Alléluia

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Manuscrit français du Psaume 149 (XIIIe siècle), musée de la Diaspora, Tel Aviv. Le mot hallelu-Yah est écrit en gros caractères sous le bras gauche du personnage.

L'Alléluia est une acclamation de louange envers Dieu qui se trouve dans la Bible hébraïque et a été réutilisée par la liturgie chrétienne. Le mot Alleluia ou Hallelujah (en hébreu : הַלְּלוּיָהּ, transcrit ἀλληλούϊα / hallêloúïa en grec), signifie littéralement « louez Yah » (hallelu-Yah) (Voir : Hallel).

Un Alléluia célèbre de la musique classique est celui de l'oratorio Le Messie de Haendel.

Sources bibliques[modifier | modifier le code]

Le terme hébreu Alléluia (הַלְּלוּיָהּ) est formé de deux mots, hallelu-Yah, dont le premier signifie « louez » et le second, Yah, est une forme abrégée du Tétragramme YHWH (nom personnel de Dieu dans les Écritures hébraïques, communément transcrit ailleurs par « Yahvé » ou « Jéhovah »).

Il apparaît plusieurs fois dans les Psaumes.

Usage dans le judaïsme[modifier | modifier le code]

Usage dans le christianisme[modifier | modifier le code]

Liturgie romaine[modifier | modifier le code]

Le manuscrit Einsiedeln 121 (v. 960-970), fol. 343, première page des alléluias (Alleluia quales volueris).

L'Alléluia est d'ordinaire chanté avant la lecture de l'Évangile. Il s'agit à l'origine d'un chant d'allégresse pendant la liturgie pascale[1].

Vers 530, Benoît de Nursie fixe et précise l'usage l'alléluia dans la liturgie des Heures. À cette époque, il est déjà récité jusqu'à la Pentecôte[2]

C'est le pape Grégoire Ier qui fait exécuter l'alléluia après la Pentecôte[3].

Répertoire grégorien[modifier | modifier le code]

En chant grégorien lors de la messe, l'alléluia se compose de la forme Aa - Ab - B - Aa - Ab.

Aa : l'alléluia proprement dit (ligne de la parole, d'abord[4]) ; Ab : le jubilus, à savoir mélisme très orné de la dernière syllabe ia ; B : un verset[5]. Ces trois parties ont des mélodies parfois construites à partir de mélodies types. C'est l'incipit du verset qui donne son nom à l'alléluia.

Tradition byzantine[modifier | modifier le code]

L'Apocalypse 19:1-3-4-6, Codex Sinaiticus, IVe siècle.

L'alléluia est bâti sur un modèle responsorial : il est chanté en alternance avec des versets psalmiques. Son usage le plus fréquent lors de la Divine Liturgie se situe après l'épître et avant l'évangile.

Aux offices sacramentels (baptême, mariage, onction), les alléluias qui précèdent les péricopes évangéliques ne comportent qu'un verset. La seule liturgie de l'année où l'on ne chante pas d'alléluia est celle du Samedi saint : il est remplacé par un long responsorial (six versets) dont le refrain est « Lève-Toi, ô Dieu, juge la terre, car Tu feras Ton héritage de toutes les nations. »

L'alléluia en usage aux jours de carême se compose de quatre versets, et, contrairement au « Le Seigneur est Dieu » chanté le reste de l'année, il n'est pas suivi de l'apolytikion du jour, mais d'un triadikon[6].

De même, l'office pour les morts commence, après le Psaume 142, par un alléluia à trois versets, suivi d'une doxologie.

Musique sacrée[modifier | modifier le code]

Musique classique[modifier | modifier le code]

La chapelle du Foundling Hospital de Londres, où Le Messie de Haendel est donné en représentation à partir de 1750.

L'Alleluia de Haendel est une pièce chorale qui conclut la deuxième partie de son oratorio Le Messie (1741). Le texte provient de trois passages du L'Apocalypse :

« Hallelujah: for the Lord God omnipotent reigneth (Ap 19:6).
The kingdoms of this world are become the kingdoms of our Lord, and of his Christ; and he shall reign for ever and ever (Ap 11:15).
King of kings, and lord of lords (Ap 19:16). »

Interprétations récentes[modifier | modifier le code]

S'inspirant de la prépondérance de l'Alléluia dans la liturgie des morts du rite byzantin, le compositeur orthodoxe John Tavener en fit le refrain de son chant funéraire Song for Athene (en), qui fut exécuté aux funérailles de Lady Diana Spencer.

Plusieurs musiciens et groupes de musiciens ont interprété des chansons intitulées Hallelujah, comme Leonard Cohen, repris lui-même par l'artiste new-yorkais Jeff Buckley, le groupe allemand de metal industriel Rammstein, Deep Purple dont Blind Guardian a fait la reprise, la chanteuse russe Olga Arefieva, ou même le groupe pop rock Paramore dans son album Riot!. Magma fait usage du mot « Alléluia » dans plusieurs morceaux, notamment dans la troisième partie de K.A. (2004). La chanteuse anglaise Lucy Thomas et la chanteuse israëlienne Yasmin Levy ont aussi repris la chanson de Leonard Cohen.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]


Youtube, exécution de Song For Athene aux funérailles de Diana Spencer.

Références bibliographiques[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « ALLELUIA : Définition de ALLELUIA », sur cnrtl.fr (consulté le ).
  2. « Depuis le saint jour de Pâques jusqu'à la Pentecôte, on dira tous les jours alléluia, tant aux psaumes qu'aux répons. [...] Tous les dimanches en dehors du Carême, on dira avec alléluia les cantiques, les matines, prime, tierce, sexte et none. Les vêpres se diront toujours avec antiennes. Quant aux répons, ils ne se diront jamais avec alléluia, si ce n'est de Pâques à la Pentecôte. » Règle de saint Benoît, chapitre XV En quels temps il faut dire alléluia, trad. Prosper Guéranger, p. 42-43, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, réimpression 2007.
  3. Lettre de Grégoire Ier à l'évêque de Syracuse (598, [PDF]http://palmus.free.fr/session_2004.pdf Daniel Saulnier, Session de chant grégorien II (2004), p. 62.
  4. Dom Daniel Saulnier (abbaye Saint-Pierre de Solesmes), Un nouvel antiphonaire monastique, Études grégoriennes, tome XXXIII, p. 177, abbaye Saint-Pierre de Solesmes, 2005.
  5. « Verset / Liturgie & Sacrements », sur Liturgie & Sacrements (consulté le ).
  6. Macaire de Simonos-Pétra, Mystagogie du Grand Carême ; Essai de théologie du temps liturgique, Limours, Apostolia, .