Église Saint-Véran (Utelle)

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Église Saint-Véran
La nef centrale de l'église Saint-Véran
La nef centrale de l'église Saint-Véran
Présentation
Culte Catholique romain
Dédicataire saint Véran
Type Église paroissiale
Rattachement Diocèse de Nice
Début de la construction XIVe siècle
Fin des travaux XVIIe siècle
Style dominant Gothique, Baroque
Protection Logo monument historique Classé MH (1963)
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Alpes-Maritimes
Ville Utelle
Coordonnées 43° 55′ 00″ nord, 7° 14′ 53″ est
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Église Saint-Véran
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Église Saint-Véran

L'église Saint-Véran est une église située à Utelle dans le département français des Alpes-Maritimes. L'église est dédiée à saint Véran, évêque de Cavaillon, dont l'histoire locale fait l'évangélisateur de la région au VIe siècle. Il s'y trouvait déjà des familles chrétiennes.

Historique[modifier | modifier le code]

L'église Saint-Véran et la chapelle Sainte-Croix vues de la Madone d'Utelle
Le portail latéral et le porche
Le clocher. À droite le mur occidental du collatéral sud datant probablement du XIVe siècle

L'histoire de la construction de l'église a fait l'objet de discussions entre historiens. Son plan actuel n'est pas une construction romane. Pourtant une église avait été construite entre le IXe siècle et le XIe siècle dans le style roman. L'étude faite par Jacques Thirion, citée dans la bibliographie, fait remonter les colonnes et les chapiteaux de la nef au XIVe siècle même si le style a pu rappeler une construction romane. Ce n'est pour lui qu'une survivance tardive de celui-ci comme on peut le constater dans de nombreuses églises du comté de Nice ou du Dauphiné comme l’Église Saint-Michel-de-Gast de Roquebillière et l’Église Saint-Martin de La Tour. La tradition locale affirme que l'église de La Tour a été construite en même temps que celle d'Utelle par le même maître d'œuvre. Il note la date de 1319 sur la dernière colonne nord, mais Luc Thévenon fait remarquer qu'on devrait plutôt lire 1519[1]. Pour les chapiteaux, ce style existe depuis le XIIe siècle mais se retrouve encore dans des églises construites dans la région au XVIe siècle.

Une tradition locale veut que l'église fut en grande partie détruite par le tremblement de terre de 1452. Sa reconstruction aurait été entreprise par le prieur Ciaudo Grimaldi avec une fin des travaux en 1457. Cependant on ne trouve aucune trace d'un tremblement de terre à cette date dans les archives (on note un tremblement de terre en 1493 dans la vallée de la Vésubie). On note un autre tremblement de terre en ayant ruiné les églises de La Bollène, Belvédère, de Gordolasque et de Venanson.

L'inspection des éléments architecturaux montrent une construction en plusieurs étapes et des reprises d'éléments plus anciens comme le mur occidental du collatéral sud. La porte ouverte dans ce collatéral présente un style pouvant la faire remonter au XIVe siècle.

Les vantaux du portail de l'église sont datés de 1542. Le portail doit être légèrement antérieur, probablement vers 1510. Le grand porche à l'italienne qui le précède couvert d'une voûte à liernes et tiercerons ne doit pas être très postérieur. Le style des chapiteaux, proche de celui de l'église de Sigale ou de Tende, permet de le dater du premier tiers du XVIe siècle.

Les murs gouttereaux sont de faible épaisseur quand on les compare à la portée de 6,90 m des voûtes de la nef centrale. Cela laisse penser que l'église a d'abord été couverte d'une charpente. Les voûtes actuelles ont été réalisées au XVIIe siècle. On reprit alors toutes les parties hautes des murs. Les parties hautes de l'église ont été « baroquisées ». On trouve la date du gravée sur le chevet extérieur qui pourrait correspondre à la fin de ces travaux. De la même période date la décoration de l'église qui rappelle celle de la cathédrale Sainte-Réparate de Nice mais dans un style plus malhabile.

Le campanile, de type roman lombard, est contemporain de l'église.

L'église eut pour prieur Ludovic ou Louis Grimaldi de Bueil, frère d'Honoré Grimaldi, comte de Bueil, et de Jacques Grimaldi, fut élevé par une bulle du à l'évêché de Vence par le pape Pie IV. Il meurt à Nice en .

La totalité de l'église fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [2].

Les cloches Saint Véran[3], Sainte Clotilde[4], Sainte Lucie[5], Virgo Maria[6] sont classées monument historiques au titre des objets mobiliers.

Description[modifier | modifier le code]

L'église est un bâtiment à trois nefs de plan barlong, nef centrale et bas-côtés, et quatre travées, à chevet plat, voûté d'arêtes.

Porte de l'église

On accède à l'église par une porte latérale précédée d'un porche gothique. Les vantaux de la porte, réalisés en 1542, représentent la vie de saint Véran en douze panneaux.

L'église possède un mobilier important[7] :

  • Panneau de l'Annonciation, réalisé vers 1540, par un peintre ligure inconnu pour Luc Thévenon. D'autres historiens de l'art rapprochent ce tableau de l'école des Bréa[8]. Il porte le blason de la famille Passeroni d'Utelle
  • Retable de Saint-Antoine[9]. Comme le montrent les comptes de la fabrique, ce retable, ainsi que les deux suivants, ont été réalisés en 1771-1772. Ils donnent aussi un nom, maître Caldero, stucatore. Il réapparaît dans les comptes, avec maître Pierre Molinaro, en 1775-1776, pour la réalisation du décor stuqué de la voûte de la sacristie
  • Le maître-autel et la chaire du XVII
  • Un Christ au Tombeau en bois sculpté du XIIIe siècle placé sous l'autel du collatéral droit
  • Statue de saint Véran du XVIIe siècle, enluminé et coiffé d'un turban
  • Fonts baptismaux avec pyramide en bois sculpté daté de 1775
  • Retable du Rosaire
  • Dans le chœur, au-dessus du maître autel : le retable de la Passion[10] en bois sculpté, datant du XVIIe siècle. Il est en bois de noyer et sculpté en bas relief. Il mesure 7,50 m de haut pour 4,80 m de largeur. Il comprend trois étages de panneaux sculptés et se termine par un fronton triangulaire. Sa date de réalisation est inconnue, mais il a dû être réalisé pour la place qu'il occupe depuis la fin de la réalisation de l'église, vers 1651. Sa réalisation met en œuvre des formes antérieures qui n'ont pas l'ampleur du style baroque, mais cela est probablement dû à son exécution par des artistes locaux soumis à de multiples influences.
    • Au-dessous se trouve la prédelle sur laquelle ont été peintes treize scènes représentant des scènes précédant la Passion :
      • entrée du Christ à Jérusalem,
      • la dernière Pâque,
      • le lavement des pieds des disciples,
      • Jésus se rend aux jardin des Oliviers,
      • arrivée de Judas accompagné de soldats,
      • Jésus en prière venant le calice
      • au centre, le tabernacle,
      • Pierre coupant l'oreille de Malchus, serviteur du grand prêtre Caïphe, en défendant Jésus au jardin des Oliviers,
      • arrestation de Jésus,
      • reniement de saint Pierre,
      • Jésus chez Anân qui déchire sa robe,
      • Jésus chez Caïphe,
      • Jésus chez Hérode,
      • Jésus chez Ponce Pilate.
    • Au deuxième étage, trois scènes séparées par quatre colonnes corinthiennes de 3 m de haut :
      • Sur le panneau central, deux personnages en prière entourés d'une foule, sous une arcade, qui sont peut-être les donateurs, mais qu'on a voulu aussi être les représentations de la bonne et de la mauvaise prière.
      • Répartis de part et d'autre, quatre grands panneaux représentant, à gauche et en bas, le Christ à la colonne, au-dessus, le Christ aux outrages, à droite et en bas, le couronnement d'épines, et au-dessus, Pilate se lavant les mains.
    • Au troisième étage, trois scènes en bas relief,
    • Dans le fronton triangulaire, les femmes au tombeau avec un ange agenouillé leur annonçant la Résurrection de Jésus, traités en ronde bosse.
    • Au-dessus, le Christ sortant des limbes, entouré de six patriarches.



Dans le chœur de l'église se trouvent deux toiles en rapport avec la Maison de Savoie :

  • une toile représentant le bienheureux Amédée IX, duc de Savoie, faisant l'aumône. Il est représenté en grand costume de cour, portant autour du cou le grand collier de l'ordre de l'Annonciade et, sur la poitrine, la croix de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare. Au-dessus, un ange portant les armes de la Maison de Savoie s'apprête à poser une couronne de roses sur sa tête,
  • l'autre toile est dédiée à saint Maurice d'Agaune et au Saint-Suaire. Le saint tient l'étendard savoyard et porte la croix de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare.

Ces deux toiles ont dû être réalisées sous le règne de Victor-Amédée II, à l'extrême fin du XVIIe siècle ou dans les premières années du XVIIIe siècle par un artiste inconnu[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Luc Thévenon, voir bibliographie, p. 34.
  2. « Eglise Saint-Veran », notice no PA00080900, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. Notice no PM06001193, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture église paroissiale Saint-Véran: cloche Saint-Véran
  4. Notice no PM06001192, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture cloche : Sainte Clotilde
  5. Notice no PM06001191, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture cloche : Sainte Lucie
  6. Notice no PM06001190, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture cloche : Virgo Maria
  7. « Recensement des objets mobiliers de l'église Saint-Véran d'Utelle », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  8. Paul Roque, Les peintres primitifs niçois. Guide illustré, p. 47, Serre éditeur, Nice, 2006 (ISBN 2-86410-458-X)
  9. Michel Foussard, Le retable de Saint-Antoine dans l'église Saint-Véran d'Utelle, p. 35-39, Nice historique, Nice, 1992 [1]
  10. Christiane Lorgues-Lapouge, Le retable sculpté de l'église d'Utelle, p. 42-44, Nice historique, Nice, 1952 [2]
  11. Luc Thévenon, op. cité, p. 30-32

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Luc Thévenon, L'art du Moyen Âge dans les Alpes méridionales, p. 34, Éditions Serre (collection patrimoines), Nice, 1983 (ISBN 2-86410-047-9)
  • Jacques Thirion, Notes sur l'église Saint-Véran, p. 35-41, Nice Historique, année 1952, no 213, Texte
  • Christiane Lorgues-Lapouge, Le retable sculpté de l'église d'Utelle, p. 42-44, année 1952, no 174 Texte
  • Luc Thévenon, Trésors d’art religieux de la vallée de la Vésubie, p. 20-33, Nice-Historique, année 1992, no 265 Texte
  • Michel Foussard, Le retable de Saint-Antoine dans l’église Saint-Véran d’Utelle, p. 34-39, année 1992, no 112 Texte
  • Pierre-Robert Garino, La vallée de la Vésubie. Guide du visiteur. Itinéraires historiques, p. 66-72, Serre éditeur (collection L'Ancre solaire), Nice, 1998 (ISBN 2-86410-287-0) ; p. 80
  • Philippe de Beauchamp, L'art religieux dans les Alpes-Maritimes, p. 62, Édisud, Aix-en-Provence, 1993 (ISBN 978-2-857444-85-5)
  • G. Doublet, Les sculptures de la porte de l'église d'Utelle (Alpes-Maritimes), p. 107-114, Réunion des sociétés savantes des départements à la Sorbonne. Section des beaux-arts, Ministère de l'instruction, 1914 (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]