Alpha Condé

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Alpha Condé
Illustration.
Alpha Condé en 2014.
Fonctions
Président de la République de Guinée
En fonction depuis le
(13 ans, 4 mois et 4 jours)
Élection
Réélection
Premier ministre Mohamed Saïd Fofana
Mamady Youla
Ibrahima Kassory Fofana
Prédécesseur Sékouba Konaté (intérim)
Moussa Dadis Camara
Président de l'Union africaine

(11 mois et 29 jours)
Prédécesseur Idriss Déby
Successeur Paul Kagame
Biographie
Date de naissance (86 ans)
Lieu de naissance Boké, Basse-Guinée
(Afrique-Occidentale française)
Nationalité guinéenne
Parti politique Rassemblement du peuple
de Guinée
Conjoint Djene Kaba Condé
Diplômé de Université Panthéon-Sorbonne
Profession Universitaire
Langue Maninkakan de l'Est

Alpha Condé
Présidents de la République de Guinée

Alpha Condé, né le à Boké en Basse-Guinée, est un homme d'État guinéen. Il est président de la République de Guinée depuis le .

En 1977, il fonde le Mouvement national démocratique (MND), qui devient par la suite Unité, justice, patrie (UJP), le Rassemblement des patriotes guinéens (RPG), le Rassemblement du peuple de Guinée, puis le RPG-Arc-en-ciel. Il se présente sans succès aux élections présidentielles de 1993 et 1998.

Il remporte l’élection présidentielle de 2010, obtenant 52,5 % des suffrages exprimés au second tour face au candidat de l'Union des forces démocratiques de Guinée, Cellou Dalein Diallo. Il est élu pour un second mandat en 2015 avec 57,9 % des voix au premier tour.

Famille et formation

Origines

D'ethnie mossi, ses parents sont originaires de Bobo Diolasso, une ville du Burkina Fasso ; son père serait venu dans la région de Kankan (Haute-Guinée), pendant la période coloniale, comme cuisinier[1],[2].

Études

Scolarisé à l’école primaire du Centre à Conakry, puis au collège (séminaire) des Pères à Dixinn, Alpha Condé part en France à l'âge de 15 ans, après avoir eu son brevet. Élève en classe de seconde au lycée Gambetta (Pierre-de-Fermat) de Toulouse, il poursuit son cursus à Louviers, où des relations de son père le confient au maire, Pierre Mendès France, qui devient son tuteur pendant ses classes de première et terminale. Il passe son baccalauréat à Paris, au lycée Turgot, où il sympathise avec Bernard Kouchner, qu'il considère comme son frère[3].

Après un passage à la Sorbonne, Alpha Condé obtient une licence en sociologie puis un diplôme d'études supérieures (DES), avant de devenir docteur d’État en droit public à la faculté de droit de l'université de de Paris-I.

Carrière professionnelle

Alpha Condé commence sa carrière en tant qu'enseignant, chargé de cours à la faculté de droit et sciences économiques de Paris-I.

Il dit avoir été victime d'une agression raciste le à Paris. Il déclare avoir reçu des coups de crosse et des coups de mousquetons, en même temps que des injures comme « sale nègre ». Outre des hématomes, une plaie à la hanche et une autre au tibia, il aurait souffert d'une double fracture du nez et d'une fêlure du palais[4][source insuffisante].

Parcours politique

Du MND au RPG

En 1977, dans la foulée de la rencontre tripartite de réconciliation à Monrovia entre les présidents Sékou Touré, Félix Houphouët-Boigny et Léopold Sédar Senghor, Alpha Condé crée le Mouvement national démocratique (MND) avec le professeur Alfa Ibrahima Sow, Bayo Khalifa et d’autres membres fondateurs. Le MND subira plusieurs mutations de la lutte clandestine à la lutte semi-clandestine et enfin à la lutte légale depuis 1991. Le MND devient d’abord l’UJP (Unité, justice, patrie), le RPG (Rassemblement des patriotes guinéens), puis RPG (Rassemblement du peuple de Guinée) pour enfin être l’actuel RPG-Arc-en-ciel[réf. nécessaire].

Élection présidentielle de 1993

Alpha Condé rentre en Guinée, à la suite de l'ouverture démocratique des années 1990, fruit d'un long combat mené entre autres par Bah Mamadou Bhoye, Siradiou Diallo, Mansour Kaba, etc., le multipartisme intégral adopté par le régime du président Conté autorise la présence de plusieurs partis d’opposition en Guinée. Puis, Alpha Condé prend part à la première élection multipartite du pays, en , après trente ans de régime autoritaire. Lors du scrutin, Condé est un des challengeurs de Lansana Conté, président depuis le coup d'État de 1984. Le général Conté est déclaré vainqueur avec 51,7 % des voix[5], tandis que les observateurs nationaux et internationaux chargés de la supervision du scrutin dénoncent un fort climat de fraude et que l’opposition conteste unanimement les résultats officiels. Les partisans de Condé s’insurgent particulièrement contre l’annulation par la Cour suprême de la totalité des résultats pour les préfectures de Kankan et Siguiri, où Alpha Condé était vraisemblablement fortement majoritaire. Condé demande à ses militants de ne pas prendre le risque d’entraîner une guerre civile et de concentrer leurs efforts sur le scrutin suivant.

Scrutin présidentiel de 1998

Aux élections présidentielles suivantes, en décembre 1998, Alpha Condé se présente de nouveau mais il est arrêté et emprisonné, à la suite d'une tentative d'évasion, avant la fin du scrutin[6].

Les résultats officiels publiés par le gouvernement déclarent Lansana Conté vainqueur du premier tour avec 56,1 % suivi de Mamadou Boye Bâ (24,6 %). Le 16 décembre, deux jours après le scrutin, nombreux dirigeants de l'opposition sont arrêtés pour préparation présumée d'une rébellion contre la dictature en place. Les mois suivants, des exactions vont être commises par des forces militaires sur les sympathisants de l'opposition.

Emprisonnement et condamnation

Alpha Condé est maintenu en prison pendant plus de vingt mois avant que le gouvernement ne constitue une cour spéciale pour le juger. Cette incarcération sans procès soulève un fort mouvement de protestation international. Amnesty International dénonce une violation des droits de l'homme et le Conseil de l’Union interparlementaire une violation de l’immunité parlementaire dont Alpha Condé bénéficie en tant que député guinéen. De nombreuses voix s’élèvent tout au long de son emprisonnement pour demander sa libération immédiate. Parmi lesquelles celles d’Albert Bourgi, qui organisent un important mouvement de soutien « le comité de libération » à Alpha Condé, ou de Tiken Jah Fakoly, auteur de « Libérez Alpha Condé » adressé au général Lansana Conté, et que la jeunesse transforme en hymne à la gloire des martyrs et prisonniers politiques africains. Condé reçoit également le soutien de chefs de diplomatie étrangers, à l’instar de Madeleine Albright (États-Unis) qui se déplace à Conakry même. En France, le Président Jacques Chirac s’implique personnellement[7]. Sa mobilisation vient renforcer les multiples requêtes d’autres chefs d’État en demandant officiellement la relâche rapide d’Alpha Condé.

Condé est condamné, en 2000 à cinq ans de prison pour « atteintes à l’autorité de l’État et à l’intégrité du territoire national » au terme d’un procès retentissant décrié dans la presse africaine et internationale[8]. Il est finalement libéré en 2001, faisant l’objet d’une grâce présidentielle.

L’« affaire Alpha Condé »[9], comme elle est souvent décrite dans la presse, donne lieu à un procès retentissant et marque un tournant politique important pour la Guinée.

Alpha Condé est libéré le , date à laquelle il fait l’objet d’une grâce présidentielle, 28 mois après son arrestation et huit mois après son procès organisé par la « Cour de sûreté de l’État guinéen », qui est spécialement constituée à cet effet.

Ce procès de cinq mois qui débute le , après plusieurs reports, le condamne tout d’abord à cinq ans de réclusion criminelle pour « atteinte à la sûreté de l’État guinéen » et « emploi illégal de la force armée », le lundi .

Junte militaire et élection présidentielle de 2010

Alpha Condé en 2007.

À partir de la mort de Lansana Conté et de la prise du pouvoir par la junte militaire de Moussa Dadis Camara, en 2008, Alpha Condé appelle au retour d’un pouvoir civil et à la tenue d’élections transparentes. Il le fait au sein des Forces vives, constituées de l'opposition, des syndicats et des autres acteurs de la société civile. Dans une tribune publiée par le journal Le Monde en , il déclare que les massacres du au stade de Conakry mettent en évidence la nécessité d’une rupture complète avec le passé[10],[11].

En , il annonce la candidature de son parti au scrutin présidentiel de juin. Alpha Condé arrive en deuxième position du premier tour, avec 18,25 % des voix, se qualifiant ainsi pour le second tour[12]. Le , il est déclaré vainqueur de l’élection présidentielle par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) avec 52,52 % des voix, face à l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo[13]. La Cour suprême valide l'élection le suivant[14] et Cellou Dalein Diallo reconnaît sa défaite.

Président de la République de Guinée

Investiture

Alpha Condé est investi président de la République le à Conakry, en présence de 13 chefs d'État africains et de délégations gouvernementales d'autres continents. Il promet « une ère nouvelle » et annonce son intention de devenir « le Mandela de la Guinée » en unifiant et développant son pays[15]. Trois jours après son investiture, il nomme l'économiste Mohamed Saïd Fofana au poste de Premier ministre[16].

Attaque de sa résidence

Le , des militaires attaquent sa résidence privée de Conakry, dont une partie est soufflée par une roquette[17]. Alpha Condé s'en sort indemne, mais un membre de la garde présidentielle est tué[17].

Liberté de la presse

Le , quelques jours après l’attaque de sa résidence, l'ONG Reporters sans frontières publie un rapport dans lequel elle demande à Alpha Condé « d'affirmer publiquement son attachement à la liberté de la presse et au respect du pluralisme des médias », tandis que la France l'appelle à ne pas entraver la liberté de la presse et à organiser des élections législatives dans les meilleurs délais[18].

Situation économique

Entre 2010 et 2017, le pays connaît une croissance annuelle relativement importante (4 % en moyenne), malgré une stagnation du PIB en 2015[19]. Dans le même temps, le chômage reste stable, à 4,5 %[20], et l'inflation passe de quelque 20 % à 10 %[21]. Par ailleurs, le pays voit sa dette publique passer de 68 % à 19 % du PIB[22], tandis que le déficit public, qui s’élevait à 14 % en 2010, devient un excédent (0,6 %) en 2017[23].

Réélection

Il est réélu pour un second mandat lors de l'élection présidentielle de 2015, avec 57,9 % des voix au premier tour.

En , à New York, il suggère l'organisation d'un référendum pour modifier la Constitution guinéenne et lui permettre ainsi de briguer un troisième mandat[24]. En réaction, un important mouvement de contestation, le Mouvement FNDC, fédérant les principaux partis d’opposition (l’UFDG de Cellou Dalein Diallo et l’UFR de Sidya Touré) ainsi que les plus importantes organisations de la société civile, se dresse contre l’initiative présidentielle[25].

Il fait reporter les élections législatives du 16 février 2020 au 1er mars suivant, et annonce la tenue simultanée d'un référendum constitutionnel. L’opposition guinéenne s’oppose à la tenue d’un référendum sur la réforme de la Constitution.

Règlement de conflits

Alpha Condé est missionné[Quand ?] en tant que consultant dans le règlement de conflits politiques auprès de plusieurs chefs d’État d’Afrique, notamment en Gambie[26], Coté d'Ivoire[27], en Guinée-Bissau[28] et au Togo[29].

Prix et reconnaissance

Publications

Alpha Condé est l’auteur de quelques publications. En , il publie un livre d’entretiens en collaboration avec Jean Bothorel[31], Un africain engagé : ce que je veux pour la Guinée aux éditions Picollec. Il y raconte son parcours politique et ses ambitions pour la Guinée en tant que candidat à la magistrature suprême pour le premier scrutin présidentiel, réellement démocratique, de l’histoire de son pays. Avant cela, Alpha Condé avait déjà publié un ouvrage politique intitulé : Guinée, Albanie d'Afrique ou néo-colonie américaine (éditions Gît-le-cœur, 1972) ou il présentait sa vision de l’histoire politique et économique de son pays. Il s’est assez jeune initié à l’écriture politique en participant au journal l’Étudiant Guinéen avant d’écrire pour d’autres journaux et des ouvrages universitaires. Il poursuit à travers différentes publications, tant des brochures (« Quel avenir pour la Guinée », en , « Propositions pour la Guinée » en , « Pour que l’espoir ne meure » en , « Où allons-nous », « Trois ans après », et « Le poisson pourrit par la tête ») que des journaux (Le Patriote créé en et interdit trois mois après, Segueti et Malanyi).

  • Guinée d'Alpha Condé ou le Soleil des incompétences, Editions Edilivre, collection Essai politique par Alpha Ibrahima Sow, 2017
  • Un africain engagé : ce que je veux pour la Guinée (éditions Picollec, 2010)
  • Guinée, Albanie d'Afrique ou néo-colonie américaine (éditions Gît-le-cœur, 1972)
  • « Pour que l’espoir ne meure »
  • « Quel avenir pour la Guinée »,
  • « Où allons-nous »
  • « Trois ans après »
  • « Le poisson pourrit par la tête »

Notes et références

  1. « IONOS Hebergement web », sur www.sudlive.com (consulté le )
  2. [1].
  3. Victoria Koussa, « Guinée : Alpha Condé, le président qui rempile », Libération,‎ (lire en ligne)
  4. « Le racisme en France», Le Monde, 9 juin 1970.
  5. (en)Elections in Guinea sur le site AFRICAN ELECTIONS DATABASE.
  6. Alpha Condé se présente de nouveau mais il est arrêté et emprisonné sans procès, à la fin du scrutin. (fr) Alpha Condé n’est toujours pas passé en jugement un an après son arrestation, Amnesty International,14 décembre 1999.
  7. s’implique personnellement.
  8. africaine et internationale.
  9. « L’affaire Alpha Condé ».
  10. « Le traumatisme subi, une fois de plus, ce jour-là, par la population, discrédite définitivement tous ceux qui, de près ou de loin, ont leur part de responsabilité dans lesdits massacres. Les conséquences de cette tragédie ordonnent obligatoirement une rupture par rapport à tout ce qui a été envisagé précédemment. Elles doivent désormais inciter tous les acteurs guinéens, avec le soutien des partenaires extérieurs, à organiser au plus vite des élections, qui seules permettront de légitimer les futurs dirigeants sur la base d'autres mécanismes que ceux qui ont conduit à l'émergence du système à abolir. »
  11. Le Monde en janvier 2010,.
  12. [PDF] Résultats définitifs du premier tour sur le site de la Commission électorale nationale indépendante.
  13. « Le président-élu Alpha Condé appelle au calme en Guinée », Le Point, 16 novembre 2010.
  14. « Confirmation de la victoire d'Alpha Condé en Guinée », Libération, 3 décembre 2010.
  15. « Alpha Condé souhaite unifier la Guinée à la façon d'un Mandela », nouvelobs interactif, 21 décembre 2010.
  16. Guinée : Alpha Condé nomme Mohamed Said Fofana au poste de Premier ministre, Radio France internationale, 25 décembre 2010.
  17. a et b « Guinée: le président Condé sort indemne d'une attaque contre sa résidence », dépêche AFP, 19 juillet 2011.
  18. « Guinée: sévère rappel à l'ordre de la France au président Alpha Condé », L'Express, 28 juillet 2011.
  19. https://tradingeconomics.com/guinea/gdp-growth-annual
  20. https://tradingeconomics.com/guinea/unemployment-rate
  21. https://tradingeconomics.com/guinea/inflation-cpi
  22. https://tradingeconomics.com/guinea/government-debt-to-gdp
  23. https://tradingeconomics.com/guinea/government-budget
  24. https://information.tv5monde.com/afrique/en-guinee-un-3e-mandat-pour-alpha-conde-la-perspective-se-precise-323220
  25. Christophe Châtelot, « En Guinée, Alpha Condé a confirmé son intention de changer la Constitution », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  26. « En Gambie, le Guinéen Alpha Condé a réussi les négociations de la dernière chance », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. « Gbagbo – Compaoré : entre les deux, Alpha Condé a longtemps hésité », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  28. « Guinée : après la présidence de l’UA, Alpha Condé se pose en médiateur régional », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  29. « Togo : crise cherche médiateur », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  30. « Université de Sonfonia : un doctorat honoris causa à Alpha Condé », sur Mediaguinee.org, (consulté le )
  31. Jean Bothorel Un africain engagé.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Mohamed Saliou Camara, Thomas O'Toole, Janice E. Baker, « Condé, Alpha (1938-) », in Historical Dictionary of Guinea, Scarecrow Press, 2013 (5e éd.), p. 91-92 (ISBN 9780810879690)

Articles connexes

Liens externes

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