Abdoulaye Miskine

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Abdoulaye Miskine
Abdoulaye Miskine
Abdoulaye Miskine en 2019

Nom de naissance Martin Koutamadji
Naissance (58 ans)
Ndinaba, Moyen-Chari, (Tchad)
Origine Centrafricain, Tchadien
Allégeance Forces armées centrafricaines (jusqu'à 2003)
Front démocratique du peuple centrafricain (de 2004 à 2019)

Abdoulaye Miskine, né le 5 octobre 1965, est un chef de guerre tchadien-centrafricain et un ancien officier de l'armée centrafricaine qui sert notamment sous le gouvernement Patassé. Il est le leader du Front démocratique du peuple centrafricain.

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Miskine naît le 5 octobre 1965 à Ndinaba, au Tchad, sous le nom d'origine de Martin Koutamadji. Son père est tchadien et sa mère centrafricaine. Il est élevé en République centrafricaine par sa mère à partir de la mort de son père, alors qu'il est enfant. À l'âge de 18 ans, il s'installe au Nigeria et se convertit à l'islam sous le nom de Miskine[1].

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

La date à laquelle il rejoint les FACA est inconnue. Après une tentative de coup d'État ratée en 2001, Patassé charge Miskine de diriger une milice spéciale composée de 300 mercenaires tchadiens en raison de la méfiance envers Bozizé et du refus d'Idriss Déby d'envoyer des renforts. Patassé ordonne à Miskine de combattre les zaraguina (bandits de la route) ainsi que les oppositions armées autour de la frontière RCA-Tchad et de protéger le président. Miskine établit sa base à Kabo et se bat contre la milice soutenant Bozizé. Fin novembre 2002, ses effectifs passent de 300 à 600 hommes[2],[1].

Les forces spéciales de Miskine ont accusées de violations des droits de l'homme. Ses forces sont notamment responsables du meurtre de 180 Tchadiens et du vol d'éleveurs de bétail[2],[1]. De plus, la milice de Miskine est accusée du massacre du marché aux bestiaux du PK 13 à Bangui le 31 octobre 2002[2],[1].

Le 2 octobre 2002, le Tchad et la République centrafricaine signent le communiqué final des accords de Libreville pour rétablir les relations diplomatiques entre les deux pays. L'un des accords prévoit respectivement l'expulsion de Miskine et de Bozizé de la République centrafricaine et du Tchad[2]. Miskine quitte la République centrafricaine pour le Togo le 5 novembre 2002. Avant de quitter la RCA, Patassé décore Miskine des insignes de commandeur de l'Ordre du mérite centrafricain[2].

En janvier 2012, Miskine s'allie aux FACA et à l'armée nationale tchadienne dans la lutte contre Baba Laddé[3].

Rébellion[modifier | modifier le code]

Lorsque Bozizé arrive au pouvoir en République centrafricaine, Miskine fonde le FDPC, le 14 juin 2004 afin de le renverser[4].

En 2007, il signe un accord de paix entre les rebelles et le gouvernement à Syrte, en Libye, sous la médiation du colonel Mouammar Kadhafi. Miskine retourne rapidement en République centrafricaine. Néanmoins, il s'enfuit en Libye après s'être rendu compte que le gouvernement ne lui fournirait pas les installations qu'il souhaitait. Le 15 juillet 2007, le gouvernement annonce que Miskine a obtenu un poste de conseiller présidentiel. Cependant, il décline cette proposition, affirmant que le gouvernement n'a pas exécuté les promesses de l'accord de paix[5].

En février 2009, Miskine reprend l'insurrection en attaquant une garnison de la gendarmerie à Batangafo[6],[7]. Le 3 juillet 2009, il signe l'acte d'adhésion à l'Accord de paix global à Tripoli sous la pression de Kadhafi. Cependant, il finit par enfreindre l'acte en raison de l'arrestation par le gouvernement de deux membres du FDPC à Bangui[8]. Néanmoins, Bozizé nomme Miskine conseiller présidentiel chargé du dispositif DDR (désarmement, démobilisation et réintégration) le 13 janvier 2011[9].

À l'automne 2012, il rejoint la Séléka pour renverser Bozizé. Juste avant le début de la bataille de Bangui, le FDPC quitte la Séléka. Peu de temps après, du 2 au 4 avril 2013, le FDPC affronte la Séléka et Miskine est blessé dans les combats. En septembre 2013, Miskine rejoint le groupe soutenant Bozizé, Front pour la restauration de l'ordre constitutionnel en Centrafrique (FROCCA)[3].

Miskine est arrêté à Bertoua, au Cameroun, le 16 septembre 2013, les autorités prétextant qu'il pourrait utiliser le Cameroun comme base pour un raid transfrontalier. Par la suite, il est transféré à Yaoundé et placé en garde à vue au service spécial de la police[10]. Le Cameroun libère Miskine le 27 novembre 2014 en échange de 26 otages, dont un prêtre catholique polonais, enlevés par le FDPC[11]. Par la suite, il s'envole pour Brazzaville avec l'avion privé de Denis Sassou-Nguesso et est accueilli par le ministre congolais de l'Intérieur, Raymond Mboulou, à son arrivée[12]. À Brazzaville, il signe un accord pour participer au programme de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) le 1er juin 2017[13].

En février 2019, il signe l'accord de paix à Khartoum et le gouvernement propose Miskine comme ministre de la Modernisation de l'administration et de l'Innovation des services publics. Cependant, il refuse le poste et accepte seulement celui d'officier militaire supérieur[14]. En juin 2019, il retourne en République centrafricaine après cinq ans de séjour à Brazzaville et se rend à Am Dafok, où il menace de renverser Faustin-Archange Touadéra. Miskine tente de recruter des combattants pour lutter contre le gouvernement[14]. Répondant à la menace de Miskine, Bangui délivre un mandat d'arrêt à son encontre le 3 août[14].

Arrestation et procès[modifier | modifier le code]

En octobre 2019, un affrontement inter-rebelles entre le FPRC et le MLJC éclate à Am Dafok et conduit Miskine à fuir vers Tissi et le Tchad[15],[14]. À son arrivée à Harare Mangueigne, au Tchad, le 19 novembre 2019, les autorités tchadiennes arrêtent Abdoulaye Miskine[16]. Il est conduit à N'Djamena et placé sous la garde de l'Agence nationale de sécurité[17]. Répondant à l'arrestation, le gouvernement centrafricain demande l'extradition d'Abdoulaye Miskine mais le Tchad refuse la demande de Bangui[18].

Les problèmes de Miskine devant la justice commencent en 2020. Il est accusé de viol et d'incitation à la rébellion[19],[20]. En 2022, il est incarcéré à la prison de Klessoum et son procès commence le 29 juillet 2022[21],[22].

Sanctions[modifier | modifier le code]

En 2014, les États-Unis imposent des sanctions à cinq personnalités de la République centrafricaine parmi lesquelles Miskine[23]. L'ONU décide de sanctions individuelles à l'encontre d'Abdoulaye Miskine en 2020[24].

Récompenses et distinctions[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (en) Richard Bradshaw et Juan Fandos-Rius, Historical Dictionary of the Central African Republic, Rowman & Littlefield, , 816 p. (ISBN 978-0-810-87992-8, présentation en ligne), p. 382
  2. a b c d et e (en) United Nations High Commissioner for Refugees, « Refworld | War crimes in the Central African Republic: "When the elephants fight, the grass suffers" » [archive du ] (rapport), sur Refworld, (consulté le )
  3. a et b (en) Fédération internationale pour les droits humains, « Central African Republic : "They must all leave or die" : Answering war crimes with crimes against humanity » [PDF] (rapport), sur fidh.org,
  4. Corbeaunews, « Centrafrique:Entretien Exclusif du Général Abdoulaye Miskine », sur Corbeau News Centrafrique ou si b il LPP et actualités en République centrafricaine, (consulté le )
  5. (en) Amnesty International, « Central African Republic : Civilians in peril in the wild north » [PDF] (rapport), , p. 5-6
  6. « Central African Republic faces resumed attacks since new gov't formed », sur BusinessGhana (consulté le )
  7. (en) « CAR rebels attack police post, steal kit - officer », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. (en) International Crisis Group, « Central African Republic: Keeping the Dialogue Alive » [PDF] (rapport), Africa Briefing n°69, , p. 11
  9. « Bozizé nomme de nouveaux conseillers du DDR », sur www.radiondekeluka.org (consulté le )
  10. (en) « Cameroon security arrests C. African rebel leader », sur The Herald (consulté le )
  11. « Le chef rebelle Miskine libéré après le prêtre polonais », sur BBC News Afrique, (consulté le )
  12. (en) « Dispatches: VIP Treatment for Warlord Sends Wrong Message in CAR », sur Human Rights Watch, (consulté le )
  13. (en) Thierry Vircoulon, Mercy Corps, « Assessment of Conflict Dynamics in Mercy Corps’ Area of Intervention (Nana-Mambéré Prefecture) » [PDF] (rapport), sur mercycorps.org, , p. 23
  14. a b c et d Conseil de sécurité de l'ONU, « Letter dated 30 July 2019 from the Panel of Experts on the Central African Republic extended pursuant to resolution 2454 (2019) addressed to the President of the Security Council », Document à télécharger [PDF] (rapport),
  15. Corbeaunews, « Nouvelle débâcle du FPRC à Amdafock, Abdoulaye Miskine pris entre les deux feux. », sur Corbeau News Centrafrique ou si b il LPP et actualités en République centrafricaine, (consulté le )
  16. « Abdoulaye Miskine, un personnage clé de la crise centrafricaine arrêté au Tchad », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  17. « Centrafrique : Bangui réclame l’extradition du chef de guerre Abdoulaye Miskine, arrêté au Tchad – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
  18. « RCA-Tchad: Abdoulaye Miskine ne sera pas extradé en République centrafricaine », sur www.radiondekeluka.org (consulté le )
  19. « Tchad : le chef rebelle centrafricain Abdoulaye Miskine incarcéré à N’Djamena – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
  20. « Tchad: le chef rebelle Miskine a été présenté à un juge d'instruction », sur RFI, (consulté le )
  21. « Tchad: le rebelle centrafricain Abdoulaye Miskine restera en prison le temps de son procès », sur RFI, (consulté le )
  22. « Le chef rebelle centrafricain Abdoulaye Miskine devant la justice tchadienne », sur RFI, (consulté le )
  23. (en) « U.S. slaps sanctions on five Central African Republic officials tied to violence », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. (en) « UN imposes sanctions on Central African Republic rebel leader », sur www.aljazeera.com (consulté le )