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Élections législatives néerlandaises de 2025

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Élections législatives néerlandaises de 2025
150 sièges de la Seconde Chambre
(Majorité absolue : 76 sièges)
Corps électoral et résultats
Inscrits 13 589 128
Votants 10 640 324
78,30 % en augmentation 0,5
Blancs et nuls 68 334
D66 – Rob Jetten
Voix 1 790 634
16,94 %
en augmentation 10,7
Représentants élus 26 en augmentation 17
PVV – Geert Wilders
Voix 1 760 966
16,66 %
en diminution 6,8
Représentants élus 26 en diminution 11
VVD – Dilan Yeşilgöz-Zegerius
Voix 1 505 829
14,24 %
en diminution 1
Représentants élus 22 en diminution 2
GL-PvdA – Frans Timmermans
Voix 1 352 163
12,79 %
en diminution 3
Représentants élus 20 en diminution 5
CDA – Henri Bontenbal
Voix 1 246 874
11,79 %
en augmentation 8,5
Représentants élus 18 en augmentation 13
JA21 – Joost Eerdmans
Voix 628 517
5,95 %
en augmentation 5,3
Représentants élus 9 en augmentation 8
Résultats par provinces
Carte
Cabinet
Sortant
Schoof démissionnaire
VVD - BBB

Les élections législatives néerlandaises de 2025 (en néerlandais : Tweede Kamerverkiezingen 2025) sont prévues le aux Pays-Bas, afin d'élire les 150 représentants de la 40e législature de la Seconde Chambre des États généraux pour un mandat de quatre ans.

Ces élections sont organisées de manière anticipée à la suite de la chute du cabinet Schoof, provoquée par le retrait du Parti pour la liberté (PVV) de la coalition par son chef Geert Wilders, après des désaccords sur la politique migratoire à appliquer.

Les élections sont remportées pour la première fois de leur histoire par les Démocrates 66 (D66) depuis leur première participation en 1967.

Élections législatives de 2023

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Geert Wilders.

Les précédentes élections organisées en voient pour la première fois arriver en tête le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders, qui crée la surprise en arrivant premier loin devant l'alliance Parti travailliste-Gauche verte (PvdA-GL), le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) et le Nouveau Contrat social (NSC). Geert Wilders se voit ainsi confier en premier la tâche de former un gouvernement par le roi Willem-Alexander[1],[2].

La liste PvdA/GL observe une importante progression par rapport aux résultats de ses deux composantes au précédent scrutin, tandis que le NSC confirme dans les urnes l’essoufflement de sa dynamique observée dans la dernière semaine précédant le vote, tout en atteignant malgré tout la quatrième place pour sa première participation à des élections[3]. Avec seulement sept sièges, le BBB est loin de rééditer son succès obtenu lors des élections sénatoriales quelques mois plus tôt[4].

Le gouvernement sortant subit un large vote sanction : le VVD chute de trente-quatre à vingt-quatre sièges, JA21 ne conserve que neuf de ses vingt-quatre sièges, et le CDA abandonne deux tiers des siens (cinq au lieu de quinze à la dernière élection)[4].

La très nette progression du parti de Geert Wilders s’explique notamment par la focalisation des médias et de certains partis sur le thème de l’immigration[5]. Pour Les Échos, l'immigration record et la pression des nouveaux arrivants sur un marché immobilier ont porté la victoire du parti de Geert Wilders[6]. Pour le journal Le Monde, les débats ont « fréquemment mélangé les questions des réfugiés, de l’intégration et de l’immigration de travail, voire de la délinquance »[4]. Le VVD a fait campagne sur ce sujet mais les électeurs auraient « préféré l'original à la copie » selon Sarah de Lange, professeure de pluralisme politique à l'université d'Amsterdam, qui pointe aussi le revirement de sa tête de liste, Dilan Yeşilgöz-Zegerius, quand elle s'était dit prête à gouverner avec le PVV si elle devenait Première ministre, envoyant le message qu'un vote pour Geert Wilders n'était plus inutile[7]. De son côté, le PVV a laissé de côté sa rhétorique classique pour se concentrer sur la thématique du pouvoir d'achat, cette stratégie de radoucissement ayant valu au chef du parti le surnom de « Geert Milders » (en français : « Gert le Doux »). Selon Niek Pas, maître de conférence à l'université d'Amsterdam, Wilders, qu'il décrit comme « un homme malin, rusé, très expérimenté » « avec beaucoup de sens politique », a aussi profité de la levée du cordon sanitaire à son encontre par le VVD. Il remarque que Frans Timmermans a fait une « très mauvaise campagne », comme lorsqu'il s'est dit favorable à ce que les policières puissent porter le voile, perdant ainsi le soutien des universalistes et des laïques[8].

Cabinet Schoof

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Dick Schoof.

Après avoir proposé sans succès le poste de Premier ministre à Kim Putters, Geert Wilder propose la candidature de l'indépendant Dick Schoof, qui reçoit le l'appui de la coalition quadripartite[9],[10]. La réforme de l'immigration et du droit d'asile est présentée comme la priorité du nouveau gouvernement, les membres de la coalition s'engageant à les rendre le plus strict possible[11],[12]. Pieter Omtzigt annonce également une réforme du système d'allocations familiales, en référence au scandale de 2021 dont il avait été le lanceur d'alerte, et dont le dédommagement aux victimes est estimé à 14 milliards d' euros[13]. Chacun des quatre partis obtient pour l'un de ses membres un poste de vice-Premier ministre, auquel s'ajoutent quatre ministres du PVV, trois du VVD, trois du NSC, et un du BBB.

Dick Schoof devient ainsi le premier chef de l'exécutif néérlandais à ne pas avoir d'expérience parlementaire ou ministérielle[14]. Le nouveau cabinet prête serment et entre en fonction le , soit sept mois et huit jours, ou 222 jours, après les élections[15].

Désaccords et démission du gouvernement

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Le , Geert Wilders présente à l'improviste un plan en 10 points pour durcir drastiquement le droit d'asile dans le pays, générant un désaccord au sein de la coalition déjà fragilisée[16]. Le , une réunion est organisée entre les différents partis du gouvernement et conclut que Geert Wilders doit revoir ses propositions et les présenter via la ministre de l'Immigration Marjolein Faber, membre du PVV. Wilders déclare pour sa part qu'il n'observe pas de volonté de la part des autres partis de faire quelque chose immédiatement et que « ça ne sent pas bon », menaçant de quitter le gouvernement[17].

Le , après une nuit de réflexion, Geert Wilders annonce le retrait de son parti de la coalition, poussant Dick Schoof à remettre sa démission. Le gouvernement, passé en affaires courantes, continue d'exercer et les ministères vacants sont redistribués entre les ministres restants. Quelques jours plus tard, la ministre des Affaires intérieurs Judith Uitermark annonce que les élections auront lieu le [18],[19].

Le , le ministre des Affaires étrangères Caspar Veldkamp, issu du NSC, démissionne en raison de l'échec des discussions autour de la mise en place de sanctions contre l'État d'Israël dans le contexte de la famine dans la bande de Gaza. Il est ensuite imité par les quatre ministres ainsi que les secrétaires d'État du NSC, qui se retire ainsi de la coalition[20].

Système électoral

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Intérieur temporaire de la Seconde Chambre à La Haye. Le complexe de la Binnenhof, où le parlement se réunit habituellement, est en rénovation.

La Seconde Chambre (en néerlandais : Tweede Kamer), ou Chambre des représentants, est la chambre basse des États généraux, le parlement bicaméral néerlandais. Elle est composée de 150 sièges pourvus pour quatre ans au scrutin proportionnel plurinominal avec listes ouvertes dans une unique circonscription nationale[21]. Vingt circonscriptions régionales sont utilisées pour correspondre aux listes électorales dressées au niveau régional à des fins statistiques, mais n'entrent pas en compte dans le système électoral[21]. Les listes étant ouvertes, les électeurs ont la possibilité d'exprimer un vote préférentiel pour un candidat sur la liste pour laquelle ils votent. Les sièges obtenus par chaque liste sont par la suite attribués en priorité à ces candidats[21].

Après décompte des voix, la répartition des sièges se fait à la proportionnelle selon la méthode D'Hondt parmi les partis ayant dépassé le quotient de Hare[21].

S'il n'y a pas de seuil électoral sous la forme d'un pourcentage du total des voix valides à atteindre, la méthode utilisée ainsi que le nombre total de sièges conduisent néanmoins de facto à un seuil de 0,67 % des suffrages exprimés à l'échelon national. Le quotient de Hare est en effet établi en divisant le total des pourcentages de part des voix par le total des sièges, soit 100 divisé par 150, qui donne 0,67 %. Les partis en lice reçoivent autant de sièges qu'ils ont obtenus de fois le quotient, la méthode D'Hondt étant ensuite utilisée pour les sièges restants à partir des voix qui restent sans toutefois atteindre le quotient. Cette méthode se fait à l'exclusion des listes n'ayant pas déjà obtenu de sièges[21]. Le quotient est ensuite à nouveau utilisé pour la prise en compte des votes préférentiels. Les candidats ayant recueilli sur leur nom au moins 25 % du quotient, soit environ 0,17 %, reçoivent en priorité les sièges obtenus par leur liste. Les sièges obtenus par une liste sont ainsi répartis à ses candidats ayant franchi 25 % du quotient, dans l'ordre décroissant de leur total de votes préférentiels, puis — s'il reste des sièges — à ses candidats ne l'ayant pas franchi, dans l'ordre de leurs noms figurant sur la liste[22],[23].

Le graphique ci-dessous présentent les résultats des sondages néerlandais, qui sont traditionnellement donnés en estimations de sièges par partis, et non de pourcentages.

Résultats des élections législatives néerlandaises de 2025[24],[25]
Parti Voix % +/- Sièges +/-
Démocrates 66 (D66) 1 790 634 16,94 en augmentation 10,65 26 en augmentation 17
Parti pour la liberté (PVV) 1 760 966 16,66 en diminution 6,83 26 en diminution 11
Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) 1 505 829 14,24 en diminution 1,00 22 en diminution 2
Liste commune PvdA-GL 1 352 163 12,79 en diminution 2,96 20 en diminution 5
Appel chrétien-démocrate (CDA) 1 246 874 11,79 en augmentation 8,48 18 en augmentation 13
JA21 628 517 5,95 en augmentation 5,27 9 en augmentation 8
Forum pour la démocratie (FvD) 480 393 4,54 en augmentation 2,31 7 en augmentation 4
Mouvement agriculteur-citoyen (BBB) 279 916 2,65 en diminution 2,00 4 en diminution 3
Denk (DENK) 250 368 2,37 en stagnation 3 en stagnation
Parti politique réformé (SGP) 238 093 2,25 en augmentation 0,17 3 en stagnation
Parti pour les animaux (PvdD) 219 371 2,08 en diminution 0,17 3 en stagnation
Union chrétienne (CU) 201 361 1,90 en diminution 0,14 3 en stagnation
Parti socialiste (SP) 199 585 1,89 en diminution 1,26 3 en diminution 2
50 Plus (50+) 151 053 1,43 en augmentation 0,94 2 en augmentation 2
Volt (VOLT) 116 468 1,10 en diminution 0,61 1 en diminution 1
BIJ1 40 360 0,38 en diminution 0,04 0 en stagnation
Nouveau Contrat social (NSC) 39 408 0,37 en diminution 12,51 0 en diminution 20
Intérêt des Pays-Bas (BVNL) 18 477 0,17 en diminution 0,34 0 en stagnation
Paix pour les animaux (VvD) 16 819 0,16 Nv. 0 en stagnation
Parti pirate (Piraten) 10 575 0,10 en augmentation 0,01 0 en stagnation
Autres[a] 24 760 0,23 0
Suffrages exprimés 10 571 990 77,80
Votes blancs 40 128 0,30
Votes nuls 28206}} 0,21
Total 10 640 324 100 150 en stagnation
Abstention 2 948 804 21,70
Inscrits/Participation 13 589 128 78,30

Par provinces

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Formation du gouvernement

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Le , le président de la Seconde Chambre Martin Bosma annonce que les Démocrates 66 ont désigné le directeur général de Nederlandse Spoorwegen (NS), également ancien ministre et ex-député, Wouter Koolmees comme « éclaireur ». Ses échanges avec les différents partis commencent le lendemain. Son rapport doit être remis à la Chambre le [26].

Notes et références

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  1. 7 partis, moins de 0,10 % chacun.

Références

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  1. Ouest-France, « Élection aux Pays-Bas. Les premiers sondages donnent la victoire au candidat populiste Geert Wilders », sur Ouest-France.fr, (consulté le ).
  2. FRANCE24, « Pays-Bas : l'extrême droite de Geert Wilders remporte les législatives, selon les sondages », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  3. « Pays-Bas : l’extrême droite aux portes du pouvoir après la victoire du populiste Geert Wilders aux législatives », sur Le Figaro.fr, Le Figaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  4. a b et c « Législatives aux Pays-Bas : pour l’extrême droite victorieuse, former une coalition est loin d’être gagné », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  5. (en-GB) Cas Mudde, « The Netherlands underestimated the far right – and Geert Wilders’ victory is the result », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne)
  6. Aux Pays-Bas, l'immigration record a porté la victoire de l'extrême droite, lesechos.fr, 23 novembre 2023
  7. « Pays-Bas: les raisons de la victoire de l'extrême droite de Geert Wilders », TV5 Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. Eloi Passot, « Pays-Bas: ce qu’il faut savoir après la victoire surprise du parti populiste de Geert Wilders », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. (ro) « DPG Media Privacy Gate », sur www.parool.nl (consulté le ).
  10. (nl) « Topambtenaar Dick Schoof beoogd premier van het nieuwe kabinet », sur RTL.nl, (consulté le ).
  11. (ro) « Bloomberg - Are you a robot? », sur www.bloomberg.com (consulté le ).
  12. (en) « Netherlands: New coalition pitches 'strictest' asylum policy – DW – 05/16/2024 », sur dw.com (consulté le ).
  13. (en) Hanneke Sanou, « Childcare scandal compensation may cost €14 billion: NOS », sur DutchNews.nl, (consulté le ).
  14. Jean-Pierre Stroobants, « Aux Pays-Bas, l’ex-chef de l’antiterrorisme nommé premier ministre », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. « Dick Schoof, nouveau Premier ministre néerlandais », Euronews,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. (nl) « Wilders wil binnen 'enkele weken' alle grenzen dicht voor asielzoekers, anders is PVV weg », sur nos.nl, (consulté le )
  17. (nl) « Coalitie wankelt na asieloverleg: Wilders wil nog nachtje slapen, maar 'het ziet er niet goed uit' », sur nos.nl, (consulté le )
  18. « Pays-Bas : de nouvelles élections législatives auront lieu le 29 octobre - RTBF Actus », sur RTBF (consulté le )
  19. AFP -, « Pays-Bas: de nouvelles élections auront lieu le 29 octobre », sur La Libre.be, (consulté le )
  20. « Pays-Bas: le ministre des Affaires étrangères démissionne, faute de nouvelles sanctions à l'encontre d'Israël », sur rfi.fr, (consulté le ).
  21. a b c d et e « IPU PARLINE database: PAYS-BAS (Tweede Kamer der Staten-Generaal), Système électoral », sur archive.ipu.org (consulté le ).
  22. (nl) « Zetelverdeling over partijen », sur www.kiesraad.nl (consulté le ).
  23. (en) « THE NETHERLANDS PARLIAMENTARY ELECTIONS 15 March 2017 OSCE/ODIHR Election Assessment Mission Final Report », sur www.osce.org (consulté le ).
  24. Résultats 2025 - NOS
  25. (nl) « Proces-verbaal van de uitslag van de verkiezing van de Tweede Kamer 2025 », sur www.kiesraad.nl (consulté le ).
  26. Belga, « Elections législatives aux Pays-Bas: Wouter Koolmees désigné comme éclaireur par le D66 », L'Avenir,‎ (lire en ligne, consulté le ).