Castor (étoile)

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Castor
α Geminorum Aa/Ba
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 07h 34m 35,873s[1]
Déclinaison +31° 53′ 17,82″[1]
Constellation Gémeaux
Magnitude apparente 1,98 / 2,88[2]

Localisation dans la constellation : Gémeaux

(Voir situation dans la constellation : Gémeaux)
Caractéristiques
Type spectral A1 V / A2 Vm[2]
Indice U-B +0,01 / −0,02[2]
Indice B-V +0,03 / +0,04[2]
Indice R-I −0,01[2]
Astrométrie
Vitesse radiale +6,0 km/s / −1,2 km/s[3]
Mouvement propre μα = −191,45 mas/a[1]
μδ = −145,19 mas/a[1]
Parallaxe 64,12 ± 3,75 mas[1]
Distance 51 ± 3 al
(15,6 ± 0,9 pc)
Magnitude absolue 1,33 / 2,28
Caractéristiques physiques
Masse 2,15 M / 1,7 M
Rayon 2,3 R / 1,6 R
Luminosité 30 L / 14 L
Température 10 300 K / 8 840 K
Métallicité 950 % / 280 % du Soleil

Désignations

Castor, α Gem, 66 Gem, FK5 287, GJ 278, HIP 36850, SAO 60198, ADS 6175, LTT 12038[4]

α Gem A : HR 2891, HD 60179, BD+32°1581 A, GCTP 1785.00[5]
α Gem B : HR 2890, HD 60178, BD+32°1581 B[6]

α Gem C : YY Gem, BD+32°1582[7]

Castor (désignation de Bayer : Alpha Geminorum, α Geminorum, α Gem) est la seconde étoile la plus brillante de la constellation des Gémeaux et l'une des plus brillantes étoiles du ciel nocturne. Sa magnitude apparente est de 1,58[8]. Bien qu'elle porte la désignation de Bayer « alpha », elle est en fait plus faible que Beta Geminorum (Pollux). Sa distance par rapport au Soleil est d'environ 51 années-lumière[1].

Nomenclature[modifier | modifier le code]

Castor est le vieux grec transmis par les Latins pour l'étoile Alpha Geminorum de la constellation des Gémeaux, créée par l'astronomie mésopotamienne, où MAŠ.MAŠ = Tū’amū, « les Jumeaux », sont assimilés aux portiers de l’Enfer, Lugal-irra et Meslamta-ea. En héritant cette constellation de Mésopotamie[9], il va de soi que les Grecs, suivis par les Latins, l'ont adaptée à leur imaginaire[10]. Passé sous silence par les astronomes médiévaux qui avaient les yeux rivés sur les traités arabes, le nom Castor est exhumé à la Renaissance, comme en témoigne l’Uranometria de Johann Bayer (1603)[11], et il est aujourd'hui approuvé par l'Union astronomique internationale (UAI)[12].

Alpha Geminorum porte également des noms venus de l'arabe, notamment:

1. Raselgeuze [Anterior], qui est l'arabe رأس الجوزاء Ra’s al-Ğawzā’, « la Tête d’Elgeuze », introduit au XIIIe siècle à partir des ‘’Pseudo-Messahala’’[13], il figure dans l’Uranometria de Johann Bayer (1603)[14], où il est relevé par Richard Allen (1899)[15],[16].

2. Al Ras al Taum al Muqaddim, qui est l'arabe رأس اتاوم المقدّم Ra’s al-Ta’wum al-muqaddam, « la Tête du Gémeau Antérieur ». Le nom, transcrit sous la forme Râs AlTawum AlMukáddem par Thomas Hyde (1865) à partir du سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437) [17]. Mais c’est à partir de la reprise fautive de cette transcription, soit Al Rās al Taum al Muḳaḍḍim par Richard Allen (1899)[18], que le nom est diffusé dans les catalogues contemporains[19].

En astronomie chinoise, Castor fait partie de Beihe, un sous-groupe de l'astérisme Nan bei he représentant deux petites vallées en bordure de la rivière céleste Tianhe, la Voie lactée.

Historique des observations[modifier | modifier le code]

La binaire visuelle Castor A et B, vue dans un télescope d'amateur.

D'un point de vue astronomique, James Bradley a découvert en 1719 que Castor était une binaire visuelle, ce qui est confirmé par William Herschel[20], la magnitude de ses composantes étant de 1,98 et de 2,88[2]. La séparation des composantes est de 5,5" en date de 2022[20], et elle atteindra 6" vers 2100[21]. Leur période orbitale est de 459 ans. Chacune des deux composantes visuelles de Castor est elle-même une binaire spectroscopique, leurs compagnons étant tous deux des naines rouges. Le compagnon de Castor A accomplit une révolution en 9,2 jours, tandis que le compagnon de Castor B orbite avec une période de seulement 2,4 jours[20].

Castor possède de plus une faible compagne distante d'environ 71" mais possédant les mêmes parallaxe et mouvement propre ; cette compagne est elle-même une binaire spectroscopique de période légèrement inférieure à un jour et elle est constituée de deux naines rouges. Elle tourne autour des deux paires en 14 000 ans. Castor peut donc être considérée comme un système d'étoiles sextuple, composé de six étoiles liées gravitationnellement. La composante C possède la désignation d'étoile variable YY Geminorum[20].

Système sextuple[modifier | modifier le code]

Castor est un système stellaire sextuple et hiérarchisé[4] composé de trois paires d'étoiles binaires :

  • La première, Castor A[5], est une binaire spectroscopique dont l'objet principal est Castor Aa — l'étoile Castor proprement dite — et l'autre composante Castor Ab.
  • La deuxième, Castor B[6] est une autre binaire spectroscopique. Son objet principal est Castor Ba ; son autre composante, Castor Bb.
  • La troisième, Castor C[7] est une variable de type BY Draconis aussi connue comme YY Geminorum. Son objet principal est Castor Ca ; son autre composante, Castor Cb.
Caractéristiques des étoiles du système Castor
Paramètre Composante stellaire
Aa Ab Ba Bb Ca Cb
Type spectral A1 V Inconnu
(probablement M5 V)
A2 Vm M2 V M0.5 Ve M0.5 Ve
Masse
(M)
2,15 0,4–0,6 1,7 0,4–0,6 0,62 0,57
Rayon
(R)
2,3 ? 1,6 ? 0,76 0,68

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy & Astrophysics, vol. 474, no 2,‎ , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  2. a b c d e et f (en) D. Hoffleit et W. H. Warren, « Bright Star Catalogue, 5e éd. », Catalogue de données en ligne VizieR : V/50. Publié à l'origine dans : 1964BS....C......0H, vol. 5050,‎ (Bibcode 1995yCat.5050....0H)
  3. (en) Ralph Elmer Wilson, General Catalogue of Stellar Radial Velocities, Carnegie Institution of Washington, (Bibcode 1953GCRV..C......0W)
  4. a et b (en) * alf Gem -- Double or multiple star sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  5. a et b (en) * alf Gem A -- Spectroscopic binary sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  6. a et b (en) * alf Gem B -- Spectroscopic binary sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  7. a et b (en) V* YY Gem -- Variable of BY Dra type sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  8. (en) A. Mallama, « Sloan Magnitudes for the Brightest Stars », The Journal of the American Association of Variable Star Observers, vol. 42, no 2,‎ , p. 443 (Bibcode 2014JAVSO..42..443M)
  9. Roland Laffitte,, « L’héritage mésopotamien des Grecs en matière de noms astraux (planètes, étoiles et constellations, signes du zodiaque), in Lettre SELEFA n° 10 (décembre 2021), pp. 19-20. »
  10. André Le Bœuffle, Les Noms latins d’astres et de constellations, éd. Paris : Les Belles Lettres, 1977, p. 159-160.
  11. Voir Johann Bayer, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata…, Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 24r.
  12. (en) « Table 1: Star Names Approved by WGSN as of 20 July 2016 », Bulletin of the IAU Working Group on Star Names, no 1,‎ (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  13. Paul Kunitzsch, Typen von Sternverzeichnissen in astronomischen Handshriften des zehnten bis vierzehnten Jahrhunderts, Wiesbaden : Harrassowitz, 1966, « Typ. VII », pp. 47-50.
  14. Johann Bayer, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata…, Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 24r.
  15. Richard Hinkley Allen, Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, réed. st. Star Names, Their Lore an Meaning, New-York: Dover Publications, 1963, p. 231.
  16. Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, pp. 100-101.
  17. (la) Thomas Hyde, « Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis Magni Nepotis, Oxonii : Henry Hall, 1665, Commentarii, p. 34. »
  18. Richard Hinkley Allen, Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, réed. st. Star Names, Their Lore an Meaning, New-York: Dover Publications, 1963, p. 231.
  19. Roland Laffitte, Héritages arabes, op. cit., pp. 100-101.
  20. a b c et d (en) Guillermo Torres et al., « The Orbits and Dynamical Masses of the Castor System », The Astrophysical Journal, vol. 941, no 1,‎ , article no 8 (DOI 10.3847/1538-4357/ac9d8d Accès libre, Bibcode 2022ApJ...941....8T, arXiv 2210.16322)
  21. Atlas du Ciel 2000.0 Cambridge, Wil Tirion

Liens externes[modifier | modifier le code]