Ștefania Mărăcineanu

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Ștefania Mărăcineanu
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Ștefania Mărăcineanu, née le et morte le [1], est une physicienne roumaine. Elle a travaillé avec Marie Curie pour étudier le polonium. Elle a fait des propositions qui conduiront au prix Nobel d'Irène Joliot-Curie. Mărăcineanu croyait que Joliot-Curie avait utilisé son travail sur la radioactivité induite pour gagner le prix.

Biographie[modifier | modifier le code]

Ștefania Mărăcineanu est née à Bucarest, fille de Sebastian Mărăcineanu[2] et de Sevastia, tous deux alors âgés de 20 ans[3]. On ne sait pas grand-chose de sa vie personnelle. Elle étudie à l'École centrale pour filles dans sa ville natale[4]. En 1907, elle s'inscrit à l'Université de Bucarest, obtenant son diplôme en sciences physiques et chimiques en 1910. Sa thèse de fin d'études, intitulée « L'interférence de la lumière et son application à la mesure de la longueur d'onde », lui a valu un prix de 300 lei. Après avoir obtenu son diplôme, elle enseigne dans les lycées de Bucarest, Ploiești, Iași et Câmpulung[3]. En 1915, elle obtint un poste d'enseignante à l'École centrale pour filles de Bucarest[5], poste qu'elle occupe jusqu'en 1940[3].

Travaux sur la radioactivité[modifier | modifier le code]

Après la Première Guerre mondiale, avec le soutien de Constantin Kirițescu, Mărăcineanu obtient une bourse qui lui permet de se rendre à Paris pour poursuivre ses études. En 1919, elle suit un cours sur la radioactivité à la Sorbonne avec Marie Curie[3]. Par la suite, elle poursuit ses recherches avec Curie à l'Institut du radium jusqu'en 1926. Elle obtient son doctorat de l'Institut du Radium ; sa thèse (publiée en 1924) est lue à la séance de l'Académie française du par Georges Urbain[2]. À l'Institut, Mărăcineanu étudie la demi-vie du polonium et conçoit des méthodes de mesure de la désintégration alpha[6]. Ce travail l'amène à croire que des isotopes radioactifs pouvaient se former à partir d'atomes à la suite d'une exposition aux rayons alpha du polonium, une observation qui conduira Joliot-Curie au prix Nobel en 1935[7].

En 1935, Frédéric et Irène Joliot-Curie remportent le Prix Nobel de physique pour la découverte de la radioactivité artificielle, bien que toutes les données montrent que Mărăcineanu est la première à le faire. En effet, Ștefania Mărăcineanu exprime son désarroi face au fait qu'Irène Joliot-Curie ait utilisé une grande partie de ses observations de travail concernant la radioactivité artificielle, sans le mentionner. Mărăcineanu affirme publiquement avoir découvert la radioactivité artificielle au cours de ses années de recherche à Paris, comme en témoigne sa thèse de doctorat, présentée plus de 10 ans plus tôt. Dans le livre A devotion to their science: Pioneer women of radioactivity, il est mentionné que « Mărăcineanu écrivit à Lise Meitner en 1936, exprimant sa déception qu'Irène Joliot-Curie, à son insu, ait utilisé une grande partie de son travail, notamment celui lié à la radioactivité artificielle »[5].

Mărăcineanu étudie également la possibilité que la lumière du soleil induise de la radioactivité avec l'astronome français Henri Deslandres ; travaux contestés par d'autres chercheurs[6]. Néanmoins, un article de 1927 du Geraldton Guardian remarque : « Le radium moins cher est annoncé dans une communication à l'Académie française des sciences par une jeune scientifique, Mlle Maricaneanu [sic], qui [...] au moyen de longues expériences de laboratoire, a pu démontrer que le plomb exposé longtemps au soleil récupère ses propriétés radioactives. Le mécanisme de cette transformation [...] est un mystère complet, mais il est considéré comme d'une telle importance pour la science médicale que d'autres travaux de recherche approfondis doivent être poursuivis »[8].

Mărăcineanu continue de travailler à l'Observatoire de Paris jusqu'en 1929, après quoi elle retourne en Roumanie et commence à enseigner à l'Université de Bucarest[3]. Elle réalise des expériences sur le lien entre la radioactivité et les précipitations, et les précipitations avec les tremblements de terre[6].

Le , Nicolae Vasilescu-Karpen donne une conférence à l'Académie des sciences de Roumanie sur La radioactivité artificielle et les travaux roumains dans ce domaine, qui contient des allusions claires aux recherches de Mărăcineanu effectuées les années précédentes. Le , elle demande à l'Académie des sciences de reconnaître la priorité de ses travaux[2]. Sa demande est acceptée et le 21 décembre 1937, elle est élue membre correspondant de l'Académie roumaine des sciences, section physique[9]. En 1937, elle est nommée directrice de la recherche par l'Académie et, en 1941, elle est promue professeure associée[2].

Fin de vie[modifier | modifier le code]

Mărăcineanu se retrouve à la retraite d'office à l'âge de 60 ans, en 1942[3]. Elle meurt en 1944 d'un cancer, apparemment dû à une irradiation[2],[10]. Selon certaines sources, elle est enterrée au cimetière Bellu à Bucarest, bien que d'autres sources ne soient pas d'accord sur ce point[2],[3].

Hommages[modifier | modifier le code]

En , un Google Doodle lui rend hommage[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ștefania Mărăcineanu » (voir la liste des auteurs).
  1. « Stéfania Maracineanu (1882–1944) » Accès libre, sur data.bnf.fr (consulté le )
  2. a b c d e et f (en) Fontani, Orna, Costa et Vater, « Science is Not a Totally Transparent Structure: Ștefania Mărăcineanu and the Presumed Discovery of Artificial Radioactivity », Substantia, Firenze University Press, vol. 1, no 1,‎ , p. 77–96 (DOI 10.13128/Substantia-14, lire en ligne)
  3. a b c d e f et g (ro) Șerban, « Ștefania Mărăcineanu – Biografia » Accès libre, sur stefania-maracineanu.ro (consulté le )
  4. (ro) « Absolvenți ai Școlii Centrale care au adus o contribuție importantă la dezvoltarea culturii, artei, științei, economiei » Accès libre [PDF], sur cnscb.ro, Școala Centrală (consulté le )
  5. a et b (en) Marelene F. Rayner-Canham et Geoffrey Rayner-Canham, A Devotion to Their Science: Pioneer Women of Radioactivity, Chemical Heritage Foundation, , 87–91 p. (ISBN 0941901157, lire en ligne Accès limité)
  6. a b et c (en) Marilyn Bailey Ogilvie et Joy Dorothy Harvey, The Biographical Dictionary of Women in Science: L-Z, Taylor & Francis, , 1499 p. (ISBN 041592040X, lire en ligne Accès limité), p. 841
  7. (en) Ibrahim Dincer et Călin Zamfirescu, Sustainable Energy Systems and Applications, Springer Science & Business Media, , 816 p. (ISBN 0387958614, lire en ligne Accès limité), p. 234
  8. (en) « Radium in lead roofing » Accès libre, Geraldton, Australia, Geraldton Guardian, , p. 1
  9. (en) « List of Members of the Romanian Academy of Sciences in 1943 » [archive du ] Accès libre [PDF], sur aos.ro
  10. (ro) Rogai, « Un paradox românesc – Celebri în lume, acasă necunoscuți – Ștefania Mărăcineanu » Accès libre, Formula AS, (consulté le )
  11. (en) « Il y a 140 ans naissait Ștefania Mărăcineanu » Accès libre, sur google.com, (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Natalie Pigeard-Micault, Les femmes du laboratoire de Marie Curie, Éditions Glyphe, , 297 p. (ISBN 978-2358151115)
  • (ro) Avram Arina, Femei celebre din România : Mică enciclopedie 2, Elefant Online, , 339 p. (ISBN 9789737248480)
  • (ro) Catalin Hideg et Lucian Ștefan Cozma, Zidul tăcerii: Incursiuni în știința secretă, Golea Daniela Georgiana, , 398 p. (ISBN 9786065241824, lire en ligne), p. 24-25
  • (en) Dorel Bucurescu, « A Reconsideration of Ştefania Mărăcineanu’s Measurements of Polonium-210’s Half-Life: Understanding Her Claim to the Discovery of Artificial Radioactivity », Physics in Perspective, vol. 22, no 1,‎ , p. 162–181 (DOI 10.1007/s00016-020-00259-9)

Liens externes[modifier | modifier le code]