Œuvres de Cicéron

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Cicéron est considéré comme le plus grand auteur latin classique, tant par son style que par la hauteur morale de ses vues. En complément de sa biographie, voici une liste d'œuvres qui ont été traduites et publiées en France[1].

Palimpseste du De Republica (Bibliothèque vaticane, codex 5757, fol. 277r).

Plaidoiries et discours[modifier | modifier le code]

Parmi les discours de Cicéron, quatre-vingt-huit sont connus, cinquante-huit ont été conservés, les autres sont repérés par leurs titres cités dans d'autres textes ou par des fragments[2]. Ils sont répartis en trois périodes, avant, pendant et après l'année consulaire de -63. Plusieurs discours furent réarrangés et amplifiés, certains n'étant même pas prononcés en public[3]. Voici une liste des principaux. Ceux dont le titre commence par le mot Pro ou In sont des plaidoiries composées à l'occasion de procès, Pro précédant le nom de la partie représentée par Cicéron et In celui de la partie adverse.

Traités de rhétorique[modifier | modifier le code]

Sept ouvrages de Cicéron nous sont conservés, traitant de l'art de la rhétorique :

La datation du De optimo genere oratorum, (Sur le meilleur genre d'orateur) est incertaine, la chronologie de Kany-Turpin la propose en 52, sans certitude[4]

Œuvres philosophiques[modifier | modifier le code]

Cicéron donne lui-même une liste de ses traités philosophiques dans le De divinatione. Quoique non chronologique et ne citant pas les textes postérieurs à l'année 45, elle permet d'avoir le titre de plusieurs ouvrages disparus[6]. On comptabilise probablement 28 écrits philosophiques et rhétoriques et excepté les deux œuvres de jeunesses, ils furent composés entre -55 et -43[3].

Durant sa période de retraite politique, Cicéron produit en 45 et début 44 des ouvrages philosophiques à un rythme intense[7] :

Lettres[modifier | modifier le code]

La correspondance de Cicéron fut abondante tout au long de sa vie. Il nous reste quelque 800 lettres, une très grande partie fut perdue, et une centaine des réponses qui lui ont été adressées. Nous pouvons ainsi suivre mois après mois à partir de fin novembre 68, date de la première lettre conservée[8], jusqu'à sa mort en 43, son évolution politique et philosophique, ses relations personnelles et familiales, et ses projets rédactionnels. Il prévoyait de publier un florilège de cette correspondance[9]. Cette correspondance, ainsi que les Discours, donnent aux historiens de nombreux témoignages sur divers aspects de la vie de l'époque, dont les activités financières et commerciales de la couche supérieure de la société formée par les sénateurs, les chevaliers, les banquiers et les grands commerçants (negociatores)[10]. Pour ces derniers, les écrits de Cicéron permettent d'en recenser environ 90 avec lesquels il est entré en relation[11]. Un autre ensemble de 111 lettres regroupées au livre XIII des epistulae ad familiares, sont des lettres de recommandation, qui constituent des documents illustrant la pratique du clientélisme à Rome, présenté comme le développement de relations d'amitié[12].

Les lettres sont regroupées par destinataires :

La publication de ces lettres, durant l'Antiquité, se fera de manière posthume, à partir des archives de son affranchi Tiron et celles d'Atticus.

Très rapidement, les lettres de Cicéron sont utilisées comme support pour l'enseignement de la rhétorique et de l'éloquence. Ainsi Marcus Cornelius Fronto en choisit des extraits pour ses élèves les empereurs Marc Aurèle et Lucius Verus[13]

La correspondance de Cicéron a été perdue de vue durant le Moyen Âge, et retrouvée lors du Trecento par Pétrarque.

Jérôme Carcopino dans une étude de ces lettres titrée « Les secrets de la correspondance de Cicéron » a brossé un portrait à charge de Cicéron particulièrement sévère[14].

Poésie[modifier | modifier le code]

Cicéron s'insère dans la période creuse de la poésie latine qui sépare Accius de Catulle[15]. La plupart de ses poésies sont des œuvres composées dans sa jeunesse, ou après son ralliement à César[16]. De ces poésies, on ne possède que des fragments tirés d'auto-citations de Cicéron, dont un seul est de quelque étendue.

Plutarque mentionne un petit poème, Pontius Glaucus, composé par Cicéron dans son extrême jeunesse[17], peut-être vers ses quinze ans, soit avant 90 av. J.-C.. Il n'en reste aucun fragment[18].

Le Marius est une épopée sur Marius, son compatriote d’Arpinum. L'ouvrage n'est pas daté avec certitude, il date peut-être de 86, quand Cicéron avait vingt ans. Il en reste un passage de 13 vers, qui décrit la lutte dans un arbre entre un serpent et un aigle finalement victorieux, un présage qui annonce à Marius sa gloire et son retour à Rome[19],[20].

Le De consulatu suo (De son consulat) écrit en trois chants en 60 av. J.-C. Le poème se veut historique, le premier chant mentionnait le prodige du feu qui se rallumait de lui-même sur l'autel domestique où sacrifiait Terentia, l'épouse de Cicéron, en signe d'approbation divine. 78 vers du second chant sont conservés, que Cicéron cite dans le De divinatione et qui consiste en une prédication énoncée par la muse Uranie[21]. Le troisième chant contient une exhortation, adressée par Uranie à Cicéron, de ne pas dévier pendant son consulat de la voie de la vertu et de l'honneur[22]. Dans ce poème se trouve le vers que Juvénal a ridiculisé[23] :

« O fortunatam natam me consule Romam[24] ! (Ô Rome fortunée, sous mon consulat née !)  »

On y trouve aussi dans un passage non situé Cedant arma togae (Que les armes le cèdent à la toge), revendication de la supériorité du pouvoir civil sur le militaire, qui reste célèbre[25].

Le De temporibus meis (Sur les vicissitudes de sa vie) est composé en 56 av. J.-C. en trois chants, mais non publié[26], 2 vers sont conservés. En 54, Cicéron envoya son texte à César, qui trouva beau le premier livre, mais estima que les deux suivants étaient un peu négligés[26].

Un poème sur l'expédition de César en Bretagne n'est connu que par des lettres à Quintus de novembre et décembre 54[27], par laquelle Cicéron cherchait un messager pour le faire parvenir à César. Il n'en reste aucun fragment[28].

Dans sa jeunesse, Cicéron a également traduit ou plutôt adapté en latin des poèmes grecs, comme les Phénomènes d'Aratos de Soles[29].

Éditions anciennes[modifier | modifier le code]

Les éditions complètes les plus estimées et citées au XIXe siècle par le dictionnaire Bouillet sont celles :

Traductions anciennes[modifier | modifier le code]

Plusieurs ouvrages ont été traduits séparément par Pierre-Joseph Thoulier Olivet, Athanase Auger, Nicolas-Hubert Mongault, Jean Bouhier de Savigny, Giovanni Francesco Mauro Melchior Salvemini da Castiglione, Jean-Marie-Bernard Clément, Jean-Jacques de Barrett, Pierre-Claude-Bernard Guéroult, Jean-Louis Burnouf, Abel-François Villemain, Gaillard, etc.

On doit à Joseph-Victor Leclerc une traduction complète de Cicéron, avec le texte en regard et des notes, 1821-1825, 30 volumes in-8; on le trouve également traduit dans les collections Panckoucke et Nisard.

Une édition complète de 1827 par Joseph Victor Le Clerc éditée chez Werdet et Lequien fils en 35 volumes in-8. Basée sur Plutarque et très critique quant aux diverses traductions antérieures, notamment celle de Middleton mais dont il reconnait l'intérêt en tant que qu'ouvrage de référence .

Traductions contemporaines[modifier | modifier le code]

Plaidoiries et discours[modifier | modifier le code]

Cicéron, Discours [détail des éditions] (lire en ligne)

Pro Murena[modifier | modifier le code]

Pro Murena ; tr. Nicolas Waquet, in "Petit manuel de campagne électorale", Traduit et préfacé par Nicolas Waquet, Paris : Rivages Poche/Petite Bibliothèque, Payot & Rivages, 2007. p. 128 (ISBN 978-2-7436-1622-9)

Correspondance[modifier | modifier le code]

Les Belles Lettres[modifier | modifier le code]

Autres[modifier | modifier le code]

Cicéron, Correspondance, éd. en 6 tomes, M. de Golbery, Clermont-Ferrand, Paleo, coll. Sources de l'histoire antique, 2004.

Cicéron, De la vieillesse (Cato Major De Senectute) Allia, Paris, 2019, éd. bilingue, trad. Mathieu Cochereau, Hélène Parent, 137 p. (ISBN 979-10-304-1163-8).

Poésie[modifier | modifier le code]

Aratea. Fragments poétiques ; éd. et tr. J. Soubiran. Paris : les Belles Lettres, 1972. (Collection des Universités de France). 386p. (ISBN 2-251-01086-6).

Philosophie[modifier | modifier le code]

Sans la raison, nous ne sommes que folie (Paradoxa stoicorum) Allia, Paris, 2016, éd. bilingue, trad. Mathieu Cochereau, Hélène Parent, 79 p. (ISBN 979-10-304-0422-7).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. George Hacquard, Jean Dautry, O Maisani, Guide romain antique, Hachette, 1963, (ISBN 2-01-000488-4)
  2. Cicéron, Fragments. titre des discours entièrement perdus, Œuvres complètes, tome IV, trad. Nisard, 1864, Paris, lire en ligne
  3. a b c d e et f Collectif, Historiens romains. Historiens de la République, t. 2 : César, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , « Table analytique, première partie, entrée « Tullia (gens) » », p. 940-944
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r Kany-Turpin 2004, p. 368-368
  5. a b c d e f g h i j et k Muller 1990, p. 158
  6. Cicéron, De divinatione, livre II, 1
  7. a b c d et e Muller 1990, p. 164
  8. Grimal 1986, p. 136
  9. Les Belles Lettres, p. 9. Se base sur Att', XVI, 5. A noter que les 70 lettres dont il parle sont inconnues.
  10. Nicolet 2001, p. 94
  11. Nicolet 2001, p. 203
  12. Deniaux 1993, p. 1.
  13. Voir par exemple la lettre à Marc Aurèle, Ad Antoninum Imp. ii 5, 163 A.D. se terminant par: "Epistulis Ciceronis nihil est perfectius". [1]
  14. Carcopino 1947-1957
  15. Stroh 2010, p. 252
  16. Plutarque, Vie de Cicéron, II et XL
  17. Plutarque, Vie de Cicéron, II
  18. N. Grimal
  19. Cicéron, De divinatione, I, XLVII
  20. N. Grimal
  21. Cicéron, De divinatione, I, IX
  22. N. Grimal
  23. Juvénal, Satire X, 115-132
  24. Vers rapporté par Quintilien, IX, 4; XI, 1
  25. Pernot 2000, p. 161
  26. a et b N. Grimal
  27. Cicéron, Ad Quintum, III, 8 et III, 9
  28. N. Grimal
  29. Pierre-Jacques Dehon, « Aratos et ses traducteurs latins: de la simple transposition à l'adaptation inventive », Revue belge de philologie et d'histoire _ Antiquité, t. 81 fasc. 1, 2003, p. 93-115 (lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Traductions[modifier | modifier le code]

Ouvrages généraux[modifier | modifier le code]

  • Jérôme Carcopino, Les secrets de la correspondance de Cicéron, Paris, 1947-1957
    compte-rendu de lecture d'Alfred Merlin, Journal des savants, 1947, vol. 2, n° 1, pp. 126-143. [2]
  • Élizabeth Deniaux, Clientèles et pouvoir à l'époque de Cicéron, École Française de Rome, coll. « Publications de l'École française de Rome » (no 182-1), , 640 p. (lire en ligne)
  • Pierre Grimal, Cicéron, Fayard, (ISBN 978-2-213-01786-0)
  • Philippe Muller, Cicéron : un philosophe pour notre temps, Lausanne, L'Âge d'homme, , 320 p. (ISBN 2-8251-0033-1, lire en ligne)
  • Claude Nicolet, Rome et la conquête du monde méditerranéen 264–27 av. J.-C., Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio, l'Histoire et ses problèmes », , 10e éd. (1re éd. 1979), 462 p. (ISBN 2-13-051964-4)
  • Wilfried Stroh (trad. de l'allemand par Sylvain Bluntz), La puissance du discours. Une petite histoire de la rhétorique dans la Grèce antique et à Rome, Paris, Les Belles Lettres, , 514 p. (ISBN 978-2-251-34604-5) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Laurent Pernot, La Rhétorique dans l'Antiquité, Paris, Librairie Générale Française, coll. « Le Livre de poche / Antiquité », , 351 p. (ISBN 2-253-90553-4) Document utilisé pour la rédaction de l’article

Articles[modifier | modifier le code]

  • Bernard Jean-Emmanuel, « Pragmatisme et souci du style dans la Correspondance de Cicéron (Septembre 45-6 août 44) », Vita Latina, N°171, 2004, pp. 15-24. [3]
  • Elisabeth Pellegrin et Giuseppe Billanovich, « Un manuscrit de Cicéron annoté par Pétrarque au British Museum », Scriptorium, t. 8, no 1,‎ , p. 115-117 (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]