Philosophe

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L'École d'Athènes de Raphaël (1511).

La signification du terme philosophe varie avec les époques, les contextes socio-historiques, et en fonction du rapport entre la « philosophie » comme tradition, corpus de textes, discipline, institutions, et d'autres institutions ou disciplines (sciences, théologie, sociologie, économie, psychologie, ethnologie, esthétique…).

Au sens antique, est « philosophe » la personne qui « cherche la vérité et cultive la sagesse[1] », comme Socrate et Platon, Épicure et Lucrèce, Épictète et Sénèque.

Au sens moderne, un philosophe est un intellectuel qui a contribué dans une ou plusieurs branches de la philosophie, de l'éthique, de la logique, de la métaphysique, de la théorie sociale et de la philosophie politique.

Au sens « professionnel », est « philosophe » un enseignant ou un chercheur en philosophie. Certains philosophes-auteurs étaient ou sont également philosophes-enseignants ; c'est particulièrement fréquent depuis deux siècles, mais c'était également le cas, dans des contextes évidemment très différents, de Platon ou d'Aristote.

Certains penseurs ou auteurs rangés au rang des « philosophes » dans les programmes scolaires ne revendiquaient pas cette étiquette, ou la rejetaient explicitement, parfois au nom d'une autre discipline, par exemple Freud et Marx.

D'autres considéraient leurs activités scientifiques comme philosophiques ou vice-versa. On peut citer Pythagore, Aristote, Avicenne, Descartes, Pascal, Leibniz ou Russell.

Étymologie

Origines

Héraclide du Pont (340 av. J.-C.) attribue la création du mot « philosophe » à Pythagore (530 av. J.-C.), lequel ne se présentait pas comme un sage, mais comme « amoureux de la sagesse » (φιλόσοφος) : « Pythagore », dit Aétius, « fut le premier à employer le terme de 'philosophie' [φιλοσοφία : amour de la sagesse] »[2],[3]. Pour Cicéron : « Léon lui demanda sur quel art il s'appuyait ; Pythagore répondit qu'il ne connaissait pas un seul art, mais qu'il était philosophe. Léon s'étonna de ce mot nouveau[4]. » Il s'étonna peut-être aussi de la modestie : le philosophe n'est pas sage, il se présente seulement comme un apprenti en sagesse, un amateur de connaissances profondes des conséquences de ses actes et paroles, et tend donc à la maîtrise de soi.

Les mots « philosophe » et « philosophie » n'ont pris ce sens, classique, qu'avec Platon, lors de sa lutte contre les sophistes[5], qui se prétendaient savants. Le philosophe, dit Platon, est celui qui « aspire à apprendre », l'homme qui désire savoir de façon droite, l'amoureux de connaissance, le « philomathe »[6], et donc seul Zeus est sage. « L'appeler sage, c'est, selon moi du moins, employer une expression ambitieuse et qui ne convient qu'aux Divinités. Mais l'appeler ami de la sagesse, « philosophe », ou d'un nom analogue, à la fois lui irait davantage et serait mieux dans la note[7]. »

Polysémie

Outre le sens habituel d'« amateur de sagesse », il existe au moins une autre étymologie du mot « philosophe », défendue notamment par Bebescourt, qui y voit le « connaisseur de l'Amour », par allusion au Banquet de Platon, dont le thème philosophique central est le dieu Éros ou Amour[8].

Un philosophe est une personne dont les écrits ou la parole sont reconnus par des écoles, groupes, religions, ou académies… Il existe ainsi une dimension de reconnaissance entre le philosophe et le groupe qui le juge en tant que tel.

En un sens large, on appelle philosophe celui qui pense de façon conceptuelle, radicale, critique, systématique les grands principes et valeurs de la vie et de la connaissance : Platon, Aristote, Descartes, Pascal, Leibniz, Spinoza, Hume, Kant, Hegel, Nietzsche, Bergson, Wittgenstein, Heidegger… représentent l'idée que se fait l'occident de la philosophie car Bouddha et Confucius (entre autres) sont également considérés comme des philosophes. Dans cette discipline, les femmes sont peu citées. De nombreuses philosophes, sont très actives dans les universités. Marion Bernard, Elsa Dorlin, Aurélie Knüfer et beaucoup d'autres[9]. Certains textes religieux peuvent contenir des notions d'ordre philosophique.

Au-delà du sens général, le terme de philosophe s'applique, de façon plus large, aux personnes qui pratiquent une forme de philosophie. Mais puisque cette pratique est elle aussi l'enjeu de débats philosophiques, il est difficile de donner une définition générale de ce qu'est un philosophe, qui serait acceptée sans difficultés par tous ceux qui se définissent comme tels. Néanmoins, l'idée la plus générale que l'on puisse s'en faire est celle d'une personne qui réfléchit sur le monde et la pensée, pour accéder à la sagesse ou pour comprendre le sens de la vie, dans l'espoir d'être plus heureux ou plus libre[réf. nécessaire].

Il existe cependant, depuis peu, une nouvelle façon de penser la définition de la philosophie, en lui apportant une technique, comme à toute autre matière. Cette nouvelle façon de voir la définit comme étant la discipline étudiant (par la méditation, si l'on veut) les lois et les préceptes reliant ce qui est à ce qui devrait être. La philosophie serait ainsi l'art de comprendre ce qui devrait être à la place de ce qui est, à la place de notre situation, d'où la prise de recul sur les choses en général, d'où également la recherche des lois auxquelles nous obéissons dans la vie. La philosophie occidentale dite « classique » laisse la morale comme partie négligeable, alors que pour certains la morale et la philosophie sont une seule et même chose[réf. nécessaire].

Figures historiques

Il est difficile de dire ce qu'est un philosophe, et donc de faire un panorama des figures historiques de la philosophie. On peut pourtant les penser en suivant la proposition de Gilles Deleuze : est philosophe celui qui fabrique un concept. Un concept résout un problème général. Les deux premiers philosophes sont alors Pythagore et Thalès. Suivis par Parménide, Zénon d'Élée, Héraclite d'Éphèse, Anaximandre, et tous ceux désignés comme des présocratiques : Empédocle, Philolaos, Archytas, Leucippe, Anaxagore, et l'imposant Démocrite. Ils sont pour l'essentiel des physiciens de la philosophie et des moralistes (des sages).

Vient ensuite Platon, qui fonde l'Académie, chez qui toutes les questions sont abordées au travers d'une autre figure qui n'a jamais rien écrit : Socrate. Une phrase fameuse dit de Platon que toute l'histoire de la philosophie tient en les notes en marge de sa pensée. Aristote, qui fut le disciple de Platon, fonde le Lycée et élabore une pensée inductive, il fabrique la métaphysique, science des causes de l'être, dont l'ontologie est la science première. De grandes figures se distinguent nettement sans qu'il soit nécessaire de lister exhaustivement tous les philosophes. Elles se distinguent en cela que leur pensée révolutionne l'esprit, voire l'histoire. Ils sont essentiellement des modernes. Ainsi, Descartes qui pour la première fois énonce l'essence de la subjectivité, Kant qui exprime ce qu'est une expérience et fabrique l'idéalisme, Hegel qui construit le dernier système total en percevant dans l'histoire le mouvement de l'être, Marx qui tâche de transformer l'histoire plutôt que de la penser, Nietzsche qui annonce la mort de Dieu et de tous les systèmes, Heidegger qui revient sur l'histoire de la philosophie comme histoire de l'oubli de l'être[10].

Histoire

Antiquité

Le philosophe fait de la philosophie une activité libre à laquelle il consacre sa vie. La philosophie suppose un certain genre de vie, ou un art de vivre. Pythagore, là aussi, intervient. Il se distingue par un genre de vie, « le genre de vie pythagoricien » (βίος πυθαγορικός). Et il distingue trois genres de vie : l'action, le gain (ou la gloire), la contemplation.

« Lorsque Léon, le tyran de Phlionte, lui demanda qui il était, il répondit : 'un philosophe' [φιλόσοφος : amoureux de la sagesse]. Et il disait que la vie ressemble à une panégyrie [assemblée de tout le peuple]. De même que certains s'y rendent pour concourir, d'autres pour faire du commerce, alors que les meilleurs sont ceux qui viennent en spectateurs, de même, dans la vie, les uns naissent esclaves et chassent gloire et richesses, les autres naissent philosophes et chassent la vérité[11]. »

L'Antiquité a médité sur le thème de l'accord entre la pensée et la vie. Platon, dans le Lachès (188 d) parle de « la vie qui mettra les actes à l'unisson avec les paroles ». Épictète, dans ses Entretiens (I, 29, 55-57) y insiste : « Ne peux-tu pas appliquer ce qu'on t'a enseigné ? Les raisonnements, ce n'est pas ce qui manque ; les livres sont pleins de ceux des stoïciens. Qu'est-ce qui manque donc ? l'homme qui les appliquera, qui, par la pratique, rendra témoignage pour eux. Prends ce rôle pour que nous n'ayons plus à nous servir, dans l'école, de l'exemple des Anciens, mais que nous ayons aussi des exemples de notre temps. »

Platon donne comme origine au philosophe l'étonnement (θαυμάζειν, thaumazein, qui signifie aussi émerveillement) : « Cet état, qui consiste à s'émerveiller, est tout à fait d'un philosophe. »[12] Ensuite, sur le « naturel philosophe », il donne le trait caractéristique, dans La République (II, 376c) : il y a « désir de connaître et amour du savoir, ou philosophie ». Et cette activité consiste à chercher le Vrai, le Beau, le Juste, donc des valeurs, des normes, des principes, des idéaux, par-delà les choses sensibles, cela avec une sagesse et dans une perception globales. D'une part, « le philosophe a envie de sagesse, non d'une sagesse et pas d'une autre, mais de la totalité de ce qu'elle est »[13]. D'autre part, il parvient à une vue synoptique : il prend « une vue d'ensemble de ce qui est disséminé »[14]. Finalement, Platon oppose deux modes de vie : la vie active et la vie contemplative[15], mais lui-même a mené une vie contemplative axée sur la vision du Beau ou du Bien, et une vie active marquée par la fondation de l'Académie et ses efforts pour conseiller un État juste à Syracuse.

Aristote insiste sur le désir de savoir, commun aux hommes, mais central chez le philosophe : « Tous les hommes désirent naturellement savoir »[16]. Plus précisément, pour Aristote[17], le philosophe est un chercheur universel : il possède la totalité du savoir, mais seulement au niveau des principes les plus élevés (par exemple la loi logique de non-contradiction) et des causes premières et les plus générales (par exemple la cause motrice, la nécessité) ; profond : il pense des choses difficiles, abstraites, générales, éloignées des sens, comme l'Être ; précis ; instructif ; désintéressé : il veut savoir dans le seul but de savoir, savoir ce qui est universel et nécessaire ; enfin, dominant : « il ne faut pas que le philosophe reçoive, mais qu'il donne des lois ». Finalement, « si le bonheur est la sagesse, il est manifeste que c'est aux seuls philosophes qu'il appartiendra de vivre heureux »[18].

Une révolution dans notre conception du philosophe grec a été faite par Pierre Hadot. Il a démontré que, pour les Anciens, le philosophe se signale moins par des opinions, des théories, que par un « enseignement oral » et par un « mode de vie ». « Cet enseignement oral, et les œuvres écrites qui en émanent, ne communiquent pas un savoir tout fait, mais ils sont destinés avant tout à former un savoir-faire, à un savoir discuter, à un savoir parler, qui permettra au disciple de s'orienter dans la pensée, dans la vie de la cité, ou dans le monde. (…) La philosophie est un mode de vie qui comporte comme partie intégrante un certain mode de discours. » Socrate veut « rendre meilleurs » les hommes ; chez Platon, « la dialectique n'est pas seulement un exercice logique, mais c'est le dialogue de deux âmes qui ne s'élèvent vers le bien que parce qu'elles s'aiment » ; chez Aristote « la vie théorétique n'est pas une pure abstraction, mais une vie de l'esprit »[19].

Fin de l'Antiquité

Philosophe en méditation, par Rembrandt, 1632.

À la fin de l'Antiquité, depuis le IIIe siècle av. J.-C.[20] jusqu'à la fin du Ve siècle, le mot « philosophe » prend fréquemment le sens de « docteur ès sciences occultes »[21]. « C'est un titre dont les alchimistes aimaient particulièrement se parer[22]. » Un grand nombre de philosophes se lancent dans la théurgie (Jamblique, Proclos), la magie (Apulée), l'alchimie (Synésios, Olympiodore d'Alexandrie le Jeune)[23], l'astrologie, la numérologie… Inversement, les mages (Nigidius Figulus, Apollonius de Tyane, Maxime d'Éphèse), les alchimistes (Bolos de Mendès, Zosime de Panopolis), les hermétistes du Corpus Hermeticum se disent « philosophes » ou « pythagoriciens »[24]. Hermès Trismégiste, autorité mythique des hermétistes et des alchimistes, sera appelé « le Père des philosophes », « très ancien théologien et excellent philosophe » ou « grand philosophe, prêtre et roi », et Zosime de Panopolis, le premier grand alchimiste (vers 300), est appelé « la couronne des philosophes ».

Les hermétistes prétendent représenter la vraie philosophie : « Il n'y aura plus, après nous, aucun amour sincère de la philosophie, laquelle consiste dans le seul désir de mieux connaître la divinité par une contemplation habituelle et une sainte piété. Car beaucoup la corrompent d'une infinité de manières… Par un astucieux travail, ils la mêlent à diverses sciences inintelligibles, l'arithmétique, la musique et la géométrie. Mais la pure philosophie, celle qui ne dépend que de la piété envers Dieu, ne doit s'intéresser aux autres sciences que pour admirer comment le retour des astres à leur position première, leurs stations prédéterminées et le cours de leurs révolutions solaires obéissent à la loi des nombres et pour se trouver (…) portée à admirer, adorer et bénir l'art et l'intelligence de Dieu[25]. »

Moyen Âge

Même si l'expression est postérieure au Moyen Âge, la fameuse théorie de la « philosophie servante de la théologie » (philosophia ancilla theologiae) remonte à la fin du IIe siècle, avec Clément d’Alexandrie, dans les Strômates (I, 5). « Dieu est le principe de toutes choses bonnes, les unes immédiatement, comme l'ancien et le nouveau Testament, les autres comme secondairement, comme la philosophie. Peut-être même la philosophie a-t-elle été donnée aux Grecs au même titre de l'Écriture [sainte], avant que le Seigneur les appelât. La philosophie est donc une étude préparatoire, c'est elle qui ouvre la route à celui que Jésus-Christ mène à la perfection. Sans doute la Vérité n'a qu'une voie, mais d'autres ruisseaux lui arrivent de divers côtés, et se jettent dans son lit comme dans un fleuve éternel[26]. »

Cette expression sera reprise par Thomas d'Aquin au XIIe siècle, pendant la période dite scolastique. Durant cette période, la théologie avait pris le pas sur la philosophie. Cependant, après l'entrée d'Aristote en théologie, les théologiens se mirent à la réflexion philosophique. Ils se nommèrent eux-mêmes des philosophantes (des théologiens philosophants)[27]. Le pape Grégoire IX, par la bulle Parens scientiarum (Père des sciences), exige « que les maîtres de théologie ne jouent pas aux philosophes » (nec philosophos se ostentent), à plus forte raison les maîtres ès-arts.

La question selon laquelle il existerait une « philosophie chrétienne » fait encore débat. « Laquelle, de la raison ou de la foi, doit diriger l'autre ? » Les options sont contradictoires. Dès son premier livre, en 386, saint Augustin met le doigt sur le problème de méthode ou de croyance qui se pose à un philosophe chrétien : « faut-il suivre la voie de la foi (via fidei) ou la voie du raisonnement (via rationis) ? » Il choisit les deux[28] : « Je désire ardemment saisir la vérité non seulement par la foi mais encore par l’intelligence ». Plusieurs combinaisons sont possibles : foi seule (Pierre Damien), intelligence seule (Pierre Abélard), priorité à la foi (Boèce, Thomas d’Aquin), priorité à l’intelligence (Roger Bacon), foi en quête d’intelligence (Augustin, Anselme de Cantorbéry), foi et intelligence en complémentarité, en autonomie (Lanfranc de Pavie) ou peut-être même en contradiction (Averroès, Boèce de Dacie et Siger de Brabant, selon une tradition qui parle — à tort — de « double vérité »). Force est de reconnaître que les principaux philosophes du Moyen Âge sont, quant à leur statut, moines, prêtres, papes, et, quant à leur spécialité, théologiens.

Renaissance

  • Laurence Boulègue (dir.), Commenter et philosopher à la Renaissance: Tradition universitaire, tradition humaniste, Presses Universitaires du Septentrion, (ISBN 9782757414224, lire en ligne)

Lumières

Une autre grande figure du philosophe est celle du philosophe des Lumières. C'est un intellectuel qui réfléchit sur l'organisation du monde. Les plus illustres de ces philosophes, en France, sont Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, d'Alembert, Helvétius, d'Holbach ; en Angleterre, Toland et Hume ; en Allemagne : Wolff, Lessing et Kant. Le philosophe des Lumières croit au progrès, il pratique le libre examen, il conteste la religion révélée.

« La physionomie du philosophe se transforme : moins théologien, moins savant, il est, de plus en plus, l'honnête homme qui se tient au courant de l'avancement des sciences, prend parti dans toutes les querelles, se passionne pour les questions politiques en théorie ou par l'action, et, surtout, devient homme de lettres : la philosophie, désormais, s'exprime par des contes, par le théâtre, par des romans. La question reste ouverte de savoir si les philosophes jouent vraiment un rôle. La fin du siècle (répondra) en philosophie théorique, pure, par Kant, et, en pratique, par la Révolution française[29]. »

Bien après la philosophie des Lumières, Charles Peirce caractérise ainsi le philosophe, à partir de la figure de Kant : « Kant possédait à un haut degré les sept qualités mentales d'un philosophe : 1) aptitude à discerner ce qui est donné à sa conscience, 2) originalité inventive, 3) puissance de généralisation, 4) subtilité, 5) sévérité critique, 6) démarche systématique, 7) énergie, diligence, persévérance et dévotion exclusive à la philosophie[30]. »

Époque contemporaine

Pour caractériser le philosophe de l'Époque contemporaine (en France : Claude Lévi-Strauss, Michel Foucault, Jules Vuillemin, Jacques Derrida, Michel Onfray…), Luc Ferry retient ces traits-ci[31] :

  • « Plus aucun philosophe ne se risquerait aujourd'hui à forger un « système » philosophique. »
  • « La philosophie contemporaine a été pour l'essentiel une déconstruction de l'idéalisme allemand, de la philosophie de la subjectivité telle que Descartes l'avait mise en place. La philosophie devient historienne en déconstruisant les grandes théories du passé. » (La philosophie déconstructive prétend mettre en pièces ou mettre à nu les fondations de la maison philosophie, grâce à une généalogie, une herméneutique ou une réévaluation. Cela remonte à Nietzsche et Heidegger et triomphe avec Derrida).
  • « Au fil des années soixante, quelque part entre Sartre et Foucault déjà, l'image du philosophe s'est dédoublée en France comme jamais dans les siècles passés. D'un côté le professeur, qui n'est pas nécessairement un penseur original, mais avant tout un historien de la philosophie. De l'autre, l'essayiste, « l'intellectuel » qui intervient dans le débat public. Le commentaire d'un côté, l'engagement de l'autre, mais point, là comme ici, de créateur singulier. »
  • « La philosophie moderne semble souvent très « technique », volontiers spécialisée dans des champs particuliers du savoir (l'épistémologie, la philosophie du droit, de l'éthique, de la politique, du langage, l'histoire des idéesetc.), elle est devenue, pour l'essentiel, une discipline scolaire ou universitaire, parmi d'autres. »

Profils didactiques

Les philosophes se divisent, quant aux idées, en de nombreuses doctrines : rationalisme/empirisme, spiritualisme/matérialisme, dogmatisme/scepticisme/relativisme. Mais ils se distinguent aussi, au sein du mode de vie philosophique, par leurs profils de penseurs, leurs styles de pédagogues, leurs manières en méthodologie.

  • Platon oppose les « Fils de la Terre » aux « Amis des Idées »[32]. Il peut s'agir d'une opposition doctrinale ou des rivalités d'école, mais il s'agit peut-être de tendances à philosopher. Les Fils de la Terre privilégient les corps matériels, ils ne croient qu'en ce qu'ils touchent ; en revanche, les « Amis des Idées » privilégient les essences intelligibles, les normes idéales, ils se fient à la pensée.
  • Pascal, dans le traité De l'esprit géométrique et de l'art de persuader (1657), mais aussi dans les Pensées, distingue « l'esprit de géométrie » de « l'esprit de finesse ». Logiciens et intuitifs. Ces deux voies de connaissance ont leurs règles, inconciliables. « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. » Cette phrase ne signifie pas que l’amour obéit à une logique autre que celle du calcul, mais – dans le vocabulaire du XVIIe siècle – que l’intuition métaphysique des principes (le cœur) obéit à des règles différentes de celles de la pensée discursive (la raison). « L'esprit de géométrie », ou « art de persuader », relève de l'entendement, de la pensée discursive, savante. On le trouve en mathématiques. « Cette véritable méthode (…) consisterait en deux choses principales : (…) à définir tous les termes et à prouver toutes les propositions. » Le penseur, avec des principes peu nombreux et évidents, arrive à de nombreuses conclusions. La raison avance lentement, par déduction rigoureuse de conséquences, mais avec des preuves. « L'esprit de finesse », ou « art d'agréer », relève du « sentiment de cœur », au sens d'une intuition métaphysique qui fait croire sans démonstration. On le trouve en littérature et en pédagogie, dans la vie courante. Le penseur alors voit « la chose d'un seul regard », il persuade par éloquence, il ménage l'amour-propre des autres, il s'efforce d'être naturel et de plaire. L'esprit avance par digression, avec un grand nombre de principes subtils. Cette voie s'applique mieux à la religion. « C'est le cœur qui sent Dieu, et non la raison. » On éprouve Dieu, on ne le prouve pas.
  • Leibniz distingue deux profils philosophiques : les esprits combinatoires, comme Galilée, et les esprits analytiques, comme Descartes[33] : « Il y a deux méthodes : synthétique, c'est-à-dire par l'art combinatoire, et analytique. L'une et l'autre peuvent montrer l'origine de la découverte, ce n'est donc pas le privilège de l'analyse [comme le soutient Descartes]. La différence est que l'art combinatoire, à partir d'éléments plus simples, dévoile une science (…) ; l'analyse, par contre, réduit le problème proposé à des éléments plus simples[34]. »
  • Nietzsche oppose « les ouvriers de la philosophie » aux « vrais philosophes ». Les premiers, « dont Kant et Hegel sont les nobles modèles », étudient, déchiffrent, rendent claires « les valeurs établies et créées », « mais les vrais philosophes commandent et font la loi, ils disent : "Il doit en être ainsi" ! »[35].
  • William James affirme que « l'histoire de la philosophie est en grande partie celle du heurt entre tempéraments[36]. » L'esprit tendre (tender-minded) est rationaliste, il s'intéresse aux abstractions et aux principes éternels, il suit ou accepte la religion et la métaphysique, il est optimiste, il croit en la volonté libre, il cherche la certitude ; l'esprit dur (tough-minded) apprécie les faits et l'expérience, il est matérialiste et, en général, réductionniste, il est pessimiste et fataliste, il ne trouve que peu de certitude et se contente de la probabilité[37]. Selon lui, il y a deux esprits philosophiques. D'une part, il y a l'esprit tendre qui se base sur les principes et est donc rationaliste. Il est aussi intellectualiste, idéaliste, optimiste, religieux, volontariste, moniste et dogmatique. D'autre part, il y a l'esprit dur qui est tout à fait le contraire puisqu'il prône les faits, faisant de lui un empiriste. Empiriste, mais aussi sensualiste, matérialiste, pessimiste, irréligieux, fataliste, pluraliste et sceptique.

Culture, société et État

Culture

Jusqu'au XVIIIe siècle au moins, la plupart des grands philosophes étaient aussi des scientifiques pratiquant plusieurs disciplines. L'ensemble de ces disciplines leur permettait de se construire une représentations de l'univers comportant plusieurs perspectives plus ou moins solidaires : biologique, physique, philosophique, etc.

La valorisation de la connaissance dans la culture occidentale fait que le philosophe est largement considéré, à tort ou à raison, comme le sommet du prestige intellectuel. Mais ce statut est aussi souvent remis en cause, et cela pour des raisons qui apparaissent depuis l'Antiquité, comme l'instrumentalisation de la philosophie par des opportunistes, ou parce qu'il arrive qu'il y ait des malentendus sur ce que l'on peut attendre de la philosophie. Ce prestige de la philosophie a aussi souffert du développement du monde moderne, de la professionnalisation de cette discipline, de la massification des études et du fait qu'au XXe siècle de très rares philosophes ont développé des sciences.

Dans le monde moderne, le philosophe peut paraître inutile, d'une part face aux sciences qui prétendent parfois être la source unique de la connaissance, d'autre part face aux idéaux de confort et de bien-être des sociétés démocratiques, idéaux soutenus par la science. L'esprit moderne n'est donc peut-être pas compatible avec la discipline de l'esprit et de la vie exigée par une pratique de la philosophie qui ne semble pas rentable. Bien plus, aux yeux du philosophe, la culture moderne comporte bien des aspects pour le moins douteux. La « substitution » de la philosophie par les sciences à l'époque moderne est en quelque sorte un parricide. La pensée philosophique est, en effet, à l'origine de toute pensée rationnelle en Occident.

Dans la Grèce antique, modèle de modernité à son époque, les gens faisaient systématiquement appel aux mythes, aux opinions pour expliquer les mystères du monde. Ce n'est qu'avec l'arrachement de conscience que constitue la philosophie, l'effort fait pour se dégager du mythe par les philosophes, que la pensée occidentale a pu accéder à un niveau rationnel de réflexion. Elle a ainsi donné naissance à la pensée rationnelle, logique, qui est le substrat nécessaire à toutes autres sciences ultérieures[38],[39]. Les philosophes encourageaient l'éducation pour établir une société ordonnée sans enlever la liberté du citoyen : « Ce travail toujours difficile, mais toujours agréable est, je pense, ce qu’avaient à l’esprit les philosophes lorsqu’ils soulignaient l’importance qu’ils accordaient à l’éducation. Ils sentaient que l’éducation est la seule réponse à la question éternellement pressante, à la question politique par excellence, celle de savoir comment concilier un ordre qui ne soit pas oppression avec une liberté qui ne soit pas licence. » [40]

Le philosophe peut donc apparaître soit comme un vestige archaïque de temps révolus, soit au contraire comme un défenseur d'une vie authentique menacée par la rationalisation outrancière des sociétés marchandes et par la dévalorisation que de tels systèmes de consommation font subir aux individus. Ainsi, si la place des philosophes dans la société est un problème soulevé depuis Platon, ce problème est remarquable au XXIe siècle par la force avec laquelle il se pose : il remet en cause la légitimité même de la philosophie.

Société

Dans un essai, Pierre Riffard[41] a isolé quelques caractéristiques du philosophe, à travers les âges, depuis Thalès jusqu'à Jean-Paul Sartre.

  • Exclusion des femmes. Sur les listes officielles des « grands philosophes », il n'y a pratiquement aucune femme ; au début du XXIe siècle, il n'y a que Simone Weil ou Hannah Arendt.
  • Expatriation. Plus de 13 % des philosophes sont nés à l'étranger, dans les colonies. Plus de 54 % des philosophes ont vécu à l'étranger : Descartes en Hollande, Hobbes 11 ans en France, etc.
  • Acceptation de la langue culturellement dominante. 23 % des « grands philosophes » ont parlé latin (jusqu'en 1889), 21 % grec, 21 % français, 13 % anglais (cette langue devient dominante au XXIe siècle).
  • Refus de la religion idéologiquement dominante. Le philosophe commence souvent sa carrière par un conflit avec l'Église ou avec les croyances admises. Les « grands philosophes » sont chrétiens à 51 %, sans religion à 27 % et païens à 19 %.
  • Profession. 43,7 % des philosophes furent enseignants, les autres religieux (20,9 %), politiciens (9,3 %), sans profession (4,9 %), médecins (4 %), avocats ou juristes (3,1 %), éditeurs ou journalistes (3,1 %), aucun ou presque artisan (Henry Thoreau), paysan (Gustave Thibon) ou marin (Michel Serres).
  • Orphelins. 68 % des grands philosophes sont orphelins à cinq ans.
  • Pas de précocité. En moyenne statistique, la première œuvre est publiée à 27 ans, l'œuvre maîtresse à 42 ans.
  • La démence est très rare, sans incidence sur la pensée, car elle est passagère (maniaco-dépression d'Auguste Comte) ou survient en fin d'existence (paranoïa de persécution de Rousseau, méningo-encéphalite syphilitique de Nietzsche).

Politique

Le philosophe s'est fait, parfois, « conseiller du Prince ».

Dans la Grèce antique, plusieurs philosophes se sont occupés activement et pratiquement de politique, pas seulement dans leurs livres :

Enfin,

Du côté des néo-platoniciens, on peut rappeler que :

À Byzance,

  • Psellos, avec le titre officiel de « consul des philosophes », est le conseiller de plusieurs empereurs

Dans les temps modernes, on voit :

Le dernier mot revient à Pascal : « Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher[46]. »

Critiques

Pierre Thuillier écrivit contre les philosophes professionnels un pamphlet nommé Socrate fonctionnaire, essai contre l'enseignement de la philosophie à l'université. Perçu lors de sa sortie comme un suicide professionnel, l'ouvrage rencontra cependant le succès.

Bibliographie

Classiques

La liste des œuvres dites classiques de philosophie n'est pas exhaustive. Elle apportera une indication sur les principaux auteurs et œuvres reconnus comme tels dans le monde de la philosophie[réf. nécessaire].

(par ordre chronologique)

Études

(par ordre alphabétique)

  • Emmanuelle Delrieu, L'art d'aimer la philosophie (1995), Le sérieux (1997), les archives universitaires, Paris.
  • Roger-Pol Droit, 101 expériences de philosophie quotidienne, Éditions Odile Jacob, 2001, 263 p.
  • Vincent Descombes, Philosophie par gros temps, Éditions de Minuit, 1989, 187 p.
  • Monique Dixsaut, Le naturel philosophe. Essai sur les dialogues de Platon (1985), Vrin, 2001, 423 p.
  • Nicholas Fearn, Zénon et la tortue. Apprendre à penser comme un philosophe (2001), trad. de l'anglais, Éditions Bréal, 2003, 223 p.
  • Jostein Gaarder, Le monde de Sophie (1995), trad. du norvégien, Seuil, 1998, 557 p.
  • Paul Janet et Gabriel Séailles, Histoire de la philosophie. Les problèmes et les écoles (1886), Delagrave, 1932, p. 1-24 : Le problème philosophique.
  • Lucien Jerphagnon, Au bonheur des sages, Desclée de Brouwer, 2004, 334 p.
  • R. Joly, Le thème philosophique des genres de vie dans l'Antiquité classique, Bruxelles, 1956.
  • Pierre Riffard, Les philosophes : vie intime, PUF, Perspectives critiques, 2004, 287 p.
  • André Sernin, Alain. Un sage dans la cité, Robert Laffont, Biographies sans masque, 1985, 479 p.

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Notes et références

  1. Informations lexicographiques et étymologiques de « Philosophe » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. Aétius, Opinions (VIes.), I, 3, 8, trad. du grec Jean-Paul Dumont.
  3. Les présocratiques, Paris, Gallimard, coll. Pléiade, 1988, p. 570.
  4. Cicéron, Tusculanes (45 av. J.-C.), V, 3, § 8, trad. du latin Émile Bréhier ; Les Stoïciens, Paris, Gallimard, Pléiade, 1962, p. 364.
  5. Platon montre cependant Socrate usant de procédé sophistes, ainsi dans Le Banquet où il fait « démontrer » par celui-ci que l'amour est laid, puisqu'il recherche la beauté et qu'on ne recherche que ce dont on manque
  6. Ménon, 82 cd ; La République, II, 376b
  7. Platon, Phèdre, 278d.
  8. Bebescourt, Les Mystères du christianisme, Londres, 1775, tome I, pp. 45-50.
  9. « Combien de PhilosophEs », libération,‎ , p. 20
  10. (de) Vgl. Friedrich Albert Lange : Geschichte des Materialismus und Kritik seiner Bedeutung in der Gegenwart. Francfort-sur-le-Main, 1974, page 32.
  11. Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres (vers 200), VIII, 8, trad. du grec, Paris, Le livre de poche, coll. « La pochothèque », 1999, p. 947.
  12. Platon, Théétète, 155 d.
  13. Platon, La République, V, 475 b.
  14. Platon, Phèdre, 265 d.
  15. Platon, Gorgias, 500 c ; Théétète, 172-176 ; Le politique, 258 e.
  16. Aristote, Métaphysique, A, 1, trad. J. Tricot, Vrin.
  17. Aristote, Métaphysique, A, 2.
  18. Aristote, Invitation à la philosophie (Protreptique) (366 av. J.-C. ?), trad., Paris, Fayard, coll. « Mille et Une Nuits », 2000, p. 38.
  19. Pierre Hadot, Études de philosophie ancienne, Paris, Les Belles Lettres, coll. « L'âne d'or », 1998, p. 207-258. Voir aussi Exercices spirituels et philosophie antique, Paris, Institut d'études augustiniennes, 1981 ; Qu'est-ce que la philosophie antique ? (1995), Paris, Gallimard, Folio.
  20. André-Jean Festugière, La Révélation d'Hermès Trismégiste, Les Belles Lettres, 1944, rééd. 1981, t. 1, p. 131 ss., 187 ss.
  21. Franz Cumont, L'Égypte des astrologues, Bruxelles, 1937, p. 122. André-Jean-Festugière, La révélation d'Hermès Trismégiste, t. I, p. 37.
  22. Michèle Mertens, in Les alchimistes grecs, t. IV.1 : Zosime de Panopolis. Mémoires authentiques, Les Belles Lettres, 1995, p. 67.
  23. C. Lacombrade, Synésios de Cyrène, hellène et chrétien, Paris, 1951, p. 64-71. Mais il s'agit peut-être de deux Synésios : Synésios le Néoplatonicien (v. 370-vers 413) et Synésios l'Alchimiste. De même pour Olympiodore : Olympiodore d'Alexandrie le Jeune (vers 550) et Olympiodore l'Alchimiste (fin du IVe siècle ?). J. R. Martindake, The Prosopography of the Later Roman Empire, Cambridge, 1980, p. 800.
  24. (en) P. Kingsley, Ancient Philosophy, Mystery and Magic, Oxford University Press, 1995.
  25. Corpus Hermeticum (100-300), XIX : Asclépius (IVe s. ; version latine), § 13, trad. André-Jean Festugière, Les Belles Lettres, 1960, t. 2, p. 311.
  26. Clément d'Alexandrie, Strômates (vers 190), I, 5.
  27. sur ce point, voir notamment Étienne Gilson, L’Esprit de la philosophie médiévale, Vrin, 1932.
  28. Saint Augustin, Contre les Académiciens, III, 20, [43].
  29. Yvon Bélaval, « Le siècle des Lumières », in Histoire de la philosophie, Paris, Gallimard, coll. « Pléiade », 1973, p. 601-608.
  30. (en) Charles Peirce, Collected Papers, t. I, § 522.
  31. Luc Ferry, apud Jean-François Dortier (coord.), Philosophies de notre temps, Auxerre, Éditions des sciences humaines, 2000 ; Luc Ferry et Alain Renaud, Philosopher à 18 ans, Paris, Bernard Grasset, 1999, p. 289, 293.
  32. Platon, Le sophiste, 247 c et 248 a.
  33. Leibniz, Opuscules et fragments inédits, édition Louis Couturat (1903), Hildesheim, G. Olms, 1988, p. 170. Voir François Duchesneau, Leibniz et la méthode de la science, Paris, PUF, 1993, p. 88, 79.
  34. Leibniz, Opuscules et fragments inédits, p. 557.
  35. Nietzsche, Par-delà le bien et le mal (1886), VI, § 211.
  36. William James, Le pragmatisme (1907).
  37. webcache.googleusercontent.com
  38. Jean-Pierre Vernant, Les origines de la pensée grecque (1962), Paris, PUF, Quadrige, 2007.
  39. Alexandre Koyré, Études galiléennes, Paris, Hermann, 1939, 3 t. ; Du monde clos à l'univers infini (1957), trad. de l'an., Paris, Gallimard, Tel, 1988, 350 p.
  40. Leo Strauss, La persécution et l'art d'écrire, p. 42
  41. Pierre Riffard, Les philosophes : vie intime, Paris, PUF, Perspectives critiques, 2004.
  42. Platon, lettre VII, 331-333 ; lettre VIII, 352 : Lettres, trad. Luc Brisson, Paris, Garnier-Flammarion, 1994.
  43. Lucien Jerphagnon, Au bonheur des sages, Desclée de Brouwer, 2004, p. 142.
  44. Philippe Soulez, Bergson politique, PUF, 1989, 409 p.
  45. Emmanuel Davidenkoff, Luc Ferry, une comédie du pouvoir, Hachette, 2004
  46. Blaise Pascal, Pensées, édition Léon Brunschvicg (1897), Classiques Hachette, p. 321.

Voir aussi

Articles connexes

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