Saint

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Les saints sont des hommes ou des femmes distingués par différentes religions pour leur élévation spirituelle et proposés aux croyants comme modèles de vie en raison d'un trait de personnalité ou d'un comportement réputé exemplaire. Certains de ces saints peuvent être qualifiés de « martyrs » (« témoins »), lorsqu'ils ont payé de leur vie leur attachement à leur foi.

L'influence d'un saint dépasse parfois l'espace de sa religion propre, quand son rayonnement moral apparaît comme universel.

La vénération d'un saint est un témoignage de respect.

Définitions et catégories

Les saints chrétiens font l'objet d'une fête inscrite dans le calendrier liturgique d'une Église. Parmi les saints chrétiens on distingue :

  • 1. Les saints catholiques et orthodoxes

Ils ont été vénérés et canonisés par un évêque sur le lieu de leur martyr ou de leur tombeau.

  • 2. Les saints catholiques

Ils ont été canonisés par le pape de Rome à partir du XIe siècle.

  • 3. Les saints orthodoxes

Ils ont été canonisés par l'évêque du lieu de leur tombeau puis par le saint synode d'une Église orthodoxe chalcédonienne autocéphale.

  • 4. Les saints propres aux Églises non chalcédoniennes

Il existe une certaine ligne de séparation entre les religions partisanes du culte unique de Dieu (juifs, protestants, musulmans) et celles qui pratiquent des cultes des saints (catholiques et orthodoxes), parfois décrits comme une métamorphose du polythéisme antique. La fin de l'Antiquité européenne voit en effet l'avènement du christianisme, religion monothéiste. La religion populaire restant empreinte de polythéisme, les autorités religieuses intègrent cette croyance en autorisant le culte local voir régional de saints protecteurs[1].

Judaïsme

Dans le judaïsme, seul Dieu est saint. L'équivalent de l'homme « saint » des autres religions est le « juste », le tsadik (צדיק).

La Torah utilise le terme hébreu qadosh, qui signifie « saint », « séparé » et par extension « pur » (exempt de fautes, de taches), pour désigner Dieu, le « Saint, béni soit-Il », ha-Qadosh baroukh-Hou (הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא).

« Saint pour l'Éternel », tel était le message inscrit sur la plaque d'or (Tsits Hazahav) que portait le grand prêtre qui officiait dans le Temple de Jérusalem. Toute notion primaire de sainteté se rattache à Dieu, qui par son action peut rendre saint (en séparant, purifiant) l'homme, le peuple, ou le lieu. De même, en employant le même terme de « saint », le peuple d’Israël y est désigné comme « un royaume de prêtres (princes, dans ce contexte) et un peuple saint » (Exode 19:6), c'est-à-dire une nation remplissant le même rôle vis-à-vis du monde que le grand prêtre vis-à-vis du reste du peuple d’Israël.

Christianisme

Les titres de saint, bienheureux et vénérables

Les titre de saints, bienheureux et vénérables correspondent aux étapes du Procès en canonisation de l'Eglise catholique visant à reconnaître officiellement comme "saint" un défunt baptisé. Même si l'Eglise compte d'innombrables saints, pour la plupart inconnus, et que tous les fidèles sont « appelés à être saint en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans [leurs] occupations quotidiennes, là où chacun se trouve »[2], elle a souhaité en donner un certain nombre (dont la vie fut marquante par leur sainteté) comme exemple et "ami" à toute la communauté des croyants. Ce processus de reconnaissance se base sur la biographie du candidat, ses œuvres et les témoignages de ceux qui l'ont connu. Trois critères sont alors essentiels dans le processus de reconnaissance : être mort en odeur de sainteté, c'est-à-dire avoir eu un rayonnement spirituel après sa mort (réputation de sainteté qui doit être spontanée, durable, croissant continuellement et généralisée) ; avoir des témoins qui attestent de son martyre ou de sa vertu héroïque ; doit avoir accompli au moins deux miracles. Pour l'Eglise catholique, reconnaître la personne comme « sainte », c'est affirmer qu'elle est dans la Vie éternelle en présence de Dieu (dans la vision béatifique), et qu'elle est ainsi tel un frère aîné dans la foi pour le croyant en chemin sur terre. Ainsi, le « saint » devient pour tous à la fois un exemple de vie chrétienne, un enseignement pour le croyant, et aussi intercesseur auprès de Dieu, tel que le prie par exemple l'Eglise catholique dans la Préface pour un saints pasteur du Missel Romain : « par l'exemple qu'il a donné, tu nous encourages, par son enseignement, tu nous éclaires, à sa prière, tu veilles sur nous »[3].

La déclaration reconnaissant vénérable la personne défunte, reconnait que celle-ci est digne de recevoir une vénération locale ; celle le reconnaissant comme bienheureux (béatification), permet ensuite de faire l'objet d'un culte plus généralisé ; enfin, celle le reconnaissant comme saint (canonisation) conduit à un culte universel.

Catholicisme

De manière concise, la « sainteté » s'exprime comme le désir et la vocation de tout homme à rejoindre le Christ dans un état que l'on nomme « communion ». C'est, selon l'Évangile, une action impossible à l'être humain mais pas à Dieu et qui se fait par la collaboration de l'être humain à l'action divine dans le monde. Le « saint » est donc toute personne qui parvient à cette proximité.

Congrégation de Saints et d'Archanges aux Cieux, par Albrecht Dürer

Tout au long de l’Ancien Testament, on retrouve, comme dans le judaïsme, l’affirmation que seul Dieu est Saint. Cependant, par le baptême et l'adoption filiale qui s'ensuit, les chrétiens sont associés et appelés à cette sainteté, qui est une vocation universelle. L'apôtre Paul parle des saints pour désigner les chrétiens vivant dans telle ou telle ville [4]. En ce sens, la sainteté exprime l'état de communion avec Dieu, dans l'Église, par le baptême.

Les saints au sens strict sont ceux qui, comme « le bon larron » à qui le Christ dit : « Aujourd'hui, tu seras avec moi au Paradis », sont parvenus à la béatitude éternelle, contemplent Dieu au Ciel et intercèdent pour les êtres humains ici-bas (voir Liste des saints catholiques).

Parmi les défunts, étaient réputés saints et vénérés comme tels les martyrs (mot grec signifiant « témoin ») (leur « baptême sanglant » effaçait tout péché) et les apôtres (choisis par le Christ). D'autres saints, comme certains ascètes, seront vénérés plus tard. Ainsi, dès les premiers temps du christianisme, tous les fidèles sont appelés à la sainteté et peuvent être dignes de vénération posthume, aussi bien hommes que femmes, les philosophes comme les simples d’esprit, quelle que soit leur condition sociale, esclave ou aristocrate (voir saint Druon, saint Gerlac ou encore Benoît Labre au XVIIIe siècle), ce qui est une nouveauté radicale[5]. De plus, ce n’est pas, jusqu'à l’invention de la procédure de canonisation au XIIIe siècle, la hiérarchie qui décide de la sainteté, mais la vox populi. Celle-ci se fonde sur la pureté du saint, et la recherche d’un absolu à travers la foi. Cette recherche d’absolu peut conduire jusqu’au martyre, jusqu'à mourir ou endurer des tortures pour ne pas abandonner sa foi ; le martyre est, jusqu'à notre époque, un moyen privilégié d’accéder à la sainteté.

Petit à petit, la notion de sainteté s'élargit, et de nombreuses personnalités locales dans l'Église primitive et parmi les populations nouvellement christianisées ont acquis la réputation de sainteté. Aujourd'hui, la reconnaissance officielle du statut de saint passe par l'inscription dans le calendrier de l'Église appelé « martyrologe ».

Pour les catholiques, les saints forment « l'Église triomphante » et intercèdent auprès de Dieu pour les hommes d'ici-bas (l'Église militante) et pour les défunts au Purgatoire (l'Église souffrante) : c'est la communion des saints. Tous ces saints, qui n'ont pas forcément été officiellement reconnus ici-bas comme tels, sont fêtés ensemble le jour de la Toussaint.

La fête de la Toussaint, célébrée le 1er novembre, signifie, chez les catholiques que, au-delà du nombre restreint de personnes canonisées, c'est-à-dire dont on affirme sans ambiguïté la sainteté et auxquels un culte peut être adressé, de nombreux chrétiens, voire stricto sensu non chrétiens (par exemple Abraham, Moïse, David, Job), ont atteint l'idéal chrétien : la communion avec Dieu.

Les saints inscrits au martyrologe romain sont ceux pour lesquels l'Église catholique romaine — par le biais de la canonisation — déclare être sûre qu'ils sont au paradis. Ils font donc l'objet d'un culte public (à l'instar de l'Église orthodoxe) dit culte de dulie (du grec δοῦλος, le serviteur) lequel s'oppose au culte de lâtrie (du grec λατρεία, service dû à Dieu) qui n'est dû qu'à Dieu. Dans le cas de Marie, mère de Jésus, une exception est admise, qui se nomme hyperdulie et qui se manifeste dans les sites d'apparition.

Le culte de dulie revêt deux formes, la vénération et l'invocation. Cette dernière est matérialisée par l'intercession.

Église orthodoxe

Lors de chaque liturgie eucharistique, aussitôt après la consécration, le prêtre élève les saints dons consacrés vers l'assistance des fidèles et proclame ; « les saints dons sont pour les saints ! », et les fidèles ou les chantres protestent ; « Un seul est saint, un seul est Seigneur, Jésus-Christ, à la gloire de Dieu le Père ». La sainteté, selon les orthodoxes, est une participation à la vie du Christ et les saints sont appelés ainsi dans la seule mesure où ils sont christophores, c’est-à-dire suffisamment humbles et obéissants en la personne du Christ pour représenter fidèlement son image et en être une icône.

L'Église orthodoxe ignore la notion de « bienheureux », le mot est équivalent de saint. Elle ignore aussi les procès en canonisation ou le nombre minimum de miracles requis pour être proclamé saint. Lorsque la vénération de la mémoire d'un défunt se répand parmi les fidèles, le synode de l'Église concernée se réunit autour du primat (patriarche ou archevêque) et étudie la question de la sainteté de cette personne. Il arrive souvent que quelques icônes aient déjà été peintes à sa mémoire. La sainteté de la personne en question est ensuite proclamée en même temps qu'est déterminé un (ou plusieurs) jour(s) de fête liturgique, et qu'est composé un tropaire (hymne en l'honneur du nouveau saint) et un office complet. Le canon iconographique du saint s'élabore ensuite petit à petit.

Dans le calendrier orthodoxe, le jour consacré à la mémoire de tous les saints est le premier dimanche après la Pentecôte.

  • Catégorie : saint orthodoxe, canonisation par la vox populi confirmée par le synode de l'Église locale.
  • Catégorie : saint non chalcédonien, canonisation par la vox populi et par les autorités de l'Église locale.

Protestantisme

Le protestantisme se distingue du reste du christianisme notamment par son refus du culte des saints (et de leurs reliques). La Bible déclare sainte toute personne ayant accepté le sang de Jésus versé à la Croix comme nécessaire et suffisant pour effacer ses péchés, car tous sont pécheurs devant Dieu (cf. Hébreux 10.29 et Romains 3.10-18). Ce sens du mot saint comme synonyme de chrétien est le plus courant dans le protestantisme. Cette confession insiste sur l'affirmation du salut à l'initiative de Dieu seul (sola gratia, sola fide, « seule la grâce, seule la foi... »), ce qui implique que « Dieu seul connaît ceux qui lui appartiennent ». De ce fait, les protestants s'abstiennent de déclarer quiconque particulièrement saint, d'autant que la conception de l'après-vie est très variable non seulement selon les dénominations mais aussi selon les personnes. Dans le protestantisme classique (luthérien ou réformé), on appelle couramment saints les personnages du Nouveau Testament, sans que cela donne lieu au moindre culte, car pour l'ensemble des protestants, le culte n'est dû qu'à Dieu seul (Soli Deo gloria, « à Dieu seul la gloire »). Par tradition, plusieurs pays protestants ont conservé comme patron le saint qui est réputé avoir joué le plus grand rôle dans leur évangélisation : sainte Brigitte en Suède, saint Olav en Norvège, etc.

Islam

Dans l'islam, le « rapproché d'Allah » (walīy Allāh ولي الله), est l’équivalent du saint. Il se caractérise par ses grandes qualités d'âme, son renoncement aux biens matériels et sa profonde piété.

Sunnisme

Le sunnisme réprouve tout culte autre que celui adressé à Dieu. On parle d'associateurs pour désigner ceux qui lui associent des idoles, matérielles ou humaines, pour un péché nommé shirk. Ainsi, le culte des « saints » est interdit dans le sunnisme. Pourtant, cela ne signifie pas ne pas reconnaître la sainteté de certaines personnes, on emploie dans certains cas le titre honorifique d'hazrat, notamment pour désigner les prophètes. Le sunnisme ne connaît pas de hiérarchie. Il n'y a donc pas de titre de sainteté, à proprement parler, déclaré par une autorité du culte, mais plutôt une reconnaissance par les croyants de la sainteté d'un homme[6],[7].

Soufisme

Cependant, certains pays d'Afrique, notamment au Maghreb, pratiquent parfois un « certain » culte des saints, nommé localement marabouts. Des formes de soufisme assez hétérodoxe, dont les tariqa sont répandues dans l'ensemble des communautés musulmanes, connaît aussi des « wali », terme toujours traduit par « saint » dans la littérature d'expression française, bien que le sens de « wali » soit souvent synonyme de « guide vers Dieu » ou de « maître ».

  • Exemples féminins :
    • Lalla Manoubia une sainte tunisienne décédée en 1257,
    • Lalla Khadija, sainte musulmane (Kabylie), a laissé son nom au point culminant de la chaîne (2 308 m),
    • Lalla Maghnia, Sainte qui a donné son nom à la ville de Maghnia en Algérie,
    • Lalla Mimouna, Sainte musulmane, célébrée par les juifs marocains, qui a donné le nom à la ville du même nom dans la province de Kénitra,
    • Malek Jan Némati, une kurde d’Iran, vénérée comme une sainte. Surnommée « Sainte Janie », née à Jeyhounabad (ouest iranien), décédé en 1993 à Paris, a 87 ans. Les autorités shiites d’Iran empêchent d’ériger un mausolée, un mausolée est construit en France à Baillou.

Chiisme

Le chiisme reconnaît également les saints et leur tombeau donne lieu à des pèlerinages.

Hindouisme

Dans l'hindouisme il y a de très nombreux saints, issus de nombreuses lignées. On en trouve certains exemples dans le livre "The saints of Bengal" (en anglais) et dans bien d'autres ouvrages.

Bouddhisme

Le terme de « saint » n'existe pas dans le bouddhisme. Ainsi, la désignation (relativement récente) dans le bouddhisme tibétain du Dalaï-lama comme « Sa Sainteté », n'est qu'une accommodation au vocabulaire occidental (ce terme apparaissant sans doute plus sérieux pour un chef temporel que celui de « moine », « bhikshu du Bouddha », qu'adopte généralement Tenzin Gyatso dans ses écrits).

Le terme adéquat est « ārya » (sanskrit) que l'on traduit souvent par « noble », qui désigne tout bouddhiste entré dans la voie. Ceux qui ont obtenu par leurs efforts une « réalisation » métaphysique appartiennent à un des quatre types d'êtres nobles, selon le niveau qu'ils ont atteint et le nombre de liens qu'ils ont brisé : sotapanna, sakadagamin, anagamin et arhat, ce dernier étant le seul qui ait « atteint » le nirvāna, l'Absolu. Dans ce cadre de référence, le bodhisattva n'est pas à proprement parler un « être noble », car il n'a pas brisé (volontairement) les liens, mais la qualité de son éveil peut cependant le faire ranger parmi les āryas, selon le Mahāyāna.

Notes et références

  1. Odon Vallet, Qu'est-ce qu'une religion ? Héritage et croyances dans les traditions monothéistes, Albin Michel, , p. 87.
  2. « Paragraphe 14 de l'Encyclique GAUDETE ET EXSULTATE du Pape François », sur w2.vatican.va (consulté le )
  3. Eglise Catholique - Sainte Congrégation pour le Culte Divin, Missel Romain, Desclée - Mame, (ISBN 2718901209 et 9782718901206, OCLC 25814154, lire en ligne), p. 508
  4. Paul de Tarse. Première et secondes épître aux Corinthiens
  5. Régine Pernoud, Les Saints au Moyen Âge - La sainteté d’hier est-elle pour aujourd’hui ?, Paris, Plon, , 367 p. (ISBN 2-259-01186-1), p 23-30
  6. Sur les saints en islam : Femmes et religions en Islam, un couple maudit ? par Sossie ANDEZIAN, dans CLIO, revue francophone d'histoire des femmes. Au cours d'une étude du mysticisme féminin, elle présente la notion de saint et son fonctionnement dans la spiritualité musulmane féminine.
  7. Se reporter aussi à l'ouvrage d'Émile Dermenghem (1892-1971), Vies des saints musulmans. 2e édition. Arles : Sinbad-Actes Sud, coll. « La bibliothèque de l'Islam », 2005. 329 p., 23 cm (ISBN 2-7427-5717-1)

Voir aussi

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Bibliographie

  • (en) Graham Anderson, Sage, Saint and Sophist. Holy Men and their Associates in the early Roman Empire, Londres, Routledge, 1994.
  • Galimard Flavigny, Bertrand, "Guide des saints et de leurs attributs : reconnaître et identifier plus de 700 figures chrétiennes", Nimes, De Vecchi, 2014.

Articles connexes

Liens externes