Albin Lambotte

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Albin Lambotte
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Université libre de Bruxelles (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Emma Lambotte (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Albin Lambotte (né à Saint-Josse-ten-Noode le - mort le à Anvers) était un orthopédiste belge. Avec l’Écossais William Arbuthnot Lane, il est reconnu comme l'un des pionniers de la traumatologie[1] et comme le père de l'ostéosynthèse[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Albin Lambotte était le plus jeune des sept enfants d'un professeur d'anatomie comparée de Bruxelles. Son père mourut alors qu'Albin avait sept ans[3]. Après ses études de médecine à l'Université Libre de Bruxelles, il travailla d'abord comme interne à l'hôpital de Schaerbeek avec son frère, le chirurgien Élie Lambotte (1856–1912)[4]. Il réalise alors la première résection gastrique en Belgique, la deuxième cholécystectomie suivie de succès dans le monde[2]. Il fut ensuite interne des Hôpitaux civils d'Anvers (de 1890 à 1892), puis chirurgien-adjoint des Hôpitaux civils d'Anvers.

Albin Lambotte fut nommé chef de service de chirurgie à l’hôpital du Stuivenberg à Anvers en 1900 ; il s’attaque au traitement opératoire des fractures, notamment des ouvertes : en 1908, il présentait 35 opérés de fractures de fémur entièrement guéris. Il n'est pas le premier réalisateur d'une ostéosynthèse à plaque, précédé en cela par W.A. Lane et par Elie Lambotte, son frère, mais il est le premier, en 1901, à mettre au point et à utiliser le fixateur externe. Le développement de ces nouvelles techniques est permis par l'avènement de l'asepsie, à la suite des travaux irréfutables de Lister. Lambotte invente en outre une série d'instruments qu'on utilise toujours. Lambotte refuse toutefois d'accepter la commercialisation de ses plaques tant il redoute les malfaçons industrielles. Il préfère les réaliser lui-même d'où une diffusion très limitée[2].

Pendant la Première Guerre mondiale, il est chirurgien de l'Ambulance à Anvers (1914) puis chirurgien en Chef des Invalides de la Province d'Anvers (1914-1918).

Son livre fondateur (L’intervention opératoire dans les fractures récentes et anciennes envisagée particulièrement au point de vue de l’ostéosynthèse) est publié en 1907[5]. La Société Belge d'Orthopédie en a réédité les figures en 1971 et en 1997. Lambotte fut invité à opérer à Paris en 1913 dans le service de Théodore Tuffier et à Lyon dans le service de Bérard en 1914.

Jean Verbrugge vient le seconder en 1926 et l'aide à développer ses techniques et leur instrumentation.

Postérité[modifier | modifier le code]

L’école de Verbrugge à Gand a formé Claessens, De Wulf et d’autres. "Verbrugge et ses assistants travaillaient avec des gants blancs en filoselle. Après incision de la peau, les muscles étaient écartés par un petit onglet, «le doigt du chirurgien», le foyer de fracture était mis à nu, chaque fragment était saisi dans un davier en vue de la réduction dont un troisième davier assurait la contention, une plaque saisie par une pince porte-plaque, était placée à cheval sur le foyer de fracture et solidement maintenue par trois vis sur chaque fragment… Une fois la peau suturée, Verbrugge était fier de montrer un montage solide en mobilisant le membre…"[6]

L’école anversoise accueillit dès 1934 Rombouts, Massa, Crahay qui furent dispersés par la guerre et plus tard Desenfans qui fonda la traumatologie minière à Charleroi.

En France, c'est le grand chirurgien Théodore Tuffier (1857-1916) qui diffuse et poursuit le développement des idées de Lambotte[2].

Robert Danis (1880-1962), chirurgien belge réputé dans de multiples domaines, définira les bases biologiques de l'ostéosynthèse. Il étendra les indications de l'ostéosynthèse, toujours préférée par lui au traitement conservateur générateur de la maladie fracturaire.

L'Allemand Gehrard Kùntscher imposera à partir de 1940 l'enclouage centro-médullaire qui marque une véritable révolution dans le traitement chirurgical des fractures.

Le Suisse Maurice Müller reprendra les idées des deux précédents et associera l'activité hospitalière à la recherche et à l'industrie à l'échelle planétaire : il fut celui qui permit d'industrialiser et de diffuser largement l'ostéosynthèse[2].

Distinctions[modifier | modifier le code]

  • Chevalier de l'Ordre de Léopold II
  • Médaille Civique de 1re Classe pour services rendus pendant l'épidémie de choléra de 1892[7].

Il fut membre de nombreuses sociétés savantes :

  • Société de Chirurgie de Paris,
  • Société Belge de Chirurgie (Président),
  • Société Internationale de Chirurgie,
  • Association Française de Chirurgie,
  • Société de Médecine d'Anvers,
  • Société Médico-Chirurgicale d'Anvers.

« Violon d'Ingres »[modifier | modifier le code]

Albin Lambotte se passionna pour la lutherie, à tel point qu'il construisit de ses mains une centaine de violons, 4 altos et 2 violoncelles d'après des modèles italiens. Outre l'étiquette à son nom, il signait ses instruments sur le talon du manche[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Notamment par le "Groupe de travail sur les questions d'ostéosynthèse" (Arbeitsgemeinschaft für Osteosynthesefragen (de))
  2. a b c d et e "Il y a 100 ans : les premiers pas de l'ostéosynthèse des fractures", par Philippe VICHARD et E. GAGNEUX, JOURNAL D'HISTOIRE DES SCIENCES MÉDICALES - TOME XXIX - n°2 - 1995
  3. chu brugmann
  4. Leonard F. Peltier: Fractures − a history and iconography of their treatment
  5. L'Hôpital Brugmann en possède une ré-édition de 1913 : http://www.chu-brugmann.be/fr/histo/lambotte.asp
  6. Notes sur Verbrugge : "Jean Verbrugge fut un talentueux violoniste plus d’une fois sollicité pour des concerts privés. Voyageur inlassable, ses pérégrinations l’ont mené autour du monde, et à plusieurs reprises dans les Amériques. Jamais, il n’omettait de crayonner ce qu’il voyait et observait. Et les souvenirs et les croquis de s’amonceler, témoins fidèles d’un coup de crayon incisif. (...) Un certain jour, devant rendre visite à une enfant malade, il se trouve rendu, mais s’aperçoit, impardonnable distraction que sa bonté ne peut tolérer, qu’il arrivait les mains vides. Par bonheur, un magasin de jouets très proche le dépanne. Verbrugge entre et choisit une petite vache en porcelaine, et, rasséréné, s’en va vers sa petite patiente. Les préoccupations de son art ayant repris le dessus, Jean Verbrugge se retrouve le soir, la petite vache toujours en poche. Un peu attristé sans doute par sa distraction, il la dépose sur son bureau de façon à ne pas l’oublier lors de sa prochaîne visite. Le lendemain, sa mère trouve la vache et, croyant son fils devenu subitement collectionneur de bibelots, s’en fut incontinent acquérir un autre exemplaire. Verbrugge... n’osa la détromper, et voilà l’origine d’une collection de vaches de tout genres, à laquelle ses amis, même les plus lointains, ont collaboré : en effet, il avait feint d’afficher une soudaine et passionnante manie de collectionneur. Il en eut 175 exemplaires dont un des plus beaux lui fut donné par un ami américain qui l’avait fait couler tout exprès à Murano. C’était en 1937… La fin de l’histoire : un club de vacheliers fut fondé qui devait devenir un réseau de la Résistance à Anvers."
  7. Site de l'Académie royale de médecine de Belgique
  8. Malou Haine, Nicolas Meeùs, Dictionnaire des facteurs d'instruments de musique en Wallonie et à Bruxelles du IXe siècle à nos jours, Editions Mardaga, 1986, 765 pages, (ISBN 9782870092507), p.242