Affaire des courriels d'Hillary Clinton

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Capture d'écran de l'interface web du serveur de messagerie.

L'affaire des courriels d'Hillary Clinton est une controverse qui a débuté en [1] autour de l'utilisation durant son mandat de secrétaire d'État des États-Unis (2009-2013) d'une adresse électronique personnelle par Hillary Clinton au lieu de la messagerie officielle de l'administration qui était mise à sa disposition[2]. Cette controverse est ressortie lors de l'élection présidentielle américaine de 2016[1]. La controverse porte précisément sur l'installation et la maintenance d'un serveur de messagerie électronique personnel, et la réception sur ce serveur de courriels comportant des informations gouvernementales potentiellement confidentielles.

En effet, les élus et hauts fonctionnaires des États des États-Unis ne sont pas autorisés à utiliser des adresses électroniques personnelles pour des activités liées à leur mandat. Le Federal Records Act leur impose d'archiver les documents importants pour que ces documents puissent être consultés par quiconque en fait la demande, comme l’autorise le Freedom of Information Act[3].

Chronologie[modifier | modifier le code]

Le , à la suite d'un article paru dans The New York Times[4], elle se voit reprocher l'utilisation d'un serveur privé pour l'envoi de ses courriels alors qu'elle était secrétaire d'État. Cette attitude est qualifiée d'illégale, voire de dangereuse, au vu de failles de sécurité plus importantes auxquelles elle s'expose.

Le , WikiLeaks met en place des archives consultables contenant plus de 30 000 courriels et pièces jointes envoyés depuis et vers le serveur de messagerie privé d'Hillary Clinton alors qu'elle était secrétaire d'État[5].

Le , le directeur du FBI, James Comey, rendait publiques les conclusions de l'enquête lors d'une conférence de presse, délivrant un rapport accablant pour Hillary Clinton. Il lui reproche d'avoir fait preuve d'une « négligence extrême » en hébergeant des courriels contenant des informations classées secrètes sur des serveurs personnels non protégés, ajoutant que « toute personne sensée occupant la fonction de madame Clinton aurait dû savoir qu'un serveur non protégé ne pouvait accueillir des informations classées secret défense ». Il souligne que des espions étrangers ont pu avoir accès aux courriels d'Hillary Clinton, celle-ci ayant utilisé son serveur à l'étranger, dans des « territoires d'adversaires experts [en piratage] ».

Cependant, il ne recommande pas de poursuites à son encontre, n'ayant pas trouvé de preuve claire que la secrétaire d'État ou ses collaborateurs aient eu l'intention de violer la loi[6],[7],[8]. Loretta Lynch, procureure chargée de cette affaire, suit cette recommandation et clôt le dossier. Donald Trump l'accuse alors de partialité, car Clinton avait déclaré auparavant que Lynch pourrait être maintenue à la tête du département de la Justice si elle accédait à la présidence. Lors de la campagne présidentielle, Trump menace de désigner un procureur spécial pour enquêter sur cette affaire s'il était élu président[9].

Le , onze jours avant le scrutin présidentiel, James Comey annonce que les équipes du FBI vont rouvrir le dossier au vu de la prise de connaissance de milliers de nouveaux courriels d'Hillary Clinton sur un ordinateur que partageait l'une de ses plus proches collaboratrices, Huma Abedin, avec son mari Anthony Weiner[10],[11], accusé d'avoir envoyé des SMS à caractère sexuel à une mineure de 15 ans. L'agence de renseignement américaine est alors accusée de chercher à perturber la campagne[12] en rouvrant l'affaire qui fut clôturée une première fois en juillet. L'ancien député républicain Joe Walsh (homme politique), un partisan de Donald Trump parle d'une « utilisation excessive et inconstitutionnelle du pouvoir contre notre système électoral ». Le président Barack Obama déclara quant à lui qu'« il y a une règle selon laquelle dans le cadre d'une enquête on ne pratique pas le sous-entendu et on n'intervient pas à partir d'informations incomplètes ou de fuites »[12].

Le , le FBI confirme qu'il ne poursuivra pas Hillary Clinton car les conclusions sont les mêmes que celles du mois de juillet.

En , la CIA a identifié des personnes qui en lien avec le gouvernement russe ont transmis à Wikileaks des milliers de courriels piratés du parti démocrate et du directeur de campagne d'Hillary Clinton[13]. En se basant sur le fait que les ordinateurs du comité national républicain ont également été piratés, des personnes travaillant pour des services de renseignement considèrent que l’objectif de la Russie a été d'avantager le candidat Trump au détriment du candidat Clinton[13]. Toutefois, Trump s'est défendu, en faisant remarquer que ces informations émanent des mêmes personnes qui considéraient que Saddam Hussein disposait d’armes de destruction massive. Cités par la chaîne NBC News, des responsables du renseignement américain affirment que Vladimir Poutine aurait lui-même commandité ces révélations[14].

Réponses à la controverse[modifier | modifier le code]

Réponse d'Hillary Clinton[modifier | modifier le code]

En 2012, Hillary Clinton, qui est alors secrétaire d'État, reçoit un courrier dans le cadre d'une enquête du Sénat et de la Chambre des représentants concernant l’attaque terroriste contre le consulat américain à Benghazi. Il lui est demandé si elle possède un serveur de messagerie privé. Le courrier reste sans réponse[15],[16].

Lors d'une conférence de presse, en , elle justifie, maladroitement selon Le Figaro, l'utilisation d'une messagerie privée pour des raisons de commodité, préférant avoir une seule adresse électronique pour les messages professionnels et les messages privés. Elle affirme que ces derniers étaient nombreux, concernant notamment le mariage de sa fille, ses vacances, ses cours de sport, etc. Pour Le Figaro, la plus grosse erreur de communication d'Hillary Clinton a été d'affirmer que l'utilisation d'un serveur privé était « autorisé », ce qui est faux, car l'administration refuse cette pratique pour des questions de sécurité et de confidentialité[17]. À partir du , le FBI enquête sur cette messagerie, afin de mettre à jour d’éventuels conflits d’intérêts entre la Fondation Clinton et les anciennes activités d'Hillary Clinton au sein de l'État, et aussi de déterminer si la sécurité de l'État a été compromise. À ce propos, pendant toute l'enquête Hillary Clinton joue, selon Le Monde, « la bonne foi », c'est-à-dire qu'elle répète que les messages qu'elle recevait ou envoyait n'étaient pas classifiés et qu'elle ne savait pas que le « C » apposé sur certains courriels signifiait « confidentiel »[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Etienne Jacob, AFP, AP, Reuters Agences, « Présidentielle américaine: Hillary Clinton rattrapée par l'affaire des emails », sur lefigaro.fr, .
  2. Damien Leloup, « Pourquoi les e-mails d’Hillary Clinton posent problème », sur lemonde.fr, .
  3. Damien Leloup, « Pourquoi les e-mails d’Hillary Clinton posent problème », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Michael S. Schmidt, « Hillary Clinton Used Personal Email Account at State Dept., Possibly Breaking Rules », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  5. « Hillary Clinton Email Archive », sur WikiLeaks, .
  6. « Scandale des emails: les 5 points à retenir de l'enquête du FBI sur Hillary Clinton », sur challenges.fr, (consulté le ).
  7. (en) Stephen Collinson et Tal Kopan, « FBI: Clinton 'extremely careless' but no charges recommended », sur CNN, (consulté le ).
  8. « Emailgate : le FBI ne recommande pas de poursuites contre Hillary Clinton », sur france24.com, (consulté le ).
  9. « Pourquoi Trump veut envoyer Clinton en prison pour des e-mails supprimés », sur numerama.com, (consulté le ).
  10. « L’enquête sur ses e-mails relancée, Hillary Clinton s’affiche confiante », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  11. « Affaire des e-mails : le FBI obtient un mandat pour poursuivre l’enquête sur Clinton », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  12. a et b « Emails d'Hillary Clinton : le jeu trouble du FBI sème la confusion », sur lesechos.fr, (consulté le )
  13. a et b « La CIA a acquis la certitude que la Russie a voulu aider Trump à gagner l'élection américaine », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. « Poutine accusé d'avoir supervisé en personne le piratage de l'élection américaine », 20minutes.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. a et b « Messagerie privée : l’affaire qui plombe Hillary Clinton », sur Le Monde.fr (consulté le )
  16. (en-US) Michael S. Schmidt, « Hillary Clinton Was Asked About Email 2 Years Ago », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  17. « Comprendre l'affaire des emails d'Hillary Clinton en quatre points », FIGARO,‎ (lire en ligne, consulté le )