Alberto Moravia
Nom de naissance | Alberto Gastone Pincherle Moravia |
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Naissance |
Rome |
Décès |
(à 82 ans) Rome |
Activité principale | |
Distinctions |
Langue d’écriture | italien, français |
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Genres |
Œuvres principales
- Les Indifférents (1929)
- Agostino (1944)
- Le Conformiste (1951)
- Le Mépris (1954)
- L'Ennui (1960)
Alberto Moravia, nom de plume d'Alberto Pincherle[2], est un écrivain italien du XXe siècle, né à Rome le et mort le dans la même ville.
Biographie
Alberto Moravia naît d'un père, architecte d'origine vénitienne et de confession juive, et d'une mère catholique d'origine dalmate dans une famille de quatre enfants[3].
Une tuberculose osseuse l'empêche de finir ses études et l'immobilise pendant huit années l'obligeant à séjourner dans des sanatoriums durant deux ans. Cela lui laissera de profondes séquelles[4]. Durant cette période, il lit Shakespeare, Molière, Goldoni, Marcel Proust, Arthur Rimbaud, Dostoïevski[3].
Il écrit à partir de ses 18 ans son premier roman, Les Indifférents, dans le sanatorium de Bressanone, au nord de l'Italie. L'ouvrage est publié à compte d'auteur. Il s'agit d'un roman existentialiste avant la lettre qui restera la référence idéologique et littéraire la plus marquante de l'œuvre de Moravia. Le livre obtient un succès de scandale en raison de l'âpre description désenchantée de la bourgeoisie romaine. À partir de ce succès, l'auteur écrit avec une « régularité bureaucratique » une œuvre abondante[3].
À partir de 1930, il séjourne à Londres, Paris, New York et visite la Chine, la Grèce, l'Allemagne et le Mexique. Il voyage pour échapper, dit-il, à l'atmosphère étouffante du fascisme. En Italie, il signe des articles de presse (journaux et revues). Son net antifascisme le rend suspect et les origines juives de son père contribuent à la précarité de sa situation[5].
Durant l'écriture de son deuxième roman, d'une durée de six années, il lit Karl Marx et Sigmund Freud[5].
En 1941, Moravia épouse Elsa Morante, qu'il quittera en 1962. Peu après son divorce, il partage sa vie avec Dacia Maraini ; toutes deux sont des femmes de lettres reconnues.
Recherché par les fascistes à partir de 1943, Moravia s'enfuit de Rome et se réfugie dans les montagnes de la Ciociaria, au nord de Naples où il séjournera neuf mois[5].
C'est le grand succès de La Romana (1947) qui lui apporte une certaine aisance matérielle et la consécration par la critique comme étant un grand romancier italien.
Ces œuvres sont mises à l'Index en 1952.
Avec Alberto Carocci, il lance la revue Nuovi Argomenti en 1953, une des plus importantes revues littéraires de l'après-guerre. Pier Paolo Pasolini les rejoindra plus tard[5].
Œuvre
L'œuvre d'Alberto Moravia dissèque souvent les rapports amoureux, sexuels ou non, charnels ou spirituels, en fouillant de manière distanciée la psychologie de ses personnages.
Jouant avec les conventions sociales et leur influence sur les sentiments, ses livres questionnent volontiers la société et le couple dans leurs rapports (Le Mépris, L'Ennui, L'Amour conjugal, La Femme léopard).
La matière parfois scabreuse de ses romans et de ses nouvelles est moins superficielle que le succès à scandale qu'elle a souvent entraîné : les personnages velléitaires de cette œuvre sont les produits d'une crise de la société bourgeoise, puritaine et fasciste, que Moravia regarde d'un œil impitoyable, mais non dépourvu de complaisance littéraire.
Écrivain mais aussi journaliste et essayiste, il est l'auteur de plusieurs essais sur l'Union soviétique, la Chine, l'Afrique. Il a été député européen, apparenté communiste.
Il fut membre du Comité d'honneur du Centre culturel international de Royaumont.
Œuvres
Romans et recueils de nouvelles
- Les Indifférents (1929)
- Hiver de malade (1930)
- Les Ambitions déçues (1935)
- L'Amant malheureux (1943)
- L'Épidémie (1944)
- Agostino (1944)
- La Belle Romaine (1947)
- La Désobéissance (1948)
- L'Amour conjugal (1949)
- Le Quadrille des masques (1950)
- Le Conformiste, Paris, Flammarion, , 349 p. (ISBN 9782080704153) ; édition originale 1951
- Le Mépris (1954)
- La Provinciale et autres récits (1954)
- La ciociara (1957)
- L'Ennui (1960)
- L'Homme (1965)
- L'Attention (1966)
- Une chose est une chose (1967)
- Moi et lui (1971)
- Le Paradis (1971)
- Une autre vie (1974)
- Désidéria (1979)
- Bof ! (1982)
- 1934 (1983)
- L'Homme qui regarde (1986)
- Le Voyage à Rome (1989)
- La Femme-léopard (1991)
- Histoires d'amour (2000, posthume)
- Histoires de guerre et d'intimité (2002, posthume)
- Les Deux Amis (2007, posthume)
Nouvelles
- Cortigiana stanca (1927), Milan, Bompiani, 1965
- Delitto al circolo del tennis, in 900, nº 9, septembre 1928
- Il ladro curioso, in 900, nº 1, janvier 1929
- Apparizione, in 900, nº 5, mai 1929
- La bella vita, Lanciano, Carabba, 1935
- L'imbroglio. Cinque romanzi brevi, Milan, Bompiani, 1937
- I sogni del pigro. Racconti, miti e allegorie, Milan, Bompiani, 1940
- Cosma e i briganti (1940), Palerme, Sellerio, 1980
- L'amante infelice. Novelle, Milan, Bompiani, 1943
- La cetonia, Rome, Documento, 1944
- L'epidemia, Rome, Documento, 1944
- Due cortigiane e Serata di Don Giovanni, Rome, L'Acquario, 1945
- I racconti, 2 vol., Milan, Bompiani, 1952, prix Strega 1952[1]
- Racconti romani, Milan, Bompiani, 1954. Nouvelles romaines, Flammarion, 1957
- Nuovi racconti romani, Milan, Bompiani, 1959. Autres nouvelles romaines, Flammarion, 1960
- L'automate, Milan, Bompiani, 1962
- Il mondo è quello che è, Milan, Bompiani, 1966
- Una cosa è una cosa, Milan, Bompiani, 1967
- Racconti surrealisti e satirici, Milan, Bompiani, 1975
- La cosa e altri racconti, Milan, Bompiani, 1983. La Chose, Flammarion, 1985
- Il vassoio davanti alla porta, Milan, Bompiani, 1989
- La villa del venerdì e altri racconti, Milan, Bompiani, 1990
- Romildo, Milan, Bompiani, 1993 (posthume)
- Racconti dispersi 1928-1951, Milan, Bompiani, 2000 (posthume)
Essais
- La speranza, ossia Cristianesimo e Comunismo, Roma, Documento, 1944
- Un mois en URSS, Milano, Bompiani, 1958
- Une certaine idée de l'Inde, Milano, Bompiani, 1962
- L'Homme comme fin, Milano, Bompiani, 1964
- La Révolution culturelle de Mao, Milano, Bompiani, 1967
- Al cinema. Centoquarantotto film d'autore, Milano, Bompiani, 1975
- Un miliardo di anni fa..., Torino, Stampatori, 1979
- Impegno controvoglia. Saggi, articoli, interviste: trentacinque anni di scritti politici, Milano, Bompiani, 1980
- L'inverno nucleare, Milano, Bompiani, 1986
- L'Homme qui regarde, 1992
Pièces de théâtre
- 1969 : Le monde est ce qu'il est, mise en scène Pierre Franck, Théâtre des Célestins (Lyon) et Théâtre de l'Œuvre
- 1971 : Le Dieu Kurt, mise en scène Pierre Franck, Théâtre des Célestins (Lyon) et Théâtre Michel
- 1988 : L'Ange de l'information, mise en scène Jacques Baillon, Théâtre national de l'Odéon
- 2008 : L'Amour conjugal, d'après Alberto Moravia, mise en scène Matthieu Roy, Théâtre de Thouars, la Comédie de Reims, Le Gallia Théâtre, Festival d'Avignon et Comédie de Valence
- 2010 : Plus qu'hier et moins de demain, d'après Georges Courteline, Ingmar Bergman, Alberto Moravia, Woody Allen, mise en scène Pierre Maillet et Matthieu Cruciani, Scène nationale Petit-Quevilly/Mont-Saint-Aignan Petit-Quevilly et Archipel des Glénan Fouesnant
Journaux de voyage
- Une certaine idée de l'Inde, 1961
- À quelle tribu appartiens-tu ?, Milano, Bompiani, 1972
- Mutazione (textes d'Alberto Moravia & Oddone Camerana), Iveco, 1978
- Lettres du Sahara, Milano, Bompiani, 1981
- Promenades africaines, Milano, Bompiani, 1987
- Journal européen, Milano, Bompiani, 1993
- Viaggi. Articoli 1930-1990, Milano, Bompiani, 1994
- Allant ailleurs (avec Andrea Andermann), Grasset, coll. « Albums », 2015
Lettres
- Lettres d'amour à Lélo Fiaux, Zoé éditions, 2014 (posthume)
- (it) Se questa è la giovinezza vorrei che passasse presto. Lettere (1926-1940) con un racconto inedito, Bompiani, 2015
Notes et références
- Voir sur premiostrega.it.
- (it) Acte de naissance no 6369 de la série A de Alberto Gastone Pincherle Moravia du registre des naissances de l'année 1907 de la commune de Rome. L'acte a été rédigé le 2 décembre 1907 et il est né le ; en ligne sur le site des archives d'état civil de l'Italie.
- Moravia 1951, p. 345 Chronologie.
- « Alberto bMoravia », sur universalis.fr (consulté le ).
- Moravia 1951, p. 346 Chronologie.
Annexes
Bibliographie
- René de Ceccatty, Alberto Moravia, Flammarion, 2010 (ISBN 9782081209664)
- Brigitte Chardin, Sollers–Moravia, Paris, Ramsay/De Cortanze, , 177 p. (ISBN 9782859569099)
- Marie-France Renard, « Alberto Moravia, l'homme qui regarde son siècle », in Le Langage et l'Homme, vol. XXVI, no 1 (), p. 77-83
Adaptations cinématographiques
Son œuvre a donné lieu à des adaptations cinématographiques dont certaines ont marqué l'histoire du cinéma.
- La Provinciale en 1952 par Mario Soldati avec Gina Lollobrigida
- La Belle Romaine (La Romana) en 1954, de Luigi Zampa avec Gina Lollobrigida
- Cette folle jeunesse (Racconti romani) en 1955 de Gianni Franciolini
- La ciociara en 1960 par Vittorio De Sica avec Sophia Loren et Jean-Paul Belmondo
- Agostino en 1962 par Mauro Bolognini avec Paolo Colombo, Ingrid Thulin and John Saxon
- L'Ennui et sa diversion, l'érotisme (La Noia) en 1963 par Damiano Damiani, avec notamment Horst Buchholz, Catherine Spaak, Bette Davis, Georges Wilson
- Le Mépris, adapté en 1963 par Jean-Luc Godard avec notamment les acteurs Brigitte Bardot, Michel Piccoli, Fritz Lang…
- Les Deux Rivales (Gli Indifferenti) en 1964 par Francesco Maselli avec Claudia Cardinale, Rod Steiger
- Le Conformiste, adapté en 1970 par Bernardo Bertolucci avec Jean-Louis Trintignant et Stefania Sandrelli
- Les ordres sont les ordres, nouvelle parue dans le recueil Le Paradis adaptée en 1972 par Franco Giraldi avec Monica Vitti avec un scénario de Ruggero Maccari et Tonino Guerra
- Io e Lui en 1973 par Luciano Salce avec Lando Buzzanca et Bulle Ogier, tiré du roman Moi et lui
- La Désobeissance, adapté en 1982 par Aldo Lado avec Stefania Sandrelli et Teresa Ann Savoy
- La cintura en 1989 par Giuliana Gamba
- L'Ennui, adapté en 1998 par Cédric Kahn sur un scénario coécrit avec Laurence Ferreira Barbosa Salué par la critique (prix Louis-Delluc) et boudé par le public, il met en scène Charles Berling (Martin), Sophie Guillemin (Cécilia), Arielle Dombasle (Sophie), Robert Kramer (Myers) et transpose légèrement l'intrigue, faisant du héros un professeur de philosophie parisien.
Documentaires
- Les Écrivains italiens et l'Italie des écrivains : ombres et questions, documentaire en trois parties, Italiques (deuxième chaîne de l'ORTF, , )
- Alberto Moravia, l'homme qui regarde, documentaire de Nico Di Biase, France/Italie, 1997, 45 min
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Britannica
- Brockhaus
- Den Store Danske Encyklopædi
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- Dizionario biografico degli italiani
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- Décès à 82 ans