Tchang Kaï-chek

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Tchang Kaï-chek
蔣介石
Illustration.
Tchang Kaï-chek en 1943.
Fonctions
Président de la république de Chine[N 1]

(25 ans, 1 mois et 4 jours)
Vice-président Li Zongren
Chen Cheng
Yen Chia-kan
Premier ministre Yen Hsi-shan
Chen Cheng
Yu Hung-chun
Chen Cheng
Yen Chia-kan
Chiang Ching-kuo
Prédécesseur Li Zongren (intérim)
Lui-même
Successeur Yen Chia-kan

(8 mois et 1 jour)
Vice-président Li Zongren
Premier ministre Yen Hsi-shan
Chen Cheng
Yu Hung-chun
Chen Cheng
Yen Chia-kan
Chiang Ching-kuo
Prédécesseur lui-même (président du gouvernement nationaliste de Chine (Taïwan))
Successeur Li Zongren (intérim)
Lui-même (président de la république de Chine en Taïwan)

Mao Zedong (président du gouvernement populaire central chinois en Chine)

Président du gouvernement central de la république de Chine

(4 ans, 9 mois et 19 jours)
Premier ministre Song Ziwen
Prédécesseur Lin Sen
Successeur lui-même (président de la république de Chine)
Premier ministre de la république de Chine

(1 mois et 17 jours)
Président lui-même
Prédécesseur Song Ziwen
Successeur Chang Ch'ün

(5 ans, 6 mois et 11 jours)
Président Lin Sen
Prédécesseur Kong Xiangxi
Successeur Song Ziwen

(2 ans et 25 jours)
Président Lin Sen
Prédécesseur Wang Jingwei
Successeur Kong Xiangxi

(1 an et 11 jours)
Président lui-même
Prédécesseur Song Ziwen
Successeur Chen Mingshu
Président du gouvernement central de la république de Chine

(3 ans, 2 mois et 5 jours)
Premier ministre Tan Yankai
Song Ziwen
lui-même
Prédécesseur Wellington Koo (intérim)
Successeur Lin Sen
Biographie
Nom de naissance Tchang Kaï-chek
Date de naissance
Lieu de naissance Fenghua, Xikou, Zhejiang (Chine)
Date de décès (à 87 ans)
Lieu de décès Taipei (Taïwan)
Nationalité Chinoise (1887-1949)
Taïwanaise (1949-1975)
Parti politique Kuomintang
Conjoint Song Meiling
Enfants Chiang Ching-kuo
Chiang Wei-kuo
Religion Méthodisme

Signature de Tchang Kaï-chek蔣介石

Tchang Kaï-chek
Présidents de la république de Chine (Taïwan)
Premiers ministres de la république de Chine

Tchang Kaï-chek, ou Chiang Kaï-shek, ou Chang Kaï-chek ou Jiang Jieshi (chinois traditionnel : 蔣介石 ; chinois simplifié : 蒋介石 ; cantonais Jyutping : Zoeng2 Gaai3-sek6, /tsœ̌ːŋ kāːi.sɛ̀ː/, pinyin : Jiǎng Jièshí, /tɕjàŋ tɕjê.ʂɻ̩̌/,), né le  à Ching Yang Shui dans le district de Fenghua et mort le à Taipei, est un militaire et homme d'État chinois. Il est l'un des principaux représentants du Kuomintang après la mort de Sun Yat-sen en 1925.

Chef militaire avec le titre de généralissime, il est aussi à diverses périodes et en alternance, le chef du gouvernement et le président de la « Première République » puis, jusqu'à sa mort, le président autoritaire de la république de Chine à Taïwan.

Un nationaliste ambitieux[modifier | modifier le code]

Un général très politique[modifier | modifier le code]

Tchang Kaï-chek est né à Ching Yang Shui, dans le district de Fenghua, préfecture de Ningbo, province du Zhejiang, dans une famille de commerçants dont les ancêtres sont originaires de Yixing, préfecture de Wuxi, province du Jiangsu. Il suit une formation militaire à la Tokyo Shinbu Gakkō au Japon.

Tchang Kaï-chek.

Tchang Kaï-chek rejoint la fraternité révolutionnaire de Tongmenghui par l'entremise de son ami Chen Qimei en 1908. Entre 1911 et 1912, il participe aux combats de Shanghai. Il gravit ainsi les échelons de la hiérarchie du parti et devient un proche collaborateur de Zhang Renjie. À cette époque, Tchang Kaï-chek était affilié à des sociétés secrètes de Shanghai. Il suit ensuite Sun Yat-sen dans son exil au Japon (1914) et le rejoint à Canton en 1918.

Lorsque le Parti communiste chinois et le Kuomintang s'allient sous l'impulsion du Komintern à partir de 1922 pour lutter ensemble contre le pouvoir des seigneurs de la guerre et des Occidentaux, Chiang Kaï-chek est envoyé en URSS en 1923 afin d'y rencontrer les dirigeants du Komintern, d'inspecter les écoles militaires et l'organisation politique. À partir de 1924, il dirige l'académie militaire de Huangpu, constituée avec l'aide d'instructeurs militaires soviétiques. Cette académie formera une élite militaire qui sera toujours fidèle à Chiang. Lorsque les riches commerçants de Canton se révoltent en 1924 contre les taxes imposées par le Kuomintang, c'est lui qui mène les combats contre leurs milices.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Déjà marié à Mao Fumei (毛福梅, 1882-1939)[1], mère de Tchang Ching-kuo, qu'il a épousée alors qu'il avait 14 ans, Tchang Kaï-chek quitte tôt le foyer familial pour poursuivre ses études et sa carrière. Il épouse ensuite successivement deux concubines ou épouses secondaires, Yao Yecheng (姚冶誠, 1889-1972) en 1912 et Chen Jieru (陳潔如, 1906-1971) en décembre 1921.

Il épouse enfin en décembre 1927 la fille du riche imprimeur Charles Song, Song Meiling (, Long Island). La famille Song, de confession protestante, insiste pour que Tchang Kaï-chek divorce de Mao Fumei — ce qu'il fait cette même année — et renie Yao Yecheng et Chen Jieru.

Yao élève le fils adoptif de Tchang Kaï-chek, Wei-kuo. Après la victoire communiste, elle fuit à Taïwan et meurt à Taipei.

Chen adopte une fille en 1924, Yaoguang (瑤光), qui prendra plus tard son nom de famille. Elle reste à Shanghaï sous le régime communiste, qui lui refuse le droit d'émigrer. Elle obtient plus tard le droit de partir pour Hong Kong où elle décédera.

Mao Fumei meurt lors de la guerre sino-japonaise en 1939, pendant un bombardement.

Militaire anticommuniste et homme fort du Kuomintang[modifier | modifier le code]

Tchang Kaï-chek en 1933.

Après la mort de Sun Yat-sen (1925), il s'arroge progressivement la direction du parti. En 1925, il devient commandeur en chef de l'Armée nationale révolutionnaire.

En 1926, prétendant que la gauche prépare un complot contre le Kuomintang, il arrête les dirigeants communistes de Canton et leurs conseillers soviétiques. Ceux-ci ne sont relâchés qu'après avoir accepté de s'affilier au Kuomintang et de renoncer à leurs convictions politiques.

Ayant à présent le contrôle des forces armées du Kuomintang, il décide de lancer en juillet 1926 l'expédition du Nord contre les seigneurs de la guerre qui contrôlent toujours la plus grande partie du pays.

Lors de cette campagne, il prend le parti d'attaquer Shanghai, mais avant que ses troupes n'entrent dans la ville, les communistes se mettent en grève et les ouvriers prennent le pouvoir dans la ville en attendant l'arrivée des troupes de Tchang Kaï-chek.

Inquiet de la force des communistes, Tchang conclut des accords avec les Occidentaux présents dans la ville (qui garantissent leur neutralité), les milieux d'affaires chinois (qui lui promettent un soutien financier) et avec la Bande verte, une société secrète criminelle (qui infiltre les milieux ouvriers et fournit des renseignements à Tchang).

Le , la Bande verte lance une attaque généralisée contre les communistes de Shanghai, attaque connue sous le nom de massacre de Shanghai. Celle-ci fera des milliers de morts parmi les dirigeants et les ouvriers.

Tchang Kaï-chek installe ensuite le gouvernement à Nankin, défiant le gouvernement rival que Wang Jingwei a installé à Wuhan.

Pendant quelques mois, trois gouvernements se disputent la légitimité en Chine :

Le gouvernement de Wang Jingwei cesse cependant d'exister dès et Wang se rallie à la faction de Tchang. Parallèlement, l'expédition du Nord se poursuit et les troupes de Tchang progressent sans cesse vers Pékin.

À la fin de 1927, les opérations se ralentissent, car Tchang Kaï-chek décide de laisser la tête du parti à Hu Hanmin et celle du gouvernement à Tan Yankai, un proche de son rival Wang Jingwei. Il s'agit en fait d'une retraite stratégique, car il craint de perdre son contrôle sur le parti. De plus, il veut arranger son mariage avec la belle-sœur de Sun Yat-sen, Song Meiling. C'est pourquoi, après un bref passage dans son village natal, il part pour le Japon afin d'y négocier avec sa future belle-famille, hostile parce que Chiang est déjà marié et qu'il n'est pas chrétien. Fin 1927, il peut finalement se marier à Shanghai. Il reprend ensuite la direction des troupes et la progression vers Pékin se poursuit facilement, notamment grâce à des accords avec certains seigneurs de la guerre.

En juin 1928, Pékin tombe aux mains des troupes du Kuomintang. La victoire est facilitée par la politique du Japon, qui incite Zhang Zuolin, le seigneur de la guerre qui contrôle la ville, à se replier en Mandchourie pour préserver les intérêts japonais.

Le gouvernement de Wang Jingwei s'étant dissous, Tchang Kaï-chek apparaît comme le maître de la Chine.

Nationaliste et dirigeant de la république de Chine[modifier | modifier le code]

En compagnie de son épouse Song Meiling et de ses deux fils Chiang Ching-kuo et Chiang Wei-kuo.

Tchang Kaï-chek devient alors le président du gouvernement central de la république de Chine. Il déplace la capitale à Nankin et instaure un régime dictatorial.

  • En 1930, au cours de la guerre des plaines centrales, il bat la coalition rivale formée par Li Zongren, Yan Xishan et Feng Yuxiang, matant provisoirement les factions rivales au sein de l'armée et du Kuomintang.
  • En février 1931, il fait arrêter et mettre aux arrêts domiciliaires Hu Hanmin, le chef officiel du Kuomintang, mais est contraint de le libérer peu après du fait des pressions internes au parti. Une faction du Kuomintang, menée notamment par Hu Hanmin et Lin Sen, dénonce sa dictature et demande désormais sa démission. Mais le parti est forcé de s'unir à nouveau en septembre 1931, quand le Japon envahit la Mandchourie : la défaite militaire des troupes chinoises conduit Tchang Kaï-chek à démissionner en décembre de la présidence de la République, assumée ensuite par Lin Sen. Tchang demeure néanmoins le chef de l'Armée nationale révolutionnaire et son influence reste prépondérante au sein du Kuomintang : il continue de résider dans le palais présidentiel. Les heurts à Shanghai entre les troupes chinoises et japonaises, au début 1932, confortent sa position, en le faisant apparaître comme un chef militaire indispensable face à la menace japonaise.
  • En 1933 et 1935, il évince son rival Wang Jingwei, qu'il remplace successivement comme chef officiel du Kuomintang, puis chef du gouvernement, étant de facto le véritable dirigeant de l'autorité centrale chinoise.
La conférence du Caire, le avec Tchang Kaï-chek, Franklin D. Roosevelt et Winston Churchill.

Chiang poursuit son combat contre les communistes.

  • En , ses troupes encerclent la république soviétique chinoise du Jiangxi, ce qui entraîne l'année suivante la fin du bastion communiste et contraint ses dirigeants à entamer la Longue Marche, pour se réfugier au Shaanxi. Par contre, Tchang évite d'affronter les Japonais, dont les intentions agressives sont de plus en plus manifestes, car il croit ses forces encore trop faibles pour pouvoir sortir victorieuses.

Dépeint par la propagande communiste comme étant pro-capitaliste, cette accusation peut être considérée comme fausse, car il a également confisqué la richesse des capitalistes alors même qu'il dénonçait et combattait les communistes, et a écrasé aussi bien les organisations ouvrières et paysannes pro-communistes que les riches capitalistes de Shanghaï[2].

L'« incident » de Xi'an[modifier | modifier le code]

L'un des seigneurs de la guerre, Zhang Xueliang, après négociation avec les communistes, lui tend un piège le [3] et le prend en otage : il accepte enfin de signer en l'accord de Xi'an visant à constituer un front uni avec les communistes pour lutter contre le Japon.

La guerre sino-japonaise (1937-1945)[modifier | modifier le code]

Le bureau de Tchang Kaï-chek.

En tant que chef du gouvernement et chef de l'armée, Tchang dirige la Chine lors de la guerre de résistance contre les Japonais, pendant laquelle sa position à l'intérieur du pays s'affaiblit comparativement à celle de Mao.

L'ampleur de l'invasion japonaise l'amène à déplacer entre 1937 et 1939 sa capitale de Nankin à Wuhan, après le massacre de Nankin, puis à Chongqing, à l'époque dans le Sichuan. Le siège du gouvernement demeure dans cette dernière localité jusqu'à la fin de la guerre, entraînant une campagne intensive de bombardement par l'aviation impériale.

En 1943, à la mort de Lin Sen, Tchang Kaï-chek assume l'intérim de la présidence chinoise.

Au niveau mondial, l'influence de Tchang en fait l'un des « quatre grands » chefs des Alliés lors des conférences internationales, comme la conférence du Caire de 1943.

Le , il signe avec Truman et Churchill la déclaration de Potsdam, par laquelle les Alliés lancent un ultimatum au Japon en demandant sa reddition inconditionnelle.

En 1947, la Chine adopte une nouvelle constitution. En avril 1948, Tchang Kaï-chek est élu président de la république de Chine par le Parlement, poste qu'il occupe par intérim depuis 1943 en qualité de chef du gouvernement. Mais la guerre de son parti contre les communistes, qui reprend dès 1946, va bientôt mettre un terme à son autorité.

Repli à Taïwan (1949-1975)[modifier | modifier le code]

En compagnie de son épouse, en 1955.

Victoire des communistes en Chine continentale[modifier | modifier le code]

Tchang tente d'éradiquer les communistes de Mao Zedong sans y parvenir. La libération soviétique de la Mandchourie des colons japonais permet au parti communiste chinois d'étendre ses bases dans le nord-est de la Chine.

Le , face aux succès des communistes, Tchang Kaï-chek démissionne de la présidence. L'intérim est assuré par son rival Li Zongren. Mais les partisans de Tchang reprennent vite le dessus et ce dernier assume à nouveau la réalité du pouvoir, évinçant Li Zongren, malade et absent car en soins à New York.

En , la victoire des communistes est totale sur le continent, la république populaire de Chine est déclarée le à Pékin.

En , Tchang déplace son gouvernement à Taipei, dans l'île de Taïwan. Taipei devient capitale de la « république de Chine (Taïwan) », où il reprend officiellement ses fonctions de président de la République le .

Régime dictatorial à Taïwan[modifier | modifier le code]

Un temps isolé sur la scène politique internationale, abandonné par les États-Unis, il s'impose à nouveau comme un allié de poids au moment de la guerre de Corée et des risques d'extension de la menace communiste en Asie. En 1967, il s'associe à la fondation de la Ligue anticommuniste mondiale. Il est notamment rejoint par le dictateur paraguayen Alfredo Stroessner, dont il est proche[4].

Tchang Kaï-chek reste à la tête de la république de Chine à Taïwan jusqu'à sa mort en 1975, et continue de revendiquer la souveraineté sur l'ensemble de la Chine. Malgré une constitution théoriquement démocratique, son gouvernement demeure dictatorial, fondé sur un système de parti unique et de loi martiale. Il impose également une culture chinoise standard, en interdisant l'usage des dialectes taïwanais à l'école et dans les médias. La « terreur blanche » qu'il déclenche contre ses adversaires politiques fait des dizaines de milliers de victimes[5].

On assiste cependant sous sa présidence à un fort développement de l'économie de Taïwan grâce au commerce extérieur.

Yen Chia-kan assure l'intérim du 5 avril 1975 jusqu'au 20 mai 1978, avant que lui succède le fils du président défunt (né le 27 avril 1910).

En 1978, son fils aîné Chiang Ching-kuo devient donc à son tour président de la République et entreprend ensuite une démocratisation du régime jusqu'au 13 janvier 1988, jour de son décès.

Hommages et critiques[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le titre officiel du chef de l'État, dans le gouvernement du Guomindang, est initialement Président du gouvernement central de la république de Chine. En 1948, avec la nouvelle constitution, il devient officiellement le président de la république de Chine, Tchang Kaï-chek étant le premier à assurer cette fonction.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jay Taylor, The Generalissimo: Chiang Kai-shek and the Struggle for Modern China, Harvard University Press, 2009, p. 40.
  2. (en) Frank J. Coppa, Encyclopedia of modern dictators: from Napoleon to the present, Peter Lang, (ISBN 0-8204-5010-3, lire en ligne), p. 58
  3. Anne Lumet, Le pacte, éditions Publibook, 2004.
  4. « L’Amérique centrale lâche Taipei », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « À Taïwan, l’heure des comptes », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne).

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]