Émeraude (couleur)

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Émeraude est un nom de couleur inspiré par celle de la pierre précieuse émeraude. On dit plus souvent vert émeraude, et rarement smaragdin[1]. Synonyme de vert Véronèse en France au XIXe siècle[2].

Le nuancier RAL donne RAL 6001 vert émeraude[3].

Dans les nuanciers de marchands de couleurs pour artistes, on trouve 529 vert émeraude[4], 837 vert émeraude véritable[5], 616 vert émeraude[6], 210 vert émeraude[7], 235 vert émeraude[8] ;    [9].

Dans le domaine de la mode émeraude correspond à des nuances assez bien définies de vert vif, pouvant toutefois varier en clarté et en intensité, parmi lesquelles le Pantone 17-5641 TCX que l'entreprise promeut en 2013[10], 3850 émeraude et 3851 éclat d'émeraude[11].

Pigments pour artistes[modifier | modifier le code]

Le Colour Index indique que, dans les régions anglophones, « vert émeraude » est la dénomination historique du pigment PG21 (acétoarsenite de cuivre), dit aussi vert de Paris, qui est extrêmement toxique et peut émettre un gaz d'arsenic, mortel.

Beaucoup de marchands de couleurs appellent, de nos jours, vert émeraude le vert viride (PG18, oxyde de chrome hydraté) dit aussi vert Guignet. D'autres les différencient[12] et utilisent divers mélanges pour obtenir la teinte désirée, avec des différences de noms et de tradition entre fabricants français et anglais[13].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le terme Vert émeraude est attesté en 1637[14]; dans l'inventaire d'un marchand de couleurs en 1732[15]. L'association d'une couleur de teinture avec une pierre précieuse est évidemment valorisante pour le tissu, et les descriptions ne manquent pas de robes couleur d'émeraude, bien que la reproduction de l'éclat et de la couleur des émeraudes les plus vertes soit impossible en teinture (et en couleurs informatiques). Cependant, on pourrait parfaitement identifier le vert émeraude d'un tissu sans avoir jamais vu la pierre, et préférer ce nom évocateur, à d'autres plus platement descriptifs comme vert-bleu intense[16].

En 1861, Michel-Eugène Chevreul inclut émeraude dans sa liste des « noms de couleur le plus fréquemment usités dans la conversation et dans les livres ». Ayant entrepris de situer les couleurs les unes par rapport aux autres et par rapport aux raies de Fraunhofer sur un cercle chromatique, il évalue émeraude comme un 2 vert 11 ton[17] ou 12 ton pour le gros de Naples de Delisle[18]. Cependant, la couleur émeraude sur soie de Guinon est vert 14 ton, et celle de Tuvée est vert 13 ton[19], et le vert émeraude de Pannetier, préparateur de couleurs pour porcelaine, est 4 vert 11 ton[20].

Pour le Répertoire de couleurs de la Société des chrysantémistes, publié en 1905, Vert Émeraldine et Vert Émeraude sont des désignations commerciales, des marchands de couleurs Bourgeois et Lefranc, pour des compositions analogues à celles du Vert Malachite et du Vert de Chrome ; chaque couleur est présentée en quatre tons. Ces experts donnent le Vert émeraude (vrai) pour synonyme du Vert de Scheele (hydrogénoarsénite de cuivre) de Bourgeois[21].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean Petit, Jacques Roire et Henri Valot, Encyclopédie de la peinture : formuler, fabriquer, appliquer, t. 2, Puteaux, EREC, , p. 94.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références et notes[modifier | modifier le code]

  1. Trésor de la langue française.
  2. Philip Ball (trad. Jacques Bonnet), Histoire vivante des couleurs : 5 000 ans de peinture racontée par les pigments [« Bright Earth: The Invention of Colour »], Paris, Hazan, , p. 198. Selon le même auteur (p. 228), en Angleterre, emerald green était une désignation commerciale du vert de Scheele.
  3. (de) « RAL classic Farben », sur ral-farben.de (consulté le ).
  4. Colour Index PG18, « Guide de la peinture à l'huile » [PDF], sur lefranc-bourgeois.com (consulté le ).
  5. PG18, « Huiles extra-fines Sennelier » [PDF], sur sennelier.fr (consulté le ).
  6. PG18 « Nuancier aquarelle » [PDF], sur mediabank.royaltalens.com (consulté le ).
  7. « Toutes les couleurs de Caran d'Ache » [PDF], sur creativeartmaterials.com (consulté le ).
  8. PG7 (phtalocyanine de cuivre chlorée), PY75 (jaune de benzimidazolone), (en) « Cotman Watercolour Emerald Green », sur jacksonsart.com (consulté le ).
  9. (en) « Winsor-Newton Water-colours », sur people.csail.mit.edu (consulté le ). Mesure d'une aquarelle Winsor & Newton par Richard Kirk pour trois dilutions. Les aquarelles fines n'ont pas actuellement de dénomination émeraude. Il s'agit probablement d'une évaluation du vert viride, (PG18, no 692), désigné comme émeraude par l'artiste et savant évaluateur.
  10. « Le vert émeraude, couleur de l'année 2013 », sur lapresse.ca (consulté le ).
  11. « Nuancier DMC »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur club-point-de-croix.com.
  12. (en) « Aquarelles Winsor & Newton, série Cotman » [PDF], sur colart.s3.amazonaws.com (consulté le ).
  13. Ball 2010, p. 231.
  14. Phillibert Monet, Abrégé du parallèle des langues françoise et latine, Rouen, (lire en ligne).
  15. Recueil des édits, déclarations, arrêts et ordonnances pour l'année 1737 pour la province de Languedoc (lire en ligne).
  16. Description selon la norme AFNOR X08-010 Classification méthodique générale des couleurs (annulée en 2014).
  17. Michel-Eugène Chevreul, « Moyen de nommer et de définir les couleurs », Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, t. 33,‎ , p. 131 (lire en ligne). Vert est tangent à la raie b, 3 vert au milieu entre b et F, donc la longueur d'onde dominante de 2 vert est approximativement 504,9 nanomètres ; 11 ton renvoie à une clarté de 47,6 % (10/21) ; la couleur la plus pure est 14 ton, les plus claires sont lavées de blanc (D55 conformément aux conditions d'éclairage de Chevreul). Avec ces données, on peut calculer, grâce aux fonctions colorimétriques CIE XYZ, des coordonnées trichromatiques, converties ensuite en sRGB. La nuance n'est exacte que sur les écrans conformes et réglés selon la recommandation sRGB.
  18. Chevreul 1861, p. 160 ; même calcul, avec L*=42,9 %.
  19. Chevreul 1861, p. 160 ; même calcul, avec 513,5 nm, 14 ton : L*=33,3 %, pureté maximale pour la conversion en sRGB, 13 ton, ajout de blanc pour faire L*=38.1.
  20. Chevreul 1861, p. 199 ; même calcul que pour 3 vert 11 ton, avec 498,6 nm. Chevreul indique p. 259 qu'il s'agit d'un vert de chrome.
  21. Henri Dauthenay, Répertoire de couleurs pour aider à la détermination des couleurs des fleurs, des feuillages et des fruits : publié par la Société française des chrysanthémistes et René Oberthür ; avec la collaboration principale de Henri Dauthenay, et celle de MM. Julien Mouillefert, C. Harman Payne, Max Leichtlin, N. Severi et Miguel Cortès, vol. 2, Paris, Librairie horticole, (lire en ligne), p. 257, 259.