Ru (Aitutaki)

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Ru est dans la tradition orale d'Aitutaki (Îles Cook), l'un des ancêtres fondateurs de l'île. Souvent décrit comme le premier homme à être venu s'y installer, sa migration aurait précédé celle de Te Erui et de Ruatapu[1]. De nombreux récits lui sont consacrés qui bien que parfois contradictoires, présentent néanmoins un certain nombre d'éléments communs et plus généralement une cohérence globale.

Les origines de Ru[modifier | modifier le code]

Ru serait originaire de Tupuaki[2]. Il est probable qu'il s'agit de Tubua'i aux îles Australes, bien qu'il faille toujours se méfier concernant la tradition polynésienne des analogies toponymiques trop évidentes. Timi Koro ajoute en effet que Tupuaki se situerait au Nord-Est d'Aitutaki, ce qui la placerait plutôt vers les îles de la Société ou les Tuamotu. Toutefois des fouilles archéologiques menées fin 2008 sur le marae de Paengaariki dans le district de Taravao confirmeraient un lien archaïque entre Tubuai et Aitutaki[3].

L'île étant surpeuplée et la nourriture venant à manquer, Ru aurait décidé de construire une pirogue double[4] pour partir à la recherche de nouvelles terres[5]. Il baptisa la pirogue Nga-Puariki. Il proposa ensuite à ses quatre frères cadets (Tai-te-ra-iva, Tai-te-ra-varu, Veri-Tuamaro et Ru-Takina) et ses quatre épouses (Papa-kura, Kipapa-ei-tara, Te Ararau-enua, Ruiaau) de l'accompagner. Lui-même n'étant pas un chef de Tupuaki, il demanda aux ariki de l'île de pouvoir choisir 20 ou selon les versions 24 de leurs filles (Tapairu[6]).

La traversée et l'installation de Ru sur Aitutaki[modifier | modifier le code]

Après une longue et difficile traversée durant laquelle Ru dut affronter tempêtes et vagues géantes, la pirogue arriva en vue d'une terre qu'il baptisa selon les versions "Utataki", "Ararau"[7] voire parfois "Ara'ura". Quant au nom d'Aitutaki, il aurait été donné plus tardivement par Te Erui.

À son arrivée, l'île aurait été inhabitée. Il installa les Tapairu (les filles de chefs embarquées sur sa pirogue), sur l'ensemble de l'île, leur déclarant qu'elles étaient "comme des nattes sur le sol, sur lesquelles les hommes des pirogues qui ne manqueraient d'arriver par la suite pourraient s'allonger"[8]. Les actuels mataiapo de l'île descendraient de ces Tapairu.

La descendance de Ru[modifier | modifier le code]

Si Ru eut une descendance de par ses quatre épouses, les nombreuses généalogies le concernant sont bien souvent contradictoires. Néanmoins, ce serait l'un d'eux qui quelques générations plus tard[9] aurait accueilli ou se serait fait tuer par Te Erui dont l'un des descendants, Taruia, aurait par la suite été également chassé par l'arrivée d'une nouvelle pirogue commandée par Ruatapu. Les quatre ariki actuels d'Aitutaki seraient du reste issus de Ruatapu.

Selon la tradition d'Aitutaki[10], les frères de Ru nommés plus haut[11], auraient quant à eux construit une pirogue, appelée "Te Pito o Araura" (le nombril d'Aitutaki) avant de partir vers le sud. Ils auraient débarqué dans la région de Tauranga (Nouvelle-Zélande)[12], avant de continuer vers l'intérieur des terres jusqu'à Rotorua. La tribu māori des Te Arawa[13] descendrait de ces migrants originaires d'Aitutaki[14].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Certains récits évoquent néanmoins le passage d'autres pirogues ayant précédé celles de Ru (cf. l'article consacré à Aitutaki
  2. "Kia no'o teia tangata a Ru-i-te-Paitu i runga i te 'enua ko Tupuaki" in "Te Korero o Aitutaki na te Tumu Korero" p.72. Cette même hypothèse est avancée par Timi Koro
  3. Selon Mark Eddowes, responsable des fouilles, "The similarity in the architectural appearance and plan of the marae, has not happened by chance and may be something that occurred over a period of interaction between the two cultures". Cook islands news du 5 janvier 2009. Voir aussi Paengariki Marae Archaeological Project
  4. Ce type de pirogue double est appelée "katea", ou "vaka purua" (cf article vaka)
  5. "Kare to'ona no'o'anga i te no'o'anga mataora rava, kua ki te enua i te tangata", Te Korero o Aitutaki
  6. Tapairu ou Tapaeru qui est aujourd'hui un prénom assez courant aux îles Cook, est généralement traduit par "princesse" ou "fille de chef"
  7. À noter que ce serait également le nom de l'une de ses quatre épouses
  8. Timi Koro, "The story of Ru's canoe and the discovery and Settlement of Aitutaki'' in JPS, 1934
  9. Dont le nombre varie de deux ou trois à une dizaine
  10. Tout au moins celle de Timi Koro
  11. Ou leurs descendants
  12. A un endroit appelé Maketu
  13. Formulation raccourcie de Te Pito o Araura, le nom de la pirogue
  14. Les versions néo-zélandaises de l'origine des Te Arawa ne font aucunement référence à Aitutaki mais à Maketu. Ce toponyme de Maketu qui serait le lieu où serait arrivée cette pirogue dans la Bay of Plenty est également présent dans un grand nombre de traditions des îles Cook faisant le plus souvent référence à Mauke. Lire à ce sujet "Report of the Waitangi Tribunal on the Kaituna River Claim"

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Timi Koro, "The story of Ru's canoe and the discovery and Settlement of Aitutaki'' in JPS, 1934
  • Collectif, "Te Autara teia i te vaka o Ru i te Patapairu." in "Te Korero o Aitutaki na te Tumu Korero", Ministry of Cultural Development, 1992.
  • Maui Pomare, "The History of Ru ", in "Legends of the Maori (Volume 2)", Papakura, New Zealand.

Voir aussi[modifier | modifier le code]