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Élection présidentielle tanzanienne de 2025

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Élection présidentielle tanzanienne de 2025
Corps électoral et résultats
Inscrits 37 647 235
Samia Suluhu – CCM
97,95 %
Mwalim Salum Juma – CHAUMMA (en)
0,66 %
Président de la République
Sortante Élue
Samia Suluhu
CCM
Samia Suluhu
CCM

L’élection présidentielle tanzanienne de 2025 a lieu le afin d'élire le président de la république unie de Tanzanie ainsi que le vice-président. Des élections législatives sont organisées simultanément.

Devenue présidente en à la mort du président John Magufuli dont elle était auparavant la vice-présidente, Samia Suluhu se présente sous la bannière du parti au pouvoir, le Chama cha Mapinduzi (CCM). Les élections ont lieu sous un climat de répression politique, les principaux opposants étant emprisonnés ou empêchés de présenter leur candidature.

Accession à la présidence de Samia Suluhu

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Samia Suluhu

Le parti Chama cha Mapinduzi — Parti de la Révolution en swahili, abrégé en CCM — a remporté toutes les élections depuis l'instauration du multipartisme en 1992, que ce soit au niveau national ou à Zanzibar. L'opposition est principalement incarnée par le Parti pour la démocratie et le progrès (Chadema), en progrès notable depuis les années 2010[1].

L'élection présidentielle d' voit à nouveau la victoire du CCM, le président sortant John Magufuli étant réélu avec plus de 84 % des voix pour un deuxième mandat. Sa colistière Samia Suluhu est simultanément élue à la vice-présidence, tandis que le CCM remporte la quasi totalité des sièges aux élections législatives. Le principal opposant, à la tête du Chadema, Tundu Lissu, critique les élections qu'il qualifie de « truquées », tandis que la mission d’observation de la Communauté d'Afrique de l'Est parle quant à elle d'un scrutin « crédible »[2]. John Magufuli prête serment pour un second mandat le [3].

John Magufuli meurt cependant dans l'exercice de ses fonctions le des suites de problèmes cardiaques. La vice présidente Samia Suluhu devient de droit présidente pour la durée restante de son mandat[4],[5]. Elle suscite alors de grand espoirs dans le pays en menant initialement une politique de détente, levant notamment l'interdiction des rassemblements politiques de l'opposition, rouvrant des médias interdits et annulant une loi controversée interdisant aux adolescentes enceintes de poursuivre leurs études. La période est cependant de courte durée, Samia Suluhu — surnommée « Mama » par ses partisans — mettant finalement en place un régime aussi répressif que son prédécesseur[6].

Répression de l'opposition

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Auparavant jugée « discrète », la nouvelle présidente mène en amont du vote une politique de répression systématique de l'opposition, qualifiée par Amnesty International de « vague de terreur », avec des « violations systématiques » des droits fondamentaux dans le cadre d'une intensification de la répression visant l'opposition, la société civile, les journalistes et toutes les voix dissidentes[7],[8]. Le CCM choisit Suhulu comme candidate à l'élection de 2025 en janvier de la même année, avec Emmanuel Nchimbi pour colistier[9].

Le Chadema se voit quant à lui interdit de participer aux élections sous prétexte de la non-signature d'un nouveau code de conduite électoral, critiqué par l'opposition. Son dirigeant emblématique et nouvellement élu président du parti, Tundu Lissu, est lui même arrêté en et inculpé pour « trahison », un crime passible de la peine de mort, en raisons d'« incitations à bloquer les élections ». Son arrestation accompagne celles de nombreux cadres et sympathisants du parti tel son vice-président John Heches. Certains opposants disparaissent tel l'ancien ambassadeur et opposant Humphrey Hesron Polepole, dont la maison est retrouvée vide, le sol maculé de sang. L'un de ces opposants, Ali Mohamed Kibao, est retrouvé mort en le corps roué de coup et aspergé d'acide. Cet assassinat exacerbe les tensions politiques dans le pays, l'opposition accusant ouvertement le gouvernement de l'avoir commandité, et menaçant le pays d'un soulèvement. L'assassinat suscite des condamnations à l'international de la part notamment des États-Unis et de l'Union européenne, qui qualifient les évènements de « menace pour les valeurs démocratiques et les droits des Tanzaniens »[7],[6],[10],[11].

Le troisième parti du pays, l'Alliance pour le changement et la transparence (ACT), voit lui aussi son candidat, Luhaga Mpina, disqualifié par la commission électorale. Le candidat dénonce un probable « vol anticipé » des élections via une fraude électorale utilisant le nouveau système de vote anticipé. Ces propos sont qualifiés de fausses informations par le gouvernement[7],[6].

La candidature de Saluhu est approuvée en avec celles de seize autres candidats de partis mineurs[12]. La campagne électorale a ainsi lieu en l'absence des principaux partis d'opposition, dans un climat de peur et de répression qui voit le gouvernement limiter également la présence des observateurs internationaux[7],[6].

Système électoral

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Le président de la république unie de Tanzanie est élu au scrutin uninominal majoritaire à un tour pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois. Chaque candidat se présente avec un colistier, candidat à la vice-présidence[13],[14].

Résultats nationaux préliminaires[15]
(dépouillés à 7,20 %)
Candidat
et colistier
Parti Voix %
Samia Suluhu
Emmanuel Nchimbi
CCM 97,95
Mwalim Salum Juma
Devotha Mathew Minja
CHAUMMA 0,66
Gombo Samandito Gombo
Mohamed Abdalla Husna
CUF 0,36
Jimmy Kibonde Coaster
Haji Suleiman Azza
MAKINI 0,30
Kunje Ngombale Mwiru
Juma Abdalla Chum
AAFP 0,15
Autres candidats (12) 0,57
Votes valides
Votes blancs et nuls
Total 100
Abstention
Inscrits / participation 37 647 235

Analyse et conséquences

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Les premiers rapports publiés le jour de l'élection indiquent un taux de participation nettement inférieur aux prévisions, en particulier chez les jeunes électeurs, dans un contexte d'apathie générale et d'absence de candidats d'opposition majeurs[16].

Le , la commission électorale déclare la victoire de Samia Suluhu avec 97,66 % des voix, selon des résultats provisoires[17]. Les médias étrangers, à l'instar de la BBC et du journal kényan Daily Nation, soulignent le pourcentage très élevé de voix obtenues par Suluhu, ainsi que l'affirmation selon laquelle cette dernière obtient plus de 31,9 millions de voix, soit un taux de participation de 82 %. Ses résultats sont vus comme une preuve de fraude électorale, alors que son prédécesseur John Magufuli, n'a obtenu que 12,5 millions de voix lors de l'élection de 2020[18]. Dans son discours de victoire, Suluhu déclare que le scrutin est « libre et démocratique », accuse les manifestants d'être « antipatriotiques » et indique que « nous prendrons toutes les mesures et impliquerons toutes les agences de sécurité pour garantir que le pays soit pacifique »[19],[20]. Malgré les manifestations contre sa réélection et la répression qui fait entre 10 à 700 morts selon les sources, elle prête serment pour son second mandat le à Dodoma[21].

Notes et références

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  1. Ministère des Affaires étrangères et du Développement international, « Présentation de la Tanzanie », sur France Diplomatie :: Ministère des Affaires étrangères et du Développement international, (consulté le )
  2. « Tanzanie: le président sortant John Magufuli, réélu avec 84% des voix, l’opposition proteste », sur Le Monde, (consulté le )
  3. « John Magufuli a prêté serment en Tanzanie », sur VOA, VOAAfrique (consulté le ).
  4. « Tanzanie : mort de John Magufuli, le président qui défiait le Covid », sur lepoint.fr, .
  5. « Le président tanzanien John Magufuli est décédé », sur lefigaro.fr, .
  6. a b c et d « En Tanzanie, des élections générales sous haute tension », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  7. a b c et d « Tanzanie : Samia Suluhu Hassan, discrète présidente accusée de répression », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  8. « Tanzania: Unopposed, unchecked, unjust “Wave of Terror” sweeps Tanzania ahead of 2025 vote ».
  9. (en) AfricaNews, « Tanzania's ruling party nominates President Hassan as candidate for president », sur Africanews, (consulté le ).
  10. « En Tanzanie, l’assassinat d’un opposant ravive les tensions politiques à un an de la présidentielle », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  11. « En Tanzanie, le chef de l’opposition, Tundu Lissu, inculpé pour trahison à six mois de la présidentielle », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  12. (en) « Official election campaigns kick off in Tanzania as main opposition leader remains in custody », sur AP News, (consulté le ).
  13. (en) « Microsoft Word - Constitution of Tanzania English », sur rsf.org, (consulté le ).
  14. (en) « Tanzania: Electoral system », sur www.eisa.org.za (consulté le ).
  15. (en) Independent National Electoral Commission, « Matokeo ya Kiti cha Rais na Makamu wa Rais Uchaguzi Mkuu wa 2025 », sur www.inec.go.tz, (consulté le )
  16. (en) « Low turnout mars Tanzania's presidential election as opposition barred from race », sur France 24, (consulté le ).
  17. (sw) Commission électorale nationale indépendante de la Tanzanie, « Mwenyekiti wa INEC, Mhe. Jaji wa Mahakama ya Rufani Jacobs Mwambegele amekabidhi Hati kwa Rais Mteule na Makamu wa Rais Mteule wa Jamhuri ya Muungano wa Tanzania », sur inec.go.tz, (consulté le ).
  18. (en) Elvis Ondieki, « Samia historic win: Puzzle of unprecedented voter turnout and her vow to crush protests », sur nation.africa, Daily Nation, (consulté le ).
  19. Wycliffe Muia, « Tanzania president wins election as hundreds feared dead in unrest », sur BBC, (consulté le ).
  20. (en) « Tanzanian President Hassan declared winner of disputed vote with 98 percent », sur Al Jazeera, (consulté le ).
  21. (en) Basillioh Rukanga, « Tanzania president sworn in after election marred by violence », sur BBC, (consulté le ).

Liens externes

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