Événements de janvier

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Événements de janvier 1991
Description de cette image, également commentée ci-après
Char soviétique T-80 en action le à Vilnius.
Informations
Date
Localisation Pays baltes
Caractéristiques
Organisateurs


Actions Retraite soviétique. Indépendance de jure des pays baltes. Dislocation de l'URSS
Bilan humain
Morts 21 civils tués
1 soldat soviétique tué par tir ami
Blessés Plus de 600 blessés

Les événements de janvier (lituanien : sausio įvykiai) ou événements de Vilnius (russe : События в Вильнюсе, sobytia v Vilnioussé, estonien : Vilniuse veresaun) sont la tentative d'invasion des pays baltes en janvier 1991 lorsque les troupes soviétiques, essentiellement composées de soldats russes, pénètrent sur les territoires de l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Elle avait pour objectif de reprendre le contrôle de ces trois petites républiques baltes qui s'étaient déclarées indépendantes une année auparavant. Les affrontements les plus violents eurent lieu à Vilnius, la capitale lituanienne et la plus grande ville du pays.

Contexte[modifier | modifier le code]

Les anciennes républiques socialistes soviétiques baltes (la RSS de Lituanie, la RSS de Lettonie et la RSS d'Estonie) se proclament indépendantes en 1990. La constitution soviétique est officiellement abolie par les indépendantistes et est remplacée par des constitutions propres à chacun des trois états. Des barricades sont construites ainsi que des postes-frontières pour délimiter la Russie et la Biélorussie des pays baltes. Pour faire face à cette escalade politique, les autorités soviétiques ont opté pour la solution de restaurer l'ancien ordre constitutionnel soviétique par la force.

Chronologie[modifier | modifier le code]

Citoyen lituanien non armé debout contre un char soviétique, Vilnius, 13 janvier 1991

Le , les troupes soviétiques envahissent la Lituanie et s'emparent de nombreux bâtiments gouvernementaux lituaniens dont le ministère de la défense à Vilnius, la capitale de la Lituanie[1].

Le , des combats éclatent entre l'armée soviétique et les forces de police lituaniennes. Les troupes soviétiques essayent de s'emparer de l'académie de police de Vilnius, mais en vain[1].

Le , des soldats soviétiques appuyés par des chars T-80 et des véhicules d'infanterie BMP-3 partent à l'assaut de la Tour de Vilnius. 14 personnes sont tuées dans l'attaque et un soldat soviétique est abattu par un tir ami[2].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Immédiatement après la fin des attaques, des manifestations rassemblant plus de 50 000 personnes ont lieu dans la capitale lituanienne, en particulier à l'extérieur du parlement de Lituanie afin de manifester pour conserver l'indépendance du pays. À la suite de ces nombreuses manifestations et protestations, les troupes soviétiques décident de se retirer de la Lituanie dans la journée du [1].

Dans les autres pays baltes[modifier | modifier le code]

En Lettonie[modifier | modifier le code]

Barricade à Riga et graffitis anti-soviétiques (Freedom for Baltic).

En Lettonie, les troupes soviétiques commencèrent leurs attaques le . Les forces spéciales soviétiques, l'OMON, attaquèrent à plusieurs reprises la capitale lettone, Riga[3]. Le , des affrontements éclatent entre les autorités indépendantes lettones et l'OMON. Deux policiers et trois journalistes sont tués et quatre autres policiers lettons sont blessés. Les Soviétiques ont fait état de quelques pertes lors des affrontements mais leur nombre exact n'est pas connu. Après les combats, les soldats soviétiques investirent le bâtiment gouvernemental du Parti communiste de Lettonie. Le même jour, des manifestations rassemblant plus de 100 000 personnes ont lieu à Moscou pour soutenir les indépendantistes lettons[3]. Les opérations cessèrent définitivement le avec le repli des troupes soviétiques.

En 1991, Ansis Epners réalise une chronique des événements de janvier intitulée Requiem de janvier (Janvāra rekviēms, Latvijas hronika no 10/11) pour la télévision lettonne[4].

En Estonie[modifier | modifier le code]

En Estonie, il n'y eut pas de combats. En janvier 1991, des chars soviétiques envahirent l’Estonie mais la population les empêcha de progresser vers la capitale et d'atteindre les bâtiments gouvernementaux estoniens ainsi que la tour de télévision et de radio en formant un bouclier humain[5]. Les chars soviétiques n'ouvrirent pas le feu et se replièrent donc en Russie sans aucune effusion de sang. De ce fait, l'Estonie a récupéré son indépendance de manière pacifique[5].

D'autres incidents éclatèrent le dans les jours qui suivirent le putsch de Moscou, durant lesquels les troupes soviétiques essayèrent de s'emparer de la tour de télévision estonienne à Tallinn, la capitale de l'Estonie, mais leur assaut échoua[6].

Bilan des événements[modifier | modifier le code]

Mémorial dédié aux victimes de l'assaut de la Tour de Vilnius en janvier 1991
Commémoration des événements du à Vilnius.
Mémorial aux Barricades de 1991 à Riga.

La tentative d'invasion mena à l'indépendance de jure des pays baltes qui existait de facto depuis environ un an. L'ONU reconnut ces États indépendants le 17 septembre 1991[7]. De nombreuses manifestations eurent lieu dans tout le Bloc de l'Est, dont notamment en Pologne et en Ukraine pour protester contre la tentative de reconquête par l'URSS. Ces actions précipitèrent la fin de l'URSS en . En Lituanie, au total 14 personnes ont été tuées[8] et 140 autres personnes ont été blessées durant les combats[2], dont la majorité des pertes ont été provoquées lors de l'assaut de la tour de Vilnius le . Cet assaut est souvent comparé dans les médias au Bloody Sunday (Dimanche Sanglant) nord-irlandais[9].

Selon Moscou, le Kremlin n'aurait jamais donné l'ordre de tirer sur des civils[10]. Ce seraient les partisans lituaniens indépendantistes (Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdis), dissimulés dans la population, qui auraient ouvert le feu en premier, ce qui aurait contraint les forces soviétiques à riposter en tirant aveuglément dans la foule[11].

Par la suite, divers incidents furent rapportés en Lituanie avec l'attaque de nombreux postes-frontières par l'OMON jusqu'en . Au total 23 postes-frontières furent brûlés ou détruits[12] et 60 officiers de police furent blessés dans les incidents[13].

En août 1999, la cour de Vilnius a condamné six personnes pour leur participation aux événements de janvier en Lituanie[14],[15].

Chaque année le 13 janvier, la Lituanie commémore la Journée des Défenseurs de la Liberté en souvenir de l'assaut de la Tour de Vilnius[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) A Chronicle of the Events of January 1991 and Later Months, consulté le 19 décembre 2010.
  2. a et b (fr) Lituanie - In memoriam: 13 janvier 1991 à Vilnius, NewropMag. Consulté le 5 juin 2010.
  3. a et b (en) THE HISTORY OF CONFRONTATION, consulté le 19 décembre 2010.
  4. Marcel Martin, Le cinéma soviétique : de Khrouchtchev à Gorbatchev, 1955-1992, L'AGE D'HOMME, , 223 p. (ISBN 978-2-8251-0441-5, présentation en ligne), p. 156
  5. a et b (en) And the freest country is...Estonia? Consulté le 19 décembre 2010.
  6. (ekk) Histoire de l'ETV (télévision estonienne) en 1991, consultée le 19 décembre 2010.
  7. « La Lituanie devient Membre de l’ONU », www.pays-baltes.com (consulté le )
  8. (en) « January 13, 1991 – Lithuania’s ‘Winter War’ », Lituanica (consulté le )
  9. (lt) « Akmenės rajono spauda apie 1991 m. sausio įvykius », www.laisve15.lt,
  10. (en) KREMLIN DID NOT ORDER TROOPS TO USE FORCE, Seattle Post - Intelligencer. 14 janvier 1991. P. a.1.
  11. (en) Kristina Spohr Readman, Germany and the Baltic problem after the Cold War, p. 32.
  12. (en) Human Rights Watch World Report, par HRW. Consulté le 5 juin 2010.
  13. (lt) Valstybés sienos apsauga, www.lka.lt. Consulté le 5 juin 2010.
  14. (lt) Ikiteisminis tyrimas dėl 1991 m. sausio 13 d. įvykių Lietuvoje, Procureur général de Lituanie. Consulté le 14 avril 2013.
  15. (en) Lithuania resumes probe into Soviet 'atrocities' in 1991, RIA Novosti. Consulté le 2 décembre 2012.
  16. (fr) Le 13 janvier — L’engagement à la création d’une Lituanie libre, progressive et juste.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) January 1991 : images of freedom (photographies réunies par Erika Miknevičiūtė, traduction en anglais par Mantas Adomėnas), National Museum of Lithuania, Vilnius, 2005, 158 p. (ISBN 9789955415497)
  • (en) Glasnost in jeopardy: human rights in the USSR, Helsinki Watch, 1991, 180 p. (ISBN 0929692896)
  • (en) Germany and the Baltic problem after the Cold War: The Development of a New Ostpolitik 1989-2000, Kristina Spohr Readman, 2004, 268 p. (ISBN 0714655155)
  • (lt) Lietuva: 1991.01.13 : dokumentai, liudijimai, atgarsiai, Valstybinis leidybos centras, 1991, 370 p. (ISBN 5899426233)
  • (lt) Lietuva ir pasaulis 1991 - ųjų sausyje: Svarbesnių įvykių kronika, Vytautas Skuodis, 1995, 117 p. (ISBN 9986090989)
  • (fr) David Wolff et Gaël Moullec, Le KGB et les pays baltes : 1939-1991, Belin, Paris, 2005, 236 p. (ISBN 2701135532)
  • (fr) Antoine Jacob, Les Pays baltes — Indépendance et intégrations, Alvik Éditions, 2004, 335 p. (ISBN 2914833172)
  • (fr) Jean-Pierre Minaudier, Histoire de l'Estonie et de la nation estonienne, l'Harmattan, 2007, 402 p. (ISBN 2296046738)

Liens externes[modifier | modifier le code]

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