Libéralisme

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La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix (1830).

Historiquement, le libéralisme est une doctrine de philosophie politique, moderne et morale (John Locke et Montesquieu sont les pères de cette philosophie) fondée sur la liberté et la reconnaissance de l'individu[1],[2]. Il a pour but initial de rationaliser et ordonner les relations sociales. L'État moderne ou État de droit émerge avec la réflexion libérale. Le libéralisme classique repose sur l’idée que chaque être humain possède des droits fondamentaux naturels précédant toute association, et qu'aucun pouvoir n'a le droit de violer, et prône la liberté d'expression des individus. Les doctrines émergentes du libéralisme au début du XIXe sont le socialisme[3] et le capitalisme[4]. Ces doctrines insistent sur l'importance du mérite et du travail, contre les privilèges et l'arbitraire.

Dans le domaine économique, le libéralisme économique défendu par les classiques notamment, soutient l'initiative privée, la libre concurrence et son corollaire l'économie de marché. Il est ainsi congruent avec le capitalisme[5], à la différence du socialisme défendant la propriété collective. Sur le plan social et politique, le libéralisme politique[6] veut limiter les obligations imposées par le pouvoir, au nom de la propriété privée, au profit du libre choix et de l'intérêt de chaque individu indépendamment des autres[7],[8]. Il prône des pouvoirs politiques encadrés par une loi librement débattue et défend un État de droit et des contre-pouvoirs. La question de l'articulation entre « libéralisme économique » et « libéralisme politique » reçoit des réponses variées[9],[10],[11].

Ainsi le libéralisme peut se manifester paradoxalement de façons diverses, voire opposées. Le « libéral » peut être suivant le cas celui qui exige de l'État qu'il brise une tradition qui contraint la liberté de l'individu (caste, statuts, discriminations ou privilèges), celui qui défend la liberté de pratiquer une tradition (pour la religion par exemple). Sur le plan économique certains libéraux souhaitent que l'État intervienne pour donner une capacité d'action économique (en luttant contre un monopole, la pauvreté, le manque d'éducation ou d'investissement), quand d'autres s'opposent à l'intervention du pouvoir dans la sphère économique (dans le respect de l'initiative privée, de la libre concurrence, de l’égalité de traitement). Les limites à fixer à l'action de l'État, ainsi que les modalités de l'action publique, notamment aux rôles respectifs de l'action administrative et de la loi, sont donc sujets à débat au sein même du libéralisme. La plupart des libéraux considèrent que l'action de l'État est nécessaire à la protection des libertés individuelles, dans le cadre de ses fonctions régaliennes, et nombre d'entre eux (comme Adam Smith, Raymond Aron, Karl Popper ou Benedetto Croce) acceptent et même recommandent certaines interventions de l'État dans l'économie, notamment en matière de contrôle et de régulation. À l'opposé, les libertariens refusent à l'État toute légitimité dans quelque domaine que ce soit. Ceux-ci se distinguent du libéralisme, en rejetant l'État de droit et en défendant des idées très libérales voire libertaires.

Au libéralisme classique (le centre), fondé davantage sur la liberté en tant que droit négatif (limiter le champ d'action pour permettre l'expression de la liberté de tous)[note 1], s'oppose entre autres le libéralisme social ou socialisme fondé sur la liberté en tant que droit positif (protection exigée du souverain contre la misère matérielle ou la pression morale communautaire, quitte à accorder au souverain un droit de coercition sociale à cette fin). L'égoïste Max Stirner apporte des arguments instructifs contre le libéralisme politique et social, dans son ouvrage L'Unique et sa propriété.

Fondements du libéralisme

Max Weber a souligné le fondement commun et le même socle anthropologique de tous les libéralismes : l'individu. Aussi, la domination de l’État par la société et l’absorption de l’État dans la société n’ont rien à voir avec les idées défendues par le libéralisme classique. L'État, après avoir été maitre de l'individu, doit se mettre à son service. Si ce n'est pas le cas, selon la thèse classique, le régime peut être officiellement libéral, mais demeure toujours illibéral sur le fond[12],[13]. Le libéralisme s'oppose aux doctrines collectivistes, jugées antilibérales[14] ou trop libérales[15], mais aussi à l'amoralisme. Dans le champ politique, le libéralisme s'inscrit dans l'héritage des doctrines du droit naturel; en résumé, le passage de l'État nature à l'État civil s'établit sur la base d'un volontariat émanant d'individus libres. Dans le champ économique, il s'inscrit dans l'héritage des doctrines éthiques, qui stipulent que l'intérêt général est le produit de la combinaison des intérêts particuliers, élaborées par Baruch Spinoza[16] et Blaise Pascal[17].

Droits naturels

Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, interprétée comme un rappel du droit naturel.

Le fondement de la pensée libérale est une théorie du droit selon laquelle chaque être humain est seul maître de lui-même et possède des droits fondamentaux et inaliénables qui découlent de sa simple existence et sont inhérents à la nature humaine, indépendamment des structures sociales dans lesquelles il est (ou n'est pas) inséré. Ces droits sont le droit à la liberté et le droit à la propriété.

Du droit à la vie découlent le droit de légitime défense contre toute agression, le droit à la sûreté et le droit de résistance à l’oppression.

La définition de la liberté individuelle est celle de l'article 4 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. »

Certains philosophes des Lumières lui préfèrent la définition suivante : « La liberté est l'autorisation de n'obéir à aucune autre loi extérieure que celles auxquelles j'ai pu donner mon assentiment » (Kant, note de la 2e section de Vers la paix perpétuelle).

La liberté se traduit par le droit pour chacun d'agir comme il le décide afin de poursuivre ses objectifs propres par ses moyens propres, d'échanger, de s’associer et de contracter librement, de s'exprimer librement et de choisir librement ses sources d’information.

Le droit de propriété est le droit pour chaque individu de disposer à sa guise du fruit de son activité et des richesses qu'il a créées ou acquises de façon légitime, ainsi que de s’approprier toute chose (par exemple l’espace qu’il occupe ou l’air qu’il respire) qui n'est pas déjà la propriété d'un autre individu. Ces droits ont un caractère universel. Ils sont applicables à tous les êtres humains, à tout moment et en tout lieu, ce qui fonde l’égalité en droit.

Un droit naturel se distingue d'un droit positif en ce que son exercice ne suppose rien quant à l’action d’autres personnes et qu'il ne découle pas d'une définition législative. « Personnalité, Liberté, Propriété [...] sont antérieures et supérieures à toute législation humaine. » (Bastiat)

La thèse des droits naturels est largement développée par John Locke. De cette théorie est issue la conception moderne des droits de l'homme qui a fourni historiquement une partie de la justification idéologique de la Révolution américaine et de la Révolution française.

Cependant, la théorie des droits naturels a été vigoureusement contestée par Jeremy Bentham et John Stuart Mill. Selon ces deux auteurs, dont les idées sont déjà présentes in nucleo chez David Hume (Enquête sur les principes de la morale, Section V, Pourquoi plaît l'utilité, Deuxième partie), les principes du libéralisme ne ressortissent pas au respect de droits naturels dont Bentham et Mill nient par ailleurs l'existence, mais à la contribution essentielle de la liberté à notre bonheur. Pour les utilitaristes, une société heureuse est une société libre où chacun vit comme il l'entend tant que cela ne nuit pas à autrui. C'est le principe de non-nuisance développé par J.S. Mill dans son De la liberté. L'utilitarisme pense donc que les sociétés libérales sont celles qui maximisent notre bonheur.

On voit dès lors où se situe la différence entre l'école libérale des droits naturels dont Kant est un des représentants les plus marquants, et le libéralisme utilitariste. L'utilitarisme admettra par exemple le sacrifice de certains au bonheur du plus grand nombre tandis que le libéralisme d'obédience kantienne tiendra la vie humaine pour sacrée et inaliénable puisque le respect absolu de la vie d'autrui est imposée par le droit naturel. Se pose alors la question de savoir si une démocratie libérale a le droit d'enrôler ses citoyens lorsqu'elle est en danger. Faute d'envisager des cas tels que la guerre, la théorie libérale des droits naturels s'interdit de penser le rôle de l'État (dont la version extrême libertarienne conteste du reste la légitimité) dans les relations internationales.

Inversement, l'utilitarisme libéral peut courir le danger grave de justifier les raisonnements du type la fin justifie les moyens. Jusqu'où a-t-on le droit de sacrifier le bonheur de certains au bonheur du plus grand nombre ? Ou bien encore : y a-t-il place pour l'eugénisme dans une société libérale ?

Droit positif

Le droit positif s'oppose au droit naturel. Il se pose comme une science positive du droit[18]. Pour les partisans du droit positif, à savoir les utilitaristes et les libéraux politiques (jacobins, socialistes, idéalistes, romantiques, positivistes, ordolibéraux et keynesiens), l’État n'est pas soumis au droit commun, contrairement à ce que stipule le droit anglais, mais dit le droit. Hegel explique que le droit naturel est abstrait. Il s'agit dès lors, de donner une réalité matérielle au droit[19]. Les libéraux politiques rejettent l'empirisme et le subjectivisme des classiques, car ces doctrines nient la raison (en réalité le rationalisme), estiment que la morale repose sur des sentiments innés et insistent sur l’expérience propre à chaque individu. Les classiques considèrent que les politiques ne sont pas des libéraux et les politiques estiment, quant à eux, que les classiques ne sont pas de "vrais philosophes". La philosophie de l'Histoire de Hegel[20] est encore aujourd'hui hégémonique dans l'enseignement et dans les milieux politiques et intellectuels. La querelle se situe également sur la question de la liberté. La liberté des classiques est la liberté négative : être libre, c'est respecter la liberté et les droits d'autrui car celui-ci est également un individu libre. Les libéraux politiques embrassent cette définition, mais considèrent que la liberté est aussi d'ordre politique. Alors que les libéraux politiques fondent la liberté sur la vertu (amour de la justice, des lois et de la patrie), comme les Anciens. Les classiques se méfient de l'État et font davantage confiance aux corps intermédiaires[21].

Éthique

La morale libérale peut se résumer par un seul précepte : Tu ne violeras pas les droits naturels d’un autre être humain. Elle laisse chacun libre de choisir ses propres fins, ses propres moyens et sa propre morale, dans la mesure où il n’empêche pas les autres d’en faire autant.

Réciproquement, ces droits impliquent des obligations qui forment le noyau d'une morale personnelle. Ils impliquent l’interdiction de toute agression contre l’intégrité de la personne, du meurtre, du vol et de l’esclavage sous toutes leurs formes, et de toute forme de dictature. Ils commandent la tolérance à l'égard des idées, des croyances et des actes d'autrui.

À part cela, le libéralisme ne prescrit aucun comportement particulier au niveau individuel. Il considère que la morale et les religions sont hors de son domaine et se borne à interdire l’usage de la contrainte en matière religieuse ou morale, comme dans toutes les autres matières. La responsabilité, inséparable de la liberté et de la propriété, dit que chaque individu doit supporter les conséquences de ses actions, bonnes ou mauvaises. C'est une condition de la liberté : si autrui devenait responsable de nos actions, il devrait acquérir l'autorité pour nous imposer ses vues et donc restreindre notre liberté (un peu comme le ferait un parent envers son enfant). C'est aussi une composante de la sûreté d'autrui.

La notion de liberté est liée à celle d'égalité en droit : la liberté des autres implique de leur reconnaître les mêmes droits que ceux qu'on s'accorde. Pour les libéraux, tous les êtres humains doivent être traités comme des égaux quelles que soient leurs différences.

Le libéralisme n'est pas l'anomie ou l'immoralisme[22] comme absence de règles de droits. Le droit est formé d’une part par le droit naturel, et d’autre part par le droit positif qui est le produit des contrats passés entre les individus.

Le libéralisme est l'exact opposé de l'amoralisme (le déterminisme dur de Spinoza par exemple[23]). L'amoralisme refuse de considérer la responsabilité, le bien et le mal, l'amour pour l'humanité et le respect de l'individu autrement que comme des superstitions religieuses. À la Renaissance, certains idéologues de la jeune bourgeoisie et de l’église féodale (Machiavel, le jésuite Loyola, Liguori, Busembaum) estiment que la moralité est complètement subordonnée à des objectifs politiques[24] et privés au nom desquels toute méthode est justifiable ("la fin justifie les moyens" ou "la force fait le droit"). Machiavel a été une source d'inspiration pour les libéraux allemands (romantiques, nationalistes, idéalistes). Son amoralisme a contribué à la théorisation de la realpolitik, idée constructiviste aujourd'hui défendue par les néoconservateurs. L'amoralisme se situe au-delà du clivage entre les libéraux et étatistes antilibéraux. Max Stirner, critique les libéraux modernes justement parce qu'ils prétendent que la raison d'État sert le plus grand nombre, alors qu'en réalité elle se place au-dessus de la morale et du droit.

Usages du terme

La statue de la Liberté.

Le terme « libéralisme » pour désigner ce courant de pensée est apparu dans la langue française dès 1818 chez Maine de Biran. De plus, l'adjectif libéral existait avant le néologisme et désignait l'esprit de tolérance pendant l'Antiquité et au Moyen Âge (Art libéraux), la revendication de droit individuels et la lutte contre l'absolutisme lors du siècle des Lumières.

De nos jours, en France, le terme de libéralisme est utilisé dans des sens différents, plus ou moins larges, et quelquefois contradictoires. En partie à la faveur de ce flou sémantique, le libéralisme est l’objet de controverses nombreuses et souvent violentes qui résultent souvent d’un désaccord sur le sens même du terme. Le libéralisme social et politique, est reconnu et accepté dans les démocraties libérales, mais le versant économiste du libéralisme classique, lui, l'est beaucoup moins à en juger par les nombreuses prestations étatiques obligatoires et les tentatives de contrôle de l'économie par le collectif. Certains opposants le considèrent comme une idéologie responsable de la plupart des maux du monde actuel, ou comme un courant de pensée étant aujourd'hui détourné de sa vocation d'origine, considérant que la liberté économique n'est pas automatiquement factrice de libertés individuelles pour tous les acteurs économiques.

Dans la tradition la plus ancienne, la liberté individuelle est un principe général qui s'applique à tous les domaines de la vie en société. Selon ce point de vue, c'est une erreur de séparer différentes formes de libéralisme, car toutes sont des conséquences indissociables d'un seul et même principe philosophique de liberté, d'égalité, de tolérance et de justice. Ce courant est souvent appelé « libéralisme classique » pour le distinguer du libéralisme moderne. Pour ses partisans, il n'y a pas grand sens à séparer les dimensions du libéralisme qui, historiquement autant que théoriquement, sont profondément liées parce qu'elles appartiennent fondamentalement au même mouvement de pensée et à la même vision d’ensemble de l’ordre social[25].

D'autres auteurs ne voient pas le principe de liberté comme absolu et le prônent selon le domaine. Ils sont rejoints par des spécialistes qui ne s'intéressent qu'à un domaine bien précis, et qui pour cette raison évitent de parler du libéralisme en général. On distingue alors trois domaines principaux :

Les historiens des idées politiques s'intéressent aux courants qui se sont réclamés du libéralisme à différentes époques et en différents lieux. Ils distinguent ainsi plus finement un grand nombre de variétés dans les courants libéraux[26]. C'est pourquoi le terme « libéralisme » recouvre aussi des réalités diverses selon les pays et leur histoire politique. Aux États-Unis, on appelle Liberals les sympathisants de l'aile gauche du Parti démocrate. Ce sont des progressistes à peu près équivalents aux sociaux-démocrates européens, ce qui les place à la gauche, voire à l'extrême gauche de l'échiquier politique américain : l'accent est mis sur la liberté de mœurs et les droits civils. L'usage est plus nuancé en Europe, les Britanniques désignant par exemple par classical liberals les libéraux classiques et les Allemands par liberal les mêmes personnes. En France et en Belgique notamment, le qualificatif « libéral » sert aujourd'hui à désigner une personne favorable au libéralisme classique ou au capitalisme, d'autant que les néoclassiques et les autrichiens s'arrogent aujourd'hui le monopole du label "libéral". Les personnes qualifiées de néolibéraux sont en fait des néoclassiques, dont les représentants les plus célèbres sont Hayek et Friedman. L'école néoclassique, comme l'école autrichienne, s'oppose au courant dominant du libéralisme: le keynésianisme.

Histoire du libéralisme

Le mot libéralisme fait dans la langue française son apparition au début du XIXe siècle[27]. On le trouve sous la plume de Maine de Biran dès 1818[28] qui le définit comme « une doctrine favorable au développement des libertés[28]. » Avec l'apparition du jacobinisme et du positivisme, le libéralisme moderne prend le pas sur le libéralisme classique, désormais marginalisé en politique et en économie. Le mot entre en 1823 dans le Dictionnaire universel de la langue française ou dans le lexique de Pierre-Claude-Victor Boiste. Le néologisme libéralisme est en réalité forgé par un parti des liberales aux Cortes en Espagne en 1812[29].

Les racines du libéralisme sont plus anciennes, l'idée ayant précédé le mot. Socrate est le premier à formuler officiellement des idées libérales[30]. L'opposition à l'absolutisme du souverain s'est développée dans la philosophie des Lumières (XVIIIe siècle), mais aussi auparavant par la scolastique de l'École de Salamanque (XVIe siècle)[31] faisant obligation morale au souverain de respecter les droits fondamentaux de chaque être humain[32] au motif de sa nature de créature de Dieu, douée de raison[33],[34],[35], ou plus anciennement par les chartes médiévales (telles la Magna Carta) introduisant des droits fondamentaux dont le respect est exigé du souverain, ou encore par certains pans de la philosophie thomiste, eux-mêmes précédés par le principe de justice naturelle d'Aristote. La date des débuts formels du libéralisme ou de ses composantes politiques, économiques ou religieuses diffère selon les auteurs. De nombreux auteurs font commencer le libéralisme avec la Lettre sur la tolérance de John Locke (1689) qui complète les racines préexistantes.

Genèse, un contexte historique favorable

Plusieurs courants de pensé émergeant à partir du XVIe siècle vont donner une base théorique, tandis que les évènements historiques de cette période serviront empiriquement les différents penseurs du libéralisme.

L’humanisme de la Renaissance modifie profondément la définition du rapport de l'homme à la création, au pouvoir, à l'éducation ou au religieux. Les philosophe comme Spinoza font de la négation du libre arbitre, de la nécessité et du déterminisme, les ressorts de l'existence humaine dans le but de les soustraire à l'influence culpabilisante des Églises[36]. Il en va du même des protestantismes, opposant la Providence au libre-arbitre.

Dès le XVIe siècle, les philosophes de l'école de Salamanque reformulent la notion de droit naturel héritée d’Aristote, des stoïciens, de Cicéron[37] et de Thomas d'Aquin, et en déduisent les principes de souveraineté du peuple et de séparation des pouvoirs. Dans le domaine économique, ils justifient[Comment ?] la propriété privée, la libre circulation des personnes et des biens et défendent[pourquoi ?] le libre marché.

La fidélité à l'ordre de la tradition est remise en cause par la Réforme au profit de l'arbitrage de la raison de l'individu éclairé. La religion devient alors une affaire privée, ce qui favorise son déclin dans l'organisation politique de l'occident.

Au XVIIe siècle, le mouvement libéral s’incarne en particulier dans les levellers de la Révolution anglaise de 1642.

Théorisation du libéralisme

Les théories politiques de John Locke sont parmi celles qui fondèrent le libéralisme.

La pensée libérale se construit entre le milieu du XVIIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle, sous l’impulsion des philosophes des Lumières, en opposition à l’absolutisme politique légitimé par des conceptions religieuses. Les théoriciens du libéralisme sont nombreux et divers. Pour n’en citer que quelques-uns parmi ceux reconnus comme « grands penseurs libéraux » à la naissance du libéralisme, on évoquera John Locke au XVIIe siècle, Turgot ou Smith au XVIIIe siècle. La diversité de leurs écrits ne peut se comprendre qu'en fonction du contexte historique avec lequel ils étaient en interaction.

Il n’y a de liberté, pour Montesquieu, que si « le pouvoir arrête le pouvoir ».

Ainsi, John Locke pose ce qui deviendra les fondements de la philosophie libérale moderne, avec l’« état de droit », en organisant et en développant ses thèmes principaux : théorie des droits naturels, limitation et séparation des pouvoirs, justification de la désobéissance civile, affirmation de la liberté de conscience, séparation de l’Église et de l’État, avec sa Lettre sur la tolérance de 1699, où il combattit les doctrines religieuses intolérantes.

Hume, Condillac et Montesquieu, quant à eux, développent les conséquences de leurs positions philosophiques libérales dans les domaines politique et économique. Montesquieu (1689-1755), faisant face au pouvoir absolu de la monarchie française se soucie alors principalement d’instaurer une séparation des pouvoirs afin de limiter les abus du pouvoir exécutif du roi et garantir ainsi les libertés du Parlement et de la Justice avec L’Esprit des lois (1748). Il articulera une pensée républicaine et libérale, et défendit ainsi « la vertu civique, l’amour de la patrie et la liberté »[38]. Cette vertu est défendue par les jacobins lors de la Révolution française.

Parallèlement, avec le développement de la circulation des échanges en Europe, des penseurs plutôt connus en tant qu'économistes, comme Turgot et Adam Smith, prennent soin de rattacher leurs revendications pour les libertés économiques aux racines philosophiques du libéralisme, face à l'administration étatique alors très prégnante. Adam Smith reste ainsi l'un des principaux théoriciens du libéralisme économique en fondant une théorie économique selon laquelle « les vices privés font le bien public », une intuition d'abord développée par Bernard Mandeville dans sa Fable des abeilles. L’école libérale dite « classique » se constitue alors comme une pensée cohérente englobant tous les domaines de l’action humaine étudiés à cette époque.

Influence grandissante en Occident

Tocqueville, penseur politique et historien français du XIXe siècle.

Le libéralisme a exercé une profonde influence sur plusieurs grandes révolutions et traditions politiques — anglaise, américaine, française — qui ont permis l'émergence des « démocraties libérales »[39].

Depuis la « glorieuse révolution » anglaise de 1688, par laquelle les libéraux anglais chassèrent le roi Jacques II, le parlement anglais a institué une république et un régime représentatif, qui s’inscrit dans la continuité de la tradition libérale anglaise[40] qui a poursuivi graduellement les améliorations des libertés politiques (« Magna Carta », « Bill of Rights », « Habeas corpus ») qui fit de l'Angleterre de l'époque le pays le plus libéral du monde. La voie libérale en Grande-Bretagne est donc née des particularités du droit anglais et de l'histoire propre au pays.

La mise en place des nouvelles libertés à la suite des glorieuses révolutions s'est introduite très rapidement dans le domaine économique et a contribué ainsi au développement économique selon David Hume, important penseur des Lumières écossaises. Voltaire, autre philosophe libéral de la même époque, louait ainsi le gouvernement anglais : « le commerce, qui a enrichi les citoyens en Angleterre, a contribué à les rendre libres, et cette liberté a étendu le commerce à son tour »[41].

Selon Tocqueville, le modèle américain tient à sa coupure radicale avec l’aristocratie européenne. La révolution américaine manifesterait ainsi une prédominance de l’esprit « démocratique » sur l’esprit « révolutionnaire ». Elle fut riche d'auteurs libéraux, de Thomas Jefferson à Benjamin Franklin en passant par Thomas Paine. Certains des principes fondateurs du libéralisme sont contenus dans le préambule de la Constitution des États-Unis de 1787, ainsi que dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. La Convention de Philadelphie qu'adopta la Constitution des États-Unis, qui parachevait la conquête de l'Indépendance, fit l'admiration des démocrates et révolutionnaires français.

La Constitution des États-Unis de 1787 : We, the People...

Quelques décennies avant la Révolution française, la France se fondait sur plusieurs principes du libéralisme, avec le ministère Turgot, influencé sans doute par le mouvement physiocrate. C'est pourquoi une partie des élites, notamment bourgeoises, ayant soutenu la Révolution française de 1789 et dirigé le pays après la chute de la monarchie constitutionnelle, était partisane du libéralisme qui se traduisait en France par une pensée subversive à l'encontre de la monarchie absolue de droit divin. La relation entre le libéralisme et la Révolution française est complexe puisqu’il est permis de les concevoir à la fois selon la continuité et comme deux termes opposés[42]. Car avant d’être celle de la Terreur, la Révolution française est celle des droits de l’homme et aussi l'héritière de l'Ancien Régime[43]. La Révolution française s'inscrit initialement dans le texte de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui est interprétée comme un rappel du droit naturel et des libertés économiques. La prédominance de l’esprit « révolutionnaire » sur l’esprit « démocrate » est née de la radicalité des révolutionnaires à vouloir recommencer à neuf leur histoire[44], à la différence des Américains, qui n'avaient pas d'Ancien Régime à détruire.

La Révolution française a montré que la tradition libérale pouvait se séparer et s'alimenter en plusieurs courants : un courant plus conservateur (Edmund Burke) considérant que les principes individualistes sont incapables de fonder le lien social, le deuxième plus radical (Thomas Paine) défend une réforme permanente de la société. Un autre plus classique a conduit à s'interroger sur la première révolution, la révolution de 1793 ou les résultats de la Terreur et le consulat puis la Restauration. Les écrits ou débats de la période qui suit la Terreur (Germaine de Staël, Tocqueville et Benjamin Constant) font apparaitre l'hétérogénéité de « l'esprit de 1789 » avec « l'esprit de 1793 » mais aussi une défense de la liberté politique qui repose sur la condition égalitaire de tous les citoyens au pouvoir politique. C'est le but du célèbre discours, De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes, prononcé à l'Athénée royal de Paris par Benjamin Constant en 1819. Il faut aussi préciser la relation entre le libéralisme et le rousseauisme, ce qui permet de nouer les deux histoires, puisque Benjamin Constant et Emmanuel Kant affirment la revendication inévitable d’égalité et la norme de l’intérêt général, évoquant le pluralisme dans les démocraties libérales.

Pour Victor Hugo, le romantisme est le libéralisme en littérature.

Le début du XIXe siècle voit l’approfondissement des idées libérales, en politique avec le libéralisme moderne[45],[46] et Hegel, dans la littérature, avec Victor Hugo, le renouveau du libéralisme classique, avec Benjamin Constant, Tocqueville et le groupe de Coppet qui rassemble des opposants libéraux à Napoléon III, avec Jean-Baptiste Say ou même John Stuart Mill dans les aspects économiques. Les libéraux classiques s’efforcent de diffuser largement leurs idées, s’opposant aux idées étatistes prédominantes dans les cercles du pouvoir, comme a pu le faire Tocqueville en traquant l'origine du goût des Français pour la toute-puissance de l'État. Au milieu du siècle sont publiés aussi les célèbres pamphlets de Frédéric Bastiat.

Les idées libérales se diffusent dans la vie politique occidentale, au point de devenir la « base continue » des systèmes politiques à partir du XVIIIe siècle selon Pierre Manent[47]. Pour Raymond Aron, parlant de l'exemple britannique dans la première partie de L'Opium des intellectuels (1955), les idées libérales s'imposent au point d'être présentes dans les programmes de tous les partis et de ne plus nécessiter de parti spécifique.

De la Révolution industrielle à nos jours

Adam Smith a théorisé les bases de l'économie de marché.

À partir de la fin du XIXe siècle, des divergences apparaissent au sein du courant libéral qui portent sur le rôle et la nature des interventions de l'État. Un courant progressiste apparait avec L. T. Hobhouse qui tente de prendre davantage en considération les conditions sociales qui permettent la liberté de chacun. Aux droits sociaux arrachés se sont ajoutés les droits politiques des citoyens (droit de vote et suffrage universel), inspirés par les libéraux républicains du XIXe siècle (voir Tocqueville).[pas clair]

Au confluent d’une double tradition, la tradition libérale anglaise, soucieuse de protéger en priorité les libertés fondamentales et la diversité des intérêts sociaux, va léguer l’économie de marché.[réf. souhaitée]

En Amérique latine, un premier libéralisme inspiré par Simon Bolivar et les révolutions françaises de 1789, 1830 et 1848[48], des idées jeffersoniennes et des théoriciens anglais de l'anti-absolutisme, parvient après des décennies de lutte contre les conservateurs à imposer les notions de république et de constitution. Ce premier libéralisme est surtout influent auprès de la bourgeoisie commerçante, des professions libérales et des professeurs ; les conservateurs, représentant plutôt les intérêts des propriétaires terriens et de l’Église, défendaient une certaine soumission aux anciennes métropoles coloniales, le maintien de l'esclavage et de l’État catholique. Après ces premières conquêtes, un second libéralisme entend poursuivre plus loin les réformes : passer du droit d’adhérer à un parti politique au droit d’adhérer à un syndicat, de l'abolition de l'esclavage à la reconnaissance du droit de grève, du droit de vote réservé aux seuls citoyens aisés au suffrage universel. Au début du XXe siècle, ce second libéralisme conduit au radicalisme argentin (représenté notamment par Hipólito Yrigoyen) ou au socialisme. Pour y faire face, l'oligarchie libérale est amenée à se rapprocher des conservateurs, ou à adopter le positivisme[49]. C'est le passage du libéralisme classique au libéralisme moderne.

Au début du XXe siècle, la philosophie libérale va ensuite être radicalement contestée, d’abord par la révolution russe de 1917 puis pendant l'entre-deux-guerres avec la crise économique de 1929, les socialismes de gouvernement (notamment la Seconde République espagnole et le Front populaire français), l'émergence du fascisme et du national-socialisme. L'influence des doctrines opposées aux sociétés libérales entraîne une redéfinition du rôle et des contours de l'État dans le sens d’une intervention croissante (économie étatisée pour le communisme, et État fort et dirigiste pour le nazisme).

Max Weber a prophétisé l'apparition de la bureaucratie.

Face à l'adversaire communiste ou national-socialiste, la tradition dite autrichienne (avec Ludwig von Mises, Friedrich Hayek, Murray Rothbard) opposera dès les années 1940 une théorie libérale capable d’éviter selon Hayek « la route de la servitude ». Mais bien avant, Dans Économie et société et dans sa conférence sur le socialisme, le sociologue libéral Max Weber avait prophétisé la pénétration de l'État dans l'économie et l'apparition de fonctionnaires bureaucrates, échappant à tout contre-pouvoir. Max Weber en avait tiré la conclusion que « c’est la dictature du bureaucrate, et non pas celle de l’ouvrier, qui est en marche, du moins pour le moment »[50].

Après la Seconde Guerre mondiale, la théorie libérale est aussi renouvelée (Alain, Bertrand de Jouvenel, Raymond Aron ou Karl Popper et Benedetto Croce). Ce sera, en Europe continentale, la mise en place de « l’économie sociale de marché », telle que théorisée par l'Allemand Wilhelm Röpke. Le libéral britannique William Beveridge dans Social Insurance and Allied Services fournira également les bases de réflexion à l’instauration du Welfare State et du système de sécurité sociale en Europe occidentale. Dans les sociétés anglo-saxonnes, des divergences autour du libéralisme classique portent surtout sur le degré interventionniste et les idées keynesiennes depuis la création du FMI. Des débats qui opposeront l’école de Welfare de Pigou avec l’école du Public Choice (James M. Buchanan) ou l'école de Chicago (Milton Friedman, Ronald Coase).

Aujourd'hui, la philosophie libérale est portée notamment par des économistes comme Amartya Sen, des sociologues comme Raymond Boudon, et des romanciers comme Mario Vargas Llosa et Gabriel García Márquez.

Figures du libéralisme classique par année de naissance

Robert NozickMario Vargas LlosaMurray RothbardMilton FriedmanIsaiah BerlinRaymond AronAyn RandKarl PopperFriedrich HayekWilhelm RöpkeJosé Ortega y GassetJohn Maynard KeynesLudwig von MisesÉlie HalévyAlain (philosophe)Benedetto CroceÉmile FaguetCarl MengerHerbert SpencerGustave de MolinariLysander SpoonerJohn Stuart MillAlexis de TocquevilleFrédéric BastiatFrançois GuizotCharles DunoyerCharles Comte (homme politique)James MillDavid RicardoWilhelm von HumboldtJean-Baptiste SayBenjamin ConstantAntoine Destutt de TracyJeremy BenthamThomas JeffersonNicolas de CondorcetThomas PaineAnne Robert Jacques TurgotAdam SmithVincent de GournayDavid HumeFrançois QuesnayMontesquieuBernard MandevillePierre Le Pesant de BoisguilbertJohn Locke

Les différents aspects du libéralisme

L'État dans les sociétés libérales

Le libéralisme classique (aujourd'hui le centre politique) admet que l’institution de l’État est nécessaire pour faire respecter l’interdiction de la violence. Chacun doit renoncer à utiliser la violence, selon le principe fondamental de responsabilité individuelle, et en confier à l’État le monopole, au service de la protection de chacun contre tous les autres.

L’État étant une organisation humaine, les libéraux classiques (Whigs, Girondins) pensent que le risque que les hommes qui le composent abusent de ce monopole de la violence est permanent. En même temps qu’il est le garant des libertés, l’État est donc perçu comme la plus grave menace pour ces mêmes libertés. Lui accorder « le monopole de la violence légitime » (Max Weber) a pour contrepartie nécessaire de limiter son domaine d’action de façon rigoureuse.

Pour les minarchistes et les adeptes de l'école autrichienne d'économie, c'est-à-dire les héritiers des libéralisme classique, les seules fonctions légitimes de l’État sont celles qui assurent la protection du citoyen : police, justice, diplomatie et défense nationale. Ces fonctions forment l’État minimal limité à ses fonctions dites régaliennes. Dans l’exercice de ces fonctions, l’État doit être soumis aux mêmes lois que les citoyens (le droit commun), et ne pas faire de lois qu’il ne s’appliquerait pas à lui-même (le droit administratif de Napoléon par exemple). Le libéralisme classique prend sa source dans le droit anglais et romain.

Le libéralisme classique ne se prononce pas sur la forme institutionnelle de l’État, mais seulement sur l’étendue de ses pouvoirs. Il préfère néanmoins les dispositions qui permettent de limiter effectivement ces pouvoirs, comme la démocratie et la séparation des pouvoirs.

Le libéralisme classique ne reconnaît pas de droits particuliers aux majorités, même démocratiquement élues. De la même façon qu’il interdit à un plus fort d’imposer sa volonté à un plus faible, il interdit à un plus grand nombre d’individus d’imposer leur volonté à un plus petit nombre. Le rôle de l’État libéral n’est pas de faire régner la loi de la majorité, mais au contraire de protéger la liberté des individus et des minorités contre les plus forts et les plus nombreux. En particulier, le libéralisme classique refuse qu’une majorité, même démocratique, puisse étendre le domaine d’action exclusif de l’État au-delà de l’État minimal.

Cette philosophie politique pourrait se résumer en trois citations[51] :

  • Michel de Montaigne : « Les princes me donnent prou s’ils ne m’ôtent rien, et me font assez de bien quand ils ne me font point de mal ; c’est tout ce que j’en demande » (nota : prou signifie beaucoup) ;
  • Jean-Baptiste Say : « À la tête d’un gouvernement, c’est déjà faire beaucoup de bien que ne pas faire de mal » ;
  • Frédéric Bastiat : « N’attendre de l’État que deux choses : liberté, sécurité. Et bien voir que l’on ne saurait, au risque de les perdre toutes deux, en demander une troisième »[52].

Ces positions ont été développées au XXe siècle par l’École des choix publics, qui analyse les actions de l’État comme celles d'une organisation comme les autres (qui défend les intérêts particuliers de ceux qui la composent ou qui la soutiennent) et constate la non-existence de l’« intérêt général » (dans la mesure où il est impossible d'en donner la moindre définition ou caractéristique). Cette vision de l'État rejoint celle des penseurs de l'amoralisme[53],[54] et s'éloigne de l'idée de justice, défendue traditionnellement par le libéralisme. Cette école suppose que l'État est illibéral par essence. En revanche, les amoraux préconisent d'ignorer la morale et le droit, et donc le libéralisme.

Les libertariens ou anarcho-capitalistes, affirment que la sphère des attributions légitimes du pouvoir politique est vide, et que le risque pris en confiant à l’État le monopole de la violence est trop grand pour valoir d’être couru : ils considèrent donc l’État comme un ennemi et prônent sa disparition totale et la fin du politique ; l'économiste anarcho-capitaliste Hans-Hermann Hoppe, quant à lui, estime dans son ouvrage Democracy: The God That Failed que la monarchie est un moindre mal par rapport à la « démocratie » pour contenir l'État, même s'il souhaite ce qu'il appelle une « société de droit privé ». Cependant, Hans-Hermann Hoppe parle de monarchie absolue et non de monarchie constitutionnelle. Il rejette également les Lumières. Aussi, la proximité de certains libertariens avec l'extrême droite et leur rejet de l’État de droit les distinguent du libéralisme[55].

Les démocraties modernes sont qualifiées de libérales car y sont institués l’État de droit, la séparation et la limitation des pouvoirs ainsi que la liberté de la presse. Elles prennent soit la forme d’une République (exemple : Allemagne, Inde, France) soit d'une monarchie constitutionnelle (exemple : Espagne, Norvège, Pays-Bas, le Royaume-Uni et son Commonwealth, Suède).

Le Droit comme institution dans le libéralisme

Aspect économique

Différents mouvements

Étienne Bonnot de Condillac est le précurseur du libéralisme économique.

Deux positions coexistent dans la tradition classique. À la suite d’Adam Smith, l’école classique anglaise (Smith, Malthus, Ricardo, Stuart Mill) légitime une certaine intervention de l'État dans la sphère économique en lui assignant d'abord trois devoirs :

« Le souverain n'a que trois devoirs à remplir [...]. Le premier, c'est de défendre la société de tout acte de violence ou d'invasion de la part d'autres sociétés indépendantes [...]. Le deuxième, c'est de devoir protéger, autant qu'il est possible, chaque membre de la société contre l'injustice ou l'oppression de tout autre membre, ou bien le devoir d'établir une administration exacte de la justice [...]. Et le troisième, c'est le devoir d'ériger ou d'entretenir certains ouvrages publics et certaines institutions que l'intérêt privé d'un particulier ou de quelques particuliers ne pourrait jamais les porter à ériger ou à entretenir, parce que jamais le profit n'en rembourserait la dépense à un particulier ou à quelques particuliers, quoiqu'à l'égard d'une grande société ce profit fasse plus que rembourser les dépenses »

— Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Livre IV, chap. IX

Au fil de la Richesse des nations, Adam Smith ajoute d'autres prérogatives à l'État. Il prévient que la « main invisible » n'intervient que dans des situations de concurrence, comme dans le petit artisanat, et avertit que, pour leur part, les industriels conspirent toujours ensemble afin de faire monter les prix. L'État a donc le devoir de sauvegarder les conditions de la concurrence contre les capitalistes. Enfin, certaines activités de l'industrie ont des effets non souhaitables (principe des externalités) : la division du travail abrutit les hommes ; et il faut souhaiter que l'État prenne en charge ces désagréments, en assurant l'éducation de la population par exemple.

Pour les classiques français (Turgot, Condillac, Say), le libéralisme économique est essentiellement l’application de la philosophie libérale aux actes économiques : l'économie n'est qu'un des domaines de l'activité humaine où l'État n'a pas de légitimité à intervenir autrement que comme un acteur économique sans privilèges particuliers, et dans le plus petit nombre de domaines possible : la protection des citoyens, l'exécution de la justice et la défense contre d'éventuels agresseurs. Ils jugent inutile et dangereuse toute intervention supplémentaire, considérant d'une part que l'initiative privée, informée par le marché, est à même de suppléer avantageusement la plupart des fonctions de l'État, et, d'autre part, que l'extension de la sphère d'intervention de l'État conduit à une croissance non maîtrisée de la sphère publique au détriment de l'initiative privée, à des inefficacités chroniques, et même à des dérives totalitaires.

À cette forme du libéralisme classique, l’École autrichienne ajoute l'idée que tout accord librement consenti ou ensemble d'échanges librement consentis augmente la satisfaction des participants telle que perçue par chacun d'entre eux, car s’il en était autrement, celui qui se sentirait lésé refuserait cet accord qui n’aurait donc pas lieu. La liberté d’échanger et d’entreprendre est vue par ces auteurs à la fois comme un cas particulier du principe philosophique de liberté, donc un impératif moral qui s’impose indépendamment de ses conséquences, et comme un moyen qui conduit le plus probablement à la plus grande satisfaction générale.

La vision conséquentialiste du rôle de l'État est devenue prédominante de nos jours avec la conception néoclassique, qui voit dans la liberté des échanges un moyen d’arriver à un optimum économique. Pour certains néoclassiques, l’État doit alors faciliter l'enrichissement des citoyens, jouer un rôle primordial en tant qu'arbitre des échanges économiques, assurer le respect de l'exécution des contrats, encadrer les échanges marchands par une législation adaptée afin de corriger les défaillances du marché, gérer les biens publics, ouvrir des voies commerciales, etc. D'autres néoclassiques arrivent à la conclusion d'une nuisance générale des ingérences de l'État.

De même, le keynésianisme ou les diverses formes du « libéralisme de gauche »[56], tout en se réclamant du libéralisme, recommandent une intervention « raisonnable » et limitée de l’État dans l’économie pour assurer le plein emploi, la stabilité économique et la croissance ; mais aussi pour mettre en place un « plancher » sous la société libérale afin d'aider les plus démunis, tout en gardant à l'esprit qu'il importe d'interférer le moins possible avec les libertés économiques et politiques fondamentales. Pour Noam Chomsky, au-delà de la vision traditionnelle du libéralisme comme volonté de limiter les fonctions de l'État, « à un niveau plus profond, la vision libérale classique est issue d'une conception précise de la nature humaine, qui met l'accent sur l'importance de la diversité et de la libre création. Cette conception s'oppose donc fondamentalement au capitalisme industriel, qui se caractérise par son esclavage salarial, son travail aliénant et ses principes hiérarchiques et autoritaires d'organisation sociale et économique »[57].

Le marché comme institution

Le marché a un rôle central dans le libéralisme. Dès les premiers essais libéraux, le marché apparait comme canalisateur des libertés concurrentes et des intérêts particuliers au sein de la société. Pour la théorie libérale, la transformation de ces intérêts particuliers en amélioration pour tous se fait par le marché, sans lequel les intérêts divergents seraient destructeurs (en s'exprimant sous d'autres formes que le commerce). Ce processus porte, dans la théorie libérale, le nom de « rôle pacificateur du marché »[58].

Autres

Compte tenu d'un risque naturel de constitution de cartels (ou trusts), toutes les grandes démocraties occidentales se sont dotées de lois antitrusts comme le Sherman Antitrust Act, qui visent à rétablir la fluidité des rapports économiques et protéger voire institutionnaliser la libre concurrence. Cette protection de la libre concurrence est considérée comme une gageure par certains économistes, à l'instar de ce qu'à pu écrire Alan Greenspan en 1962[59]. D’autres ajoutent que les lois qui régissent le comportement des entreprises doivent être les mêmes pour toutes indépendamment de leur taille, et que toute discrimination reposant sur la taille des entreprises est illégitime et contre-productive. D'autres encore considèrent à l'inverse que le libéralisme suppose l'existence de lois antitrust garantissant la pérennité de la concurrence sans obstruction des entreprises géantes, tout en demandant à l'État de garder son rôle d'arbitre, et non de joueur[60]. Faute d'un État fort, il serait par exemple difficile d'interdire les pratiques de vente liée[61], qui entravent par définition la libre concurrence. C'est pour la même raison – interdiction d'entente entre des producteurs économiques, mais cette fois-ci des ouvriers – que la grève fut quelque temps au XIXe siècle considérée comme activité illégale.

Aspect environnemental

L'économie post-industrielle, malgré le développement des technologies de l'information et de la communication en apparence peu consommatrices de ressources naturelles (mais il ne s'agit que d'apparences car elles consomment également des ressources) continue d'être fortement dépendante en ressources naturelles (énergies fossiles, matières premières)[62].

Dès le début du XXe siècle, Arthur Cecil Pigou, dans ses travaux sur l'économie du bien-être, va prendre en considération les effets non désirés qui peuvent découler d'une relation marchande en inventant la notion d'« externalités ». Pigou proposera par la suite la création d'une taxe qui portera son nom pour corriger les externalités négatives, ce qui donnera plus tard naissance au principe du pollueur-payeur en matière d'environnement.

Aujourd'hui encore, les modèles économiques continuent d'évoluer pour tenter de mieux intégrer les effets des croissances démographique et économique sur l'environnement, notamment l'épuisement des ressources naturelles non renouvelables.

Aspect culturel

Pour Jean-Claude Michéa, libéralisme culturel et libéralisme économique sont les deux faces d’une même médaille : un système qui n’accepte plus de limites. Contre ce qu’il appelle la « métaphysique du Progrès », responsable, selon lui, de l’atomisation du monde contemporain, le philosophe mise sur la « décence ordinaire » des classes populaires.

Les différents courants au sein du libéralisme

Il existe plusieurs courants de pensée libéraux qui se différencient notamment par leurs fondements philosophiques, par les limites et les fonctions qu’ils assignent à l'État, et par le domaine auquel ils appliquent le principe de liberté (économie, institutions politiques, domaine social).

Le libéralisme a connu une fracture assez profonde à la fin du XIXe siècle, date à laquelle on a commencé à distinguer notamment en Angleterre, le libéralisme classique du nouveau libéralisme appelé aussi parfois social-libéralisme. John Maynard Keynes[63], dans la Théorie générale, a assimilé l'économie classique avec la loi de Say ou, dit de façon plus schématique, avec ceux qui prônent l'autorégulation des marchés. S'il a contribué par là à donner une signification forte à ce que pouvait désigner le libéralisme classique sous l'angle économique, cela ne va pas sans prêter à confusion. En effet, les grands économistes classiques anglais tels que David Ricardo ou John Stuart Mill auxquels l'expression peut faire penser sont considérés par Élie Halévy comme le versant économique de ce qu'il appelle le radicalisme philosophique et peuvent donc de ce point de vue être vus comme plus proches du social-libéralisme que du libéralisme classique qui à ce niveau a des racines plus continentales. En plus de ces deux courants, on peut citer le libertarianisme (minarchisme, agorisme et anarcho-capitalisme).

Du point de vue de la théorie économique, il est possible de distinguer l'école néoclassique qui accepte en général une certaine régulation autoritaire des marchés et les écoles faisant une plus large confiance au marché telle que l'École autrichienne d'économie moderne, ou telle que l'école des choix publics étudiant l'instrumentalisation massive de la puissance publique par les lobbys de financiers, de médias, ou d'électeurs.

Critiques

Une objection, transversale à plusieurs courants de pensée, est que le « libéralisme philosophique » fait la promotion d'une liberté purement formelle. Des critiques, de nature marxiste ou psychosociologique[64], opposent les libertés formelles (droit de circuler, par exemple) aux libertés réelles (capacité économique de réellement circuler, par exemple). Ces critiques reprochent aux libéraux de favoriser les droits de l'individu sans se préoccuper des conditions d'existence de ces mêmes individus au sein de la société. Le conservateur Michel Villey rejoint sur ce point la pensée marxiste quand elle soutient que si les droits formels libéraux sont supposés profiter à tous, ils ne profitent en réalité qu'à ceux qui peuvent matériellement les exercer : les riches, les propriétaires[65].

Des auteurs, comme Charles Taylor[66], avancent que les présupposés individualistes du libéralisme ne trouvent pas de traduction concrète : l’unité sociale est essentiellement le groupe selon leurs observations, et l’individu ne peut être appréhendé dans sa totalité sur des bases uniquement et strictement individuelles. Selon le groupe qui est considéré, on trouve différentes variétés d'holisme prenant en compte des réalités collectives telles que l’entreprise, l’association, la famille. Selon ces critiques, l'individu ne peut pas être une force agissante ou se considérer de prime abord comme libre au sein d'une société de masse[67]. Toutefois, il ne faut pas confondre l'individualisme avec l'égoïsme[68]: l'individualisme est un dogme défendu par les libéraux et les libertaires, fondé autour des libertés et droits individuels. Or, les égoïstes, étant amoraux, répugnent au libéralisme[69]. Ainsi, cela va à l'encontre de « l'égoïsme » randien, par exemple, car l'objectivisme est une doctrine libérale. Un égoïste ne peut pas être respectueux de la justice, de la morale, du Droit et de la Raison.

David Hume, dans son ouvrage Traité de la nature humaine, explique que la liberté est une illusion, n'a aucune existence matérielle. Il définit la volonté comme étant la possibilité d'agir et de penser selon les limites de la nécessité. La thèse défendue par Hume[70] est que nous sommes déterminés par des forces extérieures à notre conscience. La vraie liberté, c'est de d'être conscient de son égoïsme, des déterminismes qui pèsent sur nous. Nietzsche combat le libre-arbitre, qui satisfait selon lui à un "instinct de punir et de juger" ; le libre-arbitre n'est qu'une illusion religieuse qui vise à assurer le triomphe des valeurs réactives de la faiblesse et aussi à assurer la suprématie du pouvoir "des faibles" sur "les forts" en inculquant la « mauvaise conscience » et le ressentiment, alors que, pour Nietzsche, l’action libre réside entièrement dans l'affirmation de "la volonté de puissance". Pour Nietzsche, qui se place dans une perspective amorale, « personne n'est responsable de ses actes ; personne ne l'est de son être » (Humain, trop humain), ce qui ne l’empêche pas d’affirmer par ailleurs : « Qu'est-ce que la liberté ? C'est avoir la volonté de répondre de soi. » (Le Crépuscule des idoles). La liberté est donc, selon lui, davantage à construire et à conquérir que déjà donnée à l’homme : « vouloir affranchit : telle est la vraie doctrine de la volonté et de la liberté » (Ainsi parlait Zarathoustra). Cette position est également défendue par Max Stirner, qui n'a de cesse de critiquer le libéralisme tout le long se son ouvrage L'Unique et sa propriété. La liberté n'est qu'un moyen afin d'accroître le pouvoir de l'individu sur le monde, pas une fin en soi. Stirner n'a pas toujours tenu ce langage. Dans l'article "Les faux principes de notre éducation", il défend une posture idéaliste et pense en hégélien de gauche.

Voir aussi

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Articles connexes

Références

Notes

  1. Droit défini comme (« protection contre la coercition directe du souverain ».

Sources

Ouvrages fondateurs (par ordre chronologique)

Ouvrages d'analyse (par ordre chronologique)

Autres ouvrages (par ordre chronologique)

Articles

Références

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  6. Le libéralisme étant politique et moderne par essence, il n'y a que très peu de différence entre les libéraux classiques et les libéraux politiques. Ces derniers mettent l'accent sur la liberté politique et non sur la liberté individuelle, contrairement aux libéraux classiques. La différence repose sur la question des priorités. La place de l'État et le rôle du droit dans la vie des individus sont également discutés.
  7. « Il y a un principe fondamental : à savoir que dans la conduite de nos affaires nous devons faire le plus grand usage possible des forces sociales spontanées, et recourir le moins possible à la coercition »
    Friedrich Hayek, La Route de la servitude, PUF, p. 20
  8. « LIBÉRALISME : Définition de LIBÉRALISME », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
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  10. (en) Milton Friedman, Capitalism and Freedom, éd. University of Chicago Press, 2002 (ISBN 0-226-26421-1), chap. 1, p. 10 : « L'histoire suggère uniquement que le capitalisme est une condition nécessaire à la liberté politique. Clairement ce n'est pas une condition suffisante. ».
  11. « Jaume a raison, parce que tout libéralisme est d’abord politique, et il a tort parce qu’il n’y a pas de liberté politique sans liberté économique. Cela ressort aussi bien de Turgot que d’Adam Smith, de Bastiat que de Locke. », « Les libéraux français étaient-ils libéraux ? », Jean-François Revel
  12. Ramière, Henri, 1821-1884., Les doctrines romaines sur le libéralisme envisagées dans leurs rapports avec le dogme chrétien et avec les besoins des sociétés modernes, Libraire Jacques Lecoffre ancienne maison Perisse frères de Paris. Lecoffre Fils et Cie, successeurs 90, rue Bonaparte, 90, (OCLC 1015476812, lire en ligne).
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  20. Hegel dit "chacun est fils de son temps", c'est-à-dire que chaque individu est le produit de son époque. Si le progrès vient de la volonté des peuples, c'est uniquement parce que ceux-ci ont connaissance de l'Histoire et du passé. La philosophie vient seulement après analyse du processus historique, tandis que l'Histoire est immédiate.
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  26. Voir par exemple les travaux du politologue français Jean Touchard
  27. Jean-Jacques Raynal (1949-...), Histoire des grands courants de la pensée politique, Hachette supérieur, (ISBN 9782011458704, OCLC 493573374, lire en ligne), p. 2e partie, page 1.
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  36. (Jean-Claude Michéa et al. 2007, p. 86).
  37. Cicéron : « Il existe une loi vraie, c'est la droite raison, conforme à la nature, répandue dans tous les êtres, toujours d'accord avec elle-même, non sujette à périr, qui nous rappelle impérieusement à remplir notre fonction, nous interdit la fraude et nous en détourne. [...] À cette loi nul amendement n'est permis, il n'est licite de l'abroger ni en totalité ni en partie. Ni le Sénat ni le peuple ne peuvent nous dispenser de lui obéir [...] » in De Republica, III, XXII.
  38. Entretien avec Yves Charles Zarka, Montesquieu : défendre la liberté, éloigner la servitude, Le monde des libres, 13 juin 2008.
  39. Philippe Raynaud, Trois révolutions de la liberté. Angleterre, Amérique, France, PUF, « Léviathan », 2009
  40. François Guizot, Histoire de la Révolution d'Angleterre, 1625-1660
  41. Voltaire, dans Lettres philosophiques, 1734, 10e lettre.
  42. Pierre Manent, Histoire intellectuelle du libéralisme, chapitre VII : « Le libéralisme après la Révolution française »
  43. Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution (1856)
  44. voir La Révolution française, de François Furet, coécrit avec Denis Richet, 1965 : voir également Penser la Révolution française, 1978
  45. Boyer, Philippe, 1931-, Le romantisme allemand, MA Editions, [1985] (OCLC 568662913, lire en ligne).
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  47. Pierre Manent, Histoire intellectuelle du libéralisme, Hachette, 1987[réf. incomplète].
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  49. Leslie Manigat, L'Amérique latine au XXe siècle : 1889-1929, Éditions du Seuil, , p. 172-173.
  50. François Chazel, « Les Écrits politiques de Max Weber : un éclairage sociologique sur des problèmes contemporains », Revue française de sociologie, vol. 46,‎ , p. 841-870 (www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2005-4-page-841.htm).
  51. Gérard Dréan, Sociétal, 1er trimestre 2008, p. 23.
  52. Harmonies économiques« N'eût-ce pas été un beau et solennel spectacle que le Pouvoir né de la révolution de Février se fût adressé ainsi aux citoyens: « Vous m'avez investi de la Force publique. Je ne l'emploierai qu'aux choses dans lesquelles l'intervention de la Force soit permise; or, il n'en est qu'une seule, c'est la Justice. (...) N'attendez de moi que deux choses: Liberté, Sécurité, — et comprenez bien que vous ne pouvez, sans les perdre toutes deux, m'en demander une troisième. ».
  53. Romeyer-Dherbey, Gilbert, Thrasymaque (OCLC 836389853, lire en ligne).
  54. Machiavel (1469-1527)., Le prince (ISBN 9782290162088 et 2290162086, OCLC 1038054055, lire en ligne).
  55. (en-US) « The Dark Enlightenment, by Nick Land », sur The Dark Enlightenment, (consulté le ).
  56. Pour une présentation succincte du libéralisme de gauche, voir Raymond Boudon, Pourquoi les intellectuels n'aiment pas le libéralisme, Odile Jacob, 2004, (ISBN 978-2738113986) ou encore, Thierry Leterre, La gauche et la peur libérale, Presses de Science-Po, 2000, (ISBN 978-2724608038).
  57. Noam Chomsky, Quel rôle pour l'État[édition= Écosociété, , p. 15.
  58. Alexis Dalem, « « Guerre et économie : le libéralisme et la pacification par le marché » », Raisons politiques,‎ no. 1, 2003 (ISBN 9782724629613, lire en ligne).
  59. Alan Greenspan, « Antitrust », article pour l’Antitrust Seminar of the National Association of Business Economists, Cleveland, 25 septembre, 1961, publié par le Nathaniel Branden Institute, New York, 1962, article en ligne sur le site Polyconomics
  60. Voir aussi : Antitrust and the Bounds of Power: The Dilemma of Liberal Democracy in the History of the Market. Oxford: Hart.
  61. http://www.zdnet.fr/actualites/telecoms/0,39040748,39385656,00.htm
  62. On se référera sur ce point aux analyses de Jean-Marc Jancovici
  63. John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, Payot, , p. 34-50.
  64. Voir par exemple le chapitre 2 « Nous sommes loin d'être aussi libres que nous le prétendons » dans Jean-Léon Beauvois, Les illusions libérales, individualisme et pouvoir social, Presses universitaires de Grenoble, 2005, p. 75-160.
  65. Michel Villey, Le droit et les droits de l’homme, PUF, coll. « Quadrige », , p. 140.
  66. Propos recueillis par Catherine Golliau, « Charles Taylor, le pape du communautarisme », Le Point, 28 juin 2007.
  67. « Lorsqu'on fait de l'individu la valeur principale, on finit par aboutir à une société désintégrée. [...] Dans la théorie individualiste, l'individu a une valeur éminente, l'homme est en lui-même le maître de sa vie, alors que dans l'individualisme pratique, on doit admettre que l'individu est soumis à d'innombrables puissances et influences, qu'il n'est en rien maître de sa vie » écrit notamment Jacques Ellul in Propagandes, Albin Michel, 1962, p. 106.
  68. Dominique Depenne, « 3. Georges Palante contre Émile Durkheim : individualisme et sociologie », dans L'individu aujourd'hui, Presses universitaires de Rennes (ISBN 9782753510838, lire en ligne), p. 49–65.
  69. Stirner, Max, 1806-1856., Max Stirner, the ego and his own, Harper & Row, 1974, ©1971 (OCLC 12904366, lire en ligne).
  70. David Hume reste un libéral classique car il fait dériver la moralité de sentiments innés et non pas de la raison. Il défend aussi d'autres thèses classiques sur la façon d'ordonner l'économie.
  71. Voir le compte-rendu positif de Jonathan LOULI, Esclavagisme, racisme, massacres de masse : l'autre visage du libéralisme ?, nonfiction.fr 9 février 2015.

Liens externes

  • (en) Définition de l'encyclopédie philosophique de l'Université Stanford [2]
  • Définition de l'encyclopédie canadienne [3]
  • Définition de l'encyclopédie de l'Agora [4]
  • Définition de l'encyclopédie Larousse [5]