Yangtsé

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Yangzi Jiang
Yangtsé, Fleuve bleu, Chang Jiang, 長江, 长江, Dangqu, Tongtian, Jinsha
Illustration
Le Yangzi Jiang aux Trois Gorges.
Carte.
Bassin du Yangzi Jiang.
Caractéristiques
Longueur 6 380 km
Bassin 1 800 000 km2
Bassin collecteur Yangzi Jiang
Débit moyen 30 000 m3/s
Régime pluvial de mousson
Cours
Source Geladaindong
· Localisation Qinghai, Chine
· Altitude 5 355 m
· Coordonnées 33° 27′ 55″ N, 91° 12′ 26″ E
Embouchure Mer de Chine orientale
· Localisation Shanghai, Chine
· Altitude m
· Coordonnées 31° 15′ 00″ N, 122° 02′ 00″ E
Géographie
Principaux affluents
· Rive gauche Yalong, Min, Jialing, Han, Huai He
· Rive droite Wu, Yuan, Zishui, Xiang, Gan
Pays traversés Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Principales localités Panzhihua, Luzhou, Chongqing, Yichang, Jingzhou, Yueyang, Wuhan, Ezhou, Huangshi, Huanggang, Chaohu, Chizhou, Anqing, Wuhu, Hefei, Chuzhou, Ma'anshan, Taizhou, Yangzhou, Zhenjiang, Nankin, Nantong, Shanghai

Le Yangzi Jiang (chinois simplifié : 扬子江 ; chinois traditionnel : 揚子江 ; pinyin : Yángzǐ Jiāng ; Wade : Yang²-tzu³ Chiang¹ ; EFEO : Yang-tseu Kiang ; cantonais Jyutping : Joeng⁴-zi² Gong¹ ; litt. « fleuve Yangzi »écouter) ou Chang Jiang (长江 / 長江, Chángjiāng, « long fleuve » écouter), est le plus long fleuve d'Asie (6 380 km). En France, il est appelé fleuve Bleu, Yang-Tsé-Kiang ou simplement Yang-Tsé.

D'un débit de 30 000 m3/s, le fleuve Bleu est le troisième plus long fleuve du monde après l'Amazone et le Nil. Il prend sa source au Qinghai, à 6 621 mètres, dans les monts Tanggula, dans un paysage extrême de glaciers et de terres enneigées, parsemé de moraines, balayé par des vents violents et dépourvu de toute végétation. Il est appelé en tibétain Dri chu (འབྲི་ཆུ་, Wylie bri chu, lit. « fleuve de la femelle du yack »).

Il parcourt 6 380 km avant de rejoindre la mer de Chine orientale, au nord de Shanghai, la plus grande ville de Chine. Il serpente à travers les provinces du Qinghai, du Yunnan, du Sichuan, du Hubei, du Hunan, du Jiangxi, de l'Anhui et du Jiangsu et traverse les immenses agglomérations de Chongqing, Wuhan, Nankin et Shanghai.

Lors de son parcours, il reçoit les eaux de plus de 700 affluents drainant un bassin hydrographique de 1,8 million de kilomètres carrés. Chaque année, il déverse près de mille milliards de mètres cubes d'eau dans la mer de Chine, charriant des milliers de tonnes de limon au large des côtes. Le Yangzi Jiang alimente en eau 40 % du territoire chinois et 70 % de la production rizicole[1]. En 2015, de nombreux aménagements perturbent son écoulement et son écosystème.

Noms

En chinois, le nom Yangzi Jiang ne désigne que la partie aval du fleuve entre Nankin et l'embouchure[2]. Ce nom vient du petit bourg de Yangzi près de Yangzhou. Les européens ont retenu ce nom et l'ont appliqué à tort à tout le fleuve.

Le fleuve s'appelait autrefois Jiang Shui ou simplement Jiang. Le mot Shui en chinois classique désignait les fleuves ou rivières en général, et Jiang était le nom propre du Yangzi Jiang. Le sens du mot Jiang s'est élargi depuis, il signifie maintenant « fleuve » en général[note 1].

De nos jours, en chinois, l'ensemble du fleuve s'appelle Chang Jiang, littéralement « long fleuve ». Et, traditionnellement, chaque partie du fleuve porte un nom propre (en particulier dans la littérature)[3] :

Géographie

Cultures en terrasses dans les gorges du Saut du tigre (Yunnan) en 2005.
Le premier méandre du fleuve, au Yunnan.

À sa naissance, il est appelé le fleuve Tuotuo, et dès les premiers affluents au-dessous de 5 000 m d'altitude, il est appelé fleuve Jinsha ou « sables dorés » et coule à vive allure vers le sud en délimitant une frontière naturelle entre le Tibet et la province chinoise du Sichuan ; son cours est alors parallèle à ceux des fleuves Mékong et Salouen ; Qumar He à 4 544 m est la première bourgade qu'il traverse ; c'est dans cette région qu'il parcourt les gorges du Saut du tigre, canyon de plus de 2 000 m de profondeur. Au niveau de la ville de Dongchuan, il part brusquement vers le nord et serpente dans les monts Hengduanshan au Yunnan, puis commence une inflexion vers l'est où il est rejoint par des importants affluents (Yalong, Min et Jialing) qui le transforment en un gigantesque cours d'eau boueux, tourbillonnant et chargés des déchets et rejets des 120 millions d'habitants et cultivateurs du bassin du Sichuan.

Avant d'être rejoint par le Jialing, il traverse l'immense agglomération de Chongqing, une des grandes villes intérieures de la Chine avec ses 30 millions d'habitants, et qui détient aussi le record des pluies acides pour toute l'Asie orientale, des nuages sulfureux surplombant en permanence les vallées abritées de ce grand centre industriel.

Après avoir été rejoint par le Jialing, le fleuve traverse les gorges des étendues médianes du fleuve, appelées les Trois Gorges mais constituées de trois séries successives de gorges.

Les Trois Gorges offrent un spectacle remarquable qui attire de nombreux touristes et a permis le développement d'une industrie touristique fructueuse avec de nombreux bateaux naviguant entre Chongqing et Yichang. Ces gorges offrent une atmosphère mystérieuse, lorsque la brume et les nuages de gouttelettes d'eau les emplissent et enveloppent les falaises et les pitons rocheux. Au moment des crues en été, le niveau de l'eau s'élève de plus de 100 mètres et la navigation devient alors très dangereuse et très risquée.

Après les Trois Gorges, le fleuve continue sa course vers la côte, mais en s'élargissant et en s'apaisant, et traverse plusieurs grands lacs dont ceux de Poyang et de Dongting. C'est dans cette partie que l'on peut commencer à trouver des esturgeons, des spatules et des alligators de Chine (Alligator sinensis).

En approchant de la côte de la mer de Chine orientale, le fleuve serpente par ses « neuf méandres en forme d'intestin » avant de se déployer sur un vaste delta, occupé par des terres agricoles, des lacs, des étangs, d'innombrables îlots et des milliers d'hectares de roselières.

Affluents du Yangtsé

Son plus important tributaire est la rivière Han, 1 532 km, qui s'y joint à Wuhan en rive gauche.

Autres affluents :

Hydrologie

Les débits à Datong

Le débit du fleuve a été observé pendant 64 ans (1923–1986) à Datong, ville située à quelque 511 kilomètres de son embouchure dans la mer de Chine orientale[4].

À Datong, le débit annuel moyen ou module observé sur cette période était de 28 811 m3/s pour un bassin versant de 1 712 673 km2. Cette surface représente plus de 95 % du bassin versant total de 1 800 000 km2 du fleuve, et ne diffère que de peu avec le débit final à son embouchure.

Débit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : Le Yangzi Jiang à Datong pour un bassin versant de 1 712 673 km2
(Données calculées sur 64 ans)
Source : GRDC - Le Yangzi Jiang à Datong

Étiage ou basses eaux

Enregistré au niveau de la ville de Datong durant cette longue période d'observation, le débit minimal était de 1 110 m3/s.

Crues

Le débit maximum, enregistré au niveau de la ville de Datong durant cette longue période d'observation a été de 84 200 m3/s.

Lame d'eau

La lame d'eau écoulée dans le bassin versant du fleuve atteint donc le chiffre de 531 millimètres par an.

Faune aquatique

Le second pont de Wuhan (Hubei).

Parmi la faune aquatique on comptait notamment jusqu'à une date récente Lipotes vexillifer, le Dauphin du Yangzi Jiang, qui est officiellement disparu à la fin du dernier trimestre 2007. Nombre d'espèces peuplent également cette rivière, espèces qui sont toutes susceptibles de disparaitre si aucune mesure n'est prise dans un but de préservation des richesses faunistiques.

Bien que son aire de répartition se soit considérablement réduite, on retrouve par endroits l'alligator de Chine dans certaines zones du delta du fleuve.

Aménagement

De nombreux barrages et retenues d'eau perturbent l'écoulement du fleuve et son écosystème[5].

Le barrage des Trois-Gorges (三峡大坝) à Yichang (宜昌) au Hubei se trouve sur ce fleuve. Il est situé à la limite de la région montagneuse du Haut Yangzi et de la plaine du Moyen Yangzi, en aval des Trois Gorges et en amont du barrage existant de Gezhouba, là où le fleuve a un débit de 14 300 m3/s. Sa puissance prévue en 2009 est de 22 500 MW. La centrale devrait produire dès lors, environ 85 TWh d'électricité par an, soit 85 milliards de kilowattheures.

Un autre important barrage, celui de Xiluodu, est en cours de construction à 770 km plus en amont, entre les districts de Yongshan dans la province du Yunnan et de Leibo dans la province du Sichuan. L'ouverture complète de la centrale est prévue pour 2015, avec une puissance de 12 600 MW[6],[7].

Le projet de transfert d'eaux nord-sud (en chinois 南水北调工程; pinyin: Nánshuǐ Běidiào Gōngchéng) a pour objectif de détourner une proportion du débit du Yangzi Jiang pour fournir de l'eau au nord de la Chine, une région fortement industrialisée et aride.

Pollution de l'eau

Un chantier naval sur les berges du fleuve en 2004.

En , des experts chinois ont publié des rapports alarmants sur l'état de la pollution du fleuve. L'approvisionnement en eau potable de l'agglomération de Shanghai pourrait devenir problématique si aucune solution n'est trouvée. L'autre problème concerne le nombre d'espèces animales peuplant les rives du fleuve : leur nombre est passé de 126 au milieu des années 1980 à 52 en 2002.

Bien qu'il alimente 40 % du territoire chinois et fournisse l'eau nécessaire à 70 % de la production rizicole, 25 milliards de tonnes d'eaux souillées urbaines et industrielles y sont déversés chaque année[1].

Le tiers de la pollution proviendrait des engrais chimiques, des pesticides et des rejets agricoles, le reste venant des villes, du secteur industriel et des bateaux. D'ailleurs ces eaux sont considérées comme les plus turbides de la planète, avec un transport de sédiments qui est estimé à 680 millions de tonnes par an[8].

Trois cent vingt (320) millions d'habitants dans les régions rurales du pays n'ont pas accès à l'eau potable, et 400 villes souffrent d'une insuffisance d'approvisionnement en eau. Fin , le directeur de l'administration d'État pour la protection de l'environnement, a lancé un appel au blocage de tous les projets de construction qui risquent de porter atteinte à l'environnement.

Dans la culture populaire

  • Pierre Desproges le référence dans son Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis.
  • Tintin rencontre Tchang alors qu'il est en train de se noyer dans ce fleuve.
  • Dans une chanson, Qui parlait, Calogero chante le nom du fleuve.
  • Charles (Trenet) et Jhonny (Hess) ont chanté une chanson portant ce titre.
  • La Canonnière du Yang-Tse est un film de 1966, avec Steve McQueen.
  • Un singe en hiver est un film d'Henri Verneuil, avec Jean Gabin, où Jean Gabin évoque le Yangzi Jiang : « Le Yang-Tsé-Kiang n'est pas un fleuve, c'est une avenue... Une avenue d'cinq mille kilomètres qui dégringole du Tibet pour finir dans la Mer Jaune... ».
  • Dans le manga de Kazuya Minekura, Gensômaden Saiyuki, l'un des quatre protagonistes, le prêtre Genjo Sanzo a été abandonné par ses parents et trouvé par Komyo Sanzo dans les eaux du Yangzi.
  • Dans l'album Made in China de Serge Gainsbourg sorti en 1989, et interprété par Bambou, un titre y fait directement référence : j'ai pleuré le yang-tsé.

Bibliographie

  • Philip Wilkinson, Yang Tseu Kiang, Éditions Nathan, 2005.

Liens externes

Voir aussi

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Notes et références

Notes

  1. Pour plus d'information, voir Yangzi Jiang, Chang Jiang et l'étymologie de Jiang sur le Wiktionnaire.
  2. rd pour rive droite et rg pour rive gauche

Références

  1. a et b Gaëlle Dupont, « Environnement : menaces sur les grands fleuves », dans Le Monde du 06/04/2007, [lire en ligne]
  2. (en) « 扬子江 - 长江下游河段的旧称 - jitaofushi.com »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur www.jitaofushi.com (consulté le )
  3. a b c d et e (zh-TW) « 一個嚴肅的問題 :為何長江各段有名稱而黃河卻沒有? » (consulté le )
  4. GRDC - Le Yangzi Jiang à Datong
  5. Yan Dingfei et Zhong Yuhao, « Le Yangtsé lessivé », Courrier international (Nanfang Zhoumo), no 1288,‎ .
  6. La centrale hydroélectrique de Xiluodu allégera la pression sur le barrage des Trois Gorges, Le Quotidien du Peuple en ligne, 9 décembre 2007
  7. (en) Construction of Xiluodu Hydropower Station Starts, China.org.cn, 27 décembre 2005
  8. « Les eaux de Chine centrale observées au radar depuis l’espace » (consulté le )