Système de retraite en Allemagne

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Le système de retraite en Allemagne est le plus ancien des systèmes de retraite en Europe. Il repose sur trois piliers : le premier est une retraite légale obligatoire, par répartition. Les deux autres sont la retraite complémentaire d'entreprise et la prévoyance individuelle. Le système a connu en 2001 puis en 2005 des réformes qui ont visé principalement à favoriser la retraite par capitalisation pour compenser la baisse de la retraite de base. Une retraite minimum a dû être instaurée en 2020 pour limiter la paupérisation des personnes âgées.

Contexte[modifier | modifier le code]

Historique[modifier | modifier le code]

Otto von Bismarck

Le système d’assurances sociales allemand fut initié par le chancelier Bismarck, dans un but de conservatisme défensif complétant les lois antisocialistes. Il comportait une assurance maladie créée dès 1883, en 1886 une assurance accident, puis en 1889 l'assurance invalidité et retraite[1]. Dans le système dit « bismarckien », les prestations sociales sont la contrepartie de cotisations[2]. La loi de 1889 aboutit à l'instauration d'un système de retraite cogéré par les employeurs et les employés où l’État ne jouait qu'un rôle financier[1].

L'âge limite était fixé à 70 ans, mais l’assurance pension allemande réunissant l’invalidité et la retraite, 90% des salariés prenaient leur retraite en invalidité avant cet âge[3].

D'abord organisé par capitalisation, le système en éprouva les limites lors des crises économiques et l'inflation suivant les guerres mondiales[4]. Le financement par répartition fut adopté dans les années 1950[4]. L'âge minimal fut abaissé à 60 ans pour les femmes en 1957 et à 63 pour les hommes en 1972[3].

Après la réunification allemande, des mesures d'ajustement ont été prises dans les années 1990, augmentant le taux de cotisation et ramenant l'âge légal à 65 ans[5].

Aspects démographiques[modifier | modifier le code]

Le pays est caractérisé depuis des décennies par un taux de fécondité très bas et une dénatalité chronique ; pendant longtemps concilier carrière et maternité a été difficile pour les femmes allemandes[6]. En Allemagne de l'Ouest en particulier, reprendre le travail avec un enfant en bas âge était compliqué faute de crèches et mal vu (qualifié de mère corbeau)[7].

Les réformes des années 2000[modifier | modifier le code]

À partir du milieu des années 2000, le gouvernement d'Angela Merkel a décidé d'augmenter les impôts sur la consommation et sur le capital, pour diminuer les cotisations sociales sur les salaires, qui restent cependant parmi les plus élevées au monde[réf. nécessaire].

Le contenu de la loi de peut être divisé en trois parties :

  • Les retraites sont uniformisées, pour mettre les fonctionnaires et les employés sur un pied d'égalité.
  • Les cotisations retraite sont de moins en moins imposées et les revenus pendant la retraite le sont de plus en plus.
  • Chaque produit d'épargne retraite ou placement s'est vu affecter une couche donnée. L'imposition fiscale est différente selon les couches, dans un but de redistribution fiscale des riches vers les moins riches. La fiscalité de la 3e couche reste cependant plus favorable que celle des placements effectuées hors retraite[8].

La retraite de base[modifier | modifier le code]

La cotisation pour l’assurance vieillesse s’élève à 19,5 % du salaire brut, jusqu'à une certaine limite et son montant est réparti à parts égales entre le salarié et l’employeur[9].

En , une nouvelle loi a réformé le système des retraites, avec une baisse du taux de remplacement de la retraite de base, qui passera de 70 % à 64 % du salaire moyen d'ici 2030[10] pour les salariés du privé[10]

Parallèlement, le taux de cotisation à la retraite publique passera de 19 à 22 % d'ici à 2030[10].

Les complémentaires employeur[modifier | modifier le code]

La réforme étant basée sur la garantie d'un montant des pensions relativement élevé, c'est pour en compenser les effets qu'une retraite par capitalisation, accessible seulement sur initiative de l'employeur, a été introduite.

La rente Riester[modifier | modifier le code]

La rente Riester est une incitation fiscale très avantageuse à compléter la retraite de base par des plans de retraite par capitalisation. Les salariés sont incités à y verser 1 % de leur salaire brut et jusqu'à 4 % en 2008, entraînant l'acceptation d'une baisse de leur revenu direct. En 2002, 3 millions de salariés sur les 35 millions d'ayants droit y avaient souscrit alors que le gouvernement en avait espéré trois fois plus. Malgré ces réticences, la part des retraites complémentaires par capitalisation correspondait déjà à 11 % du total des retraites.

Effets des réformes Hartz[modifier | modifier le code]

L'Agenda 2010 incluait une série de réformes visant à réduire le taux de chômage. Ces " Réformes Hartz " ont créé les Minijob, emplois à temps partiel plafonnés à 450 euros par mois et n'incluant presque aucune cotisation retraite[11].

Instauration d'une retraite minimum[modifier | modifier le code]

Ces réformes ont eu pour conséquence une baisse sensible du niveau des pensions versées par l’assurance légale et la paupérisation de certaines personnes âgées, en particulier les femmes[12]; de plus en plus de retraités sont contraints de retravailler[13],[14]. L'introduction d'une retraite de base pour les plus pauvres a été adoptée en [15].

Sources[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Lydie Boulle, « Bismarck et l'exemple allemand des assurances sociales au dernier tiers du XIXe siècle », Hustoire des sciences médicales, no TOME XXXII n°2,‎ , p. 147-150 (lire en ligne)
  2. Pierre Rosanvallon La nouvelle question sociale, Éd. du Seuil, 1995, p. 45
  3. a et b Christoph Conrad, « La naissance de la retraite moderne : l'Allemagne dans une comparaison internationale (1850-1960). », Population, no 3,‎ , p. 546 (lire en ligne)
  4. a et b « Capitalisation puis répartition : l'histoire de nos retraites », sur France Culture, (consulté le )
  5. « Les retraites en Allemagne : des enseignements à tirer ? », sur www.senat.fr,
  6. « Allemagne : la natalité s'améliore mais reste préoccupante », Challenges,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « "Regretter d'être mère", le débat, soulevé par une étude israélienne, qui bouscule l'Allemagne », sur The Times of Israël, (consulté le )
  8. Thomas Desray, « Le système de retraite en Allemagne », sur Connexion-Emploi (consulté le )
  9. « La retraite », sur Just Landed (consulté le ).
  10. a b et c Delphine Surrans, « Les systèmes de retraite en Europe », sur Fondation Robert Schumann,
  11. « La faible retraite suite au mini-job en Allemagne », sur Connexion-Emploi, (consulté le )
  12. Isabelle Bourgeois (dir.) et Mechthild Veil, Le modèle social allemand en mutation, CIRAC, (lire en ligne), « Quelles réformes pour les retraites en Allemagne ? », p. 145
  13. « Ces retraités allemands obligés de retourner au travail », sur My Europ, (consulté le )
  14. « En Allemagne, les retraités sont les grands oubliés des années Merkel », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  15. « L'Allemagne adopte un minimum vieillesse », Les échos,‎ (lire en ligne, consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]