Alice Recoque
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Alice Maria Arnaud |
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Ingénieure, inventrice d'un brevet, informaticienne |
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Alice Recoque, née le à Cherchell (Algérie[a]) et morte le à Ballainvilliers (Essonne, France), est une informaticienne française.
Elle s'est notamment illustrée dans le domaine de l'architecture des ordinateurs. En 1959, elle participe au développement du mini-ordinateur CAB500, puis devient cheffe de projet pour la conception et l'industrialisation du mini-ordinateur Mitra 15, avant de passer à des recherches sur les architectures parallèles et l'intelligence artificielle. Plus tard, en 1978, elle participe à la création de la CNIL. Autrice de prospectives visionnaires concernant les postes de travail informatiques et le développement de l'intelligence artificielle, son rôle est toutefois longtemps minimisé ou effacé.
Biographie
[modifier | modifier le code]Enfance et études
[modifier | modifier le code]Alice Maria Arnaud naît le à Cherchell en Algérie[1],[2]. La branche maternelle de sa famille y a immigré en 1842, en raison des promesses d'installation possible, et est rapidement sortie de la pauvreté jusqu'à ce que les mères de la lignée ne deviennent veuves chacune à leur tour. La mère d'Alice, Germaine, devenue orpheline de père, abandonne la préparation de l'école normale pour devenir institutrice. Elle épouse Georges Arnaud, un distillateur et courtier en vins. Ensemble ils ont deux enfants, le premier étant Jacques, né en 1927. En 1940, avec l'arrivée de la Guerre, la mère d'Alice paye sa franchise à l'encontre du maire de la ville qu'elle accuse d'être trop proche du régime de Vichy. Elle est rétrogradée de son poste de directrice d'école, et mutée à Alger, tandis que son père reste sur place pour ses affaires. Alice Arnaud a alors la possibilité de préparer la voie d'entrée en 6e par concours, et réussit à avoir une place dans un lycée éloigné. En 1942,son frère meurt d'une méningite foudroyante, maladie dont elle gardera la crainte toute sa vie[3].
Plus tard, au lycée, elle se découvre une passion pour les mathématiques grâce à une professeure qu'elle remerciera pour son influence le jour de ses 100 ans. Elle prépare le baccalauréat, sans égards pour la maladie qui lui fait perdre une année, ou pour les pressions sociales qui s'alarment que les femmes puissent préférer être bachelières que « jeunes filles »[b]. En 1947, une fois obtenu son second baccalauréat, elle est poussée par sa tante et son oncle maternel habitant à Paris à choisir la rare bonne école d'ingénieurs ouverte aux filles, l'ESPCI, et avec l'accord de ses parents restés en Algérie, intègre le lycée Chaptal pour une classe préparatoire[4].
Elle effectue ses études dans la 69e promotion de l'ESPCI[5] et obtient le diplôme d'ingénieure en 1954[1]. La même année, en juillet, elle épouse Robert Recoque, un camarade de sa promotion[6].
Carrière dans l'industrie informatique
[modifier | modifier le code]Société d'électronique et d'automatisme
[modifier | modifier le code]En 1954, elle entre à la Société d'électronique et d'automatisme (SEA), entreprise fondée six ans plus tôt par François-Henri Raymond, qui construit les premiers ordinateurs français[1].
Elle y participe à différents projets. Grâce à ses connaissances acquises sur les cycles d'hystérésis rectangulaires, elle est tout d'abord affectée à la réalisation de mémoires à tores de ferrite pour le CAB1011, ordinateur installé l'année suivante au service dit « du chiffre » du SDECE[7]. Elle participe ensuite au développement du mini-ordinateur CAB500 (1959), premier ordinateur de bureau conversationnel, en collaboration avec Françoise Becquet[8], avec qui elle travaille sur l'intégration du symmag[9], un composant de calcul basé lui aussi sur les tores magnétiques[10], breveté par la société[9].
Elle travaille ensuite sur le calculateur industriel CINA et codirige le projet CAB 1500, lié aux machines à pile intégrant un ou plusieurs compilateurs Algol (étendu ou non)[11].
Compagnie internationale pour l'informatique
[modifier | modifier le code]Après l'absorption de la SEA par la Compagnie internationale pour l'informatique (CII), créée dans le cadre du plan Calcul fin 1966, elle est écartée des responsabilités techniques par la direction[1],[12] car le projet CAB 1500 qu'elle pilotait est supprimé[13], au cours d'une fusion où le calcul scientifique et le process control, « plutôt l’apanage de la SEA »[14], deviennent parents pauvres d'une « politique de produits » plus orientés « gestion »[14]. Elle passe alors « quelques années » dans les laboratoires de recherches de la CII, dirigés par J.-Y. Leclerc, en vue d'approfondir les fondamentaux concernant l'évolution à venir de l'architecture des ordinateurs, ce qui lui permet de "réfléchir" à une structure qui se démarquerait de la gamme Iris", en cours de réalisation", afin d'anticiper "un environnement temps réel"[14].
Elle y mène une réflexion poursuivant celle du projet CAB 1500 abandonné en 1966, vers "une petite machine conversationnelle, préfiguration de l’informatique personnelle"[15] en mettant l’accent sur l’environnement périphérique (console de visualisation, machine à écrire électrique, etc)[15]. Séduite, la CII lui demande de la représenter dans un projet baptisé MIRIA, dirigé par Paul-François Gloess, nommé directeur de recherches à l'INRIA, avec qui elle avait travaillé dix ans à la SEA[15], et auprès duquel la CII la détache pendant quelques mois avant de lui confier le projet complet[15]. Pierre Guichet, directeur-adjoint de la CII[16], y a vu un moyen de donner naissance à la gamme Mitra 15[14], dont le prédécesseur, le 10010, "très précurseur" n'avait pas eu l’essor commercial suffisant[14].
Les besoins de la CII dans le domaine des petits ordinateurs se précisant, elle confie à Alice Recoque ce projet "de la conception à l’industrialisation, en passant, par l’étude et le développement"[14], avec des "diodes au germanium, le silicium n’ayant pas encore totalement convaincu"[15], visant des applications industrielles et scientifiques, et complétant, via le nouveau logiciel Transiris, permettant de distribuer le calcul en réseau, la gamme de gros et moyens ordinateurs Iris 80, en partie dédiés aux applications de gestion. Ce projet (nom de code « Q0 ») donne rapidement naissance à la gamme Mitra et Alice Recoque est nommée « responsable recherche et développement » de la division « Petits ordinateurs et systèmes associés » de la CII[17],[c].
Absorption de la CII par Honeywell-Bull
[modifier | modifier le code]À la suite de l'absorption de la CII par Honeywell-Bull, Alice Recoque, qui mène des recherches sur les architectures massivement parallèles (notamment les multi-microprocesseurs), devient responsable des relations avec la recherche et l'enseignement supérieur. À ce titre, outre les aspects fonctionnels de ces relations, elle participe à des jurys ou à des directions de thèses[24].
Centre national de la recherche scientifique et CNIL
[modifier | modifier le code]En 1982, elle est nommée membre de la commission d'informatique du Comité national de la recherche scientifique (qui définit la politique du CNRS dans ce secteur[17]).
Elle est choisie pour rédiger le chapitre sur l'architecture des ordinateurs dans la publication de référence Techniques de l'ingénieur[25].
Participant dès 1978 à la réunion qui fonde la CNIL, elle exprime ses inquiétudes et la nécessité de mettre en place un garde-fou contre « le pouvoir de surveillance accru des entreprises et des États »[1].
Projet intelligence artificielle
[modifier | modifier le code]En , le groupe Bull la nomme directrice de la mission « Intelligence artificielle » (IA)[1], découverte lors d'un voyage au Japon. Elle en étend la notion, jusque-là cantonnée à certains aspects de la programmation informatique, à l'ensemble des méthodes et techniques visant à étudier le comportement de l'homme pour le comprendre et le reproduire[26]. Au cours de cette mission, menée en relation étroite avec des organismes de recherche publics tels que l'INRIA, Alice Recoque conduisant la stratégie qui mobilise plus de 200 personnes[27], définit la gamme de produits que Bull devra développer pour proposer à ses clients une offre cohérente en matière d'intelligence artificielle[28],[29]. Y figurent, notamment, le développement d'une grammaire en Prolog II, destinée à comprendre les écrits formulés en langage naturel (en français), la conception du langage orienté objet KOOL (Knowledge representation Object-Oriented Language, développé en Lisp pour des machines SPS-7 de Bull (dérivées des SM-90 du CNET), destiné à la représentation du savoir et enfin, divers systèmes experts[29].
Autres responsabilités
[modifier | modifier le code]De 1983 à 1986, elle est membre de la « section 08 » (Informatique, Automatique, Signaux et Systèmes) du Comité national du CNRS.
En 1989, elle est nommée membre associée du Conseil général des ponts et chaussées ; en 1993 cette nomination est renouvelée pour trois ans[30].
En 1990-1992 elle est membre — d'abord en tant que secrétaire scientifique, mais très vite à part entière — du comité d'évaluation du projet européen de traduction automatique Eurotra (en), puis de la commission d'étude qui en découle ; les deux commissions travaillant sous l'égide de la présidence d'André Danzin (pour la Commission européenne[31]).
Recherche et enseignement
[modifier | modifier le code]Alice Recoque a créé et assuré, pendant de nombreuses années, l'enseignement de structure des ordinateurs à l'ISEP[32]. Elle a également enseigné l'informatique dans d'autres écoles telles que l’École centrale, l'École supérieure d'électricité[33], l'ESIEE Paris[34] et l'Institut catholique de Paris[35].
Vie familiale
[modifier | modifier le code]Alice Recoque donne naissance à sa première fille, Françoise, en 1957, dont elle partage l'éducation avec la présence active de son époux, Robert. Quelques semaines après la naissance de leur seconde fille, Claire, en 1960, son mari est hospitalisé pour problèmes cardiaques, et se voit attribuer un pronostic de vie de cinq ans. Ce pronostic ne se réalisant pas, ils conçoivent ensuite Pierre, né en 1968. En mars 1971, Robert Recoque meurt d'une crise cardiaque et elle assume alors seule l'éducation de leurs trois enfants[36].
Hommage et mort
[modifier | modifier le code]Le , Alice Recoque meurt à Ballainvilliers dans le département de l'Essonne[2],[37].

Pour Pierre-Éric Mounier-Kuhn, historien de l’informatique, les travaux d’Alice Recoque ont tardé à être reconnus parce qu’on parle peu des ingénieurs en France et qu’il s’agit d’une femme[1]. Lui et la biographe Marion Carré, soulignent que, c'est sans doute en raison de cette misogynie ambiante que la présente page a failli être effacée de Wikipédia[1],[38], en l'absence (à cette époque) de sources médiatiques ou en ligne consacrées à sa vie ou son oeuvre, et au terme d'un débat conclu sur absence de consensus. Pour France Inter, dans ce débat, « Alice Recoque est jugée avec plus de sévérité en raison de son genre qui nourrit une suspicion la concernant » et la biographie (parue sous forme d'énigme policière) : « Qui a voulu effacer Alice Recoque ? »[39] devrait lui permettre d'« obtenir la place qu’elle mérite pour la postérité »[38]. Pour Le Nouvel Économiste, cet ouvrage est aussi une réponse à l'invisibilisation des femmes scientifiques[40].
En 2024, les pouvoirs publics décident de baptiser de son nom le nouveau supercalculateur européen destiné à être hébergé au CEA, et financé par les gouvernements français et néerlandais ainsi que par l'entreprise commune européenne EuroHPC[21].
Brevets
[modifier | modifier le code]Alice Recoque est l'autrice de nombreux brevets dès le début de sa vie professionnelle, seule ou en collaboration :
- Circuits à noyaux magnétiques saturables, brevet pris le [41].
- Circuits de transfert et manipulation d'informations binaires, brevet demandé le [42].
- Circuits de commutation à noyaux magnétiques, brevet demandé le [43].
- Magnetic core switching devices, Electronique & Automatisme, [44]
- Multiple peripheral coupled data processor system. Compagnie International pour L'Informatique, [45].
- Hierarchised priority task chaining apparatus in information processing systems. Compagnie Internationale Pour L'Informatique, [46].
- Bi-processor data handling system including automatic control of exchanges with external equipment and automatically activated maintenance operation, [47].
- Système de gestion cohérente d'une hiérarchie de mémoires, Cii October 7, 1977: FR2344093-A1.
Publications
[modifier | modifier le code]- A. Recoque et F. Becquet, CAB 500 : petite calculatrice arithmétique scientifique, Chiffres, tome 2, no 2, 1959.
- Microprogramming in a Small Computer, NATO Advanced Summer School on Microprogramming, St.Raphael, France, .
- (en) « Survey of Main Trends in Computer Hardware Architecture », dans Simon H. Lavington, Information Processing 80, Proceedings of IFIP Congress 80, Tokyo, Japan - October 6-9, 1980 and Melbourne, Australia - October 14-17, North-Holland/International Federation for Information Processing, , p. 115-125
- A. Recoque, Structure interne des ordinateurs, Techniques de l'ingénieur. Informatique, 1984
- « Qu'est-ce que l'intelligence artificielle ? », in I.A. et bon sens, Paris, coll. F.R. Bull, 1991, p. 93
- Danzin A., S. Allén, H. Coltof, A. Recoque, H. Steusloff, and M. O'Leary, Eurotra Programme Assessment Report (Rapport Danzin), Commission of the European Communities, .
- Towards a european language infrastructure Report by A. Danzin and the Strategic Planning Study Group for the Commission of the European Communities, 1992 (A. Recoque, membre du Groupe) [lire en ligne].
- « Miria a validé l’ordinateur personnel avant qu’IBM ne le découvre », Code source, no 3 « Année 1969 », (lire en ligne [PDF]) — Code source est l'hebdomadaire des 40 ans de l'INRIA, paru en 2007 (chaque numéro portant sur une année).
- Alice Recoque, « Microprogrammation et machines virtuelles », Journées d'étude sur les recherches en structures de machine et architecture des systèmes, rennes, 13-14 novembre 1972
- Alice Recoque, « Architecture multiprocesseur », Journées d’études sur les structures dépendant d'un groupement de multiprocesseurs, Saint-Pierre de Chartreuse, 22-23 novembre 1973
- Alice Recoque, « Le multiprocessing pourquoi et comment ? », Section française « Computer » de l'IEEE,
- Alice Recoque, « Mitra 15 an example of handling peripherical unit by specific multiprogramming », Special Review of Euro-Micro,
- Alice Recoque, « Architecture à processeurs composants », Congrès AFCET, Gif-sur-Yvette,
Distinctions
[modifier | modifier le code]Alice Recoque est nommée au grade de chevalier dans l'ordre national du Mérite par décret du paru au Journal officiel du , sur proposition du ministre de l'Industrie en qualité de « Délégué scientifique dans une société ». Par décret du paru au Journal officiel du , elle est promue au grade d'officier sur proposition du ministre de la Recherche en qualité de « chargée de mission dans une société »[48].
Elle est membre d'honneur de la Société informatique de France[49].
Une carrière représentative des freins professionnels des femmes
[modifier | modifier le code]La biographe d'Alice Recoque analyse son parcours, et relève plusieurs éléments communs aux carrières professionnelles de plusieurs femmes.
Selon elle, bien souvent, le choix d'une filière d'études peu courante, ici des études scientifiques, à une époque où le sort attendu des femmes d'un niveau social privilégié était de se consacrer à leur mari, n'a été rendu possible que grâce à un travail personnel acharné, à une rencontre avec une professeure de mathématiques inspirante, et au soutien d'un proche qui, par ses encouragements et ses relations, lui a permis à la fois de ne pas s'autocensurer, d'envisager comme possible un tel futur et d'aplanir des difficultés administratives. Le choix d'entamer une carrière après ses études, contrairement à ses collègues de promotion, et malgré l'opposition de ses beaux-parents, tient probablement au caractère très affirmé de sa mère et à son exemple, ainsi qu'au soutien de son époux[50].
Par la suite, Alice Recoque a témoigné de l'absence de misogynie parmi ses responsables hiérarchiques, mais des difficultés des hommes sous ses ordres à accepter d'être dirigés par une femme, comme s'ils se sentaient « atteints dans leur chair ». Elle a aussi constaté que la carrière de ses collègues masculins qu'elle considérait comme moins compétents était nettement plus rapide que la sienne. Bien que son expertise soit unanimement reconnue, celle-ci n'entrainait pas les mêmes effets : les postes les plus prestigieux qui lui ont été proposés sur la seconde partie de sa carrière relevaient d'un rôle d'éminence grise dénuée de tout pouvoir hiérarchique, dotée d'un pouvoir occulte mais sans responsabilités explicites[d],[51],[52]. S'ajoute à ces traitements différenciés une forme d'effacement : Marion Carré cite en exemple un papier de sa part de 1982, visionnaire sur ce que devrait être l'informatique personnelle dans le futur, avec des postes de travail « capables de traiter le texte, l'image, la voix » ; pouvant « mémoriser l'ensemble des travaux en cours (agenda, documents en cours d'élaboration, messages, etc.) générer toute sorte de caractères et de graphismes, procurer avec la base d'archivage un interface intelligente ». Ce papier, qui décrit un ordinateur proche des ordinateurs actuels, est toutefois signé du nom de son PDG, son nom à elle n'apparaissant pas[53].
Cette invisibilisation est telle que, très ironiquement, alors qu'elle avait aussi élaboré une prospective visionnaire en matière d'intelligence artificielle, ChatGPT est incapable de donner la moindre information sur elle en 2024, à partir d'une base de données mise à jour en 2022[54]. Pour Marion Carré, Alice Recoque partage un sort commun avec de nombreuses autres femmes scientifiques pour lesquelles il est très fréquent qu'elles soient diminuées, ignorées, ou que leurs collègues masculins soient crédités des travaux à leur place, dans ce qui a été décrit comme l'effet Matilda[55].
Pour approfondir
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code] : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Marion Carré (préf. Michelle Perrot), Qui a voulu effacer Alice Recoque ?, Fayard, , 244 p. (EAN 9782213726595, lire en ligne).
Ressource radiophonique
[modifier | modifier le code]- François Saltiel, « Entretien avec Marion Carré : Alice Recoque ou l’histoire méconnue d’une pionnière de l’informatique » [audio], émission Le Meilleur des mondes (59 min), France Culture, .
Liens externes
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Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- ↑ En 1929, Cherchell est en Algérie française.
- ↑ Relevé par sa biographe, Marion Carré, qui fait référence au livre de Paul Crouzet, Bachelières ou jeunes filles 1949, dans lequel il « se désole du recul de la féminité et s'alarme de la mise en danger de la vie familiale ».
- ↑ Le but du projet Mitra était de concurrencer les nouveaux minis, tels que les PDP-11 de Digital Equipment Corporation et les Data General Nova[18].
Cette gamme a comporté plusieurs modèles, d’abord les Mitra 15 (Mitra 15-20 et Mitra 15-30) sortis en 1972 ; puis le Mitra 125, conçu par une nouvelle équipe en 1975, avec des capacités d’adressage étendues[19], et enfin le Mitra 225. Au total, près de 8 000 exemplaires du Mitra 15 ont été vendus[20] dont une partie était encore utilisée à la fin des années 1990.
. Commercialisé dès 1971[21], apprécié pour ses performances, sa robustesse et sa fiabilité, le Mitra 15 a été conçu dès l’origine pour être adaptable à des domaines d'application très divers, grâce à un système de microprogrammation innovant.
Le rôle de l’état dans le succès du Mitra 15 est aussi évoqué[22],[23]. Il a piloté des missiles ou des navires et calculé des expériences scientifiques, mais avant tout piloté des systèmes de sécurité des centrales nucléaires au moment du déploiement[21]. Visant le contrôle-commande de processus industriels ou le calcul scientifique[20], il a vite été adapté aux transmissions de données, que ce soit dans les systèmes propriétaires CII et ceux de d'Unidata ou comme nœud du réseau Cyclades[19], l'un des ancêtres d'Internet, et dans l’enseignement secondaire[20] (opération ministérielle conduite en 1972 dite « Expérience des 58 lycées »).
En France l'administration des Télécommunications a beaucoup utilisé la famille des calculateurs Mitra : les Mitra 15 ont équipé les commutateurs téléphoniques de la présérie E10N4 entre 1972 et 1976, puis les Mitra 125 ont équipé les commutateurs téléphoniques E10N3 à partir de 1976 et enfin les Mitra 225 ont équipé les commutateurs téléphoniques E10N1 à partir de 1981 jusqu'au remplacement en 1996 desdits calculateurs dont la fabrication des derniers exemplaires à Villeneuve d'Ascq a cessé en 1993. - ↑ Marion Carré reprend une déclaration faite par Alice Recoque dans une interview accordée à Marie-Claire, à propos de sa nomination à la tête de la mission sur l'IA : « Comme aujourd'hui, j'avais là un pouvoir occulte. C'est souvent le cas pour les femmes. Surtout dans le domaine de la technique. À Bull, qui pourtant fait des efforts dans ce sens, on compte seulement 4 % de femmes à des responsabilités explicites… »
Références
[modifier | modifier le code]- Elisa Braun, « Elles ont marqué l'histoire de la technologie : Alice Recoque, le génie informatique à la française », sur le site du quotidien Le Figaro, (consulté le ).
- État civil sur le fichier Insee des personnes décédées en France depuis 1970.
- ↑ Carré 2024, p. 51-58.
- ↑ Carré 2024, p. 60-70.
- ↑ Les ingénieurs de la 69e promotion de l'ESPCI sur le site de l'École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris.
- ↑ Carré 2024, p. 87.
- ↑ Carré 2024, p. 101-105.
- ↑ (en) Chantal Morley et Martina McDonnell, The Gendering of the Computing Field in Finland, France and the United Kingdom Between 1960 and 1990, Connecting Women, coll. « History of Computing », (présentation en ligne), p. 119-135.
- Carré 2024, p. 107-111.
- ↑ Pierre Mounier-Kuhn, « Exposition sur la naissance de l'informatique française », sur hal.science et histoireinform.com, (consulté le )
- ↑ P. Mounier-Kuhn, « Du radar naval à l’informatique : François-Henri Raymond (1914-2000) », dans M.S. Corcy, C. Douyère-Demeulenaere & L. Hilaire-Pérez (dir.), Archives de l’invention : écrits, objets et images de l’activité inventive, 2006, Presses Universitaires de Toulouse-Le Mirail, p. 269-290.
- ↑ F.-H. Raymond, « Le Plan Calcul », Colloque sur l’histoire de l’informatique en France, Grenoble, INPG 1988 ; et « The SEA : An Adventure with a Sad Ending », Annals of the History of Computing, 1989, vol. 11, n° 4.
- ↑ [1]
- "Hommage à Alice Recoque", Florence Sèdes et Marie-Claude Gaudel, Bulletin de la Société informatique de France – numéro 17, Avril 2021 [2]
- Alice Recoque, « Miria a validé l’ordinateur personnel avant qu’IBM ne le découvre », Code source, no 3 « Année 1969 », , p. 2 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
- ↑ Inventaire publié en 2011 sur le site de l'associationAconit par Henri Boucher, ingénieur général de l'armement, membre du service Technique des constructions navales pour la Marine nationale, qui l'a détaché en 1967 comme directeur d'études à l'IRIA [3]
- CNRS, Liste des membres du Comité national de la recherche scientifique, 1982-1986
- ↑ « Mitra 15 », sur Musée virtuel de l’informatique - INRIA, .
- Musée virtuel de l’informatique - Mini-ordinateurs français sur le site de l'INRIA
- Ordinateur Mitra 15 (CII Compagnie Internationale pour l'Informatique) sur Aconit.org.
- « Le nouveau supercalculateur européen prendra le nom d’Alice Recoque, pionnière française de l’informatique », sur Le Figaro, (consulté le )
- ↑ "Qui a voulu effacer Alice Recoque ? Sur les traces d’une pionnière oubliée de l’IA" par Pierre Paradinas le 3 mai 2024 [4]
- ↑ "Qui a voulu effacer Alice Recoque ? par Marion Carré, aux Editions Fayard, en 2024 [5]
- ↑ ; http://www.sudoc.abes.fr/xslt/DB=2.1//SRCH?IKT=12&TRM=09759055X etc..
- ↑ Alice Recoque, « Structure interne des ordinateurs », Techniques de l'ingénieur, H740, Paris, 1984.
- ↑ Gérard Chazal, Le miroir automate : introduction à une philosophie de l'informatique, Collection Milieux, Editions Champ Vallon, 1995, (ISBN 2876732041 et 9782876732049), 252 pages, p. 14 extrait en ligne.
- ↑ (en) Eduard Lanet French Bull Promoting AI Research in Esprit, in: Zero Un Informatique du 3 Mar 86, repris en anglais dans Europe Report, Science and Technology, Joint Publications Research Service, Arlington, 29 mai 1986, p. 10-13 lire en ligne.
- ↑ Alice Recoque, "Qu'est-ce que l'intelligence artificielle", dans Intelligence artificielle et informatique. Cahiers de la fondation Fredrick R. Bull, 11/89.
- Zero Un Informatique du 17 mars 1986, p. 66-67, repris en anglais sous le titre « Research at Bull - The Offensive in Artificial Intelligence » dans Europe Report, Science and Technology, Joint Publications Research Service, Arlington, p.6-9 lire en ligne.
- ↑ « Arrêté du 15 mars 1993 portant nomination au conseil général des ponts et chaussées », JORF, (consulté le ).
- ↑ La Traduction littéraire scientifique et technique: actes du colloque international, Association européenne des linguistes et des professeurs de langues, La Tribune Internationale des Langues Vivantes, 1991 p. 129
- ↑ P. Mounier-Kuhn, L’Informatique en France, de la seconde guerre mondiale au plan Calcul. L’émergence d’une science, Paris, PUPS, 2010, p. 347 et livrets des enseignements de l'Isep.
- ↑ Archives de CentraleSupélec.
- ↑ Marion Carré, Qui a voulu effacer Alice Recoque ?, Fayard, (ISBN 978-2-213-72659-5)
- ↑ Nouvelles de l'Institut catholique de Paris. : Travaux des enseignants 1970-1976, vol. 2, (lire en ligne)
- ↑ Carré 2024, p. 111-112 ; 115-116 ; 135-136 ; 158.
- ↑ Chloé Woitier, « Alice Recoque, pionnière de l'informatique et de l'intelligence artificielle, est décédée », sur le site du quotidien Le Figaro, (consulté le ).
- « Alice Recoque, pionnière oubliée de l'IA », sur France Culture, (consulté le )
- ↑ Carré 2024.
- ↑ « Qui a voulu effacer Alice Recoque ? », sur Le nouvel Economiste, (consulté le )
- ↑ BrevetFR 70039 E.
- ↑ Brevet FR 1160445 A.
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- ↑ US3256445
- ↑ US3768076
- ↑ US3774163
- ↑ US Patent 4,012,717, 1977
- ↑ « Lois et décrets », Journal officiel de la République française, no 185, , p. 9188 (lire en ligne)
- ↑ « F. Bancilhon, M. Delest, S. Krakowiak, A. Recoque : Membres d’honneur de la SIF, 2016 », sur le site de la Société informatique de France., .
- ↑ Carré 2024, p. 55-54, 60-70, 81-88.
- ↑ « Femmes de pouvoir (Interview d'A. Recoque) », Marie-Claire, no 445,
- ↑ Carré 2024, p. 151-154, 228.
- ↑ Carré 2024, p. 228-230.
- ↑ Carré 2024, p. 35-36.
- ↑ Carré 2024, p. 233.
- Informaticienne française
- Pionnière en informatique
- Enseignant à l'École centrale Paris
- Enseignant à l'École supérieure d'électricité
- Enseignant à l'Institut catholique de Paris
- Élève de l'École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris
- Officier de l'ordre national du Mérite
- Histoire de l'informatique en France
- Société d'électronique et d'automatisme
- Personnalité liée à la Compagnie internationale pour l'informatique
- Naissance en août 1929
- Naissance à Cherchell
- Naissance en Algérie française
- Décès en janvier 2021
- Décès dans l'Essonne
- Décès à 91 ans