Forteresse de Louisbourg

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Forteresse de Louisbourg
Présentation
Destination initiale
Forteresse militaire
Construction
XVIIIe siècle
Propriétaire
État
Patrimonialité
Site web
Localisation
Pays
Province
Commune
Coordonnées
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La forteresse de Louisbourg est la reconstruction partielle d'une forteresse française située sur l'île du Cap-Breton dans la province de la Nouvelle-Écosse. C'est un « lieu historique national du Canada » géré par Parcs Canada et l'une des principales attractions touristiques de Cap-Breton.

Emplacement[modifier | modifier le code]

La forteresse de Louisbourg est située à 3 kilomètres à vol d'oiseau au sud-ouest de la ville de Louisbourg et à 30 kilomètres au sud-est de Sydney (en Nouvelle-Écosse). La forteresse est construite sur une péninsule basse, bordée au sud et à l'est par l'océan Atlantique et au nord par le havre de Louisbourg.

Histoire[modifier | modifier le code]

À l'origine établie en 1713 en relation avec la pêche à la morue et suivant le traité d'Utrecht qui avait dépossédé la France du port et fort stratégique de Plaisance à Terre-Neuve, elle est devenue la capitale de l'Île Royale en 1718. En 1745, une force armée britannique venue de la Nouvelle-Angleterre la captura. Elle fut restituée à la France par le traité d’Aix-la-Chapelle en 1748.

En 1757, Une expédition commandée par Sir Francis Holburne, comprenant 16 vaisseaux de ligne et quatre frégates arrive pour attaquer Louisbourg. Devant des forces françaises supérieures, Holborne quitte la région de Louisbourg à la fin de septembre.

En 1758, une autre expédition britannique sous les ordres du général Jeffrey Amherst commença le siège de la forteresse le 8 juin. Les Britanniques avaient 39 navires avec environ 14 000 hommes plus une force de débarquement de 12 870 hommes. La forteresse était défendue par 10 vaisseaux avec 3 870 hommes et une garnison de 3 920 soldats. La reddition intervint le 26 juillet. Les Britanniques eurent 200 morts et 360 blessés, alors que les Français eurent 410 morts et environ 400 blessés. Les Britanniques firent 5 640 prisonniers. Deux ans plus tard, la forteresse est détruite par des ingénieurs militaires britanniques[1].

Plan de Louisbourg vers 1751

La commission des lieux et monuments historiques du Canada désigne la forteresse lieu historique national le . Entre 1961 et 1981, le gouvernement fédéral finance la reconstruction d'environ le quart de la ville fortifiée[2].

Économie[modifier | modifier le code]

Louisbourg devint un marché intéressant pour les Canadiens et les Acadiens qui y envoyaient leurs produits agricoles à destination de la population, la deuxième plus importante en Nouvelle-France après Québec. Louisbourg était aussi une escale importante pour les navires en provenance des Antilles françaises. Souvent, les cargaisons furent entreposées dans des hangars de la ville. La colonie pratiquait aussi la pêche à la morue. Elle salait le poisson, puis le faisait sécher sur les plages de Louisbourg.

Population[modifier | modifier le code]

Population de Louisbourg en 1750

Cent seize hommes, dix femmes, et vingt-trois enfants étaient les habitants des débuts de Louisbourg. Pour la France, le port était le deuxième de Nouvelle-France en importance après la ville de Québec[3]. La population de Louisbourg se développa rapidement. En 1719, il y avait 823 habitants. Sept ans plus tard, en 1726, 1 296. En 1734, 1 616, et en 1752, 4 174[4].

Évolution de la population[modifier | modifier le code]

Année Habitants
1719 823
1726 1 296
1734 1 616
1737 2 023
1740 2 500
1745 3 000
1750 3 990
1752 4 174

[5]

Place forte[modifier | modifier le code]

Vue d'ensemble des fortifications et bâtiments restitués à partir de 1961.

La forteresse de Louisbourg était la capitale de la colonie de l'Île-Royale, qui était localisée sur la côte de l'Atlantique proche du point sud-est de l'actuelle Cap-Breton. Le site de la forteresse fut choisi pour défendre la ville de Québec contre une attaque navale britannique. Au sud du fort, un relief procura une barrière naturelle sur une île avoisinante qui fut un bon endroit pour implanter une batterie de canons. Ses défenses forcèrent les navires britanniques à entrer dans le port via un canal de 150 mètres[6]. C'est pour cette raison que la forteresse de Louisbourg fut nommée le « Gibraltar du nord », ou le « Dunkerque de l'Amérique ». Le fort fut aussi construit pour protéger les intérêts de la France sur les Grands Bancs, où l'on trouve un grand nombre d'espèces de poissons[7].

Reconstruction de la forteresse[modifier | modifier le code]

Les ruines de Louisbourg en 1907.

Les premières initiatives de protection du site remontent à la fin du XIXe siècle. En 1895, la Society of Colonial Wars fait construire un premier monument, qui se trouve maintenant à la pointe de Rochefort. En 1906, la Nouvelle-Écosse adopte une loi faisant de Louisbourg un monument historique du Dominion du Canada. La Société royale du Canada commence à acheter les terrains où se trouvent des ruines visibles. La Commission des lieux et monuments historiques du Canada (CLMHC) se préoccupe dès sa création en 1919 de la préservation de Louisbourg. Dans les années 1930, la Direction des parcs a acheté presque tous les terrains de l’ancienne ville fortifiée. Vers 1940, le parc historique national de la Forteresse-de-Louisbourg est créé.

En 1961, le gouvernement du Canada accepte un plan de reconstruction partielle de la ville de Louisbourg et de ses fortifications, avec comme objectifs de créer une image de ce qu'était Louisbourg dans les années 1750 pour valoriser l'intérêt touristique du lieu, et de fournir des emplois aux ouvriers de la houille frappés par la récession de l'exploitation minière. Le travail a été accompli sous la supervision d'un groupe d’archéologues, d’historiens, d’ingénieurs et d’architectes. En 20 ans, à peu près un quart de la ville a été reconstruit.

Aujourd’hui, le site entier de la forteresse, incluant le quart de la reconstruction de la ville, est connu sous le nom de Lieu historique national du Canada de la Forteresse-de-Louisbourg, géré par Parcs Canada[8]. Le site comprend trois lieux historiques nationaux : la Forteresse-de-Louisbourg, le Débarquement-de-Wolfe et la Batterie-Royale.

Le site du Débarquement-de-Wolfe, dans l’anse Kennington, est devenu un lieu historique national en 1929. Un monument à James Wolfe y commémore le débarquement et l'attaque du contre les troupes françaises et leurs alliés autochtones.

Le site de la Batterie-Royale a été décrété lieu historique national en 1952, commémorant son rôle de défense pendant les sièges de 1745 et 1758. Édifiée de 1724 à 1728 sur la côte nord du port, la batterie pouvait porter une quarantaine de canons. Derrière ses remparts se trouvaient une caserne, protégée par un fossé, un chemin de ronde et un glacis. Détruite par les Anglais en 1760, ses plus grosses pierres ont été récupérées par la suite, et on en trouve la trace jusque dans les murs de maisons d'Halifax. Aujourd'hui réduite à un talus herbeux recouvrant ses dernières ruines, sa reconstruction est envisagée. Dans l'attente, un mur en béton armé a été construit, accompagné d'enrochements, pour protéger le site de l'érosion des vagues.

La totalité du parc de Louisbourg couvre une superficie de 6 000 hectares et un littoral de 31 km .

Bâtiments reconstruits[modifier | modifier le code]

En tout, 65 grands bâtiments, dont l'imposant bastion du Roi, 20 petits bâtiments ou structures (pigeonniers, guérites, etc.), ont été restitués dans leur apparence originelle.

Le bastion du Roi, les locaux du gouverneur, et l'hôpital étaient les principaux bâtiments de la ville. La porte Océane se trouve à l'extrémité de la principale rue, au bord du port.

Visite[modifier | modifier le code]

Le site est ouvert au public toute l'année, 7 jours sur 7 en haute saison, du lundi au vendredi (sauf les jours fériés) en basse saison. La plupart des animations avec personnages costumés n'existent que de fin juin à la fête du travail (premier lundi de septembre). L'entrée est payante.

Le site reçoit environ 100 000 visiteurs annuels, et le temps moyen de visite est de h 30 min.

Galeries[modifier | modifier le code]

Vues extérieures[modifier | modifier le code]

Vues intérieures[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Nicolas Landry et Nicole Lang, Histoire de l'Acadie, Sillery (Québec), Septentrion, , 335 p. (ISBN 2-89448-177-2)
  2. « Lieu historique national du Canada de la Forteresse-de-Louisbourg », sur Lieux patrimoniaux du Canada (consulté le )
  3. (en) R.H Whitbeck, « A Geographical Study of Nova Scotia », Bulletin of the American Geographical Society, vol. 46, no 6,‎ , p. 413
  4. (en) B.A. Balcom, « The Cod Fishery of Isle Royale, 1713-58 », Aspects of Louisbourg, Sidney, Nouvelle-Écosse, The University College of Cape Breton Press,‎ , p. 171
  5. Recensements d'Acadie (1671-1752), Archives des Colonies, Série G1, vol. 466-1, p. 228.
  6. (en) Robert Emmet Wall, « Louisbourg, 1745 », The New England Quarterly, vol. 37, no 1,‎ , p. 64–65
  7. (en) A.J.B Johnston, « From Port de peche to ville fortifiee : The Evolution of Urban Louisbourg 1713–1858 », Aspects of Louisbourg, Sidney, Nouvelle-Écosse, The University College of Cape Breton Press,‎ , p. 4
  8. Canadian Register of Historic Places

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Lucien Bély, Les relations internationales en Europe au XVIIe – XVIIIe siècle, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Thémis », , 731 p. (ISBN 2-13-044355-9)
  • Jean Bérenger et Jean Meyer, La France dans le monde au XVIIIe siècle, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'Histoire », , 380 p. (ISBN 2-7181-3814-9)
  • A.J.B. Johnston, 1758 : La finale. Promesses, splendeur et désolation de la dernière décennie de Louisbourg, Les Presses de l'Université Laval, 2011.
  • Michel Vergé-Franceschi, La Marine française au XVIIIe siècle : guerres, administration, exploration, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire », , 451 p. (ISBN 2-7181-9503-7)
  • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0, BNF 38825325)
  • André Zysberg, La monarchie des Lumières : 1715-1786, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points Histoire », , 552 p. (ISBN 2-02-019886-X).
  • Agueda Iturbe-Kennedy, « Étienne Verrier, ingénieur en chef de l’île Royale (1724-1745) : harmoniser les ambitions sociales, la gestion du territoire et les représentations monarchiques en milieu colonial », Bulletin d'histoire politique, vol. 26, no 1,‎ , p. 60-77 (lire en ligne)
  • (en) John Stewart McLennan, Louisbourg, from its foundation to its fall, 1713-1758, Londres, Macmillan, , 528 p. (lire en ligne)
  • (en) René Chartrand, French Fortresses in North America 1535-1763 : « Québec, Montréal, Louisbourg and New Orleans », Osprey Publishing

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]