Alfred Hennequin

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Alfred Hennequin
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Alfred Hennequin est un dramaturge belge, né le à Liège, mort le [1] à Épinay-sur-Seine. Son père, Antoine Clari Néocles Hennequin, avocat à Liège, était le fils du peintre Philippe Auguste Hennequin. Alfred sera le père de Maurice Hennequin, lui aussi dramaturge.

Biographie[modifier | modifier le code]

Issu de l'École des mines de Liège, il commence par travailler comme ingénieur des chemins de fer belges[2]. Passionné par l'écriture théâtrale, il fait jouer à Bruxelles quelques pièces, dont Les Trois Chapeaux, sous le pseudonyme d'Alfred Debrun[3] ou d'Alfred Lebrun[1]. Puis il vient à Paris pour diriger une compagnie de tramways, tout en poursuivant sa carrière théâtrale. Il fait reprendre avec succès Les Trois Chapeaux au Théâtre du Vaudeville en 1871, et écrit en collaboration Aline et Le Procès Vauradieux, respectivement avec Armand Silvestre et Alfred Delacour. Devant les succès obtenus presque aussitôt, il décide en 1875 d'abandonner totalement l'industrie pour se consacrer exclusivement au théâtre.

À cette époque, le vaudeville, qui a perdu ses couplets, s'essouffle. Faute de temps ou de capacités, beaucoup d'auteurs se satisfont de pièces, à l'intrigue ténue liant une succession de tableaux, dont l'intérêt tient seulement à l'esprit et à la verve des dialogues. La critique les qualifie d'ailleurs plutôt de « comédies légères » que de vaudevilles[2]. Allant à l'encontre de cette tendance, Hennequin devient le chef de file d'une nouvelle forme, le vaudeville structuré, illustrée par Le Procès Vauradieux et Les Dominos roses.

Dans ses vaudevilles, l'intrigue est soigneusement organisée, pour permettre de multiplier de façon logique et rapide péripéties et quiproquos tout au long de la pièce, et pour la faire durer jusqu'au dénouement final. Par son habileté à se sortir des imbroglios les plus inextricables, l'abbé Louis Bethléem surnomme Hennequin le Bouchardy de la farce[4]. Parfois l'auteur ne se contente pas d'une seule intrigue; il en entremêle plusieurs, rendant presque impossible la tâche des critiques dramatiques, chargés d'en rapporter le résumé[5]. Ainsi, dans sa critique du de La Corbeille de mariage de Hennequin et Bocage, Arnold Mortier prévient ses lecteurs : « Ne pouvant raconter cette représentation, je prends le parti de la dessiner à main levée ». Suit le plan de la scène, comportant pas moins de 5 portes par où entrent et sortent les différents personnages, 4 armoires qui servent d'autant de cachettes, 2 pianos sur lesquels on joue deux airs différents, et, ajoute Mortier, un coffre de bois « dont les auteurs ne se sont pas servi, sans doute pour ne pas compliquer la situation. »[6]. Ce type de vaudeville fut baptisé à l'époque « hennequinade » du nom de son inventeur[7].

Quelques années plus tard, Georges Feydeau s'inspirera de cette technique pour bâtir ses vaudevilles, nommant bien volontiers ses maîtres : Eugène Labiche pour les personnages, Meilhac et Halévy pour les dialogues, et Alfred Hennequin, l'ingénieur du vaudeville, pour la construction des intrigues[2].

Son fils Maurice se lança très jeune, à l'âge de 19 ans, dans l'écriture théâtrale sur les traces de son père. Les premières années, celui-ci l'aida, et ils écrivirent quelques pièces en collaboration, comme Trop de vertu ! en 1886.

Alfred Hennequin connut des succès énormes. Il travaillait beaucoup, et buvait tout autant[1]. Ces deux excès aboutirent à son internement dans une maison de santé de Saint-Mandé au mois de . Il est mort quelques mois plus tard à Épinay, le , à l'âge de 45 ans.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (de) Theatergruppe « Lampenfiba » en archive
  2. a b et c Henri Gidel, Le Vaudeville, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », , 96 p. (ISBN 978-2-13-039458-7)
  3. G. d'Heylli, Gazette anecdotique littéraire, artistique et bibliographique, Paris, Librairie des Bibliophiles, , 400 p., pages 89-90
  4. Abbé Louis Bethléem, Les Pièces de théâtre, thèse et arguments, analyse critique des principaux ouvrages représentés dans les théâtres de Paris, pages 238-239
  5. Anne-Simone Dufief, Le Théâtre au XIXe siècle, Paris, Bréal,
  6. Arnold Mortier, Les Soirées parisiennes de 1880, Paris, E. Dentu, , 542 p., page 53
  7. Georges Feydeau, Théâtre complet I, Paris, Bordas, coll. « Classiques Garnier », , 887 p. (ISBN 978-2-04-017404-0), page 44

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Henri Gidel, Le Vaudeville, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », , 126 p. (ISBN 978-2-13-039458-7)

Liens externes[modifier | modifier le code]