Aboulféda

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Aboulféda
Fonction
Émir d'Hama
-
Al-Muzaffar Mahmud II (en)
Al-Afdal Muhammad (en)
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 57 ans)
HamaVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
إسماعيل بن علي بن محمود بن مُحمَّد بن عُمر بن شاهنشاه الأيُّوبيVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
أبو الفداءVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnoms
أبو الفداء, عماد الدين, الملك المُؤيَّدVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Enfant
Al-Afdal Muhammad (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Taqwim al-Buldan (d), Abrégé de l'histoire universelle (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Ismāʿīl b. (al-Afḍal) ʿAlī b. (al-Muẓaffar) Maḥmūd b. (al-Manṣūr) Muḥammad b. Taḳī al-Dīn ʿUmar b. S̲h̲āhans̲h̲āh b. Ayyūb, al-Malik al-Muʾayyad ʿImād al-Dīn[1], plus connu sous le nom d'Aboulféda[2] (en arabe : أبو الفداء Abū al-Fidā' ; en latin : Abulfeda), né en 1273 et mort en 1331, est un géographe et historien kurde[3] de langue arabe.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né à Damas dans la maison familiale, Aboulféda appartient à la dynastie des Ayyoubides d'origine kurde[4], qui est une branche de la dynastie Rawadi ou Rawandi. Il se distingua à la fois comme écrivain et comme guerrier pendant les croisades. Après avoir participé à la lutte contre les croisés, il entra au service du sultan d'Égypte Qalâ'ûn, et fut nommé par lui gouverneur, puis prince d'Hama en Syrie. Il est surtout connu par son ouvrage de géographie Localisation des pays, synthèse de la géographie littéraire et mathématique, et par ses travaux d'histoire : il abrégea et poursuivit jusqu'à son époque l'Histoire d'Ibn al-Athir.

Œuvres[modifier | modifier le code]

D'Aboulféda il nous reste (plus ou moins accessibles) les œuvres suivantes :

Al-Mokhtassar al Akhbar Albachar (« Histoire abrégée du genre humain »)[modifier | modifier le code]

Elle se divise en cinq parties. La 1re traite des patriarches, des prophètes, des juges et des rois d’Israël ; la 2e, des quatre dynasties des anciens rois de Perse ; la 3e, des Pharaons ou rois d’Égypte, des rois de la Grèce, des empereurs romains ; la 4e, des rois de l’Arabie avant Mahomet ; la 5e traite de l’histoire des différentes nations, des Syriens, des Sabéens, des Coptes, des Persans, etc., et enfin des événements arrivés depuis la naissance de Mahomet jusqu’en 720 de l’hégire (1328 de J.-C.), que finit son histoire. En composant cet ouvrage d’une grande érudition, Aboulféda a suivi le goût de son siècle, ou plutôt des Arabes, c’est-à-dire qu’il n’en a fait qu’une chronique exacte, mais souvent trop concise, aride et dénuée des réflexions, des aperçus et du style qui constituent le mérite de l’histoire. Cependant, tout imparfaite qu’elle est, cette chronique abonde en faits tellement curieux et importants pour l’histoire politique et littéraire de l’islamisme, pour celle même des empereurs grecs des 8e, 9e et 10e siècles, qu’elle sera toujours lue avec intérêt et consultée avec fruit. Plusieurs parties en ont été traduites et publiées avec ou sans le texte. Dobélius, professeur d’arabe, traduisit, vers le commencement du 17e siècle, pour Antonino Amico, son ami, la partie qui a rapport à l’histoire de la Sicile sous les Arabes. Amico avait intention de faire imprimer cette traduction, mais la mort l’en empêcha. Il publia seulement à Palerme, en 1640, la liste des émirs qui avaient gouverné la Sicile pour califes depuis 842 jusqu’en 904. Inveges ayant eu en sa possession le manuscrit de Dobélius, en fit une version italienne qu’il inséra dans le 2e vol. de ses Annales de la ville de Palerme, publiée en 1650. Carusius a donné la traduction de Dobélius dans sa Bibliothèque historique du royaume de Sicile, et Muratori l’a réimprimée, dans le t. 1er de la Collection des Historiens d’Italie. Gregorio, qui, en 1790, a publié à Palerme, en un vol., in-fol., une nouvelle Collection des fragments sur l’histoire de la Sicile sous les Arabes, a extrait de la traduction des Annales d’Aboulféda, par Reiske, la portion qui a rapport à cette même histoire de Sicile. Voici, la liste des autres parties de cette chronique, publiées jusqu’à ce jour : 1° de Vita et rebus gestis Muhamedis, liber arab. et lat., edente, cum notis, Joh. Gagnier ; Oxoniæ, 1723, in-fol. La traduction de Gagnier n’est pas toujours exacte, et Koehler l’a souvent rectifié 2° Auctarium ad vitam Saladini, extractum ex Aboul-Fedæ historia universali, cum vers. lat. ab Alb. Schultens, à la suite de Vita et Res gestæ sultanii Saladini, aut. Bohaedino ; Lugd. Batav, 1732, in-fol. On refit un frontispice en 1755. 3° Annales Muslemici lat., a Jo. Jac. Reiskio ; Lipsiæ, 1754. Cette traduction, publiée sans le texte, et dont il ne parut que le 1er volume, contient la partie de l’histoire d’Aboulféda depuis la naissance de Mahomet jusqu’à l’an 406 de l’hégire (1013 de J.-C.). 4° Aboul-Fedæ Annales Muslemici, arabice et latine, opera et studiis Jo. Jacobi Rieskii, etc., nunc primum edidit Adler, etc. ; Hafniæ, 1780-94, 3 vol. in-4°. Cette belle édition est enrichie des notes du célèbre Reiske. 5° Silvestre de Sacy a donné, à la suite de la nouvelle édition du Specimen historiæ Arabum, publiée à Oxford, en 1806, par les soins de White, l’histoire des Arabes avant Mahomet, avec le texte arabe et une traduction latine. Enfin, la 1re partie de l’Histoire universelle a été publiée en 1831, avec le texte arabe et la traduction latine, par Fleischer, à Leipzig. Les bibliothèques de l’Escurial, de Leyde, celle dite Bodléienne et la bibliothèque nationale de France, possèdent des manuscrits de cette histoire. Mais le plus célèbre et le plus précieux de tous est celui de la bibliothèque nationale de France, qui à le mérite d’être autographe.

Tacouym El-Boldan (« Vraie situation des pays »), ou Géographie[modifier | modifier le code]

Cette géographie est divisée en deux parties ; dans la 1re, Aboulféda donne un aperçut général des climats, des mers, des lacs, des fleuves et des montagnes ; dans la 2e, il décrit par tables les villes, les longitudes, les latitudes et les climats des provinces ou elles sont situées. Il parle en outre des villes anciennes ou détruites, et des monuments qui en subsistent. Les tables sont au nombre de 24. Le mérite de ce traité, comme celui de tous les traités géographiques arabes, consiste dans les notices sur l’état des villes, leurs productions et les mœurs de leurs habitants. L’histoire peut en tirer de grands fruits ; mais la géographie proprement dite n’y trouvera que des matériaux très imparfaits, et les données qu’elle y puisera ne pourront point servir à redresser les cartes géographiques du Levant. La Géographie d’Aboulféda n’est pas moins célèbre ni moins connue que son Histoire. Ou en jugera par le nomenclature des différentes parties qui en ont été publiées : 1° Chowaresmiæ et Mawaralnahræ, hoc est, regionum extra fuvium Oxum Descriptio, et tobulis Abul-Feda Ismaelis principis Hamah, arab. et lat., a Joan. Gravio ; Londini, 1650, in-4°. Cette portion a été imprimée dans la Collection des petits Géographes, donné par les soins d’Hudson, à Oxford, en 1698-1712, 4 vol. in-8°. On y trouve aussi la description de l’Arabie du même Aboulféda, traduite par Greaves. 2° Géographia latine facta ex Arabico a Jo. Jac. Reiskio. (voy. Busching, Magasin pour l’histoire et la géographie, t. 4 et 5.) 3° Caput primum geographiæ, ex Arabico in latinum translalum promulgari jussit L. A. Muratorius, in Antiqitum med. æv., t. 3. 4° Tabula Syriæ, arab. et lat., cum notis Koehleri et animadversionibus Jo. Joc. Reiskii ; Lipsiæ, 1766, in-4°. 5° Descriptio Ægypti, arab. et lat, ed. Jos. Dav. Michaelis, Gottingæ, 1776, in-8°. 6° Tabulæ quædam géographicæ et alia ejusdem argumenti Specimina arabice, ed. F, T. Rink, Lipsiœ, 1791, in-8°. Rink avait déjà publié à Leyde, en 1790, la Nigritie à la suite de l’histoire des rois musulmans d’Abyssinie. 7° Africa, arab., cum notis. excudi curavit J.-G. Eichhorn, Gottingæ, 1791. Eichhorn a donné, dans le t. 4 de la Bibliothèque théologique universelle, des notes et additions pour cet ouvrage. 8° Tabula septima ex Abul-Fedæ geographia Mesopotamiam exhibens, arabice, cura E. F. C. Rosenmuller, notas adspersit H. E. G. Paulus, 1791 ; dans le Nouveau Répertoire de la Littérature orientale, vol. 3. 9° Aboul-Féda Arabiæ Descriptio, commentario perpetuo illustravit Chr. Rommel ; Goettinguæ, 1801, in-4°. Gagnier, éditeur et traducteur de la Vie de Mahomet, avait entrepris de donner une traduction de la Géographie d’Aboulféda. Dès 1728 il avait publié le prospectus de cette traduction. Les dix-huit premières-feuilles en furent même tirées in-fol. ; mais la mort l’empêcha de continuer l’impression de cet ouvrage. De Laroque a en outre placé à la suite du Voyage du chevalier d’Arvieux une traduction française de la Description de l’Arabie. Thévenot a inséré dans son Recueil des Voyages une traduction latine des Climats d’Alhend et d’Alsin d’Aboulféda. Erbin a donné en 1803, dans sa Grammaire arabe plusieurs extraits de la Description de l’Égypte. Enfin, on a publié à Vienne, en 1807, une traduction en grec moderne faite par M. Demétrius Alexandrides, des parties de la Géographie d’Aboulféda précédemment publiées.

Histoire des croisades - Autobiographie[modifier | modifier le code]

Il s'agit d'un résumé (en arabe) de l'histoire des croisades tiré des Annales d'Aboulféda ainsi que son autobiographie (traduite en français). Elles ont été publiées dans le "Recueil des historiens des croisades", Historiens orientaux, tome premier, publié par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres à Paris, par l'Imprimerie nationale en 1882.

Postérité[modifier | modifier le code]

Aboulféda est traduit au début du XVIIIe siècle par Jean Gagnier en latin, qui publie une partie de sa Géographie et une vie de Mohammed d'après ses sources, après avoir critiqué le mauvais usage du Al-Mukhtaṣar fī akhbār al-bashar d'Aboulféda par le grand philologue catholique Louis Marracci[5].

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Johann Jacob Reiske poursuit, toujours en latin, l'effort de traduction.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. https://referenceworks.brillonline.com/entries/encyclopedie-de-l-islam/abu-l-fida-SIM_0182?lang=en
  2. Aussi écrit Aboul Féda, Aboul-Féda, Aboul Fida ou Aboul Réda
  3. (en) Mehrdad R. Izady (Av Mehrdad Izady), The Kurds : A Concise Handbook, , 268 p. (ISBN 978-0-8448-1727-9, lire en ligne), p. 35
  4. Edmond Lorot, Recension sur la Bordah ou l'éveil de l'âme (Vol. I - 1ère partie), , 650 p. (ISBN 978-1-326-82666-6, lire en ligne), p. 113
  5. Ziad Elmardafy, ’’The Enlightenment Qur'an: The Politics of Translation and the Construction of Islam’’, Oneworld Publications, 2009, p. 39

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]