Angélique du Coudray

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Angélique du Coudray
Biographie
Naissance
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Œuvres principales

Angélique Marguerite Le Boursier du Coudray connue sous le nom de Angélique du Coudray[1] est née en 1712 à Clermont-Ferrand, morte le [2],[3] à Bordeaux. Elle est la première sage-femme française à enseigner en public l'« art des accouchements ».

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Angélique Le Boursier naît dans une famille de médecins. Elle est l'épouse de monsieur Ducoudray, selon son acte de décès[4].

Formation[modifier | modifier le code]

Angélique du Coudray est pendant trois ans l'élève d'Anne Bairsin[5], maîtresse sage-femme. Elle reçoit son diplôme le et devient ensuite sage-femme jurée[6].

Carrière[modifier | modifier le code]

Après avoir été maîtresse sage-femme au Châtelet à Paris pendant seize ans, elle retourne en Auvergne en 1754 et commence à donner des cours gratuitement[7] aux femmes en charge d'accouchements en milieu rural[8].

Pour rendre ses cours « palpables[9] », elle invente un mannequin fait de bois, carton, tissus, coton, reproduisant en grandeur nature le bassin d'une femme en couches, ce qui permet différentes manipulations[10],[11] ; il est approuvé en 1758 par l'Académie de chirurgie[6]. L'intendant d'Auvergne[12], qui la trouve « très habile et de bonne volonté », décide que les principales villes de sa province doivent disposer d'un mannequin.

Louis XV lui accorde en 1759 un brevet[8] et une pension : elle va donner des cours dans tout le royaume. À l'âge de quarante-cinq ans, et pendant près d'un quart de siècle (jusqu'en 1783), malgré les ennuis de la goutte et de l'obésité, elle sillonne la France[13] et instruit plus de 5 000 femmes[8]. Elle forme également des chirurgiens[14]. Elle fait ouvrir dans plusieurs grandes villes des maisons de maternité[6]. La méthode « simple, claire et exacte » de madame du Coudray, « sa patience, son zèle », lui valent « estime et considération »[6].

En 1789, Madame du Coudray demeure chez sa nièce, Madame Coutanceau. Elle perd la pension que lui avait octroyé Louis XV. L'avènement[15] de la Révolution fait craindre que l'instruction des sages-femmes ne soit plus une priorité. Mme Coutanceau présente un mémoire à l'Assemblée nationale pour en rappeler l'importance. Elle cite le cas de La Fayette, dont la naissance quasi miraculeuse est due à Mme du Coudray. La Fayette tombera bientôt et Alphonse Leroy, un vieil ennemi, se manifeste, Il dénonce l'ignorance de toutes les sages-femmes et parle de la « demoiselle » (femme non mariée) qui enseigne les accouchements avec une poupée. Vicq d'Azyr lance une enquête et les provinces sont largement favorables à Madame du Coudray. Les titres sont abolis : n'importe qui peut se dire « officier de santé ». L'ancienne association de Mme du Coudray au pouvoir royal la dessert auprès du pouvoir en place qui se radicalise.

Aidée de son mari, Mme Coutanceau, qui n'a reçu aucun argent de Paris depuis le dépôt de son mémoire, garde la flamme allumée. Elle devient, le , la première directrice d'une maison de maternité qui vient d'être fondée. La Terreur s'installe. Dans la peur générale, les deux femmes obtiennent un certificat de civisme. Mme du Coudray meurt, dans le dénuement et la solitude, un jour où sa nièce et son mari sont absents,

Contributions[modifier | modifier le code]

La « machine »[modifier | modifier le code]

La machine originale au Musée Flaubert et d'histoire de la médecine.
La « machine » de Mme du Coudray.

Angélique du Coudray invente un mannequin qu'elle appelle « La Machine de Madame Du Coudray ». Sur la photographie, prise au musée de l'Homme en 2016, il s'agit d'un fac-similé réalisé en 2004 par Rebecca Campeau, de la « machine » conçue pour l'aider dans ses démonstrations et pour permettre aux étudiantes, durant leur formation de deux mois, de pratiquer. Ce mannequin

« représentait le bassin d'une femme, la matrice, son orifice, ses ligaments, le conduit appelé vagin, la vessie, et l'intestin rectum. J'y joignis un modèle d'enfant de grandeur naturelle, dont je rendis les jointures assez flexibles pour pouvoir les mettre dans des positions différentes[,] un arrière-faix[16], avec les membranes, et la démonstration des eaux qu'elles renferment, le cordon ombilical, composé de ses deux artères, et de la veine, laissant une moitié flétrie, et l'autre gonflée, pour imiter en quelque sorte le cordon d'un enfant mort, et celui d'un enfant vivant, auquel on sent les battements des vaisseaux qui le composent. J'ajoutai le modèle de la tête d'un enfant séparée du tronc, dont les os du crâne passaient les uns sur les autres[17]. »

Abrégé de l’art des accouchements[modifier | modifier le code]

Angélique du Coudray publie en 1759 l’Abrégé de l’Art des accouchements, qui sera son manuel scolaire[18]. Elle étudie les grossesses gemellaires, alors particulièrement risquées à cette époque[8].

La deuxième édition, parue en 1769, est remarquable par les illustrations — c'est une première — de 26 gravures en taille douce en couleurs[19].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Coudray, Abrégé de l'art des accouchemens : dans lequel on donne les préceptes nécessaires pour le mettre heureusement en pratique, & auquel on a joint plusieurs observations intéressantes sur des cas singuliers, Paris, Barrois, , 208 p. (lire en ligne)
  • Onderwys voor de leerlingen in de vroed-kunde ofte konst der kinder-bedden […], traduction néerlandaise de F. D. Vandaele, 1775[20].

Hommages[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Madame du Coudray, sage-femme itinérante : mise au point biographique - Archives départementales du Puy-de-Dôme », sur www.archivesdepartementales.puy-de-dome.fr (consulté le )
  2. Gelbart 1998, § 63. Ces dates sont aussi celles de la Bibliothèque du Congrès.
  3. « Registre Bordeaux Sud, acte n° 907 du 28 germinal de l'an II enregistrant son décès la veille le 27, soit le 16 avril 1794. »
  4. « BORDEAUX 3 E 5 - Registre des actes de décès de Bordeaux, section Sud, 16 nivôse an II - 5e jour complémentaire an II - 1794 : Site officiel des Archives de Bordeaux Métropole », sur Archives Bordeaux Métropole (consulté le )
  5. Sur Bairsin : « Bairsin (dame Philbert Mangin, Anne) », dans Delacoux 1834, p. 30.
  6. a b c et d Voir Delacoux.
  7. Abrégé, p. VI.
  8. a b c et d « 5 femmes scientifiques qui ont marqué leur siècle », sur 5 femmes scientifiques qui ont marqué leur siècle (consulté le )
  9. Le mot est de Delacoux : p. 72.
  10. Il en reste un exemplaire, au musée Flaubert et d'histoire de la médecine de Rouen. On a des photos en ligne. Le Musée a coédité, avec les éditions Point de vues : La « machine », ou l'Art des accouchements au XVIIIe siècle, Rouen, 2005, épuisé.
  11. Description détaillée, site medarus.
  12. Siméon-Charles-Sébastien Bernard de Ballainvilliers (1721–1767), intendant d'Auvergne de 1758 à 1767.
  13. N. R. Gelbart, (voir Gelbart 1998), a dressé une carte des déplacements de du Coudray.
  14. medarus.
  15. La source pour cette période est Gelbart 1998, à partir de la section 6.
  16. « Arrière-faix » : « Ce qui reste dans la matrice après la sortie du fœtus, c’est-à-dire le placenta, le cordon ombilical et les membranes qui enveloppaient le fœtus », définition du Wiktionnaire.
  17. Abrégé, p. VII.
  18. « 40 femmes scientifiques remarquables du XVIIIe siècle à nos jours », sur femmesetsciences.fr, , p. 52
  19. Les illustrations sont signées P. Chapparre ; la gravure J. Robert.
  20. Fiche de worldcat.org.
  21. Adeline Laffitte et Hervé Duphot, La sage-femme du roi, Delcourt, coll. « Mirages », (ISBN 978-2-413-04594-6)

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]