Abbaye Saint-Pierre de Flavigny-sur-Ozerain

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Abbaye Saint-Pierre de Flavigny-sur-Ozerain
Crypte de l'abbaye Saint-Pierre de Flavigny-sur-Ozerain.
Crypte de l'abbaye Saint-Pierre de Flavigny-sur-Ozerain.

Ordre Bénédictin
Fondation 719
Diocèse Autun puis Dijon
Fondateur Wideradus
Style(s) dominant(s) Carolingien et classique
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Région Bourgogne-Franche-Comté
Département Côte-d'Or
Commune Flavigny-sur-Ozerain
Coordonnées 47° 30′ 41″ nord, 4° 31′ 47″ est[1]
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Abbaye Saint-Pierre de Flavigny-sur-Ozerain
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Abbaye Saint-Pierre de Flavigny-sur-Ozerain

L'abbaye de Flavigny est une ancienne abbaye de moines bénédictins qui a été fondée en 719[2] par Wideradus[3] (Wiré, Guiré), un puissant seigneur burgonde qui lui lègue un vaste territoire. Elle est située dans la commune de Flavigny-sur-Ozerain, en Côte-d'Or. Elle fait partie de la paroisse de Flavigny et du diocèse d'Autun de 866 à 1790, puis de Dijon depuis 1822.

La crypte Sainte-Reine fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le , remplacé par un classement en date du protégeant la crypte et les vestiges enfouis, classement modifié le [4].

Histoire[modifier | modifier le code]

En 719, dans son testament, Waré (Wideradus) a fait écrire : « […] J'ai construit un monastère sur mes propres fonds et à mes frais au lieu nommé Flavigny ; j'ai légué selon la règle à l'abbé Magnoaldus et à ses moines pour qu'ils le possèdent à perpétuité »[5]. Le premier abbé serait donc Magnoaldus, mort en 745. Son premier testament est daté de Semur le , la première année de Thierry IV, et le second fait à Autun, la quatrième année de Childéric III, c'est-à-dire en 746 ou 747[6].

Soumise à la règle de saint Benoît de Nursie, sa charte de fondation est approuvée en 745 au concile d'Autun. Bénéficiant de la protection des rois carolingiens, elle va connaître à ses débuts une période florissante.

En 755, Manassès le Grand est élu abbé de Flavigny. Il meurt en 788. D'une campagne en Auvergne il va rapporter des reliques de saint Préjet (Præjectus, ou saint Prix, ancien évêque de Clermont-Ferrand, assassiné à Volvic le ). Vers cette période existe à Flavigny un scriptorium important.

En 845 meurt l'abbé Marian, dont on se sait pas grand-chose.

Charles II le Chauve nomme Egil de Prüm abbé de Favigny en 860. Il est en contact avec Loup de Ferrières et Raban Maur de Fulda. D'après Hugues de Flavigny, le , il procède à la translation des reliques de sainte Reine, depuis Alise-Sainte-Reine vers la crypte de l'abbatiale où se trouvaient déjà les reliques de saint Prix[7]. C'est de cette époque que date la partie la plus ancienne de l'abbatiale, la crypte carolingienne.

En 877, Adalgaire, évêque d'Autun, obtient du pape Jean VIII, sur recommandations de Charles le Chauve, l'intégration des revenus de l'abbaye de Flavigny et de la seigneurie d'Alise dans ceux de l'évêque[8].

Le pape Jean VIII consacre son église abbatiale le lors de sa venue au concile de Troyes. Possédant de nombreuses reliques, elle attire de nombreux pèlerins. Elle subit ensuite un long déclin à partir du XIIe siècle du fait de la concurrence des nouveaux centres de pèlerinage de Vézelay et l'abbaye de Saint-Martin d'Autun.

Du 11 au , les Normands sont à Flavigny. Hugues de Flavigny raconte que huit moines ou serviteurs sont tués.

En 906, l'abbaye devint propriétaire de la saline de Grozon[9].

En 1096, Hugues de Flavigny est élu abbé de Flavigny. Il est né vers 1064 à Verdun et est mort avant 1150. Il doit quitter l'abbaye vers 1101 à la suite de l'opposition de l'évêque d'Autun et de ses moines. Il a rédigé la Chronique de Flavigny qui raconte l'histoire du monde depuis l'origine jusqu'en 1002 puis, dans un second volume, une histoire plus régionale, jusqu'en 1112.

L'atelier de conditionnement des Anis de Flavigny à l'abbaye.

Passée sous l'autorité des évêques d'Autun depuis 877, et des ducs de Bourgogne, son affaiblissement temporel et spirituel se poursuit avec l'instauration du régime de la commende à compter de 1530. Lors de la guerre de Cent Ans, elle subit l'invasion des troupes anglaises, puis les conséquences des guerres de religion. Dans un titre de 1379, l'abbé est tenu de donner un festin à ses religieux le , jour de la fête de leur saint fondateur.

Au XVIIe siècle, l'édifice est dans un état déplorable lorsque les bénédictins de l'abbaye de Saint-Maur s'y installent en 1644. Ils engagent d'importants travaux qui dureront jusqu'au milieu du XVIIIe siècle.

En 1791, l'abbaye est vendue comme bien national et réinvestie par des fabriques d'Anis de Flavigny. L'abbatiale et une partie du chevet sont détruites au début du XIXe siècle. Il est possible de visiter sa crypte carolingienne, ainsi que l'atelier de dragéification des Anis de Flavigny.

Architecture[modifier | modifier le code]

La première abbatiale était consacrée à saint Prix. Elle fut ensuite consacrée à saint Pierre le par le pape Jean VIII. Il subsiste des vestiges de l'ancienne crypte carolingienne, édifiée au IXe siècle, pour accueillir les reliques de sainte Reine, avec un oratoire qui lui est accolé. Déblayée au XIXe siècle, ses sculptures traduisent une influence italienne.

Reliques[modifier | modifier le code]

  • Corps de Sainte Reine, transféré d'Alise-Sainte-Reine à Flavigny en 866.

Galerie[modifier | modifier le code]

Abbés[modifier | modifier le code]

Religieux et hôtes illustres[modifier | modifier le code]

  • Venues de Langres, les Ursulines s’étaient installées à Flavigny en 1632. Au gré des donations, elles étendent le territoire de leur couvent et ouvrent une école où seront accueillis jusqu’à 145 élèves. Au XVIIIe siècle, elles lancent la construction d’un nouveau couvent mais ne parviennent pas à mener le projet à terme. Elles construisent également une « grotte de prière » d'inspiration baroque, récemment restaurée. À la suite d'incendies, l’apparence des bâtiments situés à la pointe est du bourg, sera modifiée au XIXe siècle.
  • En 1700, Dom Louis le Maignan, prieur de l'abbaye Saint-Pierre de Bèze, est nommé abbé. Claude Couthier, marquis de Souhey, fait bâtir à Flavigny, près de la porte du Bourg, un hôtel particulier. Neuf ans plus tard, pour aménager des jardins en terrasses dans un enclos qui surplombe la vallée, il embauche une grande partie des ouvriers locaux pour les préserver de la famine qui dévaste la Bourgogne.
  • En 1829, les religieuses Ursulines de Flavigny s'installent dans les bâtiments qu'elles remettent en état. Après leur expulsion en 1906, l'hôtel devient jusqu’en 1967 le petit séminaire diocésain, puis est abandonné.
  • En 1848, le Père Lacordaire implante à Flavigny un noviciat de l'Ordre dominicain, agrandi à la fin du XIXe siècle. Cet ancien couvent, appelé « maison Lacordère », recèle de beaux jardins et accueille désormais le séminaire du Curé d'Ars.

Terriers, propriétés, dépendances et revenus[modifier | modifier le code]

Prieurés, monastères et églises[modifier | modifier le code]

  • Le monastère Sainte-Reine d'Alise en 719 passe à l'abbaye dont Widrad dans son testament de 722 indique qu'il en est l'abbé[10] ;
  • l'église Saint-Martin de Chichée dépendit de l'abbaye Saint-Pierre de Flavigny à partir du . « À cette date, Achard, évêque de Langres de 948 à 970, à la prière de ses fidèles Aganon, illustre chevalier, et Simon, archiprêtre, donne à Adrad, abbé de Flavigny, et à Milon, son neveu, pour en jouir pendant leur vie, l'église de Saint-Martin-de-Chichée, près Chablis, avec toutes les dîmes qui en dépendent. »[11] (en latin : « « altare sancti Martini cum decimis sibi aspicientibus, quod est situm in comitatu Tornetrinse, et in villa Chichiviaco. »). En 1116, l'église de Chichée est confirmée dans son rattachement à l'abbaye Saint-Michel de Tonnerre par Godefroy, évêque de Langres[12].

Fiefs et seigneuries[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Roland Porte, Flavigny, bourg monastique de l'Auxois et du pays d'Alésia, Éd. Edelge, 2007
  • B. Delarosière, Flavigny-sur-Ozerain d'un site, (carte Abbé Joly et M. Guérille), Inventaire I Délégation Régionale à l'Architecture et à l'Environnement, Dijon, 1983.
  • J. Marilier, Notes sur la tradition textuelle des testaments de Flavigny, Mémoire de la Société pour l'histoire du droit et des anciens pays bourguignons, comtois, et romands (M.S.H.D.B.), 1962, p. 185-199.
  • Neil Stratford, Jean Dupont, « Sculptures de Flavigny (Côte-d'Or) », article paru dans Mélanges d'histoire et d'archéologie offerts au professeur Kenneth John Conant par l'association Splendide Bourgogne, Éditions Bourgogne-Rhône-Alpes, Mâcon, 1977, p. 97-120.
  • J. Marilier, Testamentum Wideradi coenobi Flaviniacensis Abbatis, (M.S.H.D.B.)
  • R. Louis et J. Marilier, « Les cryptes carolingiennes de l'Abbaye Saint-Pierre de Flavigny-sur-Ozerain (Côte-d'Or) de 1957 à 1959 », in Revue archéologique de l'Est, t.X?, 1959, p. 253-263.
  • G. Jouven, « Fouilles des cryptes de l'abbatiale Saint-Pierre de Flavigny », in Les Monuments historiques de la France, 1960, no 1, p. 9-28.
  • Christian Sapin, l'Ancien bourg de Flavigny, état des recherches historiques et archéologiques récentes[14].
  • Melle V. Fischer, Système de défense et organisation interne d'un bourg monastique au Moyen Âge, Flavigny-sur-Ozerain en Bourgogne, Mémoire de Maîtrise Université de Paris IV, 1983.
  • Rossignol, « Cartulaire du monastère de Flavigny », in Bulletin de la Société des Sciences de Semur-en-Auxois, 1886, p. 76.
  • Maistre Jehan Piquelin, chapelain de la saincte chapelle du palais royal à Paris, La vie de saincte Reine, vierge et martire Premier récit du martyre imprimé en français, à Paris (BnF, dép des ms. coll. Rothschild 477), réimprimé en 1602 et 1603.
  • Anonyme de la congrégation de Saint-Maur, Abrégé de l'Histoire de l'Ordre de Saint-Benoît…, Paris chez Jean-Baptiste Coignard, rue Saint-Jacques à la Bible d'or, 1684, chapitre XLVIII, p. 224. chapitre XXXV, p. 596.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  2. Gérard Moyse, directeur des Archives départementales de la Côte-d'Or, Les origines du monachisme dans le diocèse de Besançon (Ve – Xe siècles), Bibliothèque de l'école des chartes, 1973, vol. 131, [lire en ligne], p. 369-485
  3. Maurice Chaume, Les Origines du duché de Bourgogne, Académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon, 1925. Dans son testament l'abbé Widrad ou Guiré énonce cette fondation.
  4. Notice no PA00112454, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  5. J. Marlier, Testamentum Wideradi cenobii Flaviniacensis abbatis, 1970-1971.
  6. Moine anonyme de la congrégation de Saint-Maur dans son, Abrégé de l'Histoire de l'Ordre de Saint Benoîst…, chapitre XLVIII, Paris, 1684, p. 224.
  7. Louis Bordet, Joseph Galimard - Restes de l'ancienne basilique de l'abbaye de Flavigny
  8. André Joseph Ansart, Histoire de sainte Reine d'Alise et de l'abbaye de Flavigny, 1783, [lire en ligne]
  9. [PDF] A. Rousset, Extrait du Dictionnaire Géographique, Historique et Statistique des communes de la Franche-Comté : Grozon (39), t. III, cegfc.net, (lire en ligne), p. 10.
  10. Joël Le Gall, et l'abbé Jean Marilier, op.cit, p. 254.
  11. Ernest Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, t.2.
  12. [1]
  13. Georges Viole, La Vie de Sainte Reine… Autun, 1660, p. 36.
  14. http://www.bm-dijon.fr/.../MEMOIRES%20CACO/.../1982-1983-033-21-171-191-1416273.pdf