Insurrection moro aux Philippines

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 26 mai 2020 à 18:34 et modifiée en dernier par CodexBot (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Insurrection moro aux Philippines
Description de cette image, également commentée ci-après
Informations générales
Date Depuis 1969en cours
(55 ans)
Lieu Philippines
Issue En cours
Belligérants
Drapeau des Philippines Philippines
Front Moro islamique de libération (depuis 2017)
Drapeau des États-Unis États-Unis[1]
Drapeau de l'Australie Australie[2]
Front Moro de libération nationale (jusqu'en 1996)
Front Moro islamique de libération (jusqu'en 2014)
Abou Sayyaf
Drapeau de l'État islamique État islamique
Maute
Jemaah Islamiyah
Combattants islamiques pour la liberté de Bangsamoro (BIFF)
Commandants
Drapeau des Philippines Ferdinand Marcos
Drapeau des Philippines Fidel V. Ramos
Drapeau des Philippines Corazon Aquino
Drapeau des Philippines Joseph Estrada
Drapeau des Philippines Gloria Macapagal-Arroyo
Drapeau des Philippines Benigno Aquino III
Drapeau des Philippines Rodrigo Duterte
Murad Ebrahim (depuis 2017)
Nur Misuari
Hashim Salamat
Murad Ebrahim (jusqu'en 2014)
Abu Sabaya
Khadaffy Abubakar Janjalani
Drapeau de l'État islamique Isnilon Hapilon
Drapeau de l'État islamique Omarkhayam Maute
Drapeau de l'État islamique Abdoullah Maute
Radullan Sahiron
Pertes

150 000 morts au total[3]

Batailles

L'insurrection moro aux Philippines est un conflit armé opposant depuis 1969 les forces gouvernementales des Philippines à des groupes armés moros indépendantistes, islamistes ou djihadistes.

Déroulement

1969 à 1999

Les Moros s'organisent politiquement à partir du milieu des années 1960. La Moro National Liberation Organization est fondée en 1966. D'un mouvement d'opposition plus régionaliste que religieux, rapidement est exigée l'indépendance de l'ensemble des îles du sud des Philippines à majorité musulmane, avec l'apparition du Mouvement d'indépendance du Mindanao. Le massacre de Jabidah (en) en , celui de Manili en et l'instauration de la loi martiale le achèvent de radicaliser l'opposition moro.

Le Front Moro de libération nationale (FMLN), fondé en 1969, décide de passer à l'action armée. Les premiers pourparlers entre le gouvernement et le FMLN ont lieu en 1975 à Djeddah mais n'aboutissent pas. Tandis que les indépendantistes s'allient aux guérillas communistes, l'Armée philippine tente de briser militairement l'insurrection.

Les accords de Tripoli en , projet d'autonomie de 13 provinces des Philippines[4], tentent de mettre fin au conflit, mais le référendum d', mené sur l'ensemble du pays, est boycotté par les indépendantistes, entraînant un retour de la violence[5].

L'insurrection perd en intensité à la fin de la décennie. Suite aux pourparlers démarrées par la présidente Cory Aquino en 1986, un accord est signé en à Djeddah, renforçant l'autonomie. L'opposition du Front Moro islamique de libération (FMIL) bloque le processus de paix, mais la région autonome en Mindanao musulmane est créée en 1990 et un « Programme de réconciliation nationale et de développement » est mis en place[5].

Un cessez-le-feu du FMLN est établi bilatéralement avec le gouvernement en , prélude à la signature d'un traité de paix en . Ce processus de paix entraîne la montée des groupes islamistes qui y sont opposés, le FMIL, principal rival du FMLN, et Abu Sayyaf, fondé en 1992[5].

Un cessez-le-feu a été signé en 1997 entre le gouvernement central de Manille et le Front Moro islamique de libération.

2000 à 2019

En 2000, sous la présidence de Joseph Estrada, le cessez-le-feu conclu en 1997 est aboli. Depuis, des négociations sont toujours en cours pour tenter de mettre fin au conflit.

En , plusieurs centaines de membres du Front Moro de libération nationale, opposés aux négociations de paix entre le gouvernement philippin et le Front Moro islamique de libération, qui selon eux marginalisent leur mouvement, lancent une attaque sur Zamboanga. Ils s'emparent de la ville et capturent des otages. L'armée lance alors une contre offensive qui écrase les rebelles et libère les otages à la fin du mois. Au total, 23 militaires et policiers, 12 civils sont tués lors des combats, les rebelles déplorent 189 morts et 292 hommes faits prisonniers[6],[7],[8].

Le , un accord de paix est conclu à Manille entre le gouvernement philippin et le Front Moro islamique de libération. Le groupe rebelle cesse les hostilités en échange de la création d'une région autonome sur l'île de Mindanao[3].

En , certains chefs et membres d'Abou Sayyaf font allégeance à l'État islamique[9]. Par la suite un autre mouvement, le groupe Maute, fondé en 2013, rallie l'État islamique[10]. Le chef djihadiste Isnilon Totoni Hapilon tente alors de rapprocher ces deux mouvements[11].

Le , une centaine d'hommes de l'État islamique prennent le contrôle d'une partie de la ville de Marawi[12].

En , l'armée philippine et les anciens rebelles du Front Moro islamique de libération concluent une alliance pour combattre les djihadistes de l'État islamique et du Jama'at al-Muhajirin wa al-Ansar bi al-Filibin[13].

Le , la commission électorale des Philippines a validé le vote sur un référendum établissant une région autonome dans la partie musulmane du Mindanao. Cette décision achève le processus de paix débuté en 2014 entre Manille et le Front Moro islamique de libération[14].

Notes et références

  1. US plays quiet role in the Philippines, BBC News, 28 mars 2008
  2. AUSTRALIAN GOVERNMENT BOOSTS PHILIPPINE CAPACITY TO COMBAT TERRORISM AND IMPROVE SECURITY, Australian Embassy, consulté le 3 avril 2012
  3. a et b Aux Philippines, un accord de paix historique entre le gouvernement et la rébellion musulmane, AFP, 27 mars 2014.
  4. Zamboanga del Sur, Zamboanga del Norte, Lanao del Sur, Lanao del Norte, Sultan Kudarat, Maguindanao, Davao del Sur, Cotabato du Sud, Cotabato, Tawi-Tawi, Sulu, Basilan, Palawan
  5. a b et c Jean-Marc Balencie et Arnaud de La Grange, Mondes rebelles : L'encyclopédie des acteurs, conflits & violences politiques, Paris, Éditions Michalon, , 1677 p. (ISBN 2-84186-142-2)
  6. Catherine Le Brech, Les Philippines, pays divisé par les mouvements sécessionnistes, Francetv info avec AFP, 1er octobre 2013.
  7. Philippines: libération de tous les otages détenus à Zamboanga, AFP, 28 septembre 2013.
  8. End to Zamboanga threat, but concern for Philippines displaced, AFP, 29 septembre 2013.
  9. Sarah Diffalah, CARTE. La galaxie de l'Etat islamique, L'Obs, 15 novembre 2014.
  10. Marianne Dardard, Philippines: qui est Maute, le groupe derrière l'attaque de Marawi?, RFI, 24 mai 2017.
  11. Harold Thibault, Philippines : violents combats entre rebelles islamistes et forces gouvernementales, Le Monde, 24 mai 2017.
  12. Valérie Samson et Léo Caravagna, Philippines : Duterte proclame la loi martiale après des combats entre l'armée et Daech, Le Figaro, 24 mai 2017.
  13. Marianne Dardard, Philippines: l’armée s’allie avec une ancienne rébellion contre les jihadistes, RFI avec AFP, 6 septembre 2017.
  14. Clara Jalabert, « Conclusion du conflit musulman aux Philippines : vers une paix durable ? », sur https://les-yeux-du-monde.fr/, (consulté le ).

Bibliographie

  • Stéphane Dovert et Rémy Madinier, Les Musulmans d'Asie du Sud-est face au vertige de la radicalisation, Les Indes savantes, 2003.