Ālayavijñāna

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L'ālayavijñāna (sanskrit), désigne dans l'école Yogācāra du bouddhisme la conscience fondamentale ou conscience receptacle[1], psychisme de fonds[2]. Tandis que les autres écoles bouddhistes postulent six consciences (vijnana), celle-ci en admet deux autres, kliṣṭamanas (la conscience mentale souillée) et l'ālayavijñāna[3].

Introduction[modifier | modifier le code]

La conscience fondamentale, ou "base de tout", est le réceptacle[4] des traces karmiques (ālaya signifie "réserve", comme dans Himalaya, la "réserve de neige"). C'est elle qui suscite l'activité de conscience aveuglée par la croyance en un "soi". L'existence de cette conscience est enseignée par l'école Cittamātra. L'école Madhyamaka a critiqué ce concept et l'a réinterprété pour désigner la vacuité.

En psychologie occidentale, on pourrait l'assimiler plus ou moins à l'inconscient :

Asanga, au début de la Somme du Grand Véhicule, compare ce tréfonds inconscient à un fleuve qui s'écoule, durant cette vie et aussi d'une vie à une autre. Cet inconscient est donc un flux, non une substance, quasi-continuité mais impermanence. L'atman était impersonnel, intemporel, substantiel. L'ālayavijñāna est impersonnel, insubstantiel, sans doute intemporel au sens où son devenir n'est pas datable et repérable, mais engagé dans le devenir et y engageant la partie émergée de la conscience. (Guy Bugault, L'Inde pense-t-elle ?, PUF, 1994)

Consciences[modifier | modifier le code]

La conscience, vijñāna, est l'une des quatre composantes psychiques de la personne, ou plutôt de ce qui est pris pour une personne, et que le bouddhisme étudie comme un ensemble de phénomènes éphémères et impersonnels.

Selon la psychologie bouddhique, il existe six sens : les cinq sens que sont la vue, l'ouïe, le goût, l'odorat, le toucher, ainsi que le sens "mental" (manas), lié aux cinq premiers. À ces six sens correspondent six consciences sensorielles.

Selon l'école Yogācāra, également appelée Cittamātra, il existe, de plus, deux autres consciences ; une conscience souillée, ou kliṣṭamanas, et l'ālayavijñāna.

Idéalisme[modifier | modifier le code]

Le Cittamātra ne reconnait que l'existence des consciences : il n'y a "rien qu'esprit". Son enseignement de l'ālayavijñāna est corollaire de cette pensée ; la dualité sujet-objet est refusée, elle est dite "établie", tandis que la nature conditionnée des phénomènes, leur nature dépendante, seule existe. On aboutit paradoxalement à une conclusion inverse de celle du Madhyamaka pour qui la nature dépendante des phénomènes entraîne leur vacuité et leur absence de nature propre (svabhāva).

Une conscience support[modifier | modifier le code]

Elle constitue un courant continu.

Base[modifier | modifier le code]

L'ālayavijñāna est tant active que passive. Elle est la base, le réceptacle des semences, qui sont la cause de tout ; plus précisément, l'ālayavijñāna est la cause de la manifestation de la conscience souillée, klistamanas.

Résultat[modifier | modifier le code]

L'ālayavijñāna est rétribution, résultat (vipaka). Pourtant, elle est caractérisée par toutes les semences, qui n'ont pas d'autre support.

Cessation[modifier | modifier le code]

À l'atteinte de l'éveil, l'ālayavijñāna cesse, ou encore devient Amalavijñāna, «  conscience pure ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. Paul Masson-Oursel, Esquisse d'une histoire de la philosophie indienne. Geuthner, Paris, 1923.
  2. Jean Filliozat, Les philosophies de l’Inde. Paris, PUF, vol. 932, 2006
  3. (en) The Princeton dictionary of buddhism par Robert E. Buswell Jr et Donald S. Lopez Jr aux éditions Princeton University Press, (ISBN 0691157863), page 31
  4. Étienne Lamotte: L'Alayavijnana (Le Réceptacle) dans le Mahayanasamgraha (Chapitre II). Asanga et commentateurs. Louvain : Imprimerie Orientaliste (Durbecq) - 1935

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]