Vertige

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Vertige
Description de cette image, également commentée ci-après
Nystagmus : Mouvements de l'œil durant une sensation de vertige.
Causes VPB, Ménière, AVC, labyrinthite, tumeur du cerveau, TC, SEP, migraine
Symptômes Sensations de rotation, de déséquilibre, vomissement, trouble de la marche

Traitement
Différentiel étourdissement, "présyncope"
Spécialité Otorhinolaryngologie, neurologie, audiologiste et orthophonisteVoir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
CISP-2 N17
CIM-10 H81.1, R42
CIM-9 438.85, 780.4
DiseasesDB 29286
eMedicine 1159385
MeSH D014717
Patient UK Vertigo

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Sur le plan médical, le vertige (étymologiquement vertigo vient du latin verso, versare : tourner) est un trouble affectant un sujet dans le contrôle de sa situation dans l'espace, ce qui occasionne une illusion de déplacement du sujet par rapport aux objets environnants ou des objets environnants par rapport au sujet.

Cette illusion de mouvement peut se présenter sous différentes formes :

  • une sensation de rotation « comme dans un manège » ;
  • une sensation de déplacement du corps dans le plan vertical « comme dans un ascenseur » ;
  • une sensation d'instabilité, décrite comme un tangage « comme sur un bateau ».

Cependant, dans le langage courant, la définition de vertige s'est largement étendue, et beaucoup de personnes décrivent comme étant des vertiges d'autres causes d'étourdissements comme l'impression de tête légère, le déséquilibre, la désorientation, l'incoordination, la maladresse, la lipothymie, la syncope[1],[2].

Classification[modifier | modifier le code]

Le vertige est classé soit en vertige d'origine périphérique soit en vertige d'origine centrale selon l'emplacement du dysfonctionnement de la voie vestibulaire[3].

Le vertige causé par des problèmes au niveau de l'oreille interne ou du système vestibulaire, composé des canaux semi-circulaires, du vestibule (utricule et saccule) et du nerf vestibulaire est appelé vertige « périphérique », « otologique » ou « vestibulaire »[4].

Étiologie[modifier | modifier le code]

Périphérique[modifier | modifier le code]

Le vertige paroxystique positionnel bénin[modifier | modifier le code]

Le vertige paroxystique positionnel bénin (VPPB) est la cause la plus fréquente de vertige, particulièrement chez les personnes âgées. Il est causé par la formation d'otolithes et à leur migration au niveau des canaux semi-circulaires de l'oreille interne. Typiquement, les patients touchés se plaignent de brèves périodes de vertige déclenchées par un changement rapide de position de la tête.

La névrite vestibulaire[modifier | modifier le code]

La névrite vestibulaire est causée par une inflammation du nerf vestibulaire de nature infectieuse ou para-infectieuse. Le symptôme principal est le début aigu du vertige rotatoire sévère, prolongé, associé à un nystagmus spontané horizontal, le déséquilibre postural et les nausées sans dysfonction auditive concomitante.

La maladie de Ménière[modifier | modifier le code]

La maladie de Menière est une autre cause de vertige périphérique. Elle se caractérise par des crises de vertige grave spontané accompagnées de nausées et de vomissements, d'acouphènes de basse fréquence, de perte auditive fluctuante et d'un sentiment de plénitude ou de blocage de l'oreille affectée.

Central[modifier | modifier le code]

Infarctus cérébelleux[modifier | modifier le code]

L'infarctus cérébelleux aigu sur le territoire de l'artère cérébelleuse antérieure inférieure ou de l'artère cérébelleuse postérieure inférieure, est une cause centrale de vertige. Ce vertige peut résulter de l'ischémie pontomédullaire du tronc cérébral près des noyaux vestibulaires. Dans un infarctus cérébelleux, le nystagmus est dans la direction du regard et le plus visiblement ipsilatéral à la lésion et ne peut pas être supprimé par la fixation visuelle. Les constatations du moteur oculaire sont souvent présentes dans la maladie du tronc cérébral comme le nystagmus optimiste ou négatif ou le nystagmus dysconjugué.

Migraine vestibulaire[modifier | modifier le code]

Il s'agit d'une migraine avec signes vestibulaires prédominants.

Diagnostic[modifier | modifier le code]

L'interrogatoire et l'examen clinique (manœuvre diagnostique) permettent un diagnostic rapide chez plus des 3/4 des patients[5]. Les manœuvres diagnostiques des vertiges paroxystiques positionnels bénins (VPPB) et la recherche des signes d'atteinte du contrôle cérébelleux de l'oculomotricité et de la fonction vestibulaire orientent le diagnostic, de même que l'examen du patient « vertigineux »[5].

Physiopathologie[modifier | modifier le code]

L'équilibre est la stabilisation du corps et des yeux, car, pour voir nettement, il faut que l'image reste stable sur la fovéa, de même lorsque le sujet est immobile et que les objets bougent ou lorsque les yeux bougent. C'est donc un système statique et dynamique.

Trois systèmes sont impliqués dans l'équilibre :

Les informations données par ces trois systèmes convergent et sont comparées aux informations précédemment gardées. Au niveau des noyaux vestibulaires et dans leur voisinage immédiat se constitue un véritable centre primaire d'équilibration.

Le système vestibulaire est le seul système sensoriel qui ne soit pas conscient, et la sensation d'équilibre ne devient consciente que lorsqu'il existe une incoordination entre les informations venant de ces trois systèmes et celles qui étaient gardées antérieurement. Cette différence est alors perçue d'une façon désagréable sous la forme d'une sensation de déséquilibre ou de mal de mer. Lorsqu'il existe une atteinte du vestibule, c'est au niveau des yeux et des pieds qu'apparaissent les troubles.

Les connexions vestibulaires sont multiples et complexes. Il en existe essentiellement de trois types :

  • visio-vestibulaires mettant en jeu les mouvements oculaires conjugués ;
  • cérébello-vestibulaires où le cervelet apparaît comme le coordinateur des connexions vestibulaires ;
  • vestibulo-spinal mettant en jeu le système proprioceptif avec des récepteurs cervicaux et plantaires.

Pour qu'apparaissent un vertige, il peut se produire une altération au niveau :

  • du récepteur : le labyrinthe postérieur (vestibule) ;
  • du nerf vestibulaire ;
  • des noyaux vestibulaires.

Prévalence[modifier | modifier le code]

50 % des patients ont fait ou feront l’expérience d’un vertige[6] ; un patient sur sept a connu ou connaîtra une grande crise de vertige ou de déséquilibre aigu. Ce symptôme touche 5 % de la clientèle d’un généraliste[6], un spécialiste étant consulté dans 37 % des cas[6], avec une cause grave et potentiellement mortelle découverte dans 2 % des cas (accident ischémique cérébral embolique ; des accidents aéro-emboliques lors d'une plongée sous-marine avec bouteille affectent l’oreille interne et peuvent être associés à de graves atteintes médullaires)[6]. 35 % des patients conduits aux urgences présentent des vertiges positionnels paroxystiques bénins ; 6 % présentent de premières manifestations de la maladie de Menière[6] et 6 % de névrite vestibulaire ou moins souvent une fracture du rocher ou des complications infectieuses (dont la labyrinthite infectieuse, rare)[6]. L'apnée du sommeil, par la privation d'oxygène de certaines zones du cerveau ou de l'oreille interne, peut être à l'origine, pas toujours diagnostiquée, d'un vertige vrai très violent.

Histoire, soins[modifier | modifier le code]

Les anciens recommandaient comme remède préventif une plante médicinale, la couleuvrée[7] (nom qui peut désigner trois plantes différentes aujourd'hui).

Traitement[modifier | modifier le code]

Le traitement de la cause est parfois possible.

La bétahistine est le médicament le plus utilisé[8] mais son efficacité est non établie[9].

Le vertige paroxystique positionnel bénin répond à certaines manœuvres permettant le déplacement des otolithes.

La rééducation vestibulaire permet d'améliorer les symptômes s'ils sont chroniques[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) S. Traccis, G.F. Zoroddu, M.T. Zecca, T. Cau, M.A. Solinas et R. Masuri, « Evaluating patients with vertigo : bedside examination », Neurol Sci, no 24,‎ , S16-S19 (lire en ligne).
  2. (en) R.P. Rowland et T.A. Pedley, Merritt's Neurology, Philadelphia, , p. 38-43.
  3. (en) FJ Wippold 2nd et PA Turski, « Vertigo and hearing loss », AJNR. American journal of neuroradiology, vol. 30, no 8,‎ , p. 1623–1625 (PMID 19749077, lire en ligne).
  4. (en) M Karatas, « Central Vertigo and Dizziness », The Neurologist, vol. 14, no 6,‎ , p. 355–364 (PMID 19008741, DOI 10.1097/NRL.0b013e31817533a3).
  5. a et b M. Toupet, « Diagnostic pratique d'un vertige [Practical diagnosis of vertigo] » EMC - Neurologie, vol. 2, no 4, novembre 2005, pages 463–474. (Résumé)
  6. a b c d e et f M. Toupet, « Vertiges en urgence [Vertigo in emergency] » EMC-Médecine 2005;2(1):82–106. (Résumé)
  7. Guitard Eugène-Humbert (1935), La plante qui préserve du vertige : Dubois, in : La chronique médicale, 1935, no 3, p. 69- 70 Revue d'histoire de la pharmacie, année 1935, volume 23, numéro 90, p. 91-92.
  8. Agus S, Benecke H, Thum C, Strupp M, Clinical and demographic features of vertigo: findings from the REVERT Registry, Front Neurol, 2013;358:48
  9. Harcourt J, Cosentino S, Betahistine for Meniere’s disease, BMJ, 2016;358:i46
  10. van Vugt VA, van der Horst HE, Payne RA, Maarsingh OR, Chronic vertigo: treat with exercise, not drugs, BMJ, 2017;358:j3727

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]