en matière liturgique dans l'esprit de l'encyclique Mediator Dei. Bugnini reste à ce poste jusqu'en 1960.

En 1956, il est nommé consultant à la Congrégation des Rites puis en 1957, il est nommé professeur de liturgie à l'université pontificale du Latran, et, de 1959 à 1962, en prévision du concile Vatican II, il est secrétaire de la Commission préparatoire pour la liturgie, à nouveau présidée par le cardinal Gaetano Cicognani. Comme secrétaire, il prend en main l’élaboration du schéma préparatoire, c’est-à-dire le document qui doit être soumis au débat lors du concile. Ce document est proposé au vote et adopté lors de la commission le , en séance plénière de la Commission préparatoire.

Concile Vatican II

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Le concile s’ouvre le . La Commission liturgique conciliaire, en majorité élue (le ) sur des listes constituées par les membres du Concile et présidée par le cardinal Arcadio Larraona est la seule à ne pas avoir le même secrétaire que la Commission préparatoire : Bugnini est, en effet, écarté du projet.

Le schéma sur la liturgie est le premier thème abordé. Le débat a lieu du au . Lors du vote, le , un tel nombre d'amendements est demandé que le pape Jean XXIII renvoie le texte à une session suivante.

L'avènement de Paul VI, le , est presque aussitôt suivi de la refonte générale de la Curie. Immédiatement après son élection, Paul VI rappelle Bugnini et le nomme théologien personnel du pape.

Le , ouvrant la seconde session du Concile, le pape nomme Bugnini à la présidence de la Commission spéciale pour la réforme de la liturgie[réf. nécessaire]. La Constitution sur la Liturgie Sacrée Sacrosanctum Concilium est adoptée par 2147 voix contre 4 le , puis promulguée par Paul VI le .

Consilium ad exsequendam Constitutionem de Sacra Liturgia

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Bugnini est, dès sa création par Paul VI début 1964, secrétaire du Consilium ad exsequendam Constitutionem de Sacra Liturgia. Le président est d'abord le cardinal Giacomo Lercaro, puis, après 1968, le cardinal Benno Gut qui meurt à son tour en 1970. Cette commission met en place la réforme de la liturgie demandée par la constitution Sacrosanctum Concilium de Vatican II.

Le , s'ouvre le premier synode des évêques ; le père Bugnini vient présenter une « messe normative, ébauche d'une nouvelle messe » qu'il célèbre dans la Chapelle Sixtine[2]. La messe est dite en italien, entièrement à haute voix. Elle comprend un rite d'accueil, une brève cérémonie pénitentielle commune, Gloria, trois lectures, Credo, prière universelle, de brèves prières de « déposition des dons », le Canon, etc. Cette première version de la messe n'est pas approuvée lors d'un vote : 71 évêques votent placet (approuvée), 43 évêques non placet (non approuvée) et 62 évêques votèrent placet iuxta modum (approuvée avec des réserves)[2].

Une nouvelle messe modifiée est présentée en fin d'année et le Paul VI promulgue la constitution apostolique Missale romanum et la nouvelle version de la messe, et dissout le Consilium, laissant la Congrégation pour le culte divin assurer la pérennité de la réforme.

Congrégation pour le Culte Divin

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De 1969 jusqu'à 1975, Bugnini est secrétaire et promoteur de la Congrégation pour le culte divin, jusqu'à ce qu'elle soit réunie en 1975 à la Congrégation des Sacrements.

Le , il est nommé archevêque titulaire de Diocletiana (de).

Disgrâce et décès

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Après la fusion en 1975 de la Congrégation pour le culte divin, dont Bugnini était secrétaire, il n'est nommé à aucun poste dans la nouvelle congrégation, la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Bugnini se retire alors au couvent de San Silvestro.

Six mois plus tard, le , il est nommé pro-nonce apostolique en Iran.

Rentré en Italie pour une opération bénigne, il meurt à l'hôpital à Rome le .

En 1983 est publié en italien l'ouvrage apologétique de plus de mille pages constituant ses mémoires : La réforme liturgique (1948-1975)[3].

Prises de position et critiques

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Il déclare dans l'Osservatore Romano du , dans un article traitant des modifications effectuées dans les textes de la Semaine sainte[4] :

« Et pourtant, l’amour des âmes et le désir de faciliter par tous les moyens le chemin de l’union avec les frères séparés, en enlevant toute pierre qui pourrait constituer, même de loin, une pierre d’achoppement ou une cause d’inconfort, ont également conduit l’Église à consentir ces douloureux sacrifices. (E tuttavia l'amore delle anime e il desiderio di agevolare in ogni modo il cammino dell'unione ai fratelli separati, rimovendo ogni pietra che possa constituire pur lontanamente un inciampo o motivo di disagio, hanno indoto la Chiesa anche a quiesti penosi sacrifici.) »

Selon son biographe l'historien Yves Chiron, Bugnini est "un des personnages les plus controversés de l’histoire de l’Église contemporaine" du fait de son action lors de la réforme liturgique liée à Vatican II[5]. Bugnini apparaît davantage comme un organisateur remarquable que comme un théologien ou spécialiste de la liturgie[5]. Le cardinal Antonelli, ayant travaillé à ses côtés depuis 1948, affirmera 20 ans plus tard dans un écrit personnel que la "lacune la plus remarquable" chez Bugnini est "le manque de formation et de sens théologique", considérant que c'est une "grave lacune" en liturgie où "chaque parole et chaque geste" traduisent une "idée théologique"[5].

Accusation de franc-maçonnerie

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Véritable maître d’œuvre de la réforme liturgique, appliqué et actif dans son travail, Bugnini peut compter sur le soutien du pape jusqu'en 1975[3]. Il est accusé d'être franc-maçon et de vouloir détruire l'Église catholique par sa réforme de la liturgie[3]. Le Saint-Siège publie un démenti dans l'Osservatore Romano du , et ce reproche est considéré comme sans fondement[3].

Succession apostolique

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Succession apostolique
Consécrateur : Paul VI
Premier coconsécrateur principal : Bernard Jan Alfrink
Second coconsécrateur principal : William John Conway
Date de la consécration :
Coconsécrateur principal de
Évêque Date de la consécration
Victor León Esteban San Miguel y Erce

Notes et références

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  1. « “For a General Liturgical Reform” by Annibale Bugnini (Part 2) » (consulté le )
  2. a et b (en) Yves Chiron, « How the Novus Ordo Mass Was Made », sur Church Life Journal, (consulté le )
  3. a b c et d Rauwel 2016.
  4. (it) Annibale Bugnini, « Le "Variationes" ad Alcuni Testi della Settimana Santa », L'Osservatore Romano,‎ , p. 6
  5. a b et c Chiron 2016, p. Avant-propos.

Bibliographie

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  • (it) Annibale Bugnini, La riforma liturgica (1948-1975). Nuova edizione riveduta e arricchita di note e di supplementi per una lettura analitica. Rome 1997 (BEL.S 30) [1ère éd. en 1983, trad. all. 1988]. - [1]
  • (it) Pierre Jounel & Reiner Kaczynski & Gottardo Pasqualetti. Roma 1982 (eds): Liturgia opera divina e umana. Studi sulla riforma liturgica offerti a S. E. Mons. Annibale Bugnini in occasione del suo 70o compleanno., Rome, 1982 (BEL.S 26).
  • Aimé-Georges Martimort, « L’histoire de la réforme liturgique à travers le témoignage de Mgr Annibale Bugnini », La Maison-Dieu, no 162, 1985, p. 125-155.
  • Pierre-Marie Gy, « Trois liturgistes : B. Botte, J. A. Jungmann, A. Bugnini », dans La Liturgie dans l'histoire, Paris, 1990, coll. « Liturgie », p. 301-319.
  • Nicola Giampietro (trad. de l'italien), Le cardinal Ferdinand Antonelli et le développement de la réforme liturgique de 1948 à 1970 [« Il card. Antonelli e gli sviluppi della riforma liturgica dal 1948 al 1970 »], Artège, , 556 p. (ISBN 978-2915025576)
  • Yves Chiron, Annibale Bugnini, Paris, Desclée de Brouwer, , 221 p. (ISBN 978-2220067391)
  • Alain Rauwel, « Le ciel sur la terre ? Cinquante ans de liturgie catholique », Archives de sciences sociales des religions, no 176,‎ , p. 231–240 (ISSN 0335-5985, DOI 10.4000/assr.28148, lire en ligne, consulté le )

Articles connexes

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Liens externes

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