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Lady Byron

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Anne Isabella Milbanke
Annabella Byron en 1812 par George Hayter.
Titres de noblesse
Baronne
à partir du
Baronne Wentworth (en)
-
Prédécesseur
vacance (en) et Thomas Noel
Successeur
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 67 ans)
LondresVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Anne Isabella Noel Byron, 11th Baroness Wentworth and Baroness Byron (née Milbanke)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Anne Isabella MilbankeVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnoms
Annabella, Princess of parallelogramsVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Seaham Hall (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Père
Ralph Milbanke (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Judith Noel (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Lord Byron (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Statut
Noblesse (depuis le )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Date de baptême
Maître
William Frend (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Titre honorifique
La très honorable
à partir du
Blason

Anne Isabella Milbanke Noel, 11e baronne Wentworth et baronne Byron, connue sous le nom de Lady Byron, née à Londres le et morte le dans la même ville, est une aristocrate, réformatrice pédagogique et philanthrope abolitionniste britannique, épouse, sous le diminutif d'« Annabella », du poète Byron dont elle se sépare moins d'un an après leur union, leur fille Ada restant sous sa garde malgré les lois de l'époque accordant aux pères la garde exclusive des enfants.

On lui doit notamment la fondation de la première école industrielle d'Angleterre.

Dans ses mémoires, publiées après sa mort par Harriet Beecher Stowe, Lady Byron révèle ses craintes concernant un inceste présumé entre son mari et la demi-sœur de celui-ci, Augusta Leigh. Le scandale créé par ces soupçons contribue à la décision de Byron de quitter l'Angleterre pour retourner vers la Méditerranée, sur les lieux où il avait vécu en 1810.

Devenue mathématicienne sous le nom d'Ada Lovelace, la fille de Lady Byron, utilisant les machines de Charles Babbage, sera l'autrice de la première boucle de code jamais écrite.

Ses noms sont particulièrement complexes. Née Anne Isabella Milbanke, elle est le seul enfant de Sir Ralph Milbanke (en), 6e baronnet du comté de Durham, et de l'honorable Lady Judith Milbanke, née Noel, sœur de Thomas Noel, Lord Wentworth. À la mort de ce dernier, survenue quelques mois après le mariage d'Anne Isabella avec Lord Byron, son père, qui hérite d'une grande partie du domaine de son beau-frère, change son nom et devient Sir Ralph Noel. Lorsque meurt la mère d'Anne Isabella, celle-ci et son mari prennent à leur tour le nom de Noel, ce qui était une condition pour qu'elle puisse hériter, sa mère ayant fait une requête écrite au prince régent, par laquelle elle demandait que sa fille porte le nom de « Lady Wentworth », de telle sorte que ses parents n'aient pas à l'appeler « Byron »[1].

Elle fut donc d'abord Anne Isabella, baronne Byron ou Lady Byron, puis Anne Isabella Noel, baronne Byron. Son oncle avait été à la fois vicomte et baron Wentworth, ces deux titres se transmettant de façon différente : la vicomté s'éteignit et la baronnie devint vacante (« abeyance ») entre sa mère et son cousin Nathaniel Curzon, 3e baron Scarsdale. Lorsque Curzon meurt en 1856, sans héritiers, la baronne Byron devient baronne Wentworth de son propre chef, comme seule prétendante au titre. Mais elle n'en fit pas usage. Elle signait son courrier « A. I. Noel Byron » et utilisa pour son testament la signature « Baronne Noel-Byron ». Elle était généralement connue comme « Lady Byron » et ses amis utilisaient le diminutif d'« Annabella ». Enfin, Lord Byron aimait la désigner par le diminutif de Bell, dont la lettre initiale lui rappelait la sienne[2].

peinture d'une fillette en robe blanche
Anne Isabella Milbanke dans son enfance, par John Hoppner (vers 1800). Ferens Art Gallery (en).

Anne Isabella est une enfant douée. Pour cultiver son évidente intelligence, ses parents engagent comme tuteur un ancien professeur de l'université de Cambridge, William Frend (en)[3]. Sous sa direction, Anne Isabella reçoit une éducation semblable à celle d'un étudiant de Cambridge ; elle étudie la littérature classique, la philosophie, les sciences et les mathématiques, matière qui la passionne tout particulièrement. Cette fascination conduisit plus tard Lord Byron à la surnommer sa « princesse des parallélogrammes[4]. »

Souvent décrite comme froide et guindée, Anne Isabella était consciente de sa forte intelligence et n'avait pas honte de la démontrer en société. Elle est également profondément attachée aux valeurs morales et religieuses de son temps, tout comme elle apprécie les mathématiques et la poésie[5]. Sa première rencontre avec Byron a lieu en mars 1812. Malgré la popularité croissante de Byron due au succès de son poème Le Pèlerinage de Childe Harold, Anne Isabella rejette continuellement ses avances. Byron lui propose le mariage en [4]. Anne Isabella refuse sa proposition trois jours plus tard[6].

Mariage avec Byron

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Byron est criblé de dettes, et un mariage et une dot ne pouvaient qu'arranger ses affaires financières. De plus, comme il s'en ouvre à la tante d'Anabella, Lady Melbourne qui l'apprécie énormément, il estime profondément Annabella pour son intelligence[7]. Lorsque Byron lui fait sa seconde proposition en mariage en septembre 1814, Anne Isabella accepte[8]. Le couple se marie en privé à Seaham Hall dans le comté de Durham le [4]. Ils s'installent à Londres à Piccadilly Terrace[9]. Le couple reste à peine onze jours seul dans la maison, avant qu'Anabella invite sa belle-sœur, Augusta Leigh, à les rejoindre. Byron lui fait alors une terrible scène[6].

Byron se trouve alors dans une situation financière extrêmement difficile. Le mariage ne lui a pas rapporté les fonds escomptés, car le père d'Annabella est lui-même en difficulté financière et n'a pas payé la dot[10]. Il a du mal à vendre ses propriétés de Newstead Abbey[11] et de Rochdale pour éponger ses dettes. Au cours de l'été 1815, il commence à déverser sa colère et son hostilité sur sa femme. Il refuse de manger à table avec elle et exige des domestiques que son repas soit servi séparément alors qu'elle est enceinte[12]. Il se met à boire beaucoup. Dans une lettre à sa demi-sœur, Augusta Leigh, il déclare qu'il soupçonne sa femme d'avoir forcé la serrure de son bureau pour le fouiller. Plus tard dans l'année, il entame une liaison avec Susan Boyce, une choriste londonienne.

Anne Isabella est de plus en plus contrariée. En fin de grossesse, elle craint que Byron ne devienne fou. C'est l'époque où l'on parle de la maladie du roi Georges, et où le parlement Britannique mène une enquête sur l'institution psychiatrique de Bethlem[13]. Elle lit un article du Edimburg Medical Journal décrivant l'hydrocéphalie et se persuade que Byron en est atteint[12]. En novembre 1815, elle écrit à Leigh pour lui faire part des humeurs et du comportement de Byron. En réponse à la lettre de sa belle-sœur, Leigh se rend chez les Byron. À son arrivée, elle devient le sujet de la colère de Byron et le croit temporairement fou.

Le 10 décembre 1815, Anne Isabella donne naissance à l'unique enfant du couple, une fille, qu'ils nomment Ada. Le désespoir de Byron semble s'accroître.

Séparation

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En janvier 1816, alors que les Byron fêtent leur premier anniversaire, Lord Byron propose de vendre leur maison de Piccadilly Terrace. Il demande à sa femme d'emmener Ada chez ses parents et d'y rester temporairement jusqu'à ce qu'il ait réglé leurs finances. Incrédule, Anne Isabella invite un médecin à leur domicile pour examiner Byron car elle est convaincue que son mari est devenu fou. Byron ignore le véritable but de cette visite. Le médecin lui recommande d'accéder à la demande de Byron et de s'installer dans la propriété de ses parents.

Anne Isabella commence à documenter en détail le comportement, les humeurs et les paroles de Byron. Elle contacte son avocat et ami, John Hanson, et lui fait part de ses craintes que Byron ne mette fin à ses jours. Elle fournit également à Hanson une brochure sur l'hydrocéphalie, accompagnée de notes qui suggèrent que Byron pourrait souffrir de ce mal. À la suite de cette conversation, le , Anne Isabella prend congé d'Augusta Legh et de Byron et se rend à la résidence de ses parents à Kirkby Mallory, dans le Leicestershire avec Ada. Elle ne reverra plus Byron[14].

Au cours de son premier mois à Kirkby Mallory, Anne Isabella écrit affectueusement à Byron en l'appelant « très cher Canard » Kirkby Mallory. Ses parents demandent un conseil juridique. Leur avocat recommande une séparation légale et envoie une lettre proposant la séparation à Byron. Augusta, qui était restée avec Byron à Piccadilly Terrace depuis le départ de sa femme, intercepte la lettre, craignant que Byron ne se suicide s'il en prend connaissance. Elle renvoie la lettre à Kirkby Mallory et fait part de son opinion selon laquelle le mariage des Byron devrait faire l'objet d'une plus grande attention. Une semaine plus tard, cependant, un messager envoie à nouveau la proposition à Byron[15].

Cette fois, l'information lui parvient, mais il refuse de croire qu'Anne Isabella ne veut plus être sa femme. Il demande à Augusta de lui écrire et refuse de dissoudre leur mariage. Peu de temps après, lorsque Anne Isabella lui fait part de ses soupçons quant au caractère incestueux de sa relation avec sa demi-sœur Augusta[16], il change d'avis et accepte d'accéder à la demande de sa femme si celle-ci prouve que la demande de séparation légale est bien de son propre fait et non de celui de ses parents. En réponse, Anne Isabella fait personnellement part de ses sentiments à Leigh. Byron tient parole et signe les documents officialisant la séparation le dans le cadre d'un accord privé[17].

Peu après la dissolution de son mariage, Byron quitte l'Angleterre et passe la fin de sa vie à l'étranger, profondément affecté par les condamnations morales dont il est l'objet pour sa bisexualité et sa relation alléguée avec Augusta Leigh[8]. Il meurt en Grèce le .

Éducation d'Ada

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Au fur et à mesure qu'Ada grandit, Anne Isabella craint qu'elle n'hérite des comportements et des humeurs de Byron. Elle lui donne une éducation scientifique et mathématique et décourage les études littéraires[18].

Elle est à son chevet lorsque sa fille meurt d'un cancer le , à l'âge de 36 ans. Ada demande à être enterrée à côté de son père[19].

La Conférence mondiale contre l'esclavage de 1840
Peinture représentant une foule aux costumes sombres rassemblée dans une vaste salle aux tons brunâtres comportant une tenture rouge en arrière-plan.
Vue d'ensemble.
Portrait féminin de trois-quarts gauche
Lady Byron parmi les participants (détail).

Anne Isabella s'engage dans des causes sociales telles que la réforme des prisons et l'abolition de l'esclavage. Elle participe à la Conférence mondiale contre l'esclavage (World Anti-Slavery Convention (en)) tenue à Londres en 1840, figurant parmi les rares femmes représentées sur le tableau commémoratif de cet événement[20],[N 1].

Anne Isabella meurt d'un cancer du sein le , la veille de son 68e anniversaire. Elle est enterrée au cimetière de Kensal Green à Londres[21].

Avant sa mort, elle confie l'histoire de son mariage à Harriet Beecher Stowe, qui publie le récit en 1869. Cet écrit, qui évoque pour la première fois la relation incestueuse de Byron avec sa demi-sœur Augusta, met à mal la réputation de Lord Byron[22].

La baronnie passe à son petit-fils Byron King-Noel (vicomte d'Ockham)[23]. Ce dernier portera le lourd fardeau de défendre la mémoire de sa grand-mère. D'abord dans des batailles juridiques pour avoir accès à ses papiers détenus par l'avocat d'Annabella, Stephen Lushington, puis en publiant des biographies. Il eut un différend avec le père de Virginia Woolf, Leslie Stephen, quand celui-ci publia dans le Dictionary of National Biography qu'Anabella avait abandonné Byron parce qu'il refusait de manger dans la même pièce qu'elle[23].

Articles connexes

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Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Edmund Lodge, Norroy King of Arms : The Peerage of the British Empire, London, , p. 588 : Anne Isabella Noel-Byon, Baroness Wentworth of Nettlested
  • (en) Harriet Beecher Stowe, « The True Story of Lady Byron’s Life », The Atlantic,‎ (lire en ligne)
  • Alfred Mézières, « Lord et lady Byron : Les confidences de Mistress Beecher Stowe », Revue des Deux Mondes, vol. 108,‎ , p. 593-624 (lire en ligne)
  • (en) Malcolm Elwin, Lord Byron’s Family : Annabella, Ada and Augusta 1816–1824, London, John Murray,
  • (en) Jonathan David Gross, Elizabeth Milbanke Lamb Melbourne: Byron's „Corbeau Blanc“ : The Life and Letters of Lady Melbourne, Texas A&M University Press, (ISBN 0-89096-672-9).
  • (en) Julia Markus, Lady Byron & her daughters, New York/London, W. W. Norton & Company, , 364 p. (ISBN 978-0-393-08268-5)
  • (en) Miranda Seymour, In Byron's wake : The turbulent lives of Lord Byron´s wife and daughter. Annabella Milbanke and Ada Lovelace, London, Simon & Schuster, (ISBN 978-1-4711-3857-7)
  • (en) Ashley Hay (en), The secret : The Strange Marriage of Annabella Milbanke and Lord Byron, Sydney, Duffy & Snellgrove, , 288 p. (ISBN 1875989595, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Notes et références

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  1. Les autres femmes représentées sur le tableau sont Elizabeth Pease, Amelia Opie, Anne Knight, Mary Anne Rawson, Mrs John Beaumont, Elizabeth Tredgold, Mary Clarkson et à l'arrière, Lucretia Mott.

Références

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  1. Hay 2000, p. 193.
  2. Bernard Vernier, « Fétichisme du nom, échanges affectifs intra-familiaux et affinités électives », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, vol. 78, no 1,‎ , p. 2–17 (DOI 10.3406/arss.1989.2887, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Iain McCalman, Jon Mee, Gillian Russell et Clara Tuite, An Oxford Companion to the Romantic Age: British Culture, 1776-1832, OUP Oxford, (ISBN 978-0-19-151821-8, lire en ligne), p. 514
  4. a b et c (en) G. Wilson Knight, Lord Byron's Marriage: The Evidence of Asterisks, Routledge, (ISBN 978-1-317-23481-4, lire en ligne), p. 45-47
  5. Hay 2000, p. 33.
  6. a et b Hay 2000, p. 48.
  7. Hay 2000, p. 41.
  8. a et b (en) « Lord Byron | Biography, Poems, Don Juan, Daughter, & Facts | Britannica », sur www.britannica.com (consulté le )
  9. Hay 2000, p. 119.
  10. Hay 2000, p. 113.
  11. Hay 2000, p. 109.
  12. a et b Hay 2000, p. 112.
  13. Hay 2000, p. 119-120.
  14. Hay 2000, p. 122.
  15. Hay 2000, p. 127-137.
  16. Hay 2000, p. 148-153.
  17. Hay 2000, p. 156.
  18. (en) Avery Elizabeth Hurt, Ada Lovelace: Computer Programmer and Mathematician, Cavendish Square Publishing, LLC, (ISBN 978-1-5026-3295-1, lire en ligne), p. 58
  19. Hay 2000, p. 222.
  20. The Anti-Slavery Society Convention, 1840, Benjamin Robert Haydon
  21. (en) James Stevens Curl, Kensal Green Cemetery: The Origins and Development of the General Cemetery of All Souls, Kensal Green, London, 1824-2001, Phillimore, (ISBN 978-1-86077-194-1, lire en ligne), p. 194
  22. Harriet Beecher The Library of Congress, Lady Byron vindicated: a history of the Byron controversy, Boston, Fields, Osgood, & co., (lire en ligne)
  23. a et b Hay 2000, p. 223.