Adrien IV

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Adrien IV
Image illustrative de l’article Adrien IV
Biographie
Nom de naissance Nicolas Breakspear
Naissance vers 1100
Abbots Langley, Angleterre
Ordre religieux Augustins
Décès
Anagni, États pontificaux, Saint-Empire
Pape de l'Église catholique
Élection au pontificat
Intronisation
Fin du pontificat
(4 ans, 8 mois et 28 jours)

(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Nicolas Breakspear (ou Breakspeare) (né vers 1100 à Abbots Langley, Hertfordshire et mort le à Anagni) est le 169e pape de l'Église catholique sous le nom d’Adrien IV de 1154 à 1159. C'est le seul pape d'origine anglaise[1],[2].

Biographie

Eugène III envoi Nicolas en Scandinavie.

Les principales sources sur la vie d'Adrien IV sont la Vie d'Adrien du cardinal Boso et la relation de Jean de Salisbury dans son Historia pontificalis. Guillaume de Newburgh évoque également le passage d'Adrien IV au monastère de Saint-Ruf.

Fils d'un clerc anglais, il est élevé à l'abbaye bénédictine de Saint-Albans, près de Londres[2]. L'abbé lui ayant refusé l'accès au noviciat, il se rend en France pour poursuivre ses études[2]. Il finit par prendre l'habit chez les chanoines réguliers de Saint-Ruf, près d'Avignon[2]. Il en devient prieur et en 1140, il est élu abbé[2].

Légat

En 1145, Nicolas rejoint la cour pontificale[2]. Avant 1150, Eugène III le fait cardinal d'Albano et l'envoie comme légat en Scandinavie[2]. En 1153, Nicolas promulgue une série de constitutions qui fixent le cadre de l'Église de Norvège. Il l'organise sur un modèle romain : la même année, il constitue la province ecclésiastique de Norvège, avec Nidaros (actuelle Trondheim) comme métropole[3]. En Suède, il convoque le synode de Linköping pour mettre sur pied les institutions ecclésiastiques[3]. Cependant, les Suédois ne s'accordent pas sur le choix du siège archiépiscopal — celui-ci ne sera déterminé qu'en 1164 : ce sera Uppsala. Dans l'intervalle, Nicolas se contente de promettre la primatie à l'archevêque danois de Lund[3]. Nicolas rentre à Rome en [3].

Pape

Le , deux jours après la mort d'Anastase IV, Nicolas est élu pape à l'unanimité, sans doute grâce à sa gestion habile des affaires scandinaves[4]. Étant déjà évêque, il n'a pas besoin d'être consacré. Il est couronné le lendemain à la basilique Saint-Pierre, où s'est déroulée l'élection[4], et prend le nom d'Adrien IV, peut-être en souvenir de son compatriote, Adrien de Cantorbéry († 709), ou d'Adrien Ier († 795), défenseur des droits pontificaux en Italie[2].

Aussitôt élu, Adrien doit reprendre en main la ville de Rome, secouée par les prédications subversives d'Arnaud de Brescia. Rompant avec les demi-mesures de son prédécesseur, il lance l'interdit sur la ville. La cessation des pèlerinages, et donc des flux d'argent apportés par les pèlerins, finit par mettre la Ville au pas : le prédicateur Arnaud de Brescia est expulsé. L'empereur Frédéric Barberousse livre Arnaud au préfet de Rome en où il est pendu la même année ; son corps sera brûlé et ses cendres jetées dans le Tibre.

Adrien IV entretiendra des relations officielles avec Guillaume Ier.

Sur le plan temporel, il doit affronter les Normands de Sicile : quand Roger II meurt en 1154, son fils Guillaume le Mauvais s'empare de la couronne, sans l'aval du pape, et envahit le Bénévent et la Campanie. Contre lui, Adrien IV espère l'appui de l'Allemagne. Mais le roi Frédéric Barberousse, malgré le récent renouvellement du traité de Constance, lance une campagne en Italie du Nord, occupant au passage une partie des États pontificaux. Une réconciliation intervient : Barberousse fait exécuter Arnaud de Brescia et le 18 juin 1155, il est couronné par le pape empereur du Saint-Empire. Cependant, pendant la messe, Adrien décide de lui-même de modifier le rituel pour bien marquer sa supériorité sur l'empereur. Furieuses, les troupes allemandes manquent d'emprisonner le pape. Très vite, le conflit entre pape et empereur reprend et Barberousse décide finalement de ne pas attaquer les Normands de Sicile.

Or c'est précisément le moment où des barons adversaires de Guillaume le Mauvais se soulèvent contre lui. Soutenus par l'Empire byzantin, ils font également appel au pape. À leur demande, Adrien IV se rend à Bénévent. Là, au printemps 1156, Guillaume parvient à repousser les Byzantins et à défaire les rebelles. Il assiège Bénévent, où se trouvent encore Adrien et quelques-uns de ses cardinaux. Contraint de négocier, Adrien IV doit reconnaître à Guillaume la couronne de Sicile et accepter la création d'un État unifié comprenant la Sicile, l'Apulie ou encore la Campanie. En compensation, Adrien IV obtient le droit de libre nomination des évêques dans ces régions.

Du côté allemand, les relations restent tendues. En 1157, Adrien doit dépêcher deux cardinaux en Allemagne, pour justifier auprès de Barberousse le traité de Bénévent conclu avec les Normands. Une « erreur » de traduction du chancelier allemand provoque la colère des princes allemands : Adrien IV considèrerait l'Empire comme un « fief » (beneficium) de la papauté. Les légats sont aussitôt expulsés. Adrien IV doit expliquer l'année suivante qu'il avait voulu parler d'un « bienfait », et non d'un fief. Les relations s'apaisent, du moins en apparence. Dès 1159, Barberousse lance une nouvelle campagne en Italie du Nord. L'organisation qu'il met en place est loin de rencontrer l'approbation du pape. Le désaccord s'envenime et à la mi-année, Adrien menace même d'excommunier l'empereur. La mort d'Adrien le 1er septembre met fin à la crise.

Adrien IV meurt le en avalant une mouche dans son verre de vin. Son corps est d'abord inhumé dans une tombe de granite rose de la basilique Saint-Pierre, en face du maître autel de l'oratoire de la Vierge. Sa tombe est plus tard déplacée dans les grottes vaticanes[5].

La donation d'Adrien

Henri II d'Angleterre avait des relations particulières avec le pape Adrien IV, seul pape anglais de l'histoire.

Dans le dernier chapitre du Metalogicus, Jean de Salisbury attribue à Adrien IV une lettre qui donne à Henri II d'Angleterre la suzeraineté de l'Irlande ; le pape aurait également remis au souverain une bague en or ornée d'une émeraude, symbole de son investiture[6],[7]. Selon Jean, qui se déclare à l'initiative de la lettre, le pape est fondé à donner ainsi l'Irlande par la donation de Constantin[8]. Le gallois Giraud de Barri fournit une copie de cette lettre, connue comme la bulle Laudabiliter, dans son récit de la conquête de l'Irlande, l’Expugnatio Hibernica (1188)[7].

Le document et les deux références sont dénoncés comme des faux au XVIIe siècle par deux érudits irlandais, Stephen White et John Lynch[7]. Cette contestation marque le début d'une longue querelle de spécialistes[9]. L'exemplaire original de Laudabiliter n'a pas été retrouvé dans les archives du Vatican, qui n'en font pas mention, mais c'est également le cas pour beaucoup d'autres documents considérés comme authentiques[10]. À ce jour, Laudabiliter reste un document controversé[11].

Notes et références

  1. Ullmann 1955, p. 233.
  2. a b c d e f g et h Schnith 2003, p. 53.
  3. a b c et d Schnith 2003, p. 54.
  4. a et b Ullmann 1955, p. 237.
  5. Jane E. Sayers, « Adrian IV (d. 1159) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
  6. Metalogicus, IV, p. 42.
  7. a b et c Norgate 1893, p. 18.
  8. « Nam omnes insule de jure antiquo ex donatione Constantini […] dicuntur ad Romanam ecclesiam pertinere », Metalogicus, IV, 42 ; F. Zinkeisen, « The Donation of Constantine as applied by the Roman Church », The English Historical Review, vol. 9, no 36 (octobre 1894), p. 629.
  9. Norgate 1893, p. 18–20.
  10. Norgate 1893, p. 20.
  11. Schnith 2003, p. 55.

Voir aussi

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Bibliographie

  • (en) Kate Norgate, « The Bull Laudabiliter », The English Historical Review, vol. 8, no 29,‎ , p. 18–52.
  • Karl Schnith, article « Adrien IV », dans Philippe Levillain (dir.), Dictionnaire historique de la papauté, Paris, Fayard, (ISBN 2-213-618577).
  • (en) Walter Ullmann, « The Pontificate of Adrian IV », Cambridge Historical Journal, no 11,‎ , p. 233–252.

Articles connexes

Liens externes