Al-An'am

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6e sourate du Coran
Le bétail
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original سُورَةُ ٱلْأَنْعَامِ, Al-An'am
Titre français Le bétail
Ordre traditionnel 6e sourate
Ordre chronologique 55e sourate
Période de proclamation Période mecquoise
Nombre de versets (ayat) 165
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

Al-An'am (arabe : سُورَةُ ٱلْأَنْعَامِ, français : Le bétail, Les troupeaux ou Les bestiaux) est le nom traditionnellement donné à la 6e sourate du Coran, le livre sacré de l'islam. Elle comporte 165 versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant la période mecquoise.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate Le bétail, en référence aux diverses mentions effectuée (versets 136, 138, 139, 142, 143 et 144) dans la sourate tout autant que des coutumes des habitants de la Mecque[2].

Historique[modifier | modifier le code]

Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[3],[4], cette sourate occupe la 55e place. Elle aurait été proclamée pendant la période mecquoise, c'est-à-dire schématiquement durant la première partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[5], bien que différents versets soient de l'époque médinoise[2].. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[6], cette chronologie a été revue par Nöldeke[7],[8], pour qui cette sourate est la 89e.

Un style uniforme caractérise cette sourate malgré l’existence de thématiques variées. À l’inverse, Bell la considère comme « très confuse » et suggère un travail rédactionnel de reprise du texte[9]. Ce dernier point de vue est défendu par Reynolds qui défend l’assemblage d’unités originellement indépendantes. La répétition de certains thèmes illustrerait soit une sélection préalable d’éléments homogènes, soit une reprise substantielle du texte[9].

Pour Neuwirth, elle respecte un plan tripartite, conforme au rôle liturgique qu’elle attribue aux sourates mecquoises intermédiaires et tardives[9]. Néanmoins, cette sourate montre des éléments associée à la Mecque, d’autres à Médine et d’autres encore, ne cadrant avec aucune des deux[Note 1]. Pour Reynolds, « il est simpliste, pour ne pas dire trompeur » de classer cette sourate uniquement parmi les mecquoises[9]. Ce plan tripartite ne fait donc pas consensus. « Il est dès lors préférable de considérer que la sourate 6 est une œuvre composite qui rassemble des matériaux littéraires variés lesquels ont été édités ensemble ». Cette rédaction est visible dans la constance de la rime et de certaines tournures[9].

Interprétations[modifier | modifier le code]

Versets 74-83 : Abraham face à l’idolâtrie de son père[modifier | modifier le code]

Azaiez souligne le parallélisme entre le discours attribué à Abraham et qu'aurait pu dire Mahomet « la condition que ces controverses aient bien eu lieu en Arabie selon la perspective communément présentée en Islam »[10] Le nom du père d'Abraham ne correspondant pas au nom biblique, Dye y voit une erreur de lecture. Il cite Bellamy qui lit "avec mépris" à la place du nom "Azar", thèse "plausible" pour Dye[10]. Le nom Azar pourrait être une confusion avec le nom du serviteur d’Abraham, cité dans les targoums, la Septante et la Peshitta de Gn 15.2[9].

Ce passage présente l'observation des astres comme un chemin vers le monothéisme dans la tradition du Livre des Jubilés. Ce thème est bien connu dans la littérature judéo-chrétienne[10]. Le thème de la confrontation d'Abraham avec l’idolâtrie de son peuple est récurrent dans la littérature juive comme dans les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe. Pour Reynolds, ce récit se base sur le livre du Deutéronome (4.19)[10]. Le Coran s’inscrit ici dans une tradition liée à Abraham déjà présente dans des œuvres juives et chrétiennes[9].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Reynolds G.S, "Sourate 6", Le Coran des historiens, t.2a, 2019, p. 237 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les islamologues ont utilisé plusieurs approches pour tenter de dater les différentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent à l’« école allemande » qui, à la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un récit « laïcisé » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les études islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie présent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage à l’autre courant (dit sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
  2. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références[modifier | modifier le code]

  1. A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
  2. a et b A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2221069641)
  3. G.S. Reynolds, « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p.477-502.
  4. R. Blachère, Introduction au Coran, p.244.
  5. R. Blachère, Le Coran, 1966, p. 103.
  6. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  7. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  8. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p.13.
  9. a b c d e f et g Reynolds G.S, "Sourate 6", Le Coran des historiens, t.2a, 2019, p. 237 et suiv.
  10. a b c et d M. Azaiez (Ed.), G.S. Reynolds (Ed.), T. Tesei (Ed.), et al. (2016). The Qur'an Seminar Commentary / Le Qur'an Seminar. A Collaborative Study of 50 Qur'anic Passages / Commentaire collaboratif de 50 passages coraniques. Berlin, Boston: De Gruyter. partie "QS 10 Q 6:74–83"