René Coty

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René Coty
Illustration.
Portrait officiel de René Coty (1954).
Fonctions
Membre du Conseil constitutionnel français

(3 ans, 8 mois et 17 jours)
Président Léon Noël
Président de la République française

(4 ans, 11 mois et 23 jours)
Élection 23 décembre 1953
Président du Conseil Joseph Laniel
Pierre Mendès France
Edgar Faure
Guy Mollet
Maurice Bourgès-Maunoury
Félix Gaillard
Pierre Pflimlin
Charles de Gaulle
Prédécesseur Vincent Auriol
Successeur Charles de Gaulle
Vice-président du Conseil de la République

(5 ans, 1 mois et 26 jours)
Réélection



Président Gaston Monnerville
Ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme

(9 mois et 14 jours)
Président Vincent Auriol
Président du Conseil Robert Schuman
André Marie
Gouvernement Schuman I
Marie
Schuman II
Prédécesseur Jean Letourneau
Successeur Eugène Claudius-Petit
Conseiller de la République

(5 ans, 1 mois et 16 jours)
Élection 7 novembre 1948
Réélection
Circonscription Seine-Inférieure
Sénateur

(7 ans, 11 mois et 18 jours)
Élection
Circonscription Seine-Inférieure
Député

(3 ans et 13 jours)
Élection 21 octobre 1945
Réélection 2 juin 1946
10 novembre 1946
Circonscription Seine-Inférieure
Législature 1re et 2de constituantes
Ire (IVe République)

(11 ans, 11 mois et 21 jours)
Élection
Réélection mai 1924
avril 1928
mai 1932
Circonscription Seine-Inférieure
Législature XIIe-XIIIe-XIVe-XVe
Biographie
Nom de naissance Jules Gustave René Coty
Date de naissance
Lieu de naissance Le Havre (France)
Date de décès (à 80 ans)
Lieu de décès Le Havre (France)
Nature du décès Infarctus du myocarde
Sépulture Cimetière Sainte-Marie (Le Havre)
Nationalité Français
Parti politique AD
CNIP
Conjoint Germaine Corblet
Diplômé de Université de Caen
Profession Avocat
Religion Catholicisme

René Coty
Présidents de la République française

René Coty, né le au Havre et mort le dans la même ville, est un homme d'État français. Il est président de la République du au .

Alternativement député et sénateur de la Seine-Inférieure entre 1923 et 1953, il est ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme de 1947 à 1948 dans le cabinet de Robert Schuman puis d'André Marie. Il est ensuite vice-président du Conseil de la République jusqu'en 1953, date à laquelle il est élu à la présidence de la République, au 13e tour de scrutin.

Second et dernier président de la IVe République, son mandat est marqué par le gouvernement de Pierre Mendès France, la fin de la guerre d'Indochine, le début de la guerre d'Algérie et le retour au pouvoir du général de Gaulle, qui institue la Ve République. En , il quitte ainsi la présidence de la République pour laisser la place à de Gaulle, qu’il qualifie de « plus illustre des Français ».

Il siège ensuite au Conseil constitutionnel jusqu'à sa mort.

Situation personnelle

Naissance et origines

Jules Gustave René Coty naît le au Havre. Il est le fils de Jean Coty, républicain modéré, directeur du collège Saint-Michel (la pension Coty)[1], et de Blanche Sence. Il a deux sœurs, Nelly et Marthe, et deux frères, Marcel et Henri.

Tous les membres de la famille Coty sont Normands et ont exercé des métiers divers tels que cultivateurs, instituteurs ou encore artisans[2].

Formation

En 1899, René Coty obtient un double baccalauréat en sciences et en lettres, avec la mention bien, et part faire ses études à l'université de Caen. En 1900, il est exempté du service militaire pour cause de maigreur. Cette même année, il représente l'association générale des étudiants de Caen au Congrès international de Paris[3]. Deux ans plus tard, en 1902, il obtient une licence en droit et une licence en lettres et philosophie. Il prête serment d'avocat la même année et s'inscrit au barreau du Havre. Spécialiste en droit maritime et commercial, il plaide au civil et au pénal. Mû par un souci de justice sociale, il prend la défense en 1910 de Jules Durand, un syndicaliste injustement accusé d'avoir incité au meurtre d'un ouvrier non gréviste[4].

Par deux fois[Quand ?], il est bâtonnier de l'ordre des avocats.

Passionné de littérature et de philosophie, il fonde en 1905 le Cercle Vallonges, un cercle littéraire, avec quelques amis, également intéressés par les livres.

Vie familiale

Germaine Corblet, épouse de René Coty.

Le , à l'église Saint-Michel du Havre, il épouse Germaine Corblet, fille d'un armateur havrais. Le couple a deux filles : Geneviève, née en 1908, mariée en 1929 à Louis-Félix Egloff, ingénieur, avec lequel elle a six filles ; et Anne-Marie, née en 1910, épouse en 1932 du docteur Maurice Georges, avec lequel elle a trois filles et un fils. Geneviève et Anne-Marie décèdent toutes deux en 1987.

Parcours politique

Débuts (1909-1914)

Laïque et démocrate, René Coty s'inscrit dans la lignée de Gambetta, Jules Ferry et Waldeck-Rousseau. Il est ainsi considéré comme un modéré.

C'est au printemps[Quand ?] que le jeune René Coty s'engage en politique, lorsqu'il soutient la campagne du député-maire du Havre Jules Siegfried lors des élections législatives.

En 1908, René Coty est élu conseiller municipal du Havre, sur la liste « Union du comité républicain du bloc des Gauches ». Il exerce cette fonction jusqu'en 1919. Un an plus tard, en 1909, il est élu secrétaire général du Grand cercle républicain. Dans sa carrière d'avocat, Coty défend le syndicaliste Jules Durand en 1910, mis en cause dans l'assassinat d'un ouvrier non-gréviste. Ce fait divers inspira Salacrou, qui en fait une pièce, Boulevard Durand, en 1950.

En 1913, élu conseiller général de Seine-Inférieure, il désire se faire entendre, se faisant le défenseur de la vie politique locale. Il sera réélu à quatre reprises, en 1919, 1925, 1931 et 1937.

En 1914, René Coty est engagé volontaire dans le 129e régiment d'infanterie qui fait partie de la division Mangin. Il participe notamment à la bataille de Verdun, tout comme l'ensemble de sa division. En 1918, à la fin de la guerre, Coty reprend sa robe d'avocat et continue à travailler dans son cabinet.

Premiers mandats de député (1919-1932)

René Coty en 1929.

En décembre 1919, René Coty se présente aux élections municipales, et brigue la mairie du Havre, mais est battu. En , il est élu député de la Seine-Inférieure. Il succède à son modèle, Jules Siegfried, prend ses distances avec le Parti radical, dont il ne supporte plus les positions anticléricales[4]. Il rejoint l'Union républicaine et évolue vers la droite. En 1924, il se fait réélire contre un membre du Cartel des gauches[4]. Il s'investit dans son travail parlementaire, et devient membre de plusieurs commissions, dont celle de la marine marchande.

Le , le député Coty est nommé sous-secrétaire d'État à l'Intérieur dans le gouvernement de Théodore Steeg. Il occupe cette fonction dix jours seulement, jusqu'au 23 décembre.

En 1932, il est élu vice-président du conseil général de Seine-Inférieure. La même année, peu après sa réélection à la Chambre des députés, René Coty décide de quitter le barreau pour se consacrer à son travail parlementaire. Cependant, il ouvre un cabinet de conseiller juridique à Paris.

Sénateur de la Seine-Inférieure (1936-1940)

En 1936, René Coty est élu sénateur ; c'est cette même année que le couple Coty s'installe, dans un appartement du quai aux Fleurs. Il devient membre de la commission des Finances. C'est au cours de cette période qu'il rencontre Henri Sacquet[5], journaliste, écrivain et résistant (directeur de l'Agence quotidienne et du Bureau parlementaire), qui fut un ami proche du couple Coty. De 1936 à 1938, il est un opposant du Front populaire[4]. Il commence à réfléchir à des projets de réforme constitutionnelle pour améliorer les insuffisances liées au parlementarisme de la IIIe République[4].

Le , le sénateur Coty vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, avant de se tenir à l'écart de la vie publique. En 1943, cependant, il travaille avec un petit groupe de sénateurs à Paris en faveur de la Libération. De 1944 à 1945, il est automatiquement inéligible, du fait de son vote en faveur du maréchal, en , mais, compte tenu de ses activités en faveur de la Résistance, à la Libération, est relevé de son inéligibilité le par le jury d'honneur.

Député à l'Assemblée nationale constituante (1945-1946)

Lors des élections législatives du 21 octobre 1945 puis de celles de juin 1946 qui doivent désigner une Assemblée nationale constituante, René Coty est à nouveau élu député de la Seine-Inférieure, en tant que républicain indépendant. Il sera réélu aux élections législatives du 10 novembre 1946.

Ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme (1946-1948)

René Coty est nommé ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme dans le premier cabinet de Robert Schuman, du au , dans le cabinet d'André Marie, du 26 juillet au et enfin dans le second cabinet de Robert Schuman, du 5 septembre au .

Sénateur au Conseil de la République (1948-1953)

René Coty en 1948.

Lors des sénatoriales de novembre 1948, Coty retrouve son titre de sénateur de la Seine-Inférieure. En juillet 1949, il devient également vice-président de l'Union parlementaire européenne.

Réélu en 1952, Coty écrit la même année dans son journal personnel que sa « candidature à l'Élysée semble sérieusement envisagée par des gens sérieux ». Coty évoque alors, par le biais de cette éventuelle candidature, la succession du président de la République sortant, Vincent Auriol, qui ne songe pas à se représenter pour un second mandat de sept ans.

Président de la République (1954-1959)

Victoire à la présidentielle de 1953

En 1953, le président de la République, Vincent Auriol, annonce qu'il ne briguera pas un second mandat. Le président du Conseil des ministres, Joseph Laniel, est alors favori pour succéder au président Auriol.

Vice-président du Conseil de la République en 1948, René Coty approchait de ses soixante-douze ans à la fin de 1953, et sa candidature à l'Élysée pour succéder au président Vincent Auriol n'était pas une évidence, d'autant plus que la tradition sous la Troisième et Quatrième République était d'élire le plus souvent le président du Conseil de la République (ancien Sénat), à ce moment-là Gaston Monnerville[6]. Ainsi, pour la première fois, alors que jusque-là le président de la République était rapidement élu dès le premier tour ou éventuellement au second, le scrutin s'éternisa lors de l'élection de 1953 ; Joseph Laniel, candidat de la droite et président du Conseil, n'arriva jamais à obtenir la majorité absolue, nécessaire dans ce genre d'élection.

Après le dixième tour, il se retira au profit de Louis Jacquinot, lequel fit encore moins bien, passant même au-dessous de son rival socialiste, Marcel-Edmond Naegelen ; il se retira à son tour au profit de René Coty, ancien ministre de l'Urbanisation et de la Reconstruction, qui, sans être candidat et alors opéré de la prostate (cette hospitalisation lui évitant de se prononcer pour ou contre la Communauté européenne de défense)[7], avait obtenu 71 voix. Cette fois, le nouveau candidat de la droite passa d'emblée à douze voix de la majorité absolue ; on décida de procéder immédiatement au 13e tour de scrutin et René Coty fut largement élu, le . Le nouveau président de la République entra en fonction le , après la cérémonie de passation des pouvoirs avec son prédécesseur Vincent Auriol, lors d'une cérémonie au palais présidentiel de l'Élysée.

Exercice du mandat

René Coty en 1954.
René Coty en visite d’État aux Pays-Bas (1954).

Dans les attributions étroites que la Constitution de 1946 lui donnait, il devient vite populaire auprès des Français, ainsi que son épouse, Germaine Coty.

En , il refuse de nommer Pierre Mendès France président du Conseil, bien que celui-ci soit le chef de file naturel de la coalition de Front républicain, qui venait de l'emporter, lui préférant Guy Mollet, chef de la SFIO. Le programme de cette coalition de centre-gauche était la recherche d'une paix négociée en Algérie.

En 1958, la tension politique due à la guerre d'Algérie est à son comble, et le putsch d'Alger fait craindre un coup d'État militaire. René Coty fait appel « au plus illustre des Français », le général de Gaulle et le nomme président du Conseil le 1er juin, le général de Gaulle est chargé de former le nouveau gouvernement.

Pour contrer l'opposition de l'Assemblée nationale dominée par la gauche, il menace de démissionner sur-le-champ en cas de refus d'investiture du Général. Cette menace conduit la moitié des députés socialistes et radicaux à accepter de Gaulle comme président du Conseil. Il confie alors à Charles de Gaulle la tâche de constituer un gouvernement. À ce sujet, Pierre Mendès France déclare plus tard : « C'est parce que le Parlement s'est couché qu'il n'y a pas eu de coup d'État ! ».

Fin de mandat

La Constitution de la Ve République est promulguée le 4 octobre. Elle disposait dans son article 91 que les pouvoirs du président en fonction expireraient à l'issue de l'élection du nouveau président, ce qui fait que le septennat de René Coty fut interrompu ; il transmet ses pouvoirs au général le en déclarant « le premier des Français est désormais le premier en France ». Il désapprouvera cependant le recours au référendum de 1962 pour décider de l'élection présidentielle au suffrage universel.

Membre du Conseil constitutionnel (1959-1962)

Membre de droit du Conseil constitutionnel, il est élu à l'Académie des sciences morales et politiques. Il occupe alors le fauteuil IV de la Section III (Législation, droit public et jurisprudence)[8].

Mort et funérailles nationales

René Coty meurt au Havre le , à 80 ans, victime d'une crise cardiaque. Le général de Gaulle prononce son éloge lors des obsèques nationales célébrées au Havre le 27 novembre suivant. Pour caractériser la personnalité de René Coty, il cita Jean de La Bruyère : « La modestie est au mérite ce que les ombres sont aux figures dans un tableau : elle lui donne force et relief »[9].

Décorations

René Coty a refusé la Médaille militaire par lettre du , ne s'en estimant pas digne[11].

Hommages

Plaque à son domicile, 5 quai aux Fleurs (4e arrondissement de Paris).

Une avenue porte son nom dans le 14e arrondissement de Paris. Il existe également une rue du Président-Coty à Fécamp et dans l'ancienne commune de Villequier, un quartier Président René Coty à Blois, une rue René-Coty à Melun ainsi qu'à Aix-en-Provence, ou encore une avenue du Président René Coty à Abbeville. Une avenue Président René Coty existe aussi à Harfleur, près du Havre. Le principal centre commercial du Havre porte aujourd'hui son nom. L'espace Coty est inauguré en 1999. De plus, une école élémentaire de Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne) porte le nom de René Coty[12].

Dans la culture populaire

Notes et références

  1. Archives nationales
  2. Le patronyme Coty désigne celui « qui est originaire de Coty, de Cotty », noms de plusieurs hameaux breton du même nom, notamment à Kerlaz, Plougasnou et Plouyé. Le nom est surtout porté dans le Finistère. Le toponyme Coty vient lui-même du breton et signifie « la vieille maison », de kozh : « vieux », et de ti : « maison » (Sources : Généanet.org/onomastique).
  3. « René Coty (1882-1962) », sur http://www.elysee.fr.
  4. a b c d et e Yves Morel, « René Coty, second président de la IVe République », La Nouvelle Revue d'histoire, no 88 de janvier-février 2017, p. 52-55.
  5. Augustin Vigin, Correspondance Maurice Schumann-Henri Sacquet, 1998, édition Bruel-Legal, page ??
  6. Jean Lebrun, « René Coty, dernier président avant le suffrage universel », émission La Marche de l'Histoire sur France Inter, .
  7. Daniel Amson, La République du flou, Odile Jacob, (lire en ligne), p. 79.
  8. Liste des académiciens appartenant à la Section III de l'ASMP.
  9. Charles de Gaulle, Discours et messages pour l'effort. 1962-1965.
  10. « Au Président de la République française, M. René Coty (13 mai 1957) | PIE XII », sur w2.vatican.va (consulté le ).
  11. « http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/leonore_fr », sur www.culture.gouv.fr (consulté le ).
  12. Mairie de Dammarie-lès-Lys (77), « Les écoles de Dammarie-lès-Lys », sur http://www.mairie-dammarie-les-lys.fr/, (consulté le ), n°1.

Voir aussi

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Archives

  • Les papiers personnels de René Coty sont conservés aux Archives nationales sous la cote 452AP.
  • Archives de la présidence de la République : Vincent Auriol, René Coty, La Documentation Française, 2002.

Liens externes