Accent grave en français

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

En français, seules les voyelles a, e et u peuvent porter l’accent grave[1].

Sur la voyelle a[modifier | modifier le code]

L'accent grave modifie la prononciation du a dans certains cas. Dans d'autres cas, il sert à distinguer des homonymes. Les différences phonétiques peuvent être plus ou moins marquées selon les différents dialectes du français.

  • Prononciation différente : à (contre a), là (contre la)
  • Même prononciation : çà, deçà, delà, déjà, holà, voilà.

Sur la voyelle u[modifier | modifier le code]

L’accent grave ne modifie pas la prononciation du u. Il est utilisé uniquement dans le pronom interrogatif ou relatif « où » pour le distinguer de la conjonction de coordination « ou »[2]. Cette lettre apparait néanmoins dans plusieurs mots d'origine étrangère, tels que « bagadoù », « siù », « xârâcùù ».

Sur la voyelle e[modifier | modifier le code]

L’accent grave indique la prononciation d’un e ouvert /ɛ/.

En début de mot[modifier | modifier le code]

Dans cette position, l’e accent grave est exceptionnel : ère, ès. On le rencontre aussi dans quelques noms propres : Èbre, Ève, Èques, Èvre, Èvres, Èze.

À l’intérieur d’un mot[modifier | modifier le code]

La lettre e y reçoit généralement un accent grave lorsque, tout à la fois :

  1. Elle termine une syllabe graphique ;
  2. La syllabe suivante :
    1. commence par une seule consonne sauf un x,
    2. ou bien commence par deux consonnes différentes[3] dont la deuxième est un l, un r ou un h ;
  3. La voyelle de cette syllabe suivante est un e caduc.

Remplissent, par exemple, ces conditions : hère, thème, fièvre, avènement, brèche, règle.

Alternance avec l’e accent aigu[modifier | modifier le code]

Lors de la formation d’un dérivé dans lequel l’e accent grave n’est plus suivi d'un e caduc, la lettre e reçoit un accent aigu :

  • thème → thématique
  • arène → arénicole
  • collège → collégien

Exceptions ou anomalies[modifier | modifier le code]

Le Conseil supérieur de la langue française a proposé en 1990 une régularisation de l’accent sur les mots de la liste suivante[4] :

  • abrègement.
  • affèterie.
  • allègement.
  • allègrement.
  • assèchement.
  • cèleri.
  • complètement (nom).
  • crèmerie.
  • crèteler.
  • crènelage.
  • crèneler.
  • crènelure.
  • empiètement.
  • évènement.
  • fèverole.
  • hébètement.
  • règlementaire.
  • règlementairement.
  • règlementation.
  • règlementer.
  • sècheresse.
  • sècherie.
  • sènevé.
  • vènerie.

Exceptions. — Médecin, médecine ; mots composés avec les préfixes « dé » et « pré » : dépecer, déceler, prévenir, etc.[5].

De même, la conjugaison des verbes du premier groupe dont l’avant-dernière syllabe se termine à l’infinitif par un é (régler, alléger, céder, etc.) est, selon cette modification, alignée sur celle du verbe semer et ne maintiennent plus, au futur et au conditionnel présent, l’accent aigu de l’infinitif :

  • conjugaison traditionnelle : je réglerai, tu céderais, etc.
  • conjugaison rectifiée : je règlerai, tu cèderais, etc.

Dans les inversions sujet-verbe dans lesquelles l’e caduc est rendu sonore, la graphie proposée est rendue conforme à la prononciation d’un e ouvert :

  • orthographe traditionnelle : puissé-je, aimé-je, dussé-je ;
  • orthographe rectifiée : puissè-je, aimè-je, dussè-je.

Devant un s final[modifier | modifier le code]

Dans cette position, que la lettre s soit sonore ou non, l’accent grave sur le e permet d’éviter une prononciation fautive ou une ambiguïté :

  • s muet : abcès, accès, après, auprès, congrès, cyprès, décès, dès, excès, exprès, lès, près, procès, progrès, regrès, succès, très.
  • s sonore : aloès, cacatoès, ès, faciès, florès, herpès, palmarès.

En fin de mot[modifier | modifier le code]

  • atè, épistémè, korè, koinè, psychè : du grec ancien, possèdent une variante portant un accent aigu (sauf épistémé).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale, Imprimerie nationale, 1990 (ISBN 978-2-11-081075-5) ; réédition 2002 (ISBN 978-2-7433-0482-9) ; réimpressions octobre 2007 et novembre 2008 (ISBN 978-2-7433-0482-9), page 102.
  2. Murielle Gilbert, « Le « ù » du clavier d’ordinateur, touche à usage unique », www.lemonde.fr,‎ (lire en ligne)
  3. Une syllabe graphique ne peut commencer en français par deux consonnes identiques car la division s’effectue entre ces deux consonnes (ef-facer, embel-lir).
  4. http://www.academie-francaise.fr/langue/rectifications_1990.pdf, page 13 (III, 7, Liste E).
  5. http://www.academie-francaise.fr/langue/rectifications_1990.pdf, page 9 (I, 3.2).