Pakistan

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République islamique du Pakistan

(ur) اسلامی جمہوریہ پاکستان / Islāmī Jumhūriyah Pākistān

(en) Islamic Republic of Pakistan

Drapeau
Drapeau du Pakistan
Blason
Armoiries du Pakistan
Devise en ourdou : ایمان، اتحاد، نظم (Iman, Ittehad, Nazm, « Foi, unité, discipline »)
Hymne Qaumi Tarana
Description de l'image Pakistan (orthographic projection).svg.
Administration
Forme de l'État République islamique fédérale
Président Arif Alvi
Premier ministre Imran Khan
Chef de l'armée Qamar Javed Bajwa
Langues officielles ourdou[1]
anglais (temporairement)[2]
Capitale Islamabad

33° 43′ N, 73° 04′ E

Géographie
Plus grandes villes Karachi, Lahore
Superficie totale 881 913 km2
(classé 36e)
Superficie en eau Négligeable
Fuseau horaire UTC +5
Histoire
Entité précédente
Indépendance Du Royaume-Uni
Date
- République

Démographie
Gentilé Pakistanais
Population totale (2017[3]) 207 774 520 hab.
(classé 5e)
Densité 236 hab./km2
Économie
PIB nominal 303 milliards de dollars (2017)
Monnaie Roupie pakistanaise (PKR)
Développement
IDH (2017) en stagnation 0,562[4] (moyen ; 150e)
Divers
Code ISO 3166-1 PAK, PK
Domaine Internet .pk
Indicatif téléphonique +92
Organisations internationales G24 AIIB
APSCO

Le Pakistan (en ourdou : پاکِستان / Pākistān), en forme longue la république islamique du Pakistan (en ourdou : اسلامی جمہوریۂ پاکستان / Islāmī Jumhūriyah Pākistān), est une république islamique d'Asie du Sud entourée par l’Iran, l’Afghanistan, la Chine, l’Inde et la mer d'Arabie. Fondé le au terme de la partition des Indes sous la forme d'un État constitué de deux parties séparées par près de 1 600 km de territoire indien, avec comme dénominateur commun la religion musulmane, le pays se trouve réduit à sa partie occidentale en 1971 au terme de la guerre d'indépendance du Bangladesh. Depuis sa création, il entretient des relations tendues avec l’Inde en raison de prétentions territoriales concurrentes sur le Cachemire, les deux pays s'étant affrontés à travers trois guerres successives. En revanche, le Pakistan est un allié des États-Unis et entretient des relations cordiales avec la Chine. Le pays dispose de l’arme nucléaire après avoir fait des essais officiels en 1998.

Les populations du Pakistan sont indo-européennes, principalement indo-aryennes (80 %) et iraniennes (20 %), tant sur le plan ethnique que linguistique. Avec plus de 207 millions d’habitants en 2017, le Pakistan est le cinquième pays le plus peuplé du monde, avec la deuxième plus nombreuse population musulmane après l’Indonésie. C'est une république fédérale et les provinces disposent de certains pouvoirs et d'institutions démocratiques. Les frontières des quatre provinces correspondent approximativement aux principales ethnies. L'ourdou est la langue officielle du pays, mais en réalité, la majorité de la population parle l'une des langues en usage dans les principales ethnies du pays, à savoir le pendjabi, le pachto, le sindhi et le baloutchi.

Politiquement, le Pakistan est caractérisé par une confrontation entre les militaires qui ont mené trois coups d’État et diverses forces politiques. L’histoire du pays a été marquée par Ali Jinnah, Ali Bhutto, sa fille Benazir Bhutto et Nawaz Sharif, ainsi que par les coups d’État des chefs de l'armée Ayub Khan en 1958, Zia-ul-Haq en 1977 et Pervez Musharraf en 1999. Le système politique est parlementaire mais a parfois été semi-présidentiel, notamment sous les régimes militaires. Souffrant régulièrement de l'instabilité de son voisin afghan, le pays connait une insurrection talibane provenant des régions tribales du Nord-Ouest, et l’armée se livre à des opérations militaires contre eux depuis 2004. De nombreuses attaques terroristes, souvent revendiquées par les talibans pakistanais, frappent le pays surtout depuis 2007.

Étymologie

Le mot « Pakistan » est un néologisme. Le nom signifie « pays des purs » (de l’ourdou : pâk signifiant « pur » et stân signifiant « pays », avec un i de liaison)[5]. Il a été formé comme un acronyme dans les années 1930 par Choudhary Rahmat Ali[6], formé avec le nom de certaines provinces du pays : d'après l'universitaire Max Zins, ce sont le Punjab, l’Afghania (actuelle province de Khyber Pakhtunkhwa), le Kashmir, l’Indus-Sind et le Baloutchistan, en omettant cependant le « Bengale oriental », appelé par la suite « Pakistan oriental » (futur Bangladesh) alors qu’il représente 55 % de la population du futur État lors de son indépendance en 1947[7] ; d'après son confrère Emmanuel Gonon, les lettres de l'acronyme désignent le Pendjab, l'Afgana, le Cachemire, l'Iran, le Sind, le Tokharistan, l'Afghanistan et le Balouchistan[6].

Histoire

Histoire ancienne

La région de l’Indus était l’emplacement de plusieurs cultures antiques comprenant Mehrgarh, une des plus anciennes villes connues du monde, et de la civilisation de la vallée de l’Indus (de 2500 av. J.-C. à 1500 av. J.-C.) à Harappa et Mohenjo-daro. Les vagues de conquérants et de migrants, comprenant les Aryens, Perses, Indo-Grecs et musulmans se sont établis au Pakistan tout au long des siècles, influençant les autochtones. La région est un carrefour des itinéraires commerciaux historiques, y compris la route de la soie.

Sur le territoire que le Pakistan occupe, la civilisation de la vallée de l’Indus fut influencée au milieu du IIe millénaire av. J.-C. par l’arrivée de la civilisation aryenne, qui donna lieu au védisme qui a jeté les bases de l'hindouisme. Le Rig-Véda mentionne Arya-Varta (la terre des Aryens) comme Sapta Sindhu (la terre des sept rivières du Nord-Ouest de l'Asie du Sud, l'une d'entre elles étant l'Indus), cela correspond à la région pakistanaise du Pendjab actuelle. Les empires successifs et les royaumes ont régné sur la région de l’Empire perse achéménide autour de 543 av. J.-C., à Alexandre le Grand en 326 av. J.-C. et l’empire maurya. Le royaume indo-grec fondé par Demetrius de Bactria a inclus le Gandhara et le Pendjab en 184 av. J.-C., et a atteint sa plus grande ampleur sous Ménandre Ier, établissant la période gréco-bouddhiste avec des avancées dans le commerce et la culture. La ville de Taxila (Takshashila), l’un des principaux emplacements archéologiques du pays, est devenue un centre d’étude important des périodes antiques.

Raj britannique

Partition des Indes en 1947.

L'actuel territoire du Pakistan relève de la partie du sous-continent indien colonisée par les Britanniques à partir du XVIIe siècle et, plus particulièrement, l'effondrement en 1849 de l'Empire sikh, État non-musulman centré sur la ville de Lahore. Soumis d'abord à l'autorité de la Compagnie des Indes orientales, le territoire est transféré à la Couronne britannique après la révolte des cipayes de 1857.

Le mouvement pour l'indépendance de l'Inde prend de l'ampleur à partir de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Face au Congrès national indien, qui vise à représenter l'ensemble des Indiens mais compte une majorité d'hindous, la Ligue musulmane est créée en 1906 pour défendre les intérêts des musulmans. À cette époque émerge la théorie des deux nations qui considère que musulmans et hindous forment en Inde deux nations séparées. Elle sert de base au mouvement pour le Pakistan qui vise à obtenir pour les musulmans du Raj britannique un État séparé et prend de l'ampleur notamment à partir des années 1930.

Vers l'indépendance

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Congrès refuse d'aider à l'effort de guerre britannique à moins que l’entièreté du sous-continent indien n'acquière l'indépendance[8]. À l'inverse, la Ligue musulmane soutient les Britanniques, aux moyens d'une coopération politique et d'une contribution humaine[8].

La Ligue musulmane remporte tous les sièges réservés aux musulmans lors des élections de 1945 et les heurts sanglants entre musulmans et hindous ou sikhs poussent les Britanniques à accepter un partage du pays. Le à minuit, le Raj britannique est séparé en deux dominions indépendants : l'Inde et le Pakistan, séparé par la ligne Radcliffe. Le territoire du Pakistan est alors formé des régions à majorité musulmane et formé de deux parties distinctes, séparées par 1 600 km de territoire indien[9]. Les violences qui suivent la partition font quelques centaines de milliers à un million de morts et 12,5 millions de personnes sont déplacées. Le cas du Cachemire reste le seul point de litige frontalier entre les deux pays, qui vont s'affronter militairement dès 1947 sur cette question.

Instabilité et première dictature

Deux hommes se serrent les bras sous le regard de la foule
Ayub Khan reçoit le président américain Lyndon B. Johnson à Karachi, en 1967.

Depuis sa création, le Pakistan n'a jamais réellement connu la stabilité. L'histoire du pays est marquée par trois coups d'État et des périodes de démocratie caractérisée par une forte instabilité politique. Sept Premiers ministres se succèdent entre 1947 et 1958 alors que de longs et laborieux débats finissent par aboutir en 1956 à la première Constitution du pays, jusqu'ici sous régime du dominion. Cependant, le chef de l'armée Ayub Khan organise un coup d'État et destitue le président Mirza le . La loi martiale est instaurée jusqu'en 1962 et le pays vit sous le joug d'une dictature militaire pendant onze ans.

D'abord populaire, Ayub Khan est affaibli par la deuxième guerre indo-pakistanaise de 1965 puis la montée de l'opposition. Sous la pression d'un mouvement populaire, il quitte le pouvoir en 1969 mais le cède à un autre militaire, Yahya Khan. Ce dernier concède cependant les premières élections libres en 1970, remportées par deux formations de l'opposition de gauche. Largement en tête, la Ligue Awami réclame le pouvoir et l'autonomie du Pakistan oriental, ce que les militaires refusent. En 1971, la situation dégénère en une guerre de sécession, et cette partie du pays se déclare indépendante et devient le Bangladesh grâce à l'intervention militaire de l'Inde.

Socialisme et islamisation

En décembre 1971, suite à cette débâcle, l'armée abandonne le pouvoir à Zulfikar Ali Bhutto, dont le Parti du peuple pakistanais (PPP) domine le reste de l'Assemblée nationale. L'homme rétablit un régime civil, tente de contenir le pouvoir des militaires et reconnait le Bangladesh. D'abord président, Bhutto devient Premier ministre en 1973 et établit alors une nouvelle Constitution, toujours en vigueur aujourd'hui. Il mène une politique se réclamant du socialisme islamique conduisant à la nationalisation des principales banques et industries du pays. Il est toutefois largement critiqué pour son autoritarisme et la répression de l'opposition.

Benazir Bhutto, ancienne Premier ministre, dirigeante du Parti du peuple pakistanais durant 23 ans.

Alors que Bhutto est largement soupçonné de fraudes lors des élections de 1977, un coup d'État militaire mené en juillet par le chef de l'armée Zia-ul-Haq entraîne l'exécution du Premier ministre en 1979. Le général instaure un régime autoritaire où la loi martiale est imposée jusqu'en 1985, la marge de manœuvre des partis politiques réduite et les opposants politiques emprisonnés, dont Benazir Bhutto qui prend la tête l'opposition. Zia fait voter des amendements à la Constitution en 1985 afin d'élargir les pouvoirs du président, et mène par ailleurs une large politique d'islamisation de la société et de privatisations de l'économie. Les ordonnances Hudood mettent en place la charia et le blasphème est interdit en 1986. Il meurt dans un crash aérien aux causes non élucidées le .

Fragilité démocratique et coup d’État

À la suite des élections législatives de 1988, l'Assemblée nationale élit Benazir Bhutto, cheffe du PPP et fille d'Ali Bhutto, Première ministre. Après 21 mois à la tête du gouvernement, elle est démise de ses fonctions par le président Ghulam Ishaq Khan en 1990, qui l'accuse notamment d'abus de pouvoir. Ainsi, la décennie sera marquée par la compétition entre le Premier ministre, détenteur du pouvoir selon la Constitution de 1973, et le chef de l’État qui bénéficie des amendements de 1985.

Les élections de 1990 portent Nawaz Sharif, à la tête de l'Alliance démocratique islamique, au poste de Premier ministre. Il entre cependant en conflit avec le président Ghulam Ishaq Khan en 1993 et l'armée pousse à la démission des deux hommes et à de nouvelles élections anticipées. Benazir Bhutto retrouve son siège de Premier ministre après les élections de 1993, et Farooq Leghari est élu président dans le même temps. Accusée de corruption, Bhutto est de nouveau destituée par le président en 1996 et elle part en exil en 1998. Nawaz Sharif est de nouveau Premier ministre en 1997, jusqu'au coup d'État de Pervez Musharraf en 1999[10].

Musharraf devient officiellement président en 2001, puis fait voter des amendements à la Constitution renforçant son pouvoir en 2003. À partir de 2004, l'armée pakistanaise est confrontée à une insurrection islamiste dans le Nord-Ouest, surtout menée par les talibans pakistanais. Les combats et attaques terroristes s'intensifient surtout en 2007 avec l'assaut de la Mosquée rouge. Par ailleurs, Musharraf fait adopter la loi de protection des femmes en 2006, qui revient sur certaines dispositions islamistes de Zia.

Retour à la démocratie

Nawaz Sharif, dirigeant de la Ligue musulmane du Pakistan (N), trois fois Premier ministre.

Dès 2006, le pouvoir de Pervez Musharraf est de plus en plus fragilisé par l'union de l'opposition puis le mouvement des avocats. En novembre 2007, Benazir Bhutto rentre au Pakistan après un exil de neuf ans pour mener le PPP en vue des élections législatives, s'alliant avec Nawaz Sharif pour s'opposer au président. Elle est assassinée à Rawalpindi le , lors d'un attentat kamikaze, après une réunion électorale.

Les élections législatives de février 2008 marquent la victoire du PPP qui s'allie avec d'autres partis pour obtenir la démission de Musharraf. En septembre 2008, Asif Ali Zardari, veuf de Benazir Bhutto, est élu président tandis que Youssouf Raza Gilani et Raja Pervez Ashraf se succèdent au poste de Premier ministre. Une réforme constitutionnelle est votée en et rend au Premier ministre la plus importante part du pouvoir exécutif, rétablissant l'équilibre institutionnel prévu en 1973.

À la suite des élections législatives de mai 2013, la Ligue musulmane de Nawaz Sharif remporte une majorité absolue et ce dernier devient Premier ministre, pour la troisième fois. À la suite de l'affaire des Panama Papers, il est inculpé par la Cour suprême pour évasion fiscale et corruption puis destitué en 2017[11]. Le 18 août 2018, Imran Khan devient Premier ministre grâce à la victoire de son parti aux élections législatives.

Géographie

Carte topographique du Pakistan, avec en vert la plaine indo-gangétique.

Le Pakistan a une superficie de 796 096 km2 et possède des frontières communes avec l'Iran (900 km) à l'ouest-sud-ouest, l'Afghanistan (2 400 km) au nord-ouest et au nord, la Chine (520 km) au nord-est et l'Inde (2 900 km) sur tout son côté est-sud-est. La côte sud est bordée par la mer d'Arabie avec 1 050 km de littoral.

Le relief est formé de hauts sommets dans le nord (dont le mont K2 qui, à 8 611 mètres d'altitude, est le deuxième point culminant du monde), de montagnes arides à l'ouest, d'un plateau inhospitalier dans le Sud-Ouest, du désert du Cholistan dans le Sud-Est et de plaines alluviales affectées à l'agriculture partout ailleurs.

Les climats du Pakistan sont variés. Le Baloutchistan et une partie du Sind ont des climats désertique ou semi-aride. Le reste du pays, et là où vit la majorité de la population, connait un climat humide avec une saison de moussons, qui s'étend de juin à septembre. Celles-ci ont conduit aux catastrophiques inondations de 2010.

La diversité de climats et de paysages induit une grande variété d’espèces animales et végétales, notamment dans le bassin de l'Indus. En 2000, 2,5 % du territoire, soit environ 2 millions d'hectares, sont occupés par des forêts.

Politique

Institutions politiques

Composition de l'Assemblée nationale après les élections de 2018.

Le Pakistan est une république islamique, fédérale et multipartite. Le pouvoir exécutif est détenu par le président de la République qui est le chef d'État et le Premier ministre, chef du gouvernement. Le pouvoir législatif est détenu par le Parlement et les assemblées provinciales. Dans l'équilibre des institutions déterminé par la Constitution de 1973, le régime parlementaire est moniste et le Premier ministre détient la réalité du pouvoir tandis que le chef de l’État dispose d'un rôle honorifique. Cela dit, le président a souvent obtenu le rôle prépondérant, principalement durant les régimes militaires. La réforme constitutionnelle de 2010 a redonné la réalité du pouvoir au Premier ministre.

L'Assemblée nationale et les quatre assemblées provinciales sont élues au suffrage universel direct uninominal majoritaire à un tour pour un mandat de cinq ans. Ces derniers organes forment ensuite un collège électoral avec le Sénat qui élit le président de la République pour cinq ans. Le Sénat est quant à lui élu par les membres des quatre assemblées provinciales à niveau égal. Les sénateurs ont un mandat de six ans, et sont renouvelés par moitié tous les trois ans.

Le Pakistan est dans une situation de bicamérisme égalitaire. Le Sénat représente les provinces et leur autonomie, et l'Assemblée nationale le peuple et l'unité de l'État. Le Premier ministre et son gouvernement sont responsables devant l'Assemblée nationale, et les gouvernements locaux devant leur assemblée provinciale. L'Assemblée nationale peut être dissoute par le président sur la proposition du Premier ministre. Les provinces ont un pouvoir important dans le cadre d'une organisation fédérale de l’État, notamment renforcé par la réforme de 2010, avec des compétences en matière de police générale, de santé et d'éducation notamment.

La Cour suprême est à la tête de l'ordre juridictionnel et détermine la jurisprudence constitutionnelle. Elle reçoit les litiges concernant l'interprétation de la Constitution ainsi que les appels formés contre les décisions des Hautes Cours. Depuis la réforme de 2010, ses membres sont sélectionnés par une commission judiciaire puis choisis par un comité parlementaire et formellement nommés par le président de la République.

Forces armées

Des F-16 de l'armée pakistanaise.

Les forces armées du Pakistan représentent la sixième puissance militaire mondiale en termes d'effectif. Leur quartier général est situé à Rawalpindi et elles sont dirigées depuis novembre 2016 par Qamar Javed Bajwa, successeur de Raheel Sharif (2013-2016), lui-même successeur à ce poste d'Ashfaq Kayani (2007-2013).

Elles comprennent les forces terrestres, navales et aériennes. Leur effectif est de 650 000 hommes, dont 70 % sont basés dans les provinces du Pendjab et du Sind face à l'Inde à laquelle elles ont livré trois guerres et un autre affrontement majeur. Depuis 2007-2008, 140 000 soldats sont présents dans le Nord-Ouest du pays dans le cadre du conflit qui les oppose aux talibans.

En 1998, le Pakistan est devenu officiellement la septième puissance nucléaire mondiale en effectuant une série d'essais nucléaire et disposerait en 2011 de plus d'une centaine d'armes atomiques[12].

Politique envers le terrorisme

Des soldats de l'armée dans la vallée de Swat lors des opérations de 2009.

Le gouvernement pakistanais et les services secrets pakistanais (ISI) ont longtemps soutenu les talibans afghans, officiellement jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001, date à laquelle le gouvernement a annoncé sa volonté de lutter contre l'extrémisme. L'ISI est cependant accusée d'avoir poursuivi cette aide, même si l'armée mène des opérations militaires contre les talibans pakistanais, induisant une distinctions entre « bon » et « mauvais » talibans. Le pouvoir a toujours rejeté ces accusations de double-jeu, et bénéficie par ailleurs d'une aide militaire et financière de la part des États-Unis. Les tensions sont toutefois récurrentes entre les deux pays, les soupçons de complicité ayant par exemple été alimentés par la présence d'Oussama ben Laden dans le pays. De plus, l'Inde accuse le Pakistan de soutenir des groupes islamistes dans le but de soutenir l'insurrection au Jammu-et-Cachemire, comme le Jaish-e-Mohammed.

Les attentats terroristes se sont multipliés dans le pays à partir de 2006 et sont l'œuvre de groupes islamistes proches des talibans revendiquant l'application de la charia. Les plus actifs sont le Tehrik-e-Taliban Pakistan, dont le fief se situe au Waziristan et le Tehrik-e-Nifaz-e-Shariat-e-Mohammadi qui a sévi dans le Swat. La stratégie du gouvernement a plusieurs fois changé, entre tentatives de paix et reprises des offensives. Immédiatement après le début du conflit en 2004, des accords de paix ont été signés, puis les hostilités reprennent avec l'assaut de la Mosquée rouge en 2007. Alors que l'insurrection islamiste continue de prendre de l'ampleur, des tentatives de trêves ont lieu début 2009, puis le gouvernement lance plusieurs offensives majeures. La vallée de Swat est reprise par l'armée en juin 2009, avant la multiplication des opérations militaires dans les régions tribales entre 2009 et 2016, date à laquelle le conflit baisse en intensité.

Ce conflit a causé la mort d'au moins 35 000 personnes, dont 21 000 combattants islamistes et 4 000 membres des forces de sécurité. On compte aussi environ 10 000 civils tués, dont plus de 4 500 morts durant des attentats terroristes[13],[14] et plusieurs centaines de milliers de déplacés internes.

Administration et subdivisions territoriales

Voir les numéros associés dans le tableau.

Provinces et territoires

Le Pakistan moderne est une fédération qui se divise principalement en quatre parties appelées provinces (soubeh) qui recoupent sensiblement la répartition des principales aires linguistiques : le Pendjab, le Sind, le Balouchistan et Khyber Pakhtunkhwa. Cette dernière contient depuis 2018 les régions tribales qui ont fusionné avec la province.

Au même échelon, on trouve les territoires qui possèdent des régimes juridiques propres. C'est le cas du territoire fédéral d'Islamabad ainsi que de la partie du Cachemire administrée par le Pakistan, qui est subdivisée en deux territoires : l'Azad Cachemire et le Gilgit-Baltistan.

Le Pakistan est également divisé en 156 districts. À l'échelon inférieur, on trouve aussi les tehsils et les Union Councils.

Nom Statut Superficie (km2) % Superficie Population (rec. 2017) % Pop. Capitale
1 Baloutchistan Province 347 190 39 % 12 344 408 6 % Quetta
2 Khyber Pakhtunkhwa Province 101 741 12 % 35 525 047 16 % Peshawar
3 Pendjab Province 205 344 23 % 110 012 442 51 % Lahore
4 Sind Province 140 914 16 % 47 886 051 22 % Karachi
5 Territoire fédéral d'Islamabad Territoire 1 165 0,1 % 2 006 572 1 % Islamabad
6 Azad Cachemire Territoire 13 297 1,5 % 4 045 366 2 % Muzaffarabad
7 Gilgit-Baltistan Territoire 72 496 8 % 2 441 523 1 % Gilgit

Villes du Pakistan


Karachi, la plus grande ville, et le principal port d'exportation du pays.
Karachi (SD)
Mausolée de Shah Rukn-e-Alam à Multan, dans le sud du Pendjab
Multan (PB)
Tameer-i-Nau Public College à Quetta
Quetta (BA)

Rang Ville Province ou territoire District Population
(rec. 2017)

Ligne Orange du métro de Lahore
Lahore (PB)
Peshawar Islamia College
Peshawar (KP)
L'avenue Jinnah à Islamabad, la capitale politique du pays.
Islamabad (TFI)

1 Karachi Drapeau du Sind Sind Karachi 14 910 352
2 Lahore Drapeau du Pendjab Pendjab Lahore 11 126 285
3 Faisalabad Drapeau du Pendjab Pendjab Faisalabad 3 203 846
4 Rawalpindi Drapeau du Pendjab Pendjab Rawalpindi 2 098 231
5 Gujranwala Drapeau du Pendjab Pendjab Gujranwala 2 027 001
6 Peshawar Drapeau du Khyber Pakhtunkhwa Khyber Pakhtunkhwa Peshawar 1 970 042
7 Multan Drapeau du Pendjab Pendjab Multan 1 871 843
8 Hyderabad Drapeau du Sind Sind Hyderabad 1 732 693
9 Islamabad Territoire fédéral - 1 014 825
10 Quetta Drapeau du Baloutchistan Baloutchistan Quetta 1 001 205
Recensement de 2017[15]

Démographie

Évolution de la population en millions d'habitants entre 1961 et 2003, selon la FAO en 2005.

Croissance démographique

Une rue de Lahore la nuit.

Le Pakistan connaît toujours une forte croissance démographique, malgré une baisse progressive de sa fécondité. Avec 31 , le taux de natalité reste soutenu tandis que le taux d'accroissement naturel atteint 2,3 % annuellement, soit près de quatre millions de personnes supplémentaires par an. En 2017, la population du pays est estimée à 207 millions d'habitants[3]. Le taux de fécondité est de 3,6 enfants par femme.

La population du Pakistan devrait doubler d'ici 2050, pour atteindre environ 400 millions d'habitants[3].

Langues

L'ourdou, langue officielle du pays, est la langue maternelle de moins de 8 % de la population, surtout au sein de l'élite et parmi les habitants de Karachi. Langue appartenant au groupe indo-aryen de la famille des langues indo-européennes, elle est malgré tout parlée ou comprise par 80 % de la population. Langue administrative, elle est prépondérante dans l'éducation. L'anglais est la seconde langue administrative et est parlé par 7,5 millions de locuteurs en seconde langue (soit environ 5 % de la population). Seuls 100 000 Pakistanais ont l'anglais comme langue maternelle, et ce sont souvent des jeunes qui vivaient en Grande-Bretagne ou Amérique du Nord, qui rentrent au pays. Tous les textes administratifs sont traduits en anglais, qui est aussi un signe de distinction de l'élite ou de promotion sociale. La classe aisée parle généralement couramment cette langue, qui est aussi très présente dans les médias.

Les quatre plus importantes langues maternelles sont toutes des langues régionales, la plus importante étant le pendjabi (environ 45 % des habitants), dans le Nord du Pendjab, suivi du pachto (16 %) parlé dans le Nord-Ouest (province de Khyber Pakhtunkhwa, les régions tribales et le Nord de la province du Baloutchistan), le sindhi (14 %) dans la province du Sind et le seraiki (12 %, parfois considéré comme un dialecte du pendjabi) dans le Sud du Pendjab. Enfin, le baloutchi, le hazara et le cachemiri sont des langues régionales plus minoritaires.

Jeune fille kalash, une ethnie minoritaire au Pakistan.

Ethnies

Les ethnies du pays correspondent globalement au découpage linguistique. Les Pendjabis sont le groupe majoritaire (45 %) tandis que les Pachtounes et les Sindhis forment chacun environ 15 % de la population. Avec 8 % des habitants, les Muhadjirs parlent principalement l'ourdou et sont surtout présents à Karachi. Le pays connaît de nombreux conflits ethniques, notamment à Karachi où les violences sont récurrentes.

Il y a aussi un nombre important de Kurdes au Pakistan[16].

Santé

L'espérance de vie à la naissance était de 63 ans pour les filles et de 62 ans pour les garçons en 2006[17]. En 2003, l'espérance de vie en bonne santé à la naissance était de 54 ans pour les garçons et 52 ans pour les filles[17]. En 2006, les dépenses totales consacrées à la santé étaient de 2 % du PIB[17]. Le taux de mortalité en dessous de 5 ans était de 97 pour 1 000 naissances en 2006[17].

Économie

Le barrage de Tarbela.

Largement agricole, le pays compte une importante industrie textile et une petite industrie de l'armement. Comme ses semblables, le barrage de Tarbela sur l'Indus ne remédie que partiellement au déficit du Pakistan en énergie et ses coupures de courants sont récurrentes et fragilisent l'économie. Le pays compte surtout sur le développement de l’hydroélectricité et du charbon.

Selon l'autorité pakistanaise de la télécommunication, il y aurait en 2011 quelque 111 millions de téléphones portables au Pakistan couvrant près de 65 % de la population[18], et 31 millions de personnes disposeraient d'une connexion internet soit environ 18 % des habitants. En 2017, la moitié des foyers au Pakistan ne sont pas connectés au réseau d'électricité[19].

À cause de la crise économique du tournant des années 2010, des prix élevés du pétrole et des aliments en 2007-2008, d'une instabilité intérieure accrue et des coupures d'électricité, le Pakistan est aux prises avec un déficit commercial et budgétaire important, en plus de l'inflation et l'augmentation de la pauvreté. En raison des difficultés particulières auxquelles elles sont confrontées, les femmes forment maintenant une grande proportion de la population pauvre[20]. Le pays a du demander l'aide du Fonds monétaire international, malgré une légère amélioration de la croissance économique à partir de 2013. En 2016, la signature du corridor économique Chine-Pakistan prévoit de nombreux investissements.

Le secteur textile représente 70 % des exportations du Pakistan mais les conditions de travail des ouvriers sont déplorables. Les petits ateliers de fabrication ne font généralement pas signer de contrats de travail, ne respectent pas le salaire minimum et emploient parfois des enfants. Les violations du droit du travail se produisent aussi chez des grands sous-traitants de marques internationales, où il arrive que des ouvriers soient frappés, insultés par leurs supérieurs ou payés au-dessous du salaire minimum. Des usines ne respectent pas les normes de sécurité, générant des accidents : en 2012, 255 ouvriers meurent dans l’incendie d’une usine de Karachi[21]. Avec 547 inspecteurs du travail au Pakistan pour superviser les 300 000 usines du pays, l’industrie textile échappe aux contrôles. Les ouvriers ne sont pas davantage protégés par des syndicats, interdits dans les zones industrielles réservées à l’exportation. Ailleurs, « les ouvriers impliqués dans la création de syndicats sont victimes de violence, d’intimidations, de menaces ou de licenciements »[21].

Transports au Pakistan

L’autoroute pakistanaise M2.

Le principal atout du réseau de transports pakistanais se situe dans la forte présence de voies ferrées, héritage de l'époque où le Pakistan était une colonie britannique. Ce réseau de voies ferrés a une longueur totale de près de 8 775 kilomètres et dessert toutes les principales villes pakistanaises. Toutefois, les trains et les chemins de fer souffrent d'un mauvais entretien, et les catastrophes ferroviaires sont fréquentes. La plus grave eut lieu le et coûta la vie à près de 300 personnes. En 2005 et 2007, deux autres catastrophes coutèrent la vie à près de 300 personnes[22].

Depuis le début des années 1990, le gouvernement a entrepris un programme de construction d'autoroutes, réseau qui relie désormais Lahore avec Islamabad et Rawalpindi, trois villes situées dans le Nord du pays. Certaines autoroutes sont encore en construction et d'autres sont prévues. Le but est de relier Karachi, principal port d'exportation dans le sud du pays, avec les villes peuplées et industrielles du nord du pays[23].

Éducation

ISU Alphabétisation de population adulte de Pakistan 1980-2015.

En 2008, le taux d'alphabétisation est de 56,2 %, contre 44 % en 1998 et 26,2 % en 1981[24]. Le gouvernement s'est fixé comme objectif d'atteindre le chiffre de 85 % en 2015. Environ 80 % des enfants ont accès à l'enseignement primaire mais seulement 44 % atteignent le niveau secondaire[25]. Environ 4,7 % des élèves entrent dans l'enseignement supérieur en 2009, contre moins de 3 % en 2004. Le gouvernement s'est fixé l'objectif de 15 % en 2020.

Environ 61 % des Pakistanais ont moins de 24 ans. Sans une éducation publique de qualité pour soutenir cette explosion démographique, les jeunes sont exposés au chômage et à la pauvreté[26]. Le gouvernement s'est fixé des objectifs ambitieux mais difficiles à atteindre.

Le système éducatif a beaucoup souffert dans le Nord-Ouest du pays de l’occupation talibane dans certaines zones. De nombreuses écoles ont été dynamitées, notamment dans les régions tribales et dans le district de Swat depuis 2007. Malgré la reprise de la plupart de ces régions par l'armée ces dernières années, le processus de reconstruction est très lent. Le budget consacré à l'éducation est souvent critiqué comme étant trop modeste, les principales dépenses étant tournées vers l'armée.

Culture

Fashion Week au Pakistan.

La région actuelle du Pakistan a été administrée par différents peuples et empires (Aryens, Perses, Ghaznavides, Seldjouks, Arabes, Rajputs, Moghols, etc.). Toutes ces influences culturelles ont laissé de nombreuses traces. Le site de Mohenjo-daro est un site important de la civilisation de la vallée de l'Indus, les restes d'une des plus grandes cités de l'âge du bronze, première en son avancement de l'humanité. Le Pakistan a un passé et une histoire culturelle très liés à l'Inde actuelle. Que ce soit la musique, le cinéma, la gastronomie, la littérature, les deux pays sont les héritiers de la même histoire commune.

Mohamed Iqbal, issu d'une famille hindoue convertie à l'islam depuis quelques siècles, poète, est le père spirituel du pays. Le grand représentant de la musique soufie pakistanaise est Nusrat Fateh Ali Khan, qui a fait connaître l'art du qawwalî dans le monde entier. Le pays étant très empreint d'islam soufi, le culte des saints (pirs) y est très répandu, cela malgré un retour de l'islam conservateur. Les pèlerinages de l'Urs sont des moments de grande dévotion mais également l'occasion de fêtes populaires, au cours desquelles il y a des concerts de musique mystique.

Le Pakistan a également un riche patrimoine architectural hérité de l'Empire moghol. Parmi les plus impressionnants, il y a la mosquée Royale, qui fut longtemps la deuxième mosquée la plus grande au monde, en brique rouge et marbre blanc avec des mosaïques incrustées, et sans doute une des plus belles mosquées au monde. Il y a également les fameux jardins de Shalimar datant de l'époque moghole, lorsque Lahore était la ville impériale. La ville de Lahore reste toujours la capitale culturelle du pays. Dans la mosquée de Wazir-Khan à Lahore, l'apprentissage de la lecture et de l'écriture passe, comme ailleurs, par les versets du Coran. L'industrie du cinéma y est développée, malgré un certain déclin ces dernières années dû à la concurrence du cinéma indien. Le théâtre connaît également un grand essor avec des auteurs contemporains comme Shamshir Haider.

Société

Femmes attendant de voter à Rawalpindi, lors des élections législatives de 2013.

Selon la Commission des droits de l'homme du Pakistan (HRCP), en 2007 on a recensé 636 femmes mortes d'un crime d'honneur[27]. Selon la même commission pakistanaise, le nombre de femmes tuées pour crime d'honneur est de 675 pour les neuf premiers mois de 2011[28]. Les domestiques sont souvent l'objet de violences physique et sexuelle de la part de leurs employeurs mais n'ont à leur disposition que peu de recours légaux contre leurs employeurs en raison d'une législation inadéquate[29].

En 2010, le Pakistan occupait le 125e rang sur 169 pays pour ce qui est de l'indice de développement humain établi par le Programme des Nations unies pour le développement. Ses indicateurs de développement sont parmi les plus bas de l'Asie du Sud et ses objectifs de développement national sont menacés. En raison de l'omniprésence d'une discrimination fondée sur le sexe, les femmes et les filles n'ont pas accès aux services de base et ne peuvent participer pleinement à la vie en société[26]. On remarque aussi que le taux de participation des femmes aux élections est plus faible que celui des hommes.

Religions

Islam

La mosquée Royale, à Lahore.

L'islam sunnite est la religion majoritaire du Pakistan, avec 75 % de la population tandis que 20 % des Pakistanais sont musulmans chiites. Ces derniers se concentrent surtout dans le Nord-Ouest du pays, près de la frontière afghane. Entre 1990 et 2007, les tensions entre sunnites et chiites ont provoqué la mort d'environ 4 000 personnes[30],[31]. Des conflits ont également lieu entre les branches sunnites deobandi et barelvi.

L'islam a toujours naturellement eu un rôle important au Pakistan, le pays ayant été créé pour les musulmans du sous-continent indien Toutefois, le pays connait un tournant dans les années 1980 quand Muhammad Zia-ul-Haq lance une politique d'islamisation brutale. Il introduit notamment les ordonnances Hudood concernant les mœurs et la loi sur le blasphème qui prévoit la peine de mort pour les personnes qui auraient dénigré Mahomet notamment. En 2006, la loi de protection des femmes revient toutefois sur une partie de cette politique.

Hindouisme

Pèlerinage au temple hindou Hinglaj Mata.

La population hindoue compose 1,2[32] à 2 %[33] de la population selon les sources, et vivent surtout dans les régions rurales du Sind[32], surtout dans les districts de Tharparkar et Umerkot où ils sont quasiment majoritaires.

La partition des Indes en 1947 a provoqué des massacres des minorités religieuses dont l'hindouisme côté pakistanais, les victimes ayant enduré des campagnes d'extermination physique et culturelle. Plusieurs millions d'hindous ont été forcés à quitter le pays et sont devenus réfugiés[32]. Les hindous sont toujours victimes de nombreuses violences au Pakistan. Selon l'agence Fides (organe d'information du Vatican), chaque année, 300 femmes hindoues sont converties de force à l'islam et mariées de force à des musulmans.

Christianisme

La cathédrale Saint-Patrick, à Karachi.

Près de 3 millions de chrétiens vivent au Pakistan[34] et constituent généralement la deuxième minorité, à un niveau comparable avec les hindous. Ils sont approximativement pour moitié catholiques et moitié protestants. Les chrétiens sont souvent mal acceptés par la population musulmane et rencontrent de nombreuses discriminations. Ils ont très difficilement accès aux hauts postes exécutifs, administratifs et politiques. Exclus par la majorité, ils vivent pour la plupart dans des bidonvilles sans accès à l'eau courante ni à l'électricité. De nombreux attentats les visent. La communauté chrétienne est également victime de conversions forcées, notamment envers les femmes.

Au Pakistan, les chrétiens sont surtout des descendants d'hindous issus de basses castes qui furent convertis par des missionnaires étrangers, surtout Britanniques, entre 1757 et 1947 : les convertis espéraient sortir d'une vie sociale difficile, et gravir les échelons sociaux, mais la situation des chrétiens au Pakistan est de nos jours tout autant difficile, et ceux-ci sont condamnés le plus souvent à la pauvreté et aux métiers les plus ingrats.

La chrétienne Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème en 2010 avant d'être acquittée en 2018, attire l'attention sur le sort des chrétiens, en plus de provoquer une polémique sur la loi de 1986[35].

Autres religions

On trouve quelques autres religions très minoritaires au Pakistan. Il y a 300 000 sikhs, présents surtout au Pendjab, ce qui en fait la troisième minorité religieuse. On trouve aussi quelque 20 000 zoroastriens qui vivent essentiellement dans la ville de Karachi. Il y a plus de 10 000 bouddhistes, qui vivent surtout dans l'extrême nord-est du Pendjab. Il y a aussi des animistes (les Kalashs de l'Hindou Kouch) entre 4 100 et 5 000 en 2010.

Sport

Match de cricket entre le Pakistan et l'Australie.

Les sports les plus populaires du Pakistan sont le cricket et le hockey sur gazon dans lesquels le Pakistan a remporté plusieurs titres majeurs. En plus de ces deux sports, le kabaddi et la lutte libre sont également très réputés. Le football (soccer) est en voie de développement. Depuis l'arrivée des différentes crises au pays durant le début des années 2000, l'affluence du sport a baissé, tant sur le plan sportif qu'économique.

Cricket

Tel le football dans les rues brésiliennes, le cricket occupe toutes celles du Pakistan. C'est le sport le plus apprécié du pays, les fans en sont nombreux. L'équipe de cricket du Pakistan a notamment gagné la Coupe du monde 1992 et a été finaliste en 1999. Elle a encore été finaliste du ICC World Twenty20 en 2007 puis vainqueur en 2009 et demi-finaliste en 2010 et en 2011 et enfin gagné la Coupe d'Asie en 2012.

Squash

Bien que le hockey soit le sport national du Pakistan et le cricket de loin le sport le plus populaire, le squash est le sport dans lequel le Pakistan a obtenu le plus de succès. Le Pakistan a dominé le squash comme aucun autre pays au monde durant près de cinq décennies. Il a atteint son apogée dans les années 1980 et 1990 sous les règnes de Jahangir Khan et Jansher Khan. Entre 1950 et 1997, le Pakistan a accumulé plus de 30 titres du British Open et 14 titres de champion du monde.

Notes et références

  1. Article 251 de la constitution paragraphe 1 : « La langue nationale du Pakistan est l'ourdou, et des dispositions seront prises pour qu'elle soit utilisée aux fins officielles et à d'autres fins dans les quinze années qui suivent la date de la promulgation. ».
  2. Article 251 de la constitution paragraphe 2 : « Sous réserve du paragraphe 1, la langue anglaise pourra être utilisée à des fins officielles jusqu'à ce que les dispositions nécessaires aient été prises pour qu'elle soit remplacée par l'ourdou. ».
  3. a b et c (en) Résultats préliminaires du recensement de 2017.
  4. (en) « Human Development Reports », sur hdr.undp.org (consulté le ).
  5. Dictionnaire des noms de lieux, Le Robert, (ISBN 285036195X).
  6. a et b Emmanuel Gonon, Marches et frontières dans les Himalayas : Géopolitique des conflits de voisinage, Presses de l'Université du Québec, 378 p. (lire en ligne).
  7. Max Zins, « Le Pakistan, un État « mal né », sur fondationrespublica.org, (consulté le ).
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  9. (en) « Pakistan: History », sur thecommonwealth.org (consulté le ).
  10. « La menace Pakistan », sur Le Monde ddiplomatique, .
  11. « L'ex-Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif inculpé pour corruption », RFI,‎ .
  12. Presse Canadienne, « L’arsenal nucléaire du Pakistan : quels risques pour le monde ? », sur http://www.armees.com, (consulté le ).
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  14. (en) « Daily Tracker: Pakistani Military Operations in Orakzai », sur Critical Threat, .
  15. (en) POPULATION OF MAJOR CITIES CENSUS - 2017, pbscensus.gov.pk. Consulté le 9 juin 2009
  16. « Iraqi refugees – leading an uncertain life », sur DAWN.COM, (consulté le )
  17. a b c et d « Pakistan », sur who.int (consulté le ).
  18. (en) « Pakistan reached 111 million mobile users in October last year: Report » The Express Tribune, le 4 janvier 2012.
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  20. « Pakistan – Agence canadienne de développement international », .
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  28. « Jirga declares two women kari, one killed » sur The Express Tribune, le 6 mars 2012.
  29. « Pakistan: une domestique meurt brûlée par ses employeurs », L'Orient-Le Jour,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  30. Christophe Jaffrelot, « Le Pakistan miné par les affrontements entre sunnites et chiites : Gouvernants et puissances étrangères attisent les divisions communautaires », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne).
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  32. a b et c Carl Skutsch, Encyclopedia of the World's Minorities, Routledge, (ISBN 978-1-135-19388-1, lire en ligne), p. 553.
  33. « Table: Religious Composition by Country, in Numbers », sur Pew Research Center's Religion & Public Life Project, (consulté le ).
  34. (en) Iftikhar Haider Malik, Culture and customs of Pakistan, Greenwood Publishing Group, , 220 p. (ISBN 031333126X, lire en ligne), p. 26.
  35. « Pakistan : peine de mort confirmée pour Asia Bibi », lefigaro.fr, 16 octobre 2014.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Florence Beaugé, Pakistan. Comprendre, exporter, vivre, Mission économique d'Islamabad, Éd. Ubifrance, Paris, 2007, 324 p. (ISBN 978-2-279-41660-7).
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  • Christophe Jaffrelot (dir.), Le Pakistan : carrefour de tensions régionales, Éd. Complexe, Bruxelles, 2002, 166 p. (ISBN 2-87027-921-3).
  • Émile Perreau-Saussine, Le Pakistan à la recherche d’un nationalisme religieux et libéral, Commentaire, été 2009, 126, p. 353-362 [lire en ligne].

Liens externes