Élections législatives bulgares de 2023
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Élections législatives bulgares de 2023 | ||||||||||||||
240 sièges de l'Assemblée nationale (Majorité absolue : 121 députés) | ||||||||||||||
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GERB - SDS – Boïko Borissov | |||||||||||||
Sièges en 2022 | 67 | |||||||||||||
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PP – Kiril Petkov | |||||||||||||
Sièges en 2022 | 53 | |||||||||||||
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DPS – Mustafa Karadayi | |||||||||||||
Sièges en 2022 | 36 | |||||||||||||
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V – Kostadin Kostadinov | |||||||||||||
Sièges en 2022 | 27 | |||||||||||||
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BSPzB – Korneliya Ninova | |||||||||||||
Sièges en 2022 | 25 | |||||||||||||
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DB – Atanas Atanasov / Hristo Ivanov | |||||||||||||
Sièges en 2022 | 20 | |||||||||||||
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BV – Stefan Yanev | |||||||||||||
Sièges en 2022 | 12 | |||||||||||||
Premier ministre | ||||||||||||||
Sortant | ||||||||||||||
Galab Donev (transition) Indépendant |
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Les élections législatives bulgares de 2023 (en bulgare : Парламентарни избори в България (2023)) se tiennent de manière anticipée le afin d'élire les 240 députés de la 48e législature de l'Assemblée nationale pour un mandat de quatre ans.
Le scrutin est rendu nécessaire par l'échec de la formation d'un gouvernement à la suite des élections organisées l'année précédente. C'est la cinquième fois en deux ans que les électeurs bulgares se rendent aux urnes, du fait d'une scène politique à la fois polarisée autour du parti Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB) de Boïko Borissov et fragmentée entre formations aux vues politiques différentes. Ces divergences conduisent à la tenue de trois élections successives en avril, juillet et novembre.
L'émergence lors de ces dernières du parti Nous continuons le changement codirigé par Kiril Petkov permet la formation d'un gouvernement, mais celui ci s'éffondre à son tour l'année suivante avec le retrait du parti Il y a un tel peuple (ITN) et le vote une motion de censure. Bien que conduisant à la perte par ITN de toute représentation à l'assemblée, les élections d'octobre 2022 voient la montée de nouvelles formations russophiles dans le contexte de l'Invasion de l'Ukraine par la Russie, introduisant un schisme supplémentaire au sein de l'assemblée. Les blocages conduisent le président de la république Roumen Radev à convoquer un nouveau scrutin en 2023.
Contexte[modifier | modifier le code]
Crise politique de 2021[modifier | modifier le code]
Les précédentes élections ont lieu de manière anticipée en raison de la chute du gouvernement Petkov le . La formation de ce dernier en décembre 2021 avait mis fin à plusieurs mois de blocage politique, le pays ayant été confronté tout au long de l'année 2021 aux conséquences politiques des manifestations anti-corruption de grande ampleur à l'encontre du gouvernement de Boïko Borissov. Ces évènements polarisent fortement la scène politique bulgare, aucune des différentes formations, pour la plupart réparties entre alliées et opposantes à Borissov, ne parvenant initialement à s'entendre pour former une coalition. Les élections d'avril et de juillet sont marquées par l'entrée à l'Assemblée de nouvelles formations anti-Borissov dont Il y a un tel peuple (ITN), mais conduisent toute deux à l'échec de la formation d'un gouvernement. Hormis le Mouvement des droits et des libertés (DPS) de la minorité turque et le parti nationaliste Renaissance, qui fait son entrée à l'Assemblée, l'ensemble des autres partis subissent des reculs, notamment Bulgarie démocratique (DB) et le Parti socialiste bulgare (BSPzB) ainsi que Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB), de Boïko Borissov[1],[2],[3].
Les élections de novembre voient l'effondrement d'ITN, jugé responsable de l'échec des négociations de juillet, et l'émergence de Nous continuons le changement (PP), nouvelle formation codirigé par Kiril Petkov et Asen Vasilev qui arrive en tête du scrutin. Cette redistribution des forces aboutit finalement à la formation en moins d'un mois du gouvernement Petkov, un gouvernement de coalition réunissant Nous continuons le changement, le Parti socialiste bulgare, Il y a un tel peuple et Bulgarie démocratique. Devenu Premier ministre, Kiril Petkov bénéficie notamment du soutien du président de la République Roumen Radev, largement réélu au second tour de l'élection présidentielle de novembre 2021[4],[5],[6].
Chute du gouvernement Petkov en 2022[modifier | modifier le code]
La coalition gouvernementale s'avère finalement de courte durée. À la suite d'une rencontre entre Kiril Petkov et le dirigeant d'ITN, Slavi Trifonov, sur des questions budgétaires, ce dernier met en cause le Premier ministre sur la répartition des fonds du budget de l'État ainsi que sur l'annonce de la levée du veto bulgare à l'adhésion de la Macédoine du Nord à l'Union européenne. Le , Trifonov annonce en conséquence le départ d'ITN du gouvernement, accusant le Premier ministre de manquer à sa parole. De son côté, Kiril Petkov assure être prêt à diriger un gouvernement minoritaire et reproche à ITN d'avoir cherché à obtenir près de deux millions d'euros supplémentaires pour le ministère du Développement régional, une somme qui aurait, selon Petkov, été versée à des entreprises poursuivies pour corruption[7].
Le départ d'ITN dans l'opposition conduit à la perte par le gouvernement de sa majorité à l'Assemblée. Sur proposition du parti GERB, une motion de censure est mise au vote le , et adoptée le même jour par 123 voix pour et 116 contre. Ainsi renversé, Kiril Petkov peut de nouveau proposer une équipe gouvernementale ; en cas d'échec, deux autres mandataires peuvent être désignés, après quoi le président de la République sera contraint de dissoudre l'Assemblée nationale[8].
La censure du gouvernement intervient quelques jours avant le Conseil européen du devant préparer un sommet avec les pays des Balkans dans le contexte de l'accession de l'Ukraine et de la Moldavie au statut de candidat à l'Union européenne le . Accélérées par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ces accessions provoquent des tensions chez les pays candidats des Balkans, dont les procédures sont en comparaison très ralenties depuis plusieurs années. La levée du véto bulgare sur la candidature de la Macédoine du Nord, qui devait y être officialisée sous condition d'un vote favorable du Parlement, se retrouve bloquée par la crise provoquée par ITN, qui se voit ainsi accusé d'avoir manœuvré avec les partis nationalistes et pro-russes pour faire échouer le sommet[9]. Si la politique macédonienne de Petkov reçoit finalement le soutien inattendu du GERB sur la signature d'un accord de compromis voté par l'assemblée, menant à la levée du veto bulgare, le Premier ministre prend acte de la perte de sa majorité à l'assemblée et remet sa démission fin juin 2022[10],[11],[12]. Après une série de négociations infructueuses, le président Radev finit par convoquer de nouvelles élections et nomme le un gouvernement apolitique mené par un ancien ministre du Travail, Galab Donev, chargé d'assurer l'intérim[13],[14],[15].
Élections législatives de 2022[modifier | modifier le code]
Marquées par une faible participation, les élections d'octobre 2022 voient le GERB arriver en tête devant le PP, tandis qu'ITN s'effondre et perd toute représentation à l'Assemblée nationale. Le parti d’extrême droite Renaissance et le nouveau parti russophile Réveil bulgare effectuent tous deux une percée. Si l'arrivée en tête du GERB permet à Boïko Borissov de se voir confier en premier la tâche de former un gouvernement de coalition, l'Assemblée se révèle à nouveau fragmentée et polarisée[16].
Le scrutin aboutit à une montée des forces russophiles dans le contexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Historiquement proche de la Russie, très dépendante de ses livraisons de gaz — au point d'obtenir de l'Union Européenne une dérogation d'un an et demi à son embargo —, la Bulgarie voit une partie de son électorat soutenir une attitude ambiguë à l'égard de la Russie. La rupture entre le président russophile Roumen Radev et l'ancien Premier ministre pro-occidental Kiril Petkov est ainsi consommée, les deux hommes autrefois alliés sur le thème de la lutte contre la corruption n'ayant pu mettre de coté leur divergences géopolitiques[17]. Le scrutin est dominé par le clivage opposant la Russie et l'Occident. Nous continuons le changement et Bulgarie démocratique soutenant des positions fermement pro-occidentales et pro-ukrainiennes tandis que le BSP, Renaissance et Réveil bulgare se tournent plutôt du côté russe. Le GERB et le DPS sont de leur côté théoriquement pro-occidentaux mais ont été accusés de sympathies pro-russes[18]. C'est cependant la question de la flambée des prix, notamment de l'énergie et de l'alimentation, à l'approche de l'hiver qui inquiète davantage les électeurs que les questions géostratégiques[19].
Bien qu'arrivé en tête dans une nouvelle assemblée où les composantes de l'anciein gouvernement Petkov se retrouvent minoritaires, le GERB ne parvient pas à former une coalition. Celui ne peut en effet espérer un accord avec Nous continuons le changement, Bulgarie démocratique ou le BSP pour la Bulgarie, ces trois partis ayant en partie construit les quatre campagnes électorales des deux dernières années sur leur opposition à Borissov. Les deux premiers déclarent ainsi lors de la campagne qu'ils ne pourraient pas travailler avec le GERB ou le DPS en raison des accusations de corruption dont ils font l'objet[18]. Si une coalition est mathématiquement possible via une alliance du GERB avec le Mouvement des droits et des libertés et Renaissance, celle-ci est en pratique impossible, les divergences étant beaucoup trop fortes entre le premier, représentant de la minorité turque et le second, ultra-nationaliste proche du Kremlin[20]. Borissov tente de faciliter les négociations en déclarant préalablement ne pas convoiter le poste de Premier ministre ou même de ministre, sans succès[21].
Les opposants au Gerb ne disposant pas du nombre de sièges nécessaires pour former en retour une majorité, les négociations apparaissent rapidement sans issues. Le président Radev temporise cependant la nomination d'un formateur afin que les prochaines élections aient lieu en 2023 après la période hivernale[22]. Les négociations, qui s'étalent ainsi jusqu'en janvier 2023, finissent comme attendu par échouer, ouvrant la voie à la tenue de nouvelles élection[23]. Le 24 janvier, le président annonce la convocation le 3 février des élections anticipées pour le 2 avril et la reconduction du Premier ministre Donev[24],[25].
Système électoral[modifier | modifier le code]

L'Assemblée nationale (en bulgare : Народното събрание) est composée de 240 sièges pourvus pour quatre ans au scrutin proportionnel suivant la méthode du quotient de Hare dans 31 circonscriptions électorales de quatre à seize sièges. Les listes sont ouvertes, avec la possibilité pour les électeurs d'effectuer un vote préférentiel envers un candidat de la liste choisie afin de faire monter sa place dans celle-ci. Après décompte des suffrages, la répartition est faite entre les listes de candidats ayant atteint le seuil électoral de 4 % des suffrages exprimés au niveau national[26].
Le système bulgare prévoit un maximum de trois tentatives de formation d'un gouvernement à la suite des élections. Le président confie ainsi en premier lieu cette responsabilité au parti arrivé en tête, puis au deuxième et enfin à un parti de son choix. Si aucun ne parvient à former un gouvernement capable de recevoir le vote de confiance de l'Assemblée, le président nomme un gouvernement d'intérim et convoque de nouvelles élections anticipées dans les deux mois. Cette procédure est également utilisée en cas de chute du gouvernement en cours de législature, le Premier ministre sortant disposant de la première tentative[27],[28].
Forces en présence[modifier | modifier le code]
Sondages[modifier | modifier le code]
Campagne[modifier | modifier le code]
La campagne intervient peu après des révélations selon lesquelles Kiril Petkov a secrètement fait passer en Ukraine d'importantes quantitées de munitions et de carburants, à l'insu de l'Assemblée nationale et de ses partenaires de coalition. Les livraisons, intervenues au tout début conflit alors que Petkov assurait l'intérim, auraient assurés un soutien déterminant au gouvernement ukrainien du président Volodymyr Zelensky, représentant jusqu'à 30 % des munitions et 40 % du carburant utilisés par les forces armées ukrainiennes à ce stade du conflit[29].
Résultats[modifier | modifier le code]
Partis ou coalitions | Voix | % | +/- | Sièges | +/- | ||
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Coalition GERB-SDS | |||||||
Nous continuons le changement (PP) | |||||||
Mouvement des droits et des libertés (DPS) | |||||||
Renaissance (V) | |||||||
BSP pour la Bulgarie (BSPzB) | |||||||
Bulgarie démocratique (DB) | |||||||
Réveil bulgare (BV) | |||||||
Il y a un tel peuple (ITN) | |||||||
Debout.BG ! (IBG) | |||||||
VMRO - Mouvement national bulgare (VMRO-BND) | |||||||
Mouvement des candidats indépendants (DNK) | |||||||
Bulgarie juste | |||||||
Union nationale Attaque (Ataka) | |||||||
Russophiles pour le renouveau de la patrie (RVO) | |||||||
Voix du peuple (GN) | |||||||
Autres partis | – | ||||||
Indépendants | |||||||
« Aucun de ces choix » | |||||||
Suffrages exprimés | |||||||
Votes blancs et nuls | |||||||
Total | 100 | – | 240 | ![]() | |||
Abstentions | |||||||
Inscrits / Participation |
Notes et références[modifier | modifier le code]
Notes[modifier | modifier le code]
Référence[modifier | modifier le code]
- (en) M3 Web - http://m3web.bg, « Elections: Hristo Ivanov and the Entire Management of "Yes, Bulgaria" Resign - Novinite.com - Sofia News Agency », sur www.novinite.com (consulté le ).
- https://www.facebook.com/RFI, « Élections en Bulgarie: un mouvement anti-corruption passe devant les conservateurs », sur RFI, RFI, (consulté le ).
- (it) Administrator, « Kornelia Ninova si dimette da leader del BSP », sur www.bulgariaoggi.com (consulté le ).
- « Deux diplômés d’Harvard à l'assaut du pouvoir et de la corruption », sur La Presse, LaPresseFB, (consulté le ).
- « En Bulgarie, un duo anti-corruption crée la surprise lors des élections législatives », sur SudOuest.fr (consulté le ).
- Agence France-Presse, « En Bulgarie, un accord de coalition met fin à la crise politique de huit mois », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le ).
- « Bulgaria’s ruling coalition ruptures », BNE Intellinews, (consulté le ).
- « Bulgarian Cabinet Collapses In No-Confidence Vote », Radio Free Europe, (consulté le ).
- « Crise politique en Bulgarie, sur fond de guerre d’Ukraine », sur www.radiofrance.fr (consulté le ).
- « Macédoine du Nord : une décision attendue en Bulgarie dès vendredi », sur LEFIGARO, lefigaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
- « La Bulgarie lève son veto à l’adhésion de la Macédoine du Nord à l’UE », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- « Le parlement bulgare se prononce pour la levée du veto à l'adhésion de la Macédoine du Nord à l'UE », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
- Krassen Nikolov, « Bulgarie : la crise politique entre dans sa troisième phase », sur www.euractiv.fr, (consulté le ).
- « Bulgarie : vers de nouvelles élections début octobre », sur LEFIGARO, lefigaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
- Reuters, « Bulgarie: Le président convoque des élections anticipées le 2 octobre et nomme un cabinet intérimaire », sur Challenges, (consulté le ).
- Le Point, magazine, « Bulgarie : Borissov revient en force, mais pas certain de gouverner », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
- « En Bulgarie, la guerre en Ukraine rebat les cartes du jeu politique », sur Alternatives Economiques, (consulté le ).
- (en) « East and West clash in Bulgaria’s snap general election | bne IntelliNews », sur www.intellinews.com, (consulté le )
- « En Bulgarie, de nouvelles élections législatives sur fond d’inquiétude portant sur la flambée des prix », sur Le Monde, (consulté le )
- « Législatives en Bulgarie : l’ex-Premier ministre conservateur, Boïko Borissov, en tête ».
- (en) « За 20 години в политиката Борисов е бил депутат само веднъж. Отказа и сега (Обзор) », sur www.24chasa.bg (consulté le )
- (en) « Bulgaria’s President: Elections in March if all Mandates to form a Government are Unsuccessful - Novinite.com - Sofia News Agency », sur www.novinite.com (consulté le ).
- Agence France-Presse, « La Bulgarie échoue encore à se doter d’un gouvernement stable », sur Mediapart (consulté le ).
- « La Bulgarie contrainte à de nouvelles élections au printemps », sur Le Figaro.fr, Le Figaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
- Reuters, « Bulgarie: Le président convoque des élections anticipées le 2 avril », sur Challenges, (consulté le ).
- (en) « Electoral system for national legislature - Bulgaria », sur idea.int (consulté le ).
- (en) « Bulgaria’s President: Parliamentary and presidential elections will be ‘2 in 1’ on November 14 », sur The Sofia Globe, (consulté le ).
- « Sans majorité, la Bulgarie retourne aux urnes », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- « Guerre en Ukraine : comment la Bulgarie a secrètement envoyé armes et carburant à Kiev au début du conflit », sur Le Figaro.fr, Le Figaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).