Embargo

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 26 juillet 2019 à 13:01 et modifiée en dernier par 2a02:1811:341a:b300:3cb2:288f:de72:be16 (discuter). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Un embargo (de l'espagnol embargar qui signifie « embarrasser », « placer sous séquestre »[1] ) est un terme qui peut être employé pour désigner plusieurs situations :

  • interdiction aux navires marchands de sortir d'un port ;
  • mesure administrative ou militaire visant à empêcher la libre circulation d'une marchandise ou d'un objet.

Embargo économique à des fins politiques

Au niveau économique et politique, l'embargo est une mesure coercitive qui s'appuie sur des moyens diplomatiques, judiciaires et militaires. L'État qui en est victime peut se trouver alors dans une situation de pénurie. Un exemple emblématique est l'embargo des États-Unis contre Cuba décrété en 1962 et est toujours d'actualité en 2019 avec l'application de la loi Helms-Burton par le gouvernement américain.[2]. En 1964, les États-Unis, au début de leur intervention au Vietnam, décrètent un embargo commercial contre Hanoi. Il sera généralisé à tout le pays à partir de 1975, et levé en 1994[3].

En 1977, le conseil de sécurité des Nations unies vote un embargo sur les ventes d'armes à l'Afrique du Sud, qui mène alors des interventions militaires en Angola. L'effet de cette mesure encourage plusieurs États, en 1984, à décréter un embargo économique et financier contre le pays pour mettre un terme à la répression et à sa politique d'apartheid. Cette décision contribua à la remise en cause du régime, qui dut engager des pourparlers avec les organisations noires avant de libérer Nelson Mandela en février 1990 et d'abolir l'apartheid.

La sanction de l'embargo ne se traduit pas toujours par une évolution positive de la situation. L'embargo économique et militaire décidé par l'ONU à l'encontre de l'Irak, qui avait envahi le Koweït en 1990, a duré douze ans, provoquant des conséquences catastrophiques sur la santé des populations et les droits de l'homme. Les associations qui ont apporté une aide humanitaire à l'Irak ont dû se placer dans une situation de « désobéissance civile internationale »[4].

De plus, les intérêts économiques des États et des grandes entreprises sont parfois contradictoires avec cette mesure. Après la répression des manifestations de la place Tian'anmen en 1989, les États-Unis et le Conseil de l'Union européenne ont décidé d'un embargo sur les ventes d'armes à la République populaire de Chine. Plusieurs rapports montrent que cet embargo a été contourné et certains États de l'Union européenne envisageraient de l'annuler[5].

UNSCAR (Mécanisme de financement des Nations unies en soutien à la coopération en matière de réglementation sur les armes) a contracté le Groupe de Recherche et d'Information sur la Paix pour conduire un projet qui vise à prévenir les trafics illicites d’armes et de munitions vers des pays et des acteurs non étatiques sous embargos en Afrique subsaharienne[6]. L’objectif est de promouvoir le respect des régimes d’embargo sur les armes des Nations unies et ainsi accroitre leur efficacité dans la lutte contre la prolifération déstabilisatrice d’armes et leur détournement vers des utilisateurs et utilisations non souhaités.

Embargo sur les armements

Embargo sur les armes encore en activité[7]
Organisation dictant l'embargo Date de promulgation Pays ou organisation cible
ONU 6 août 1990 Irak (FNG depuis 2004)
ONU 23 janvier 1992 Somalie
ONU 19 novembre 1992 Liberia (FNG depuis 2009)
ONU 16 janvier 2002 Al-Qaïda, organisations et individus associés, Talibans
ONU 28 juillet 2003 RDC (FNG)
ONU 30 juillet 2004 Soudan (région du Darfour)
ONU 15 novembre 2004 Côte d'Ivoire
ONU 11 août 2006 Liban (FNG)
ONU 14 octobre 2006 Corée du Nord
ONU 23 décembre 2006 Iran
ONU 26 février 2011 Libye
UE 27 juin 1989 Chine
UE 4 août 1990 Irak (FNG depuis 2004)
UE 29 juillet 1991 Birmanie
UE 28 février 1992 Azerbaïdjan
UE 7 avril 1993 RDC (FNG depuis 2003)
UE 15 mars 1994 Soudan
UE 7 mai 2001 Liberia
UE 18 février 2002 Zimbabwe
UE 27 mai 2002 Al-Qaïda, Talibans, Oussama ben Laden
UE 10 décembre 2002 Somalie
UE 15 novembre 2004 Côte d'Ivoire
UE 15 septembre 2006 Liban (FNG)
UE 22 novembre 2006 Corée du Nord
UE 23 avril 2007 Iran
UE 27 octobre 2009 Guinée
UE 1 mars 2010 Érythrée
UE 28 février 2011 Libye
UE 9 mai 2011 Syrie[8]
UE 20 juin 2011 Biélorussie
UE 18 juillet 2011 Soudan du Sud
Ligue arabe 3 décembre 2011 Syrie

Acronymes : FNG désigne des forces non-gouvernementales, ONU désigne l'Organisation des Nations unies, UE désigne l'Union européenne, RDC désigne la République démocratique du Congo.

Terme proche

Notes et références

  1. http://www.universalis.fr/encyclopedie/T321667/EMBARGO.htm
  2. « Rapprochement diplomatique historique entre Cuba et les Etats-Unis », sur Le Monde, (consulté le ).
  3. « Un long processus », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. Conseil économique et social, Conséquences néfastes des sanctions économiques pour la jouissance des droits de l'homme.
  5. Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité, Embargo de l'UE sur les ventes d'armes à la Chine : stop ou encore ?, 1er novembre 2006. Version en ligne.
  6. « Les embargos sur les armes, sanctions en faveur de la paix et la sécurité | Grip », sur www.grip.org (consulté le )
  7. D’après les chiffres du SIPRI : http://www.sipri.org/databases/embargoes
  8. Nicolas Gros-Verheyde, Site Bruxelles2 et Club de Bruxelles 2, articles sur l'embargo en Syrie dont http://club.bruxelles2.eu/sanctions-sur-la-syrie-embargo-sur-les-armes-et-produits-chimiques/

Voir aussi