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== Spécificités géopolitiques du Portugal ==

=== Frontières terrestres internationales actuelles ===
[[Fichier:Marco198.jpg|vignette|droite|200px|Borne frontalière nº 198, à Soutelinho da Raia.]]
D'un point de vue juridique, le Portugal est le pays ayant les plus anciennes frontières terrestres internationales d'Europe et du monde encore en vigueur<ref>Voir D'Aveau Suzanne, {{p.|162}} : « Le Portugal est la formation politique la plus précoce et la plus stable d'Europe. » Cité par Denis Menjot, dans ''Les Villes Frontières au Moyen Âge et à l’Époque Moderne'', [[éditions L'Harmattan]], 1997, {{p.|43}}.</ref>. La ''Raia'', frontière entre le Portugal continental et la [[Castille]] (fondue dans l'[[Espagne]] actuelle), date de 1297, avec le [[Traité d'Alcañices|Traité d'Alcanizes]] (plus ancien traité international définissant des frontières encore en vigueur).

Dans les siècles suivants, les accords de démarcation entre les souverains portugais et castillans, puis espagnols, concernent l'organisation de communautés locales autonomes dites « ''transraianas'' » au statut particulier : les villages de Santiago, Rubiás e Meaus, par exemple, dits ''[[Couto Misto]]''<ref>{{mul|es|pt}} , [http://untreaty.un.org/unts/60001_120000/9/37/00017843.pdf Texte du traité de Lisbonne de 1864].</ref>. Ils ne modifient pas le tracé de la ''Raia''. L'[[Union ibérique|Union des couronnes ibériques]] (1580-1640) n'a pas d'incidence sur le tracé de la frontière luso-castillane, puisque le Portugal maintient son existence en tant qu’État souverain (l'union n'est pas politique mais personnelle, ''in persona regis'' (en la personne du roi) : les souverains castillans règnent au Portugal sous un nom de règne portugais, avec stricte séparation des administrations, monnaies, armées et empires).

Enfin, la ville d'[[Olivenza|Olivença]], administrée par l’État espagnol depuis 1801 et violemment ''castillanisée'' sous le franquisme, reste un territoire juridiquement portugais, reconnu comme tel par l'Espagne depuis les traités de Cadix (1810) et de Vienne (1817), et soumis à rétrocession (bien que sans cesse repoussée par Madrid). Une partie des travaux publics dans la région est d'ailleurs à la seule charge du Portugal (restauration du pont da Ajuda en 1994-2000). Et un nombre important d'habitants d'Olivença possèdent la nationalité portugaise (à laquelle ils peuvent prétendre au même titre que les Lisboètes, sans que celle-ci puisse leur être légalement refusée)<ref>{{lien web |titre=Ionline |url=http://www.ionline.pt/portugal/fronteira-invisivel-se-dia-portugal-espanha-se-unirem-capital-sera-olivenca |site=ionline |consulté le=05-08-2020|brisé le = 2023-11-30}}.</ref>. En 2008, Olivença, les villes frontalières (''raianas'') portugaises d'[[Arronches]], [[Campo Maior (Portugal)|Campo Maior]], [[Estremoz]], [[Portalegre]] et [[Elvas]] d'un côté, et les villes frontalières espagnoles de [[La Codosera]], [[Alburquerque (Espagne)|Alburquerque]] et [[Badajoz]] de l'autre, sont arrivées à un accord en vue de la création d'une [[eurorégion]] mixte incluant Olivença, afin de trouver une solution innovante au problème.

Les frontières insulaires du Portugal (anciennes ''{{Lien|Ilhas Adjacentes|lang=pt}}'') datent quant à elles du milieu du {{s-|XV}} : 1419 pour [[Madère]], 1427-1432 pour les [[Açores]], et 1438 pour les [[îles Selvagens]]<ref group="n">Reconnues en 1438 par le navigateur [[Diogo Gomes]], les [[îles Selvagens]] sont entourées d'un flou de souveraineté pendant le {{s mini-|XV}} et le début du {{s-|XVI}} avant d'être définitivement placées sous la dépendance de Madère dans la première moitié du {{s-|XVI}}. L'Espagne fait valoir ses droits ce territoire depuis 1881, comme faisant partie intégrante des [[îles Canaries]].</ref>.

=== Le Portugal dans le cadre ibérique ===
{{Article détaillé|Espagnes médiévales}}
Dans le cadre ibérique, l’État portugais est un reliquat historique, dans le sens où il est le dernier État chrétien né de la [[Reconquista]], et le seul héritier actuel des [[Espagnes médiévales]], les autres nations et royaumes ibériques ayant été absorbés, démembrés et ''castillanisés'' sous l'autorité de [[Madrid]] depuis les [[décrets de Nueva Planta]] (1707-1716)<ref>« Disparition des royaumes d'Espagne, le territoire sera redistribué en provinces, sous l'autorité de Madrid. Du point de vue administratif, ont été créées les intendances et on a étendu les corregimientos aux anciens royaumes aragonais. » en [http://www.artehistoria.jcyl.es/historia/contextos/2078.htm Contextos de Artehistoria.com].</ref>.

=== État-nation portugais ===
Le Portugal est communément considéré comme le plus vieil [[État-nation]] d'Europe<ref>[[Elikia M'Bokolo]], historien affecté à l'EHESS. Information donnée lors du cours d'histoire du {{s-|XIX}}, Prépa Sc. Pô. ISTH-ES, 1997.</ref>.

Indépendant ''de facto'' depuis la fin des années 1120 ([[bataille de São Mamede]]), disposant d'un roi reconnu dans ses frontières dès 1139<ref group="n">Dom Afonso Henriques est proclamé roi de Portugal par ses nobles et ses soldats le {{date-|25 juillet 1139}} à la [[Ourique|bataille de Ourique]].</ref>, [[Royaume de Portugal|l’État portugais]], obtient la reconnaissance formelle de son indépendance ''de jure'' avec le [[traité de Zamora]] le 5 octobre 1143.

[[Fichier:Os Lusíadas.jpg|vignette|Couverture de la première édition des ''Lusiades'' (1572), chef-d'œuvre littéraire qui raconte et glorifie la naissance et le destin de la nation portugaise.]]
La langue [[portugais]]e, marqueur fondamental de la nationalité, apparaît comme langue littéraire différenciée du latin dès 1198, avec la ''Cantiga da Ribeirinha'', écrite par le troubadour {{Lien|Paio Soares de Taveirós|lang=pt}}. Une quinzaine d'années plus tard, le testament du roi {{souverain2|Alphonse II (roi de Portugal)}}, daté de 1214, est rédigé dans un portugais compréhensible pour un lusophone du {{s-|XXI}}<ref>« Testamento de D. Afonso II, 1214 », dans ''Poesia e prosa medievais'', Biblioteca Ulisseia de Autores portugueses, {{3e|édition}}, 1998. {{p.|112}} et 113.</ref>. Ce texte est communément considéré comme le plus ancien document littéraire long en prose rédigé en [[Histoire de la langue portugaise|langue portugaise]]. À partir de 1255, le portugais est adopté comme langue de registre (''língua de registo'') dans la chancellerie royale (Chancelaria Régia), sous le règne du roi {{souverain2|Alphonse III (roi de Portugal)}}. Enfin, en 1385, avec l'arrivée de la [[Jean Ier (roi de Portugal)|dynastie d'Avis]], le portugais devient la seule langue officielle du royaume pour les actes juridiques et administratifs (cinquante ans avant les [[Moyen anglais|normes de la Chancellerie]] anglaises<ref group="n">Henri IV est le premier roi d'Angleterre dont la langue maternelle est l'anglais. Et le « droit français », mâtiné de tournures anglaises, ne sera définitivement aboli des Cours de Justice anglaises qu'en 1731. Voir : ''Le français et les langues historiques de la France'', d'Hervé Abalain, éditions Jean-Paul Gisserot, {{p.|80}}.</ref> et plus de {{nobr|150 ans}} avant l'[[Ordonnance de Villers-Cotterêts]]). La précocité et l'homogénéité linguistique du Portugal permettent le développement rapide d'une [[Littérature portugaise|littérature très riche]], qui contribue à l'émergence d'un sentiment national (comme l'attestent les chansonniers médiévaux, ou ''cancioneiros'', encore étudiés de nos jours dans les lycées portugais, avec les ''cantigas de amigo'', les ''cantigas de amor'' et les ''cantigas de escárnio e maldizer'')<ref>Voir les manuels scolaires ''Aula Viva, português 11° ano'', Porto Editora, publiés dans les années 1990 et 2000.</ref>.

La nation portugaise, quant à elle, émerge dès le {{s-|XII}}<ref>''Histoire du Portugal'', de Jean-François Labourdette, Fayard, 2000.</ref> et se manifeste en tant qu'entité politique autonome de ses souverains vers le milieu du {{s-|XV}}. Dès 1254, les trois ordres du royaume sont associés à la gestion du pouvoir, avec la convocation de la [[noblesse]], du [[clergé]] et du [[peuple]] aux [[Cortes (Ancien régime)|Cortes]] de [[Leiria]] par le roi {{souverain2|Alphonse III (roi de Portugal)}}. En 1372, le petit peuple, surnommé « ''arraia-miúda'' », intervient violemment sur la scène politique pour s'opposer au mariage du roi {{souverain2|Ferdinand Ier (roi de Portugal)}} et [[Éléonore Teles de Menezes]], avec des tumultes et une rébellion populaire<ref group="n">Les historiens portugais considèrent que bourgeoisie urbaine portugaise prend conscience à cette occasion de la puissance politique des masses révoltées. Voir MARQUES, A. H. Oliveira, ''Breve História de Portugal'', Lisboa, Presença, 1998, {{p.|113-119}}.</ref>. Lors de la [[Crise portugaise de 1383-1385|crise de Succession au Trône de 1383-1385]], les trois ordres prennent parti pour {{souverain2|Jean Ier (roi de Portugal)}} et défendent l'indépendance du pays face aux prétentions du roi [[Jean Ier de Castille]]<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Jean de PINS|titre=JEAN Ier LE GRAND (1358-1433)|sous-titre=roi de Portugal (1385-1433)|url=https://www.universalis.fr/encyclopedie/jean-ier-le-grand/|site=[[Encyclopædia Universalis|Universalis]]|consulté le=30 avril 2023}}.</ref>. Le peuple (artisans, bourgeoisie et population de Lisbonne), sur-représenté dans le « ''partido nacionalista'' », prend une part active dans les ''{{Lien|Cortes de Coimbra de 1385|lang=pt}}'' et est le grand bénéficiaire du changement de dynastie.

Du point de vue des sources écrites, alors que le concept moderne de [[nation]] émerge en Europe occidentale fin {{s mini-|XVIII}}-début {{s-|XIX}}, avec la [[Révolution française]], la [[Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789|Déclaration des droits de l'homme de 1789]] et les [[guerres napoléoniennes]], les chroniques et les textes littéraires portugais mentionnent dès la Renaissance une « nation portugaise », entité collective cohérente politiquement et culturellement, dont l'occurrence est fréquente dans tous les textes classiques du {{s-|XVI}}, par exemple dans les épîtres de [[Diogo do Couto]] (« ''Só a esta nossa nação portuguesa faltou esta glória'' »<ref>Diogo do Couto, dans l{{'}}''epístola dedicatória'' de la Década Quarta.</ref>), les chroniques de [[João de Barros (historien)|João de Barros]] (« ''a nação portuguesa […], que mais se apressa de fazer que dizer'' »<ref>''Ásia de João de Barros: dos feitos qu'os Portugueses fizeram no descobrimento e conquista dos mares e terras do Oriente'', Volume 2, Imprensa nacional-Casa da Moeda, 1988.</ref>), les textes de [[Luís de Camões]] (dans [[Les Lusiades]] notamment, Chant V, strophe 97, où Vasco de Gama est l'incarnation de la nation conquérante), et partout dans la ''Pérégrination'' de [[Fernão Mendes Pinto|Mendes Pinto]]. Les bases de la culture portugaise actuelle sont d'ailleurs fixées pour l'essentiel aux {{s2-|XV|XVI}} (bases de la culture culinaire, musicale, littéraire, religieuse, architecturale, de la mythologie nationale, de l'imaginaire collectif...), pendant l'âge d'or du Portugal et son [[empire colonial portugais|expansion outre-mer]].

La précocité de l'État-nation portugais et ses conséquences sont l'objet de nombreuses études historiques<ref>Jean-François Labourdette, ''Histoire du Portugal'', Fayard, 2000. L'auteur fait de la précocité de la constitution du peuple portugais comme nation le fil de sa démonstration. Voir également les nombreux articles dans des revues telles que ''Lusotopie'', par exemple l'article de Michel Cahen, « Une identité dans la longue durée » (''Lusotopie'', 2002/2, {{p.|115-119}}).</ref>{{,}}<ref>A. de O. Brites, « Le modèle d’expansion portugais à la fin du {{s-|XV}} », dans ''L'Empire portugais d'Orient'', laboratoire SEDET, université Paris VII, 2012.</ref>.

=== Le Portugal et l'océan Atlantique ===
Reliquat de son [[Empire colonial portugais|immense empire colonial]] et de sa [[Grandes découvertes|domination passée des océans]], le Portugal, pays aux dimensions modestes, possède aujourd'hui une gigantesque [[zone économique exclusive]], puisqu'il exerce sa souveraineté sur un espace maritime de plus de {{unité|1720000 km 2}} (soit plus de {{nobr|18 fois}} sa superficie terrestre). Le Portugal, qui occupe la [[Liste des pays et territoires par superficie|{{111e|place}}]] en superficie terrestre, possède la {{11e|plus}} grande [[Zone économique exclusive|zone d'exclusivité maritime]] du monde, devant l'[[Inde]] et la [[Chine]]. Celle-ci est en voie d'être agrandie au-delà des {{nobr|350 milles}} actuels, ce qui accroîtrait considérablement ses dimensions et créerait une ZEE continue entre le [[Portugal continental]], les [[Açores]] et [[Madère]]<ref group="n">Le Portugal obtiendra une extension de sa ZEE au-delà des {{nobr|350 milles}} si le protocole des Açores est confirmé par les Nations unies.</ref>. Dans le cadre de l'[[Union européenne]], le Portugal est le pays qui possède la plus grande juridiction maritime située dans l'UE (c'est-à-dire en excluant les lointains [[territoires britanniques d'outre-mer]] et les [[Territoire d'outre-mer (France)|territoires français d'outre-mer]], situés [[Zone économique exclusive#Classement des ZEE par superficie|hors-Union européenne]]).

Conséquence de cet état de fait, 53 % du commerce extérieur de l'[[Union européenne]] transite par les eaux portugaises, 60 % du commerce extérieur portugais se fait par voie maritime, et 70 % des importations nationales sont acheminées par la même voie (dont la totalité du pétrole et les 2/3 du gaz portugais). Acteur important dans l'[[océan Atlantique]], l’État portugais s'est compromis à assurer les recherches et sauvetages maritimes (''search and rescue'') sur un espace de responsabilité de presque {{nobr|6 millions}} de kilomètres carrés (soit plus de {{nobr|63 fois}} sa surface terrestre)<ref>http://ema.marinha.pt/PT/Documents/Portugal_uma_nacao_maritima.pdf.</ref>. D'un point de vue militaire, l’État portugais affecte une part importante de ses [[Marine portugaise|forces navales]] et aériennes au service des missions de l'[[Organisation du traité de l'Atlantique nord|OTAN]] dans l'Atlantique nord, assurant la protection des voies maritimes et aériennes pour le renforcement de la sécurité européenne. D'un point de vue économique, le pays continue à tirer une part importante de ses richesses de la mer, puisque 11 % de son [[Produit intérieur brut|PIB]], 12 % de ses emplois, 17 % de ses recettes fiscales<ref>Universidade Catolica Portuguesa, 2004.</ref> et 90 % de ses recettes touristiques sont liés aux océans<ref>Insituto Nacional de Estatisticas, 2004.</ref>.

La vocation océanique traditionnelle du Portugal est l'objet de nombreuses études dans les milieux universitaires, en histoire, en géographie, en géopolitique et en économie<ref>Certains de ces travaux sont cités dans l'article, lui-même consacré à cette question : « Le Portugal entre l’Atlantique et l’Europe », de Maria Manuela Tavares Ribeiro, Université de Coimbra, Centre d’études interdisciplinaires du {{s-|XX}}, ''Pôle Sud'' 1/2005 ({{n°|22}}), {{p.|3-9}}. url : http://www.cairn.info/revue-pole-sud-2005-1-page-3.htm.</ref>. D'après l'historien Virgilio de Carvalho, une des étapes essentielles de la viabilisation de l’[[État-nation]] portugais a été son « atlantisation », aux {{s2-|XIV|XV}}. Son prédécesseur, l'historien [[Jaime Cortesão]] a résumé l'histoire du Portugal dans la formule : « L'histoire portugaise peut se résumer en une série d'efforts pour la mise à profit des possibilités atlantiques du territoire », la réalisation de ces efforts ayant « forgé l'individualité » du Portugal et « influé sur l'histoire de l'humanité »<ref>http://www.lume.ufrgs.br/bitstream/handle/10183/15718/000682253.pdf?sequence=1, {{p.|34}}.</ref>.

=== Quelques données géopolitiques et historiques ===
* Le Portugal est le premier grand État européen et le cinquième territoire au monde à abolir la [[peine de mort]] (après le [[Tibet (1912-1951)|Tibet]], le [[grand-duché de Toscane]], la république de [[Saint-Marin]] et le [[Venezuela]]). La peine de mort pour délits politiques est abolie constitutionnellement en 1852, durant le règne de [[Marie II de Portugal|Marie II]]. La peine de mort pour délits civils est abolie en 1867, sous le règne du roi [[Louis Ier de Portugal|Louis {{Ier}}]]<ref>{{Lien web |titre=Charte de la loi d’abolition de la peine de mort (Lisbonne, Portugal) |url=https://culture.ec.europa.eu/fr/cultural-heritage/initiatives-and-success-stories/european-heritage-label/european-heritage-label-sites/charte-de-la-loi-dabolition-de-la-peine-de-mort-lisbonne-portugal |site=[[europa.eu]] |consulté le=21/3/2022}}.</ref>. Maintenue à titre exceptionnel dans l'armée jusqu'en 1911<ref group="n">Dans le Code de Justice Militaire. Elle est rétablie pendant la Première Guerre mondiale, en 1916, pour des délits de trahison exclusivement en temps de guerre. Elle est ensuite complètement abolie en 1976 sous le nouveau régime démocratique.</ref>, son abolition définitive est indiquée dans la nouvelle Constitution de la Première République portugaise (1911), et réitérée dans la Constitution républicaine de 1976<ref>{{Lien web |langue=pt |titre=Constituição da República Portuguesa |url=https://www.parlamento.pt/Legislacao/Paginas/ConstituicaoRepublicaPortuguesa.aspx#art24 |site=parlamento.pt |consulté le=21/3/2022}}.</ref> : «Em caso algum haverá pena de morte» (en français : «En aucun cas il n'y aura la peine de mort»). La dernière exécution pour délits politiques date de 1834, et de 1846 pour des délits civils (à [[Lagos (Portugal)|Lagos]], dans l'[[Algarve]]){{Référence souhaitée|date=21 mars 2022}}. Selon les registres officiels, la dernière exécution d'une femme au Portugal date du {{date-|1 juillet 1772}}{{Référence souhaitée|date=21 mars 2022}}.
* [[Alliance anglo-portugaise|L'alliance anglo-portugaise]] entre le Portugal et l'Angleterre (puis la Grande-Bretagne et le Royaume-Uni) est la plus ancienne alliance militaire au monde encore en vigueur. Conclue en 1373, elle est activée ''de facto'' pendant la [[Crise portugaise de 1383-1385|guerre de succession au Trône de 1383-1385]] contre la [[Castille]]. Un pacte d'assistance et d'entraide entre le Portugal et l'[[Angleterre]] est scellé à l'issue de cette guerre, en mai 1386, avec le [[traité de Windsor (1386)|traité de Windsor]]. Invoquée sans cesse depuis cette époque, notamment lors des [[invasions françaises du Portugal]], cette alliance militaire a encore été réactivée tout au long du {{s-|XX}}.
* Le Portugal est le premier État européen ayant fondé un empire mondial, avec un ensemble de territoires répartis sur cinq continents. [[Empire colonial portugais|L’empire portugais]], qui dure six siècles, est par ailleurs considéré comme le plus long des empires coloniaux européens modernes (1415-1999). Le Portugal est le dernier grand État européen à clore son processus de décolonisation, en Afrique avec les indépendances de l'[[Angola]], du [[Mozambique]], de la [[Guinée-Bissau]] du [[Cap-Vert]] et de [[Sao Tomé-et-Principe]] au milieu des années 1970, et en Asie avec la rétrocession de [[Macao]] à la Chine en 1999.
* Le Portugal est le premier État européen ayant fondé une ville européenne en Asie après la fin de l'[[Antiquité]], avec la conquête et la refondation de [[Goa]] en 1510<ref>Séminaire interdisciplinaire ''L’empire portugais, entre l’Amérique, l’Afrique et l’Asie : Perspectives coloniales et post-coloniales ({{sp-|XV|-|XXI|s}})'', organisé par la Délégation en France de la Fondation Calouste Gulbenkian, l'École française d’Extrême-Orient, l'École pratique des hautes études, l'École des hautes études en sciences sociales. Conférence du 26 novembre 2012, ''Des conquêtes plus lointaines que celles des Grecs et des Romains : aspects politiques et militaires des conquêtes de Goa et de Malacca (1510-1512)'', présentée par João Paulo Oliveira e Costa, Directeur, Centre d'Histoire d'Outre-mer (CHAM) de l'Université nouvelle de Lisbonne. École française d'Extrême-Orient.</ref>. Devenue capitale de l'[[Inde portugaise|Empire portugais d'Orient]] en 1530, Goa est considérée comme l'une des plus grandes villes mondiales de la période moderne, avec une population de {{unité|200000 habitants}}<ref>''Voyage de Pyrard de Laval aux Indes orientales (1601-1611) : contenant sa navigation aux Maldives, Moluques, Brésil, les divers accidents, aventures et dangers qui lui sont arrivés en ce voyage… Suivi de la relation du voyage des Français à Sumatra de François Martin de Vitré (1601-1603)'', préface de Geneviève Bouchon, notes de Xavier de Castro, éditions Chandeigne, 1999.</ref>. L’État portugais est par ailleurs la principale puissance maritime dans l'océan Indien et le plus grand vendeur d'armes à feu en Asie du {{sp-|XVI|au|XVIII}}, permettant notamment l'armement et l'[[Époque du commerce Nanban|unification politique du Japon]], la mise à mal de [[Campagne ottomane contre Ormuz|l'hégémonie ottomane dans l'ouest de l'océan Indien]] et l'[[Guerre adalo-éthiopienne|arrêt de l'expansion musulmane]] en [[Éthiopie]].
* Le Portugal est le seul État européen dont la [[capitale]] a été située hors d'Europe, avec le transfert de la cour en 1807 à [[Rio de Janeiro]] et la constitution du [[Royaume-Uni du Portugal, du Brésil et de l'Algarve]]. [[Rio de Janeiro]] a été la capitale du Portugal ''de facto'' entre 1807 et 1815, et ''de jure'' entre 1815 et 1822. Pendant cette période, les principales institutions du royaume, la banque du Portugal, l'état-major portugais, l'ensemble de la haute noblesse et de la famille royale résidaient sur le continent américain. Le [[roi de Portugal]] est par ailleurs le seul souverain régnant européen à s'être déplacé personnellement dans sa [[Colonisation européenne des Amériques|colonie américaine]], et à y avoir régné durablement, légiférant pour le Portugal depuis l'autre côté de l'[[océan Atlantique]] (la reine [[Marie Ière de Portugal|Marie {{Ire}}]] et le roi {{souverain2|Jean VI (roi de Portugal)}}).
* Le Portugal est le premier État européen à se lancer dans la [[traite négrière]] dans l'Atlantique, avec l'arrivée d'un premier lot d'esclaves noirs à Lisbonne dès 1441, amené par le navigateur [[Antão Gonçalves]] (esclaves achetés sur la côte de l'Argüim la même année){{Référence souhaitée|date=21 mars 2022}}. Le Portugal est le premier État européen à dévier massivement les circuits de la [[Traite arabe|traite négrière africaine]] vers les îles de l'Atlantique puis vers les Amériques. Les Portugais sont le seul peuple européen à pratiquer massivement et systématiquement la [[chasseur d'esclaves|chasse aux esclaves]] dans l'Atlantique (avec les ''[[pombeiros]]'' en [[Angola]], les ''[[bandeirante]]s'' au [[Brésil]], l'achat et la capture d'esclaves dans le [[Golfe de Guinée]]), l'océan Indien et le Pacifique (avec les ''[[Prazo|prazeiros]]'' au [[Mozambique]], les ''[[Ferengi (peuple)|Ferengis]]'' dans [[golfe du Bengale]] et les ''Fu-lang-chi'' en [[Chine]])<ref>Alexandra Pelucia, ''Corsários de piratas portugueses'', éd. Esfera dos Livros. Voir aussi les chapitres de la ''Pérégrination'' de Mendes Pinto consacrés aux activités des Portugais à Ningbo, dans le tome I.</ref>. Le Portugal est la principale puissance esclavagiste européenne de la période moderne. Il fonde le [[plantations|système des plantations]] dès le {{s-|XV}} à [[Madère]], transposé le siècle suivant au [[Brésil]], qui devient le plus grand Empire esclavagiste d'Amérique (et le dernier à abolir l'esclavage le 13 mai 1888)<ref>Cours d'histoire de l'Amérique latine, de J. Piel, séminaire consacré à « l'Empire portugais du Sucre », université Paris 7-Paris Diderot, 2003.</ref>.
* Le Portugal est le premier grand État européen à abolir l'[[esclavage]] sur son territoire métropolitain et dans ses possessions de l'océan Indien<ref>http://ler.letras.up.pt/uploads/ficheiros/3108.pdf.</ref>. Le {{date-|12 février 1761}}, sous le règne du roi {{souverain2|Joseph Ier (roi de Portugal)}}, le [[Marquis de Pombal]] abolit l'esclavage dans le [[royaume de Portugal]] et dans les [[Inde portugaise|Indes portugaises]] (partie asiatique de l'Empire portugais). Le Brésil lui-même n'échappe pas à cette première vague d'abolitions ''pombalines'', lancées sur son sol. En 1755, le marquis de Pombal avait [[Esclavage au Brésil|libéré les Indiens du Brésil]] et promulgué des mesures en faveur de leur intégration dans la société coloniale (''{{Lien|Diretório dos Índios|lang=pt}}''), sans toutefois toucher à la condition servile des Noirs ou à la traite négrière (en raison de leur importance capitale pour l'économie brésilienne). Le [[congrès de Vienne]] et l'opposition des Anglais font de l'[[Abolition de l'esclavage|abolition de la traite et de l'esclavage]] au [[Brésil]] et en [[Afrique]] une question à résoudre d'urgence pour Lisbonne. Le [[Traite négrière|trafic et le commerce d'esclaves]] sont abolis dans tout l'[[Empire colonial portugais]] en 1836. Les esclaves de l'État sont libérés par décret en 1854 et ceux de l’Église par décret en 1856. La loi du {{date-|25 février 1869}}<ref>http://www.fd.unl.pt/Anexos/Investigacao/1427.pdf.</ref> proclame l'abolition de l'esclavage dans tout l'[[Empire colonial portugais]], jusqu'à son terme définitif de 1878<ref>http://memoria-africa.ua.pt/Digital_Show.aspx?q=/BGC/BGC-N001&p=139.</ref>.
* Le [[canyon de Nazaré]], [[canyon sous-marin]] situé au large de la ville de [[Nazaré (Portugal)|Nazaré]], est un milieu reconnu mondialement par les amateurs de surf en raison des immenses vagues déferlant de novembre à février. Ce spot de surf fait environs 5000 mètres de profondeur<ref>{{Lien web |langue=fr |nom=Article |titre=Les grosses vagues de Nazaré |url=https://www.centerofportugal.com/fr/article/la-vague-de-mcnamara |site=Center of Portugal |consulté le=2022-12-22}}.</ref>.
* La [[Marine portugaise|marine de guerre portugaise]] est la plus ancienne branche des forces armées du monde encore active<ref group="n">En accord avec une bulle papale datant de l'époque de la ''[[Reconquista]]''.</ref>. Elle est en activité ''de facto'' au moins depuis 1180, sous le règne d'[[Alphonse Ier (roi de Portugal)|Afonso Henriques]], lorsqu'elle remporte une victoire face à une escadre musulmane au large du cap Espichel. D'un point de vue strictement juridique, la fondation de la marine de guerre portugaise (en tant qu'institution) date du début du {{s-|XIV}}. En 1312, le roi {{souverain2|Denis Ier}} donne une organisation permanente à la [[Marine portugaise|Marine Royale portugaise]], dont le Génois [[Manuel Pessanha]] est nommé premier amiral en 1317.
* Le Portugal est l'un des premiers États européens modernes à s'être doté d'un arsenal de marine, avec la fondation des ''Tercenas Navais'' de [[Lisbonne]], dont les structures apparaissent sous le règne du roi {{Souverain2|Denis Ier de Portugal}} (1279-1325), et qui sont fondées formellement et organisées en 1377, sous le règne du roi {{souverain2|Ferdinand Ier (roi de Portugal)}}<ref>''Esta Lisboa'', d'Alice Vieira, éditions Caminho, 1993, Lisbonne, {{p.|22}}.</ref>. L'arsenal des Tercenas est rebaptisé ''Arsenal da Ribeira das Naus'' sous le règne du roi [[Manuel Ier de Portugal|Manuel {{Ier}}]], puis ''Arsenal Real da Marinha'' au {{s-|XVIII}} et enfin ''Arsenal da Marinha de Lisboa'' en 1910. Il est désactivé et remplacé par l{{'}}''Arsenal do Alfeite'' en 1938. L'arsenal de Lisbonne permet l'émergence d'une flotte de guerre très tôt dans l'histoire du pays, et sert à équiper les [[Marine de guerre|armadas]] portugaise tout au long de l'expansion outre-mer du Portugal.
* Conséquence de ses innombrables campagnes militaires menées un peu partout dans le monde pendant six siècles, le Portugal est traditionnellement considéré comme un pays novateur dans le domaine de la [[médecine]]. Dès le {{s-|XVI}}, le pays se dote d'un réseau d'hôpitaux royaux et de maisons d'assistance publiques, les Saintes Maisons de la Miséricorde (''[[Santa Casa de Misericórdia]]''), qui visent à remettre les soldats sur pied, et qui s'étendent rapidement dans tout l'empire. L'hôpital royal de [[Goa]], dans l'[[Inde portugaise|Orient portugais]], est notamment considéré comme un modèle du genre aux {{s2-|XVI|XVII}}. Organisé suivant un règlement précis, avec des hiérarchies médicales de personnel qualifié et non-qualifié, on y impose des mesures d'hygiène telles que le lavage de mains et des ustensiles médicaux, la désinfection des vêtements et des chambres des malades, une nourriture saine et équilibrée<ref>O Hospital Real de Todos os Santos : da Organização da caridade ao génio organizativo, de L. Graça, publié dans ''Dirigir-Revista para chefias'', {{n°|32}}, 1994.</ref>. Pendant toute la [[période moderne]] le travail de consignation systématique de la [[flore]] et de ses propriétés curatives, effectué tantôt par des [[intellectuel]]s comme l'apothicaire [[Tomé Pires]] dans sa ''Soma Oriental'', tantôt par de simples aventuriers ou soldats, tantôt par des [[Compagnie de Jésus|jésuites]], notamment en [[Inde]], en [[Malaisie]] et au [[Brésil]], permet des progrès décisifs pour la [[pharmacologie]]<ref group="n">Cela explique le nombre élevé de lusitanismes faisant référence à la flore asiatique dans la langue française. Aujourd'hui encore, d'innombrables termes médicaux viennent de la langue ''tupi'', langue pratiquée par les indigènes de l'empire du Brésil, ramenée en Europe par l'intermédiaire des Portugais.</ref>. Aux {{s2-|XVIII|XIX}}, l'abbé [[José Custódio de Faria]], un Portugais de [[Goa]] dont [[Alexandre Dumas]] fera un personnage-clé du roman ''[[Le Comte de Monte-Cristo]]'', marque fortement de son empreinte la pratique du [[magnétisme animal]] et de l'[[hypnose]] en Europe<ref>{{Ouvrage |langue=fr |titre=De la cause du sommeil lucide |tome=1 |lieu=Paris/Budapest/Torino |éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]] |année=2005 |année première édition=1819 |pages totales=187 |format=sur ''gallica'' |isbn=2-7475-8876-9 |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k83286f/f5.image.texteImage |consulté le=27 mars 2019}}. Les trois autres volumes projetés par Faria ne furent jamais publiés. [http://www.abbefaria.com/ site sur l'abbé Faria].</ref>. Cette tradition d'excellence se poursuit jusqu'au {{s-|XX}}. En 1883, le médecin et chercheur à l'École médico-chirurgicale de Porto [[António Teixeira de Sousa]] est récompensé du prix Macedo Pinto pour sa thèse « ''Enervação do coração'' »<ref>{{Lien web |langue= pt |titre= António Teixeira de Sousa, ultimo presidente governo do reino monarquia constitucional |site= Ensaios de estória e história |url= http://ensaiosdeestoriaehistoria.blogspot.fr/2012/06/antonio-teixeira-de-sousa-ultimo.html |en ligne le= 22 juillet 2012 |consulté le= 22 juillet 2012 }}.</ref>.En 1949, le médecin, neurologue et chercheur [[Egas Moniz]] reçoit le [[prix Nobel de médecine]] pour ses travaux déterminants sur le [[cerveau]] humain et la chirurgie cérébrale. Et aujourd'hui encore, en dépit d'un grand nombre de défaillances dans son système médical, le Portugal est considéré comme un pays précurseur dans la recherche scientifique et dans des domaines précis, imposant de nouveaux modèles, notamment dans sa lutte contre la toxico-dépendance<ref>http://fr.myeurop.info/2011/06/14/drogues-le-succes-du-modele-portugais-2719.</ref>.