Abbaye de la Cambre

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Abbaye de la Cambre
Image illustrative de l’article Abbaye de la Cambre
Entrée de l'abbaye
Présentation
Nom local La Cambre
Culte Catholicisme
Type Abbaye de moniales à l'origine, puis prieuré de chanoines prémontrés depuis 2013
Rattachement Ordre de Cîteaux , puis installation d'une communauté prémontrée en 2013
Début de la construction 1201
Fin des travaux Désacralisée en 1796
Style dominant Gothique
Protection  Patrimoine classé (1908, 1989)
Site web www.premontres-lacambre.beVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région de Bruxelles-Capitale Région de Bruxelles-Capitale
Quartier La Cambre
Ville Ixelles
Coordonnées 50° 49′ 08″ nord, 4° 22′ 27″ est
Géolocalisation sur la carte : Bruxelles
(Voir situation sur carte : Bruxelles)
Abbaye de la Cambre
Géolocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Abbaye de la Cambre
Source du Maelbeek dans le petit étang de l'abbaye de la Cambre.

L'abbaye de la Cambre est située dans le quartier de La Cambre à Ixelles, une commune de la Région de Bruxelles-Capitale (Belgique). Il s'agit d'un ancien monastère de moniales cisterciennes nobles, fondé en 1201 à la source d'un ruisseau, le Maelbeek.

Grâce aux donations des ducs de Brabant et des grands féodaux brabançons, la fondation prit rapidement un bel essor. L'abbaye fut placée sous l'autorité spirituelle de l'abbaye de Villers. Le XIIIe fut un siècle de grand rayonnement spirituel, alors que le XIVe siècle fut difficile. Proche de la ville de Bruxelles, mais hors de son enceinte et donc non protégée, l'abbaye fut souvent victime de pillages ou de saccages du fait des guerres de religion au XVIe siècle. Le XVIIe siècle fut un siècle de prospérité et de restauration. Au XVIIIe siècle, les abbesses reconstruisirent tout l'ensemble dans le style français de l'époque, exprimant ainsi un désir de grandeur et de luxe.

L'abbaye fut supprimée à la Révolution française, et vendue comme bien national en 1796, ses bâtiments ayant eu diverses utilités par la suite. Une communauté de chanoines prémontrés s'est installée en 2013 dans l'ancien monastère devenu prieuré.

Situation géographique

L'abbaye de la Cambre est un ancien monastère de moniales cisterciennes nobles fondé à la source du Maelbeek, en Belgique. Elle est située à 2 km au Sud-Est de Bruxelles, dans le val, proche du Bois de la Cambre, ancien parc extérieur à l'abbaye, qui était ouvert aux laïcs[1]. Située hors de la ville lors de sa fondation, l'abbaye se trouve sur le territoire de la commune d'Ixelles, au sein de la Région Bruxelles-Capitale.

Histoire

L'abbaye est fondée vers 1201, avec l'appui des moines de l'abbaye de Villers, par une dame noble, Gisèle († 1201[1]), religieuse bénédictine bruxelloise. Elle adopta, pour sa fondation, la règle de l'ordre de Cîteaux. Grâce aux donations des ducs de Brabant (Henri Ier et Henri II), des grands féodaux brabançons tels que les d'Aa, la fondation prit rapidement un bel essor[1]. Précisément, en 1201, elle reçut de Henri Ier duc de Brabant les étangs d'Ixelles, un moulin à eau et l'enclos environnant le monastère.

En 1203, le pape Grégoire IX confirme la fondation sous le nom de « Chambre de Notre-Dame » (La Cambre). L'abbaye est placée sous l'autorité spirituelle de l'abbaye de Villers. Par la suite, l'abbaye fit d'autres acquisitions importantes, comme, à Vilvorde, une partie du territoire urbain avec l'église Notre-Dame et ses dix-neuf bénéfices cédés par le chapitre d'Aix-la-Chapelle[1].

Le XIIIe siècle est un siècle de grand rayonnement spirituel : saint Boniface de Bruxelles (1182-1260), natif d'Ixelles, chanoine de Sainte-Gudule (future cathédrale de Bruxelles), professeur de théologie à Paris et évêque de Lausanne (1231], y vivra les dix-huit dernières années de sa vie et sera enterré dans l'église. À la même époque, sainte Alix y était une jeune moniale lépreuse et mystique, et y mourut le [2].

Le XIVe siècle fut difficile. Proche de la ville de Bruxelles, mais hors de son enceinte et donc non protégée, l'abbaye fut souvent victime de pillages. Les moniales se réfugiaient alors à Bruxelles. En 1381, un incendie causé par des pillards détruit une bonne partie des bâtiments.

En 1400, est édifiée l'église qui subsiste encore au XXIe siècle. De style gothique, elle garde cependant la marque de la sobriété cistercienne.

Au XVIe siècle, quelques événements importants eurent lieu à l'abbaye. En 1559, Maximilien de Berghes y est consacré évêque de Cambrai. Le , c'est à La Cambre que se réfugia la veuve du comte d'Egmont (avec ses onze enfants) après l'exécution de son mari. En 1581: nouveau saccage, cette fois par les calvinistes.

En 1599, les moniales rentrent à l'abbaye après un long exil à Bruxelles. Le XVIIe siècle est un siècle de prospérité et restauration. Au XVIIIe siècle: désir de grandeur et luxe conduisent les abbesses à reconstruire tout l'ensemble dans le style français en honneur à l'époque: superbes jardins en gradins, escaliers monumentaux, cour d'honneur avec portail.

En 1796, elle est vendue comme bien national au carrossier Jean Simons, à la suite de la Révolution française[1]. Elle change trois fois de mains et devient fabrique de betteraves puis de coton[3]. Au XVIIIe siècle, les domaines et propriétés de l'abbaye formèrent une commune indépendante : La Cambre, avant que cette commune ne soit intégrée à Ixelles [4].

En 2013, une communauté religieuse des chanoines Prémontrés, issue de l'abbaye de Leffe, s'est installée dans l'ancienne abbaye cistercienne. À présent, il y a deux Pères et un troisième est attendu pour bientôt. Il s'agit de Pères belges et le futur arrivant serait un Autrichien.[réf. nécessaire]

En 2014, un jeune entrepreneur, Vincent Poswick, a entrepris de relancer la bière d'abbaye en commercialisant une bière du même nom.[réf. nécessaire]

Abbesses commendataires

Marie Alexandrine Snoy (dame Séraphine), née en 1704, abbesse de la Cambre en 1757, morte en 1794.
Bernardine de l'Abbaye de la Cambre.

Sœurs Bernardines

La plupart des sœurs étaient des filles de maisons importantes et nobles. Les abbesses étaient normalement membres de familles nobles. Les sœurs ont été nommés Bernardines de La Cambre.

Après la suppression

Après la suppression de l'abbaye comme communauté monastique, les bâtiments furent utilisés pour différentes activités :

  • Hôpital militaire à plusieurs reprises sous la Révolution, on y soignait les victimes des combats.
  • Manufacture de coton pendant cinq ans.
  • Dépôt de mendicité de 1810 jusqu'à la fin du XIXe siècle où l'on rassemblait hommes, femmes, enfants, malades, infirmes, aliénés mentaux et même des délinquants.
  • Entre 1870 et 1909, l'École militaire occupe l’entièreté du site et installe dans l'église un gymnase et une salle de jeu. Le cloître devient le réfectoire et sa galerie un préau tandis que la cour d'honneur devient un manège extérieur et les jardins en terrasse une plaine d'exercice[8].
  • Occupée par les soldats allemands qui s'y cantonnèrent durant la Première Guerre mondiale. Après leur passage, l'abbaye se retrouva ruinée. Les architectes Collès et Chrétien Veraart furent chargés de la restauration[1].
  • En 1921, la Ligue des amis de la Cambre s'y installe pour préserver l'abbaye.
  • En 1927, Henry Van de Velde obtient l'autorisation d'ouvrir dans l'enceinte abbatiale un Institut Supérieur des Arts Décoratifs (aujourd'hui et depuis 1980 École Nationale Supérieure des Arts Visuels (ENSAV) de La Cambre ou La Cambre Arts Visuels, l’une des principales écoles d’art et de design de Belgique).

Depuis , une partie de l'abbaye, devenue prieuré, est occupée par les chanoines prémontrés de l'abbaye de Leffe[9].

Description

Les bâtiments, édifiés aux XIIIe et XIVe siècles, durent être restaurés à partir de 1598[1]. L'abbaye en reconstruction est représentée sur une toile de Denis van Alsloot (1570-1626) conservée au Musée des beaux-arts de Nantes[1]. Aujourd'hui, l'abbaye est entourée au sud par l'avenue Émile Demot, à l'est par l'avenue Émile Duray et au nord par le square de la Croix-Rouge.

Du côté des étangs d'Ixelles, l'abbaye a deux entrées, qui permettent d'accéder à la place de l'église, au bassin où naît le Maelbeek, aux jardins étagés, à la cour d'honneur, au palais abbatial, à l'église conventuelle, au cloître, à la salle capitulaire, au dortoir, à l'infirmerie et à un pavillon[10].

Les deux entrées

Armes de l'abbesse Séraphine Snoy

La première entrée est un portique à trois arcades soutenu par huit piliers. L'autre entrée est un portail monumental du XVIIIe siècle, caractérisé par son attique. Ainsi, la porte est cintré avec des bandeaux, flanqué de deux colonnes doriques et surmonté d'un fronton triangulaire brisé. Dans le fronton se trouvent les armes de la 41e et dernière abbesse, Séraphine Snoy, armes que l'on retrouve à maints endroits du site.

La cour d'honneur

La cour d'honneur, transformée en parking, frappe par la symétrie et la régularité des constructions qui l'encadrent. Elle est de style classique. Le palais abbatial, au fond, est de style Louis XV. Il se partage en trois parties : la partie centrale avec perron et fronton triangulaire et les deux parties latérales, ailes perpendiculaires, avec porte cochère et fronton circulaire. La toiture possède quatre lucarnes. Cette cour d'honneur se termine au nord par un hémicycle comprenant la porte d'entrée de 1780. Le nom de l'architecte de cette cour n'est pas connu.

L'église et le cloître

D'autres bâtiments

Alors que la galerie nord du cloître est adossée à l'église, la galerie orientale s'appuie sur un bâtiment où se trouvait la salle capitulaire et, à l'étage, le dortoir. Le réfectoire qui soutenait la galerie sud a disparu. En sortant de l'église longeant le dortoir, on aperçoit, plus au sud, un second groupe de bâtiments du XVIIIe siècle comprenant l'infirmerie (porte armoriée de 1740) et les anciennes dépendances.

On peut remarquer encore un pavillon de style Louis XV (1760).

Les jardins étagés

Armes de l'abbesse Louise Dellano y Velasco, en bas de l'escalier. Devise : « Veritas Robur »
Vue du grand escalier.

Les jardins étagés à la française ont été créés vers 1725 par l'abbesse Deliano y Velasco, dont les armes figurent sur le mur de l'escalier d'accès. Ils se composent de cinq terrasses successives. Ils ont été réaménagés en 1924 dans leur état primitif. L'escalier est monumental avec deux énormes piliers à bossages, accostés de volutes et surmontés de vases. La visite du site et l'accès au jardin et à l'église sont libres. L'église aujourd'hui paroissiale est ouverte au public.

Ces jardins sont classés au patrimoine protégé par la Région de Bruxelles-Capitale depuis le [11].

L’abbesse Louise Dellano y Velasco fait tracer cinq terrasses de jardins à la française reliées par des escaliers monumentaux.

Arts

On reconnaît l'abbaye et son domaine dans maintes œuvres photographiques de San Damon, créateur de l'Oniroscopisme. L'église, comme la cour d'honneur accueillent quelques fois des spectacles, principalement d'ordre classique, tant sur le point de vue musical que théâtral. José Van Dam s'y est produit notamment dans l'interprétation des Noces de Figaro de Mozart, mais aussi en duo avec le groupe-pop britannique Supertramp ainsi que Billy Paul.[réf. nécessaire]

Galerie

Notes et références

  1. a b c d e f g et h Émile Poumon, Abbayes de Belgique, Office de Publicité, S. A., Éditeurs, Bruxelles, 1954, p. 73.
  2. Histoire de la ville de Bruxelles, Alexandre Henne, Alphonse Guillaume Ghislain Wauters
  3. http://www.freepub.be/doc/Ambulance_Cambre.pdf
  4. http://www.persee.fr/doc/rbph_0035-0818_1965_num_43_2_2572
  5. Sur ce vitrail, il y a quelques erreurs d'émaux : les corbeaux essorant, posé sur un monticule de 3 coupeaux de sinople, devraient être de sable.[réf. nécessaire]
  6. Sur ce vitrail, il y a quelques erreurs d'émaux : les trois quintefeuilles, boutonnées et barbées d'or, devraient être de sable.[réf. nécessaire]
  7. Portrait de la fille cadette de Rubens, automne 1683 sur rubenshuis.be
  8. Ouvrage collectif, Histoire de l’École militaire : 1834-1934, Bruxelles, Académie royale de Belgique (Imprimerie Marcel Hayez), , 396 p., in-4° (OCLC 71435352), chap. IV (« Les origines de l’École militaire et ses installations successives »), p. 108-109
  9. « Trois moines réinvestissent l'abbaye de la Cambre », sur RTBF.fr (consulté le )
  10. Émile Poumon, Abbayes de Belgique, Office de Publicité, S. A., Éditeurs, Bruxelles, 1954, p. 74.
  11. « Arrêté royal classant comme monument les jardins de l'abbaye de la Cambre », sur monument.irisnet.be, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Fichier:L'abbaye cistercienne de La Cambre.png
L'abbaye cistercienne de La Cambre.
  • Fernand de Ryckman de Betz, Georges Dansaert et l'abbé Thibaut de Maisières, L'abbaye cistercienne de La Cambre : étude d'histoire et d'archéologie, De Nederlandsche Boekhandel, , 394 p. (lire en ligne).
  • Émile Poumon, Abbayes de Belgique, Office de Publicité, S. A., Éditeurs, Bruxelles, 1954, p. 73.
  • André Maes, Histoire de Notre-Dame de la Cambre et de Saint Philippe Néri, Bruxelles, André Maes, , 699 p. (KBR code V 3.604 B) — Ouvrage en deux volumes, vol. 1 1196-1794, vol. 2 1794-1977
  • Jean-Pierre Félix, Histoire des orgues de l'abbaye de la Cambre puis paroisse Notre-Dame de la Cambre et Saint Philippe Neri à Ixelles, Bruxelles, Jean-Pierre Félix, , 127 p. (OCLC 24412973) (KBR code V 10.243 B)

Il existe également un polar dont l'action se déroule à l'abbaye :

  • Marc Meganck, Les Dessous de la Cambre, 180° éditions, 2012

Les prieurés de la Forêt de Soignes

Hommages aux peintres et écrivains sur le site de l'abbaye

Articles connexes

Liens externes

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