Aminata Sow Fall

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Aminata Sow Fall
Aminata Sow Fall (2011)
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activité
Fratrie
Autres informations
Genre artistique
Romans, essais, théâtre, poésie
Distinction
Grand prix littéraire d'Afrique noire (1980)
Prix international pour les lettres africaines (1982)

Aminata Sow Fall, née le à Saint-Louis (Sénégal), est une femme de lettres ⁣⁣sénégalaise⁣⁣, ⁣ surtout romancière – l'une des pionnières de la littérature africaine francophone[1].

Aminata Sow Fall porte un regard critique sur une société sénégalaise en pleine mutation dont elle dénonce l'hypocrisie et, comme d'autres femmes de sa génération, l'idéologie patriarcale[1]. Ainsi, dans son œuvre la plus connue, La Grève des bàttu ou les déchets humains, qui lui a valu le Grand prix littéraire d'Afrique noire en 1980, elle imagine — en s'appuyant sur des faits réels — une grève de mendiants chassés de la capitale par des autorités soucieuses de promouvoir le tourisme[2]. Les romans d'Aminata Sow Fall sont devenus des classiques, aujourd'hui inscrits dans les programmes d'enseignement[1]. Dans son discours inaugural au Collège de France, l'écrivain Alain Mabanckou la « considère comme la plus grande romancière africaine »[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

Née en 1941, Aminata Sow Fall perd son père dès l'âge de huit ans[4]. Après quelques années de scolarité au lycée Faidherbe – aujourd'hui au lycée Cheikh Omar Foutiyou Tall – de Saint-Louis, Aminata Sow Fall accompagne sa sœur mariée à Dakar et poursuit ses études secondaires au lycée Van Vollenhoven – aujourd'hui lycée Lamine Guèye –, où elle obtient son baccalauréat[1].

Elle part en France pour entreprendre des études d'interprétariat ainsi qu'une licence de Lettres modernes et fait la connaissance de son futur mari, Samba Sow, à Paris[1].

Après son mariage, elle rentre au Sénégal pour d’abord se dédier à l’enseignement dans plusieurs établissements, à Rufisque et à Dakar. De 1974 à 1979, elle est membre de la Commission nationale de réforme de l’enseignement du français et participe à l'élaboration de manuels scolaires[1].

La reconnaissance internationale dont bénéficie La Grève des bàttu en 1979-1980 marque un tournant dans son parcours[5]. Ce roman est adapté au cinéma pour le film intitulé Bàttu, réalisé par le cinéaste malien Cheick Oumar Sissoko et sorti en 2000.

De 1979 à 1988, directrice des Lettres et de la propriété intellectuelle au ministère de la Culture et du Centre d’études et de civilisations, elle contribue à la fondation de la maison d’édition Khoudia, du Centre africain d’animation et d’échanges culturels, du Bureau africain pour la défense des libertés de l’écrivain à Dakar et du Centre international d’études, de recherches et de réactivation sur la littérature, les arts et la culture à Saint-Louis[1].

Toujours absorbée par l'écriture, la romancière partage désormais son temps entre Dakar, Saint-Louis et d'autres destinations à l'étranger, car elle est souvent sollicitée pour des conférences en relation avec son œuvre ou des thèmes plus larges tels que l'éducation, la culture ou la paix[1]. Elle observe avec acuité le monde qui l'entoure : « L'artiste n'est pas dans une tour d'ivoire. Son rêve ne l'empêche pas de sentir le bouillonnement de la cité »[6], mais elle se défend toutefois de tout engagement politique partisan[7].

En 2015, elle obtient le Grand prix de la francophonie remis annuellement par l'Académie française à une personnalité qui contribue à l'épanouissement de la langue française à travers le monde..

Vie privée[modifier | modifier le code]

Aminata Sow Fall est mère de sept enfants, dont le rappeur Abass Abass.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Aminata Sow Fall est également l'auteure de pièces de théâtre et de poèmes, encore inédits[1].

Récompenses et distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i et j Mwamba Cabakulu et Boubakar Camara, « L'auteur et son œuvre », in Comprendre et faire comprendre 'La grève des bàttu' d'Aminata Sow Fall, L'Harmattan, Paris, 2002, p. 11-20 (ISBN 9782747525107)
  2. Pierrette Herzberger-Fofana, Littérature féminine francophone d'Afrique noire, L'Harmattan, Paris, 2000, p. 173 (ISBN 9782738499059)
  3. Alain Mabanckou, Lettres noires : des ténèbres à la lumière, Paris, Collège de France / Fayard, collection Leçons inaugurales du Collège de France, 2016, p. 69.
  4. Coumba Kane, « L’indignation intacte de la romancière sénégalaise Aminata Sow Fall », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. a et b Gladys Marivat, « Aminata Sow Fall : On obtient plus de résultats quand on apprend aux femmes à se battre », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  6. « Aminata Sow Fall lance un appel pour la paix », Malem Auder,‎ (lire en ligne)
  7. « Que les acteurs politiques sachent que le pays ne leur appartient pas », Rewmi.com,‎ (lire en ligne)
  8. Fernando Lambert, « Aminata Sow Fall, romancière sénégalaise : l’écriture et sa fonction de critique sociale », Québec français, no 65, 1987, p. 21
  9. a b c et d Médoune Guèye, Aminata Sow Fall, oralité et société dans l'œuvre romanesque, L'Harmattan, Paris, 2005, p. 12 (ISBN 9782747585576)
  10. Madeleine Borgomano, Lectures de 'L'Appel des arènes' d'Aminata Sow Fall, Nouvelles Editions africaines, Abidjan, 1984, 80 p. (ISBN 2-7236-0700-3)
  11. (en) Gloria Nne Onyeoriri, « Epistemic and Deontic Modalities in Aminata Sow Fall's L'Ex-Pere de la Nation », in Contributions in Black Studies, vol. 9, article 11, 1992
  12. Le Jujubier du patriarche, Africultures
  13. Voir Jean-François Durand, L'Afrique entre crise contemporaine et ressourcement : une lecture du Jujubier du Patriarche d'Aminata Sow Fall, in Horizons Maghrébins - Le droit à la mémoire Année 2005, n° 53 pp. 23-30
  14. « Les Sénégalaises au regard critique », Africultures
  15. Lire les femmes écrivains et les littératures africaines, Aflits.arts.uwa.edu.au
  16. Entretien d'Edwige H. avec Aminata Sow Fall, Africultures
  17. Édition 2011 des Grands Prix des Arts et des Lettres, Sud Online, 1er février 2012 [1]
  18. « Aminata Sow Fall récompensée par l'Académie française », sur Buzz-africa.com,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Faustine Boateng, At the Crossroads: Adolescence in the Novels of Mariama Bâ, Aminata Sow Fall, Ken Bugul and Khadi Fall, Howard University,
  • Madeleine Borgomano, Lectures de "L'Appel des arènes" d'Aminata Sow Fall, Nouvelles éditions africaines, 1984
  • Mwamba Cabakulu, Comprendre et faire comprendre "La grève des bàttu" d'Aminata Sow Fall, Paris, L'Harmattan, 2002
  • Marie-Françoise Chitour, « Aminata Sow Fall  », dans Christiane Chaulet Achour, avec la collaboration de Corinne Blanchaud, (dir.), Dictionnaire des écrivains francophones classiques : Afrique subsaharienne, Caraïbe, Maghreb, Machrek, Océan Indien, Éd. H. Champion, Paris, 2010, p. 426-430 (ISBN 978-2-7453-2126-8)
  • Lydia A. Forster, Le discours féminin sur la femme à travers les œuvres de deux romancières sénégalaises : "Une si longue lettre" (1979) de Marianne Bâ, "La Grève des bàttu" (1979) et "L'Appel des arènes" (1981) d'Aminata Sow Fall, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, 2000
  • Médoune Guèye, Aminata Sow Fall : oralité et société dans l'œuvre romanesque, Paris, L'Harmattan, 2005, 197 p. (ISBN 2747585573)
  • Houda Jaafar, Les superstitions magico religieuses : "La grève des bàttu", d'Aminata Saw (sic) Fall, "Xala", d'Ousmane Sembène, "Le monde s'effondre", de Chinua Achebe, 2004
  • C. Mazauric, « Fictions de soi dans la maison de l'autre (Aminata Sow Fall, Ken Bugul, Fatou Diome) », Dalhousie French Studies, 2006, vol. 74-75, p. 237-252
  • Isatou Ndow, La technique romanesque dans les œuvres d'Aminata Sow Fall, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, 2000
  • (en) Susan Stringer, « Cultural Conflict in the Novels of Two African Writers, Mariama Ba and Aminata Sow Fall », A Scholarly Journal on Black Women, 1988, supplément p. 36-41
  • (en) Dorothy Davis Wills, « Economic Violence in Postcolonial Senegal: Noisy Silence in Novels by Mariama Ba and Aminata Sow Fall », dans Violence, Silence and Anger: Women's Writing as Transgression, Charlottesville, University Press of Virginia, 1995, p. 158-71

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • L'appel des arènes (long métrage), 2005 (écrit par Aminata Sow Fall)
  • Visage : Aminata Sow Fall (court-métrage)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]