Élections générales haïtiennes de 2010-2011

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Élection présidentielle haïtienne de 2010-2011
(1er tour)
(2e tour)
Type d’élection Élection présidentielle
Corps électoral et résultats
Inscrits 4 712 693
Votants au 1er tour 1 074 056
22,79 % en diminution 48,4
Votants au 2d tour 1 061 089
Michel Martelly – RP
Voix au 1er tour 234 617
21,84 %
Voix au 2e tour 716 986
67,57 %
Mirlande Manigat – RDNP
Voix au 1er tour 336 878
31,37 %
Voix au 2e tour 336 747
31,74 %
Jude Célestin – Inite
Voix au 1er tour 231 462
21,48 %
Président de la République d'Haïti
Sortant Élu
René Préval
Inite
Michel Martelly
Réponse paysanne

Les élections générales haïtiennes de 2010-2011 se sont déroulées le (premier tour) et le (second tour)[1]. Le scrutin est à la fois présidentiel, législatif et sénatorial. Les élections législatives étaient prévues les et , mais le tremblement de terre du 12 janvier 2010, qui ravagea une partie d'Haïti, notamment sa capitale Port-au-Prince, a empêché leur organisation[2].

Le deuxième tour des élections aurait dû avoir lieu le [3], mais il a été reporté à cause de soupçons de fraude lors du premier tour de la présidentielle. En effet, la qualification du candidat du pouvoir Jude Célestin avec 22 % des voix pour affronter Mirlande Manigat (31 % des voix), telle qu'elle ressort des résultats provisoires publiés le , a été contestée par les partisans de candidats éliminés, en particulier ceux du chanteur populaire Michel Martelly (21 % des voix).

La communauté internationale a fait pression pour un recompte, notamment au travers de l'Organisation des États américains, chargée d'une mission d'expertise. Le Conseil électoral provisoire (CEP) valide cependant ces résultats mi-, sous réserves de recours de contestation[4]. Mais sous la pression et par crainte de violences, le parti Inite de Jude Célestin décide finalement de retirer son candidat[5], et les résultats définitifs annoncés le qualifient finalement Michel Martelly pour un second tour prévu pour le , René Préval voyant son mandat, censé s'achever le , prolongé jusque-là[6].

Michel Martelly est élu président de la République le , mettant ainsi fin à la campagne électorale de 2011.

Contexte[modifier | modifier le code]

Les élections se tiennent un an après le séisme de janvier 2010 (plus de 230 000 morts) et alors que les conditions de vie de la population restent au plus bas. Trois millions de personnes se trouvent en situation d’insécurité alimentaire, le chômage atteint 80 % et l'inflation est hors de contrôle. Une épidémie de choléra, introduite accidentellement par des soldats des Nations unies, a fait officiellement plus de cinq mille morts entre octobre 2010 et janvier 2011[7].

Le Conseil électoral provisoire (CEP), dont les membres ont été nommés par le gouvernement, interdit le parti Fanmi Lavalas (FL), alors considéré comme le parti le plus populaire du pays, ainsi qu’une douzaine d’autres organisations politiques[8].

Mirlande Manigat, proche de la démocratie chrétienne et des formations libérales du continent américain, est notamment soutenue par l’Église protestante et des intellectuels, mais est globalement peu populaire auprès des jeunes générations qui la jugent proche des élites[7].

Michel Martelly, admirateur déclaré de l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier, s'était pour sa part illustré par le passé en apparaissant aux côtés des militaires putschistes qui renversèrent en 1991 le président élu Jean-Bertrand Aristide[7]. Sa campagne est dirigée par la firme espagnole Sola, laquelle avait précédemment pris en main la campagne de Felipe Calderón au Mexique. Il semble avoir les faveurs des États-Unis et des milieux d’affaires[7].

Des faits de violences ont été enregistrés pendant la campagne. Trois poseurs d’affiches du parti de Mirlande Manigat ont été enlevés et tués, tandis que l’équipe de la candidate a été la cible de violences. Plusieurs journalistes ont été agressés lors des manifestations en faveur de Michel Martelly. Ce dernier a également, lors d’un débat télévisé, publiquement averti le journaliste Gotson Pierre de possibles représailles de la « rue », après que celui-ci l’eut interrogé sur ses faillites immobilières en Floride[7].

Organisation[modifier | modifier le code]

Le Conseil électoral provisoire, instance créée en 1987 dans le cadre de la nouvelle constitution et dont la mission fondamentale consiste à organiser des élections, est chargé d'organiser ces consultations électorales. Malgré la perte d'une partie de ses membres et la destruction d'une partie de ses locaux, le CEP a été réorganisé afin de pouvoir œuvrer rapidement au bon fonctionnement démocratique du pays[9].

Le secrétaire général adjoint de l'OÉA, Albert Ramdin, a promis le soutien de l'organisation à la résolution des problèmes techniques, dont l'actualisation des listes électorales après le décès le de dizaines de milliers d'électeurs, l'enregistrement des électeurs à peine majeurs, les électeurs ayant changé d'adresse, la relocalisation des centres de vote[10].

Le président de la République, René Préval, a sollicité l'ONU, afin que celle-ci envoie une mission technique, en vue de d’analyser les capacités techniques, logistiques et financières de l’État haïtien à organiser des élections à la fin de cette année. Selon le chef civil de la Minustah, Edmond Mulet, « les élections garantissent une stabilité économique, politique et sociale. Il estime que les élections sont nécessaires pour consolider la démocratie dans le pays. Edmond Mullet renouvelle l’engagement de la communauté internationale à appuyer le gouvernement à la réalisation de ces élections dans les termes mandatés par la constitution, en vue de doter le pays d’un nouveau président le . »[10].

Élection présidentielle[modifier | modifier le code]

Campagne[modifier | modifier le code]

19 candidats à l'élection présidentielle ont été validés par le Conseil électoral provisoire[11] :

Résultats[modifier | modifier le code]

Résultats de la présidentielle haïtienne de 2011[12],[13],[14]
Candidats Partis Premier tour Second tour
Voix % Voix %
Michel Martelly Réponse paysanne 234 617 21,84 716 986 67,57
Mirlande Manigat Rassemblement des démocrates nationaux progressistes 336 878 31,37 336 747 31,74
Jude Célestin Inite 231 462 21,48
Jean-Henry Céant Renmen Ayiti 87 834 8,18
Paul Denis Organisation du peuple en lutte 32 932 3,07
Charles Henri Baker Respé 25 512 2,38
Yves Cristalin Lavni 17 133 1,60
Leslie Voltaire Ansanm Nou Fò 16 199 1,51
Anne Marie Josette Bijou Indépendant 10 782 1,00
Génard Joseph Solidarité 9 164 0,85
Wilson Jeudy Fòs 2010 6 076 0,57
Yvon Neptune Fanmi Lavalas 4 217 0,39
Jean-Hector Anacassis MODEJHA 4 165 0,39
Léon Jeune Konbit Liberasyon Ekonomik 3 738 0,35
Axan Delson Abellard Konbit Nasyonal pou Developman 3 110 0,29
Garaudy Laguerre Mouvement WOZO 2 802 0,26
Gérard Marie Necker Blot Platfom 16 Desanm 2 621 0,24
Eric Smarki Charles Party for Haitian National Evolution 2 597 0,24
Aucun d'entre eux 12 869 1,20 7 356 0,69
Total 1 074 056 100,00 1 061 089 100,00
Inscrits/Participation 4 712 693 22,79 4 712 693 22,52

Élections législatives[modifier | modifier le code]

Élections générales haïtiennes de 2011
Type d’élection Élections législatives (99 sièges) et sénatoriales (11 sièges)
Corps électoral et résultats
Votants 4 712 693
Inite – Jean-Max Bellerive
Députés élus 35 en augmentation 12
Sénateurs élus 10 en diminution 3
RDNP – Mirlande Manigat
Députés élus 21 en augmentation 4
Sénateurs élus 9 en augmentation 1
RP – Michel Martelly
Députés élus 20
Sénateurs élus 5
FL – Yvon Neptune
Députés élus 10 en diminution 6
Sénateurs élus 2 en diminution 3
Haïti en Action – Cholzer Chancy
Députés élus 8 en augmentation 3
Sénateurs élus 1 en stagnation
OPL – Jacques-Édouard Alexis
Députés élus 2 en diminution 11
Sénateurs élus 1 en stagnation
Respé – Charles-Henri Baker
Députés élus 1 en diminution 9
Sénateurs élus 1 en stagnation
Renmen Ayiti – Jean-Henry Céant
Députés élus 1
Sénateurs élus 0
FUSION – Edmonde Supplice Beauzile
Députés élus 1 en stagnation
Sénateurs élus 1 en augmentation 1
Gouvernement
Sortant Élu
Jean-Max Bellerive
Inite
Jean-Max Bellerive
Inite

Bien que le Conseil électoral provisoire ait sanctionné l'élection, les manifestations se sont poursuivies le lendemain. Près des deux tiers des candidats ont également demandé l'annulation de l'élection alléguant une fraude et le refus de voter de nombreux électeurs[15]. Malgré cela, les observateurs internationaux des élections ont déclaré les scrutins valides et déclaré que les résultats ne devaient pas être invalidés[16]. Cette opinion n’a pas été partagée par l’OEA et la CARICOM qui, après un rapport préliminaire, ont déclaré qu’il existait de nombreux problèmes liés aux élections. À la suite de nouvelles protestations de plusieurs candidats, l'ONU a appelé au calme et a exhorté les candidats à appeler leurs partisans à ne pas créer de troubles. Elle a également déclaré qu'une détérioration de la situation sécuritaire pourrait compromettre la maîtrise de l'épidémie de choléra[15]. Les journalistes de CBC News ont également allégué qu'il y avait une "fraude massive", bien qu'ils n'aient pas clarifié ce qu'ils voulaient dire[17]. Les manifestations se sont poursuivies à Port-au-Prince et à Gonaives, avec des barricades dans les rues[18].

Principales forces politiques[modifier | modifier le code]

Force politique Chef de file Idéologie Résultats en 2006
Inite Jean-Max Bellerive Centre droit

Libéral-conservatisme, démocratie chrétienne

23 députés

13 sénateurs

Rassemblement des démocrates nationaux progressistes RDNP Mirlande Manigat Droite

Démocratie chrétienne, conservatisme

17 députés

8 sénateurs

Fanmi Lavalas Yvon Neptune Centre droit à droite

Libéralisme, démocratie populaire

16 députés

5 sénateurs

Organisation du peuple en lutte OPL Paul Denis Centre à centre droit

Social-démocratie, néolibéralisme

13 députés

1 sénateur

Respé Charles-Henri Baker Centre

Libéralisme

10 députés

1 sénateur

Haïti en Action Cholzer Chancy Centre droit à centre gauche

Régionalisme

5 députés

1 sénateur

Parti fusion Edmonde Supplice Beauzile Centre gauche

Social-démocratie

1 député

0 sénateur

Réponse paysanne Michel Martelly Centre droit

Social-libéralisme

Nouveau
Renmen Ayiti Jean-Henry Céant Centre

Centralisme, social-démocratie

Nouveau

Résultats[modifier | modifier le code]

Élections à la Chambre des députés[modifier | modifier le code]

Résultats électoraux des élections législatives[14]
Partis Sièges
Inite (anciennement Front de l'espoir) 35
Rassemblement des démocrates nationaux progressistes 21
Réponse paysanne 20
Fanmi Lavalas 10
Haïti en Action 8
Organisation du peuple en lutte 2
Respé 1
Renmen Ayiti 1
Parti fusion 1
Total : 99

Élections sénatoriales[modifier | modifier le code]

Il s'agit de renouveler 1/3 des sièges élus en 2006.

Résultats électoraux des élections sénatoriales[14]
Partis Sièges
Inite (anciennement Front de l'espoir) 10
Rassemblement des démocrates nationaux progressistes 9
Réponse paysanne 5
Fanmi Lavalas 2
Haïti en Action 1
Organisation du peuple en lutte 1
Respé 1
Parti fusion 1
Total : 30

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Rapport de la mission d'information et de contact de la Francophonie sur les élections générales de 2010-2011
  2. « Article de romandie.com du 02 février 2010 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  3. « Calendrier électoral », sur CEP.
  4. « Élection présidentielle haïtienne : le Conseil électoral n'entend pas modifier les résultats du premier tour », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  5. « Haïti : le parti au pouvoir annonce le retrait de son candidat à la présidentielle », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  6. « Haïti : le candidat du pouvoir écarté du second tour de la présidentielle », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  7. a b c d et e Benjamin Fernandez, « Haïti, retour aux urnes, retour au pays », sur Le Monde diplomatique,
  8. Alexander Main, « Haiti : Voter dans un pays qui ne s’appartient plus »,
  9. Entretien avec Ginette Chérubin, membre du CEP
  10. a et b « Élections haïtiennes de 2010 ».
  11. « Liste des candidats à l'élection présidentielle », sur CEP.
  12. [1]
  13. [2]
  14. a b et c « Haiti 2010 », sur CEP.
  15. a et b Haiti vote chaos continues - Americas - Al Jazeera English
  16. Election Monitors OK Haiti Election
  17. Haiti Election Massive Fraud CBC World News, November 28, 2010
  18. Protests over Haiti poll turn violent The Real News (TRNN), December 3, 2010 (video 2:28)