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Adriaan de Groot

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Adriaan de Groot
Portrait de Adriaan de Groot
Adrianus Dingeman de Groot.
Biographie
Naissance
Velsen et Santpoort
Décès et
Schiermonnikoog
Nationalité Néerlandaise
Thématique
Formation Université d'AmsterdamVoir et modifier les données sur Wikidata
Profession Joueur d'échecs (en), psychologue et professeur d'université (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Employeur Université d'Amsterdam, université de Groningue, université d'Amsterdam, université d'Amsterdam, université d'Amsterdam, université d'Amsterdam, université d'Amsterdam, université d'Amsterdam, université d'Amsterdam et université d'AmsterdamVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions Chevalier de l'ordre du Lion néerlandais (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Membre de Académie royale néerlandaise des arts et des sciencesVoir et modifier les données sur Wikidata

Adrianus Dingeman de Groot, communément appelé Adriaan de Groot, né à Santpoort-Zuid le et mort à Schiermonnikoog le , est un psychologue et un joueur d'échecs néerlandais.

Force aux échecs

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A. D. de Groot a représenté les Pays-Bas aux olympiades d'échecs de 1936 à Munich (non officielles), de 1937 à Stockholm et de 1939 à Buenos Aires[1]. Il fut aussi le vainqueur du tournoi d’échecs de Leeuwarden en 1942.

Contributions en psychologie cognitive

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A. D. de Groot a été l’auteur en 1946 d’une étude remarquée[N 1] sur les mécanismes de réflexion des joueurs d’échecs. L’objectif de ses recherches était d’arriver à une description généralisée de la structure et de la dynamique des processus de pensée.

Dans la foulée du Tournoi AVRO de 1938, de Groot a en effet obtenu que la plupart des participants à ce tournoi — les Grands maîtres Paul Keres, Alexandre Alekhine, Salo Flohr, Reuben Fine et Max Euwe[2] — exposent oralement leurs réflexions sur des positions issues de parties réelles[3]. De Groot a également soumis ces positions à d'autres joueurs de niveaux différents : les Maîtres Lodewijk Prins, Nicolaas Cortlever, Samuel Landau et Theo van Scheltinga, les championnes des Pays-Bas Catharina Roodzant et Fenny Heemskerk, ainsi que cinq joueurs avertis de première catégorie et cinq joueurs expérimentés de catégorie inférieure[4].

A. D. de Groot - C. Scholtens, 1936
abcdefgh
8
Tour noire sur case blanche c8
Tour noire sur case noire f8
Roi noir sur case blanche g8
Pion noir sur case noire a7
Pion noir sur case blanche b7
Fou noir sur case noire e7
Pion noir sur case blanche f7
Pion noir sur case blanche h7
Dame noire sur case noire b6
Fou noir sur case blanche c6
Pion noir sur case blanche e6
Cavalier noir sur case noire f6
Pion noir sur case blanche g6
Cavalier noir sur case blanche d5
Cavalier blanc sur case noire e5
Fou blanc sur case noire g5
Pion blanc sur case noire d4
Pion blanc sur case noire a3
Cavalier blanc sur case noire c3
Dame blanche sur case blanche d3
Fou blanc sur case blanche a2
Pion blanc sur case noire b2
Pion blanc sur case noire f2
Pion blanc sur case blanche g2
Pion blanc sur case noire h2
Tour blanche sur case noire c1
Tour blanche sur case blanche f1
Roi blanc sur case noire g1
8
77
66
55
44
33
22
11
abcdefgh
Position après 16...Db6?.
La première position qu'il leur a soumise est celle du diagramme ci-contre. Elle est issue des phases qualificatives du Championnat des Pays-Bas de 1936 (partie A. D. de Groot - C. Scholtens)[5]. Ses premiers coups ont été :
1. d4 d5 2. c4 e6 3. Cc3 Cf6 4. Fg5 Fe7 5. e3 0-0 6. Cf3 dxc4 7. Fxc4 c5 8. Fd3 Cc6 9. 0-0 cxd4 10. exd4 Cb4 11. Fb1 Fd7 12. a3 Cbd5 13. Dd3 g6 14. Ce5 Tc8 15. Fa2 Fc6 16. Tac1 Db6?[N 2].

A.D. de Groot a demandé aux participants (à l'étude) d’expliquer oralement le processus de pensée visant à jouer les coups d'après. Frits van Seters rapporte : « Tous les Grands maîtres sauf un ont indiqué le meilleur coup 17. Fxd5[N 3], cependant que le choix de l'un d'eux[N 4] demeure quand même avantageux : 17. Cxc6[N 5]. En revanche, les cinq joueurs de première ont négligé la plus forte continuation[N 6]. Trois d'entre eux ont proposé 17. Cxd5, tandis que les deux autres ont opté pour 17. Fb1 et 17. h4 »[6].

A. D. de Groot constate que les Grands maîtres ne calculent pas forcément plus de coups à l'avance que les joueurs moins forts[N 7], mais que les meilleurs prennent des décisions plus précises parce qu'ils reconnaissent plus de de motifs et positions typiques. Il conclut que le niveau potentiel d'un joueur dépend du nombre de blocs d'informations (appelés plus tard « chunks » par Herbert Simon et William Chase) et de configurations familières qu'il est capable de mémoriser, et donc de sa mémoire[7]. A. D. de Groot a aussi réalisé des tests où les sujets devaient observer une position pendant un court instant, puis la reconstituer de mémoire. Il a découvert que la précision obtenue diminuait proportionnellement au classement (échiquéen) des joueurs[8],[N 8].

A. D. de Groot a également contribué au développement de la psychométrie aux Pays-Bas : en 1968, il fut l'un des fondateurs du CITO (nl) (Central Institute for Test Development)[7], qui fournissait le Test CITO.

Partie d'exemple

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A. D. de Groot - Albéric O'Kelly de Galway, Hoogovens Schaaktoernooi, Beverwijk 1946[9]
1. e4 e5 2. Cf3 Cc6 3. Fb5 Cf6 4. 0-0 Fc5 5. Cxe5 Cxe5 6. d4 c6 7. dxe5 Cxe4 8. Fd3 d5 9. Df3 Dh4 10. g3 Cg5 11. Dd1 Ch3+ 12. Rg2 De7 13. f4 h5 14. Cc3 g5 15. f5 g4 16. De2 Fd7 17. Ca4 Fb6 18. b4 0-0-0 19. Cxb6+ axb6 20. a4 The8 21. a5 bxa5 22. Fb2 d4 23. Txa5 Dxb4 24. Ta8+ Rc7 25. Fa3 c5 26. Fxb4 Txa8 27. e6 Fc6+ 28. Fe4 cxb4 29. Fxc6 bxc6 30. De5+ 1-0.

Publications

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  • (en) A. D. de Groot, Thought and choice in chess, La Haye, Mouton & Co., , 2e éd., 466 p. (version originale : (nl) Het Denken van den Schaker, Amsterdam, North-Holland Publishing Co., 1946 ; réédition : Amsterdam University Press, 2008, (ISBN 978-90-5356-998-6)).
  • (nl) A. D. de Groot, Sint Nicolaas, patroon van liefde : Een psychologische studie over de Nicolaus-figuur en zijn verering in vroeger eeuwen en nu, (traduit en anglais en 1965 sous le titre Saint Nicholas, A psychoanalytic study of his history and myth)
  • (en) A. D. de Groot, Methodology. Foundations of inference and research in the behavioral sciences, La Haye, Mouton & Co.,
  • (en) A. D. de Groot et Fernand Gobet, Perception and memory in chess, Assen, Van Gorcum, .

Notes et références

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  1. (nl) Het Denken van den Schaker
  2. La partie s'est poursuivie par : 17. Fxd5 exd5 18. Df3 Dd8 19. Tfe1 Rg7 20. Cg4 Cxg4 21. Fxe7 Dd7 22. Fxf8+ Txf8 23. Df4 et les Blancs gagnèrent.
  3. Après 17. Fxd5!, les Noirs ne peuvent pas reprendre avec une pièce car après 17...Fxd5 18. Fxf6 Fxf6, 19. Cd7 fait perdre la qualité et, après 17...Cxd5 18. Cxd5, le Fou en e7 est perdu. Donc les Noirs sont obligés de reprendre avec 17...exd5. Après 18. Df3, 18...Dd8 est forcé, puisque 18...Rg7 perd du matériel après 19. Cg4 (qui menace Cxf6 mais aussi 20. Fh6+). Après 19. Tce1, les Noirs sont sans défense.
  4. Il s'agit de Salo Flohr.
  5. Alekhine : « Cxc6 bxc6 - pression sur c6, la paire de Fous - agréable ! Mais la position promet davantage. »
  6. A. D. de Groot : « Pour la plupart des joueurs moins réputés, la véritable difficulté ne résidait pas dans la profondeur du calcul » (les maîtres ne calculent pas plus loin que les joueurs moins forts ; en effet, la différence est qualitative : les joueurs plus faibles passent plus de temps à analyser des coups inférieurs) « mais plutôt dans le fait de penser sérieusement à un coup qui échange le Fou a2 « attaquant » et « fort » contre un Cavalier ».
  7. Ils ne considèrent en fait qu'un faible nombre de solutions par rapport au nombre de coups légaux.
  8. Le fait que la prise de décision succède à la reconnaissance de motifs échiquéens a été démontré par des études ultérieures (1973, Skill in chess, American Scientist, n° 61, pp. 393-403) menées par Simon et Chase : alors que leurs expériences ont été menées avec des positions réelles et comparées à des positions aléatoires, ces chercheurs ont découvert que, pour les positions aléatoires, les joueurs de tous niveaux atteignaient à peu près la même performance.

Références

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Articles connexes

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Liens externes

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